Ne m’appelez plus Areva
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Notre Dame des Landes, Fessenheim... à qui le tour ?
Fermeture de la centrale nucléaire de Bugey ? Celle du Tricastin, annulation du projet d’enfouissement de déchets nucléaire Cigéo ? Abandon du TGV Lyon Turin... lien
Quel sera le grand projet inutile qui retournera demain dans le placard duquel il n’aurait jamais dû sortir ?
La fermeture de Fessenheim semble actée... même si elle aurait dû l’être dès 2012, s’il fallait croire la promesse hollandaise...
Mais quid des autres centrales, tout autant vieillissantes, et tout autant dangereuses ?
Si l’on prend l’exemple de la centrale nucléaire de Bugey, à 30 km de Lyon, tombant régulièrement en panne, elle est de plus en plus sujette à des fuites à répétitions.
La dernière en date a eu lieu le 13 décembre 2017, et n’a été communiquée que le 15 janvier 2018... pourtant la fuite est sérieuse, du tritium qui s’est manifestement évacué dans la nature, et dont une partie pourrait bien se retrouver dans la nappe phréatique. lien
Des investigations sont en cours...
Cette fuite de tritium n’est pas une nouveauté pour cette vieille centrale qui va vers ses 45 ans...ce qui ne me rajeunit pas, vu que c’est la première manifestation antinucléaire à laquelle j’ai participé...c’était en 1971.
En effet, le 1er réacteur (graphite/gaz) avait démarré en 1972. lien
Une fuite de ce genre s’était déjà produite en 2012, ce qui n’a pas empêché l’ASN (autorité de surveillance nucléaire) de prolonger le réacteur n° 5 jusqu’en 2022. lien
Pourtant c’est bien cette même ASN qui avait déclaré « certains tuyaux sont tellement rouillés que l’épaisseur de leurs parois a diminué et pourraient ne pas résister en cas de séisme ou d’inondation. Ces dégradations sont la conséquence de la corrosion qui a pu se développer en l’absence d’une maintenance préventive adaptée ».
En octobre 2017, les autorités genevoises s’inquiétaient à juste titre de la dégradation de la tuyauterie de la centrale : tuyaux rouillés, et la moitié des pompes de refroidissement qui seraient défaillantes...
C’est du moins ce que l’on pouvait lire dans l’article de Christian Lecomte, du journal « le Temps »... le journaliste rappelant qu’il n’y a que 70 petits kilomètres entre la capitale romande et la centrale nucléaire de Bugey... lien
On se souvient qu’au Japon, les autorités américaines avaient imposé à leurs ressortissants de s’éloigner d’au moins 100 km de la centrale dévastée de Fukushima.
Déjà en février 1993, il y a donc 25 ans, le journal « Libération » publiait un article saignant sous le titre « les mauvais tuyaux des centrales nucléaires », rappelant que les canalisations constituent la seule voie de communication permanente entre l’intérieur du réacteur et le monde extérieur, et que toute rupture sur ce tronçon capital pourrait mettre en contact direct le cœur de la centrale et l’atmosphère, entraînant alors le rejet d’énormes quantités de radioactivité. lien
Et puis, si l’on prend une autre centrale, celle de Gravelines par exemple, on réalise qu’elle est passée de 50 « incidents » en 2016 (terme généralement utilisé dans le monde nucléaire), à 80 en 2017... et comme d’habitude, ça n’aurait eu aucune incidence sur la sécurité des populations, ni sur leur santé. lien
Déjà, en 2016, les experts constataient que 32 réacteurs sur 58 étaient défectueux.
Pas étonnant dès lors que les militants de « Stop Bugey », aient envoyé une lettre ouverte, soutenue par 202 personnalités, à destination de Nicolas Hulot, et du conseil d’administration d’EDF, afin de demander la fermeture du site nucléaire de Bugey, laquelle lettre sera suivie par une pétition. lien
Mais revenons à Areva, laquelle institution vient de changer de nom, pour s’appeler Orano, et interrogeons-nous avec Nicolas Stiel, chroniqueur à « Challenges », sur les raisons de ce changement, en rappelant que le changement de nom n’évacue pas les probllèmes.
Le nom précédent était inspiré par l’abbaye cistercienne espagnole d’Arevalo, que l’ex présidente du groupe, Anne Lauvergeon avait trouvé à son gout...
Quant à Orano, il est dérivé d’Ouranos, le dieu grec, devenu Uranus sous les romains, Uranus qui donnera plus tard son nom à l’uranium.
Mais tout comme l’uranium et le nucléaire, Orano ne va pas bien, son effectif est passé de 40 000 personnes à 16 000, suite à la situation financière déplorable du groupe, lequel enchaîne les déboires, que ce soit en Finlande avec l’EPR d’Olkiluoto, retards considérables sur le chantier, crise avec le gouvernement finlandais, dépassement catastrophique du budget initial, sachant que, par contrat, le dépassement est à la charge d’Areva, et le changement de nom n’y changera rien.
Autre déboire, celui d’Hinkley-Point, en Angleterre, dépassement de budget aussi considérable que celui des finlandais, dépassement qui pourrait atteindre les 3 milliards d’euros, et retards aussi, puisque plus personne ne croit au démarrage fin 2025... lien
Ajoutons-y la catastrophe technologique de l’EPR français, à Flamanville, passant de 3 milliards envisagés, à près de 11 aujourd’hui, défauts technologiques de la cuve, accidents de chantier, (mort d’un ouvrier) sous traitance clandestine, et bien sûr retard considérable puisque cette installation devait démarrer en 2012. lien
C’est finalement Greenpeace qui, en novembre 2016, faisait le constat du fossé gigantesque qu’il existe entre le discours d’EDF et la réalité financière du groupe, et conseille, comme seule porte de sortie, de fermer tous les réacteurs, car outre le fait que pour leur démantèlement, les comptes ne sont pas bons, mais aussi que les investissements prévus pour rénover le parc nucléaire représentent 165 milliards d’euros, somme astronomique sur laquelle EDF se garde bien de communiquer. lien
Pas étonnant dès lors que le prix du kW nucléaire ne cesse de grimper, dépassé aujourd’hui en efficacité et en coût par les énergies propres. lien
En 2016, les nouvelles capacités des éoliennes et du photovoltaïque se sont élevées à 147 gigawatts contre un petit 9 GW pour le nucléaire, ce qui n’empêche pas le nouveau directeur d’Orano, Philippe Knoche de se persuader que le nucléaire ait encore un avenir. lien
Il est peut-être l’un des derniers, avec Édouard Philippe, lequel a dans le passé travaillé pour Areva, dont il était en quelque sorte le lobbyiste, et quelques autres, à le croire. lien
Pour les militants de Stop Bugey, et quelques autres, le nucléaire, c’est fini.
Pour les eurodéputés, le choix des énergies propres est fait, et le parlement européen exige un plan « énergies propres » plus ambitieux, choix qui semble partagé par le gouvernement français, à moins qu’il ne s’agisse que d’une simple opération de communication.
En effet le gouvernement dit vouloir accélérer massivement les investissements, les appels d’offre, simplifier les procédures, éviter que les recours ne bloquent systématiquement les projets de renouvelables, afin de faire de la France un leader dans ce domaine... lien
On ne demande qu’à le croire, mais la réalité est plus cruelle puisque notre pays est très en retard dans ce domaine, quasi le plus mauvais élève de la classe européenne. lien
Dans un rapport qui vient d’être remis par le ministère de la transition écologique sur l’évolution de la pollution de l’air depuis 2000, la France fait figure de cancre et occupe toujours la place du 6ème pays européen le plus pollué. lien
Quant à sa place sur le terrain des énergies propres, elle occupait en Juillet 2017 la place de 16ème sur 28 au sein de l’union européenne, loin derrière la Suède, la Finlande, la Lettonie, ou l’Autriche. lien
Ce qui est étonnant, c’est qu’à la même date, les énergies propres étaient déjà plébiscitées par 94% des français, et que 66% d’entre eux sont prêts à payer un surcout pour passer au renouvelable. lien
Ajoutons pour la bonne bouche que, d’après l’ADEME, les énergies renouvelables pourraient créer près d’un million d’emplois, faisant bondir notre PIB (produit intérieur brut).
Le consommateur aurait tout à y gagner puisqu’il débourserait 40 milliards de moins sur sa facture d’électricité (il en débourse aujourd’hui 70). lien
Pourtant tous les consommateurs ne sont pas longés à la même enseigne, car, alors que l’habitat représente près de 50% de la consommation totale de l’énergie de notre pays, le prix à payer pour être un éco-citoyen n’est pas à la portée de tous les français, d’autant que, selon l’ONPE (observatoire national de la précarité énergétique) 12 millions d’entre eux sont aujourd’hui en situation de précarité énergétique, et comme l’écrit Philippe Rioux dans les colonnes de « La Dépêche », à ces ménages en difficulté, s’ajoutent tous ces français mal informés ou perdus devant la complexité administrative, renoncent à optimiser leur logement. lien
Comme dit mon vieil ami africain : « le chien a beau avoir 4 pattes, il ne peut prendre 2 chemins à la fois ».
L’image illustrant l’article vient de http://janus157
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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