Manifestation pour la défense de la culture (de la mort)
Chasseurs, élus, amateurs de corridas, producteurs de foie gras, syndicalistes ont manifesté ce vendredi 19 août à Mont-de-Marsan (40) pour la défense de la « culture landaise ».
Vous pensiez que la culture, c’était l’art, le théâtre, la musique, la poésie, la danse, voir, le cinéma ? Monet, Picasso, Beethoven ?
Vous n’avez que partiellement raison ! La culture est beaucoup plus vaste, on en a la confirmation avec cette manifestation inédite, ou des gens évoquant la culture manifestent pour défendre la chasse aux ortolans, entre autres. En fait, leur culture, c’est la culture de la mort, puisque tout ces manifestants se réclament de pratiques tuant la faune, même celle protégée, comme les ortolans.
Après l’argument de la tradition, les tueurs se réclament désormais de la culture. Il est vrai que la tradition peut être abolie, la culture, plus difficilement. C’est pour ça d’ailleurs que la tauromachie avait été inscrite au patrimoine culturelle immatérielle de la... France (!) avant d’en être retiré, fort heureusement.
Mais parler de culture dans la chasse aux ortolans est particulièrement déplacé puisque les ortolans sont protégés depuis 1999 : il est illégal d’en capturer, d’en tuer ou d’en vendre.
Pourtant, en France, notamment dans les Landes, la pratique est tolérée depuis des années. Pourquoi ? Les arguments traditionnels et culturels ne sont que des faux arguments, tentant de justifier leurs pratiques par les mots, pour amadouer le public.
En réalité, il y a deux raisons principales à ce braconnage. D’abord pour éviter de froisser les nombreux chasseurs, ou plutôt, braconniers, mais aussi et surtout pour éviter de casser un business juteux : de 100 à 150€ pièce.
A ce prix, vous imaginez bien que toutes les bourses n’y ont pas accès, et c’est la seconde réelle raison de la tolérance de la pratique : ce plat est un plat de riches, notamment prisés par certains élus et autres politiques.
Comprenez donc bien que si les élus censés appliqués les lois violent eux-même ces lois, ils ne voudront pas entendre parler d’interdiction. Si en plus le marché est juteux, c’est tout bénéfique pour eux.
A l’opposé de ces ordres économiques et gustatifs, pourquoi l’ortolan est devenu protégé ? Avant tout, car ses effectifs ont plongé de 70 à 90% par rapport il y a vingt ans. Cette chute est générale et concerne tout les oiseaux, particulièrement les passereaux, dont font partie les ortolans.
Vouloir continuer à chasser, engraisser, tuer et manger des ortolans dans ces conditions est criminel, et chaque acteur de ce massacre est tout aussi responsable : chasseur, restaurateur, clients, mais aussi, tout les gens qui protègent et excusent cette pratique.
Les arguments traditionnels et culturels ne sont pas valables, sinon, nous en serions encore aux jeux du cirque et à l’esclavage.
L’argument économique ne tient pas puisque c’est un argument à court terme qui ne profitera qu’à un cercle réduit, au détriment de tout les autres.
L’argument gustatif ne doit pas être pris en compte, nous sommes omnivores, et capables de manger bien d’autres choses, ce n’est pas comme si arrêter de manger de l’ortolan allait faire mourir de faim quiconque.
On pourra arguer que la chasse à l’ortolan n’est qu’une menace parmi d’autres, pas forcément la principale, et qu’il faudrait donc se concentrer surtout sur les autres causes, mais ce serait légitimer les arguments des uns qui prétendent que tant qu’il y a pire, autant s’attaquer au pire : le meilleur moyen pour finalement ne rien faire.
L'interdiction doit être maintenue, en France et en Europe, et surtout, appliquée. Assez de ce laxisme opportunisme qui met à mal l'environnement pour des arguments purements économiques et politiques. Cette manifestation ne doit surtout pas renfocer le laxime de l'Etat, au contraire, cela devrait le faire réagir et mettre enfin en pratique un interdit existant depuis plus de 15 ans.
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