Monsanto se lance dans la lutte biologique
On a appris récemment (fin 2013) que Monsanto s'alliait à des société compétentes en lutte biologique.
Associer les mots "Monsanto" et "biologique" fait grincer les oreilles de ceux pour qui Monsanto est le Satan moderne, le bio étant le paradis perdu qu'il faut retrouver. (il y a cent an tout était bio...)
Il est pourtant, naturel que Monsanto s'intéresse à la lutte biologique. Pour une raison simple :
- Les cultures Bt, de coton Bt par exemple, nécessitent moins d'épandage de pesticides.
Les études sur le sujet sont nombreuses, et concordantes.
« Dans notre base de données bibliographiques entre 2000 et février 2008, sont recensées 695 références portant sur l’impact des cultures transgéniques sur les quantités de pesticides utilisées. Toutes ces publications indiquent que les plantes génétiquement modifiées résistantes aux insectes permettent d’économiser les traitements effectués contre les insectes cibles des transprotéines. » (Analyse de l’avis sur la dissémination du MON810 sur le territoire français du comité de préfiguration d’une haute autorité sur les organismes génétiquement modifiés – Jean-Baptiste Bergé, Directeur de Recherches INRA honoraire et Agnès Ricroch, Maître de Conférences AgroParisTech – 2008 – souligné dans le texte)
« La lutte contre les insectes ravageurs des cultures de coton nécessite le recours à de fréquents traitements insecticides. […] À la suite de l’introduction de nouvelles variétés modifiées génétiquement pour résister aux attaques d’insectes, la quantité de produits insecticides répandus et le nombre de traitements ont été divisés par 3. […]
En Inde, l'emploi de 50 % de variétés de cotonnier Bt entraînerait une diminution des quantités de produits insecticides pouvant atteindre 9200 tonnes par an. […]
Conclusion :
Dans les pays en développement, l'introduction de coton Bt a des répercussions sur la "santé" de l’environnement avec une moindre contamination par les produits insecticides […] » (OGM et alimentation : peut-on identifier et évaluer des bénéfices pour la santé ? – AFSSA, Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments, 2004)
« En moyenne, les fermiers qui cultivent le coton Bt en Chine ont réduit de 70 % les pulvérisations de pesticides contre l’anthonome du cotonnier d’Asie, produisant le kilogramme de coton 28 % moins cher que ceux qui n’utilisent pas le coton Bt (Huang et al. 2002b). Ces avantages ont eu des répercussions importantes sur la situation agronomique, environnementale, sanitaire et économique d’environ 5 millions de fermiers disposant de peu de ressources, dans 8 provinces. De la même façon, des essais effectués en Chine avec du riz contenant des gènes le rendant résistant aux larves d’insectes qui ravagent les rizières, ont montré une baisse de 80 % de l’utilisation des pesticides et une augmentation du rendement de 6 à 9 % (Coghlan 2005).
[…]
Une étude sur deux ans portant sur les répercussions économiques de l’adoption du coton Bt par les fermiers des Makhatani Flats de la province Kwa-Zulu Natal d’Afrique du Sud, a montré que non seulement il y avait eu des augmentations de rendements, mais que les économies réalisées du fait de la réduction des applications de substances chimiques l’emportaient sur le coût plus élevé des semences (Ismael et al. 2001). Entre 1997 et 2001, le nombre de cultivateurs de coton d’Afrique du Sud ayant adopté les plants de coton Bt a été multiplié par 16 (Bennett et al. 2003). » (Biotechnologie alimentaire moderne, santé et développement : étude à partir d'exemples concrets - Organisation mondiale de la Santé 2005)
« La communauté scientifique s’accorde pour dire que l’utilisation de cultures transgéniques Bt résistantes aux insectes contribue à réduire le volume et la fréquence de l’utilisation d’insecticides sur les cultures de maïs, de coton et de soja (CIUS). Ce résultat a été particulièrement significatif pour la culture du coton en Afrique du Sud, en Australie, en Chine, aux États-Unis et au Mexique » (FAO - LA SITUATION MONDIALE DE L'ALIMENTATION ET DE L'AGRICULTURE - 2003-2004)
Les OGM Bt protègent l’environnement… et les cultures bio ! (http://ecologie-illusion.fr/OGM_Bt_reduisent_utilisation_des_pesticides.htm)
Même des sites militants en conviennent :
« les plantes Bt permettent a priori de diminuer la quantité d’insecticide pulvérisé sur les cultures » (Site de l'Association Générations Futures, qui a pour objet d'agir contre « les conséquences négatives de l’agriculture ou de toute autre activité humaine utilisant les produits phytosanitaires et les engrais de synthèse » - visité en mars 2013)
- Il y a donc plus de biodiversité dans les champs de coton Bt.
- Il y a donc plus d'insectes utiles, d'auxiliaires, genre coccinelles qui se nourrissent de pucerons.
« A meta-analysis of 42 field experiments indicates that nontarget invertebrates are generally more abundant in Bt cotton and Bt maize fields than in nontransgenic fields managed with insecticides. » (Marvier et al., a meta-analysis of effect of Bt cotton and maize on nontarget invertebrates, Science 2007)
« Grâce à des données recueillies de 1990 à 2010 sur 36 sites dans 6 provinces du nord de la Chine, les chercheurs ont étudié l’impact de la culture de coton Bt sur les organismes présents dans l’agro-écosystème coton et les cultures environnantes. Ils ont observé que la diminution d’utilisation d’insecticides à large spectre liée à la culture de coton Bt a favorisé l’augmentation des populations de trois groupes majeurs de prédateurs généralistes naturels : les coccinelles, les araignées et les chrysopes. Ainsi ces auxiliaires des cultures, dont les populations sont largement affectées par les insecticides à large spectre utilisés en agriculture conventionnelle, sont plus abondants dans les cultures de coton Bt. Ils y contribuent au contrôle biologique d’un autre ravageur lui aussi majeur du coton mais contre lequel la toxine Bt est inefficace, le puceron Aphis gossypii. Les chercheurs ont également observé que les auxiliaires colonisent les cultures voisines non transgéniques (maïs, arachide et soja) ». (La culture de coton Bt favorise un service écosystémique, la régulation biologique – INRA – 2012)
- Les cultures Bt sont ainsi particulièrement propices à la lutte biologique. Contrairement aux cultures non Bt, arrosées de pesticides, bio ou non, qui tuent tous ce qui bouge, y compris les insectes utiles. Epandage de pesticides, synthétiques ou bio, est incompatible avec la lutte biologique.
C'est, peut-être pour cette raison que Monsanto se lance dans la lutte biologique, pour réaliser la combinaison gagnante :
OGM Bt + lutte biologique.
Pierre Yves
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