OGM : le retour (par la fenêtre)
Après les effets de manche, les gesticulations, et les promesses pieuses du Grenelle de l’environnement, voici que les OGM, rejetés par la très grande majorité des citoyens (français et européens), sortis par la porte du moratoire, reviennent en force par la fenêtre ouverte par les vieux barbons du Sénat, courroies de transmission des lobbies des empoisonneurs industriels agro-alimentaires, contre tout principe de précaution.
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C’est à partir d’aujourd’hui qu’est discuté, à l’Assemblée nationale, le projet de loi sur les OGM.
Alors que l’on pensait que le moratoire décidé par le ministère de l’Environnement éloignait pour un temps le danger de la dissémination de ces semences privées, et privatives du vivant, le Sénat, par le texte adopté le 8 février, et qui va être aujourd’hui discuté à l’Assemblée, a vidé de sa substance ce moratoire, et réintroduit, sous les pressions intenses des lobbies agro-alimentaires, le "droit de cultiver avec ou sans OGM" (! !!), rouvrant ainsi la voie à la dissémination des parcelles bio ou traditionnelles.
Pour une fois, des voix s’élèvent ; non seulement parmi les organisations de défense de l’environnement et de la biodiversité, mais au sein même de la majorité.
Libération nous apprend ainsi que François Grosdidier, député UMP de Moselle, dans une lettre à ses collègues, dénonce : « l’activisme forcené de la FNSEA et du lobby pro-OGM » ayant entraîné le texte voté par le Sénat « manifestement amendé sous l’influence des groupes voulant une mise en culture rapide et massive des OGM en France, au mépris de principes affichés ». Et de rappeler les déclarations de Nicolas Sarkozy au soir du Grenelle de l’environnement : « La vérité est que nous avons des doutes sur l’intérêt actuel des OGM pesticides ; [...] sur le contrôle de la dissémination des OGM ; [...] sur les bénéfices sanitaires et environnementaux des OGM. »
Malheureusement, François Grosdidier a décidé de rendre publiques ses réserves, sans illusion, car « l’affaire a été pliée la semaine dernière à la commission des affaires économiques de l’Assemblée », explique-t-il.
En revanche, Marc Laffineur, porte-parole du groupe UMP sur ce projet de loi, affirme : « Il est normal que le débat existe au sein de l’UMP. Mais il faut en rester au texte du Sénat qui est sage et équilibré. »
En effet, la loi, modifiée par les sénateurs, dans un sens largement favorable aux semenciers OGM, garantit « la liberté de consommer et de produire avec ou sans organismes génétiquement modifiés », et prévoit une « coexistence » des cultures OGM et non OGM.
La Haute autorité instituée par le projet gouvernemental pour évaluer
les risques liés aux OGM est devenue un « Haut conseil des
biotechnologies », obligatoirement présidé par un scientifique. La place
des scientifiques y sera prééminente par rapport aux représentants de
la société civile.
« Délit de fauchage »
Les sénateurs ont aussi créé un « délit de fauchage » de champs d’OGM
passible de deux ans de prison et 75 000 euros d’amende. Le texte
n’oblige pas les producteurs de semences à participer à l’indemnisation
en cas de contamination par des OGM des récoltes des parcelles
voisines. Cette indemnisation en cas de présence fortuite d’OGM au-delà
d’un seuil de 0,9% sera de la responsabilité de l’exploitant du champ.
José Bové et les verts, soutenus par les diverses associations de défense de l’environnement, dont Greenpeace, qui a déversé, hier, 9 tonnes de maïs (non OGM) devant le siège de l’UMP, vont tenter de faire respecter la volonté des Français, et le principe de précaution, en établissant un piquet de garde devant l’Assemblée nationale, mais la bataille s’annonce inégale.
La majorité UMP n’a pas l’intention de
revenir sur les modifications des sénateurs. Le président UMP de
l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a souhaité la semaine dernière un
débat « équilibré où l’amalgame, le terrorisme intellectuel, la violence
ne l’emportent pas sur la rationalité et la connaissance ». Pour lui,
les OGM sont « vitaux » pour l’avenir de l’agriculture et de la recherche
en France.
« L’adoption de ce texte par l’Assemblée nationale va dans le sens de
l’histoire », estime Marc Laffineur, porte-parole du groupe UMP dans ce
débat.
Les Français vont donc se retrouver devant le fait accompli, par l’attitude d’une majorité de sénateurs et députés corrompus par les lobbies pro-OGM, et la FNSEA, et se voir imposer, au mépris de toute règle éthique et sanitaire (comme l’a parfaitement démontré le film de Marie-Monique Robin sur Monsanto), les semences et les pratiques de privatisation du vivant qu’ils rejettent dans leur très grande majorité.
Il est d’une urgence vitale que chacun se mobilise, par le biais, notamment, des associations de consommateurs et de défense de l’environnement, pour empêcher cette véritable forfaiture, et la mise en danger de notre nourriture, de notre biodiversité, de notre patrimoine agricole, par des empoisonneurs patentés, qui imposent leur loi et leurs produits viciés, au mépris total de l’intérêt des citoyens.
Mobilisation contre les fossoyeurs du vivant !
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