Où en est le nucléaire en France ?
Le gouvernement, l’Autorité de Sûreté Nucléaire et le Sénat viennent de lever quelques tabous sur la question de l’atome. Entre la prolongation du parc nucléaire et les avancées sur les réacteurs de quatrième génération, l’examen du projet de loi sur la transition énergétique permet d’y voir plus clair sur l’avenir énergétique du pays. Avec cette nouvelle orientation en revanche, le débat sur l’utilisation de la rente nucléaire, évaluée à plusieurs milliards par la fondation Jean Jaurès, devrait toutefois continuer de diviser l’opinion publique…
Le retournement des socialistes sur la question du nucléaire
Loïc Signor s’interrogeait, Ségolène Royal aurait-elle « la mémoire qui flanche » sur la sortie du nucléaire ? Selon le journaliste de L’Opinion, « la politique nucléaire du gouvernement est totalement illisible mais à dessein, François Hollande est piégé par sa promesse de campagne, faite à la hâte, pour séduire les écolos ». Après l’interview de la ministre de l’énergie à L'Usine Nouvelle, on s’aperçoit que le rééquilibrage du mix énergétique passera d’abord par une réduction de la part des hydrocarbures plutôt que par la baisse de l’énergie nucléaire…
Quand Ségolène Royal annonce la 4ème génération de réacteur et la prolongation du parc
Au journal L’Usine Nouvelle, la responsable politique annonçait effectivement la construction de nouvelles unités et la prolongation de la durée d’exploitation des installations : « Il faut aussi programmer la construction d’une nouvelle génération de réacteur (…) Je n’ai pas mis dans la loi sur la transition énergétique une limitation à quarante ans comme le voulaient les écologistes (…) Certaines centrales peuvent vivre plus longtemps ». Une déclaration qui n’a pas échappé au président d’EDF Jean-Bernard Lévy qui s’est dit « confiant sur la capacité d’EDF à prolonger, avec ses grands partenaires et en toute sécurité, la durée de fonctionnement de ce parc jusqu’à 50 ans, voire jusqu’à 60 ans ».
L’autorité de sûreté nucléaire demande des précisions à l’heure de la 4ème visite décennale
Malgré cet optimisme de l’énergéticien, le Président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire Pierre-Franck Chevet prévient, « nous refuserons de nous faire tordre le bras pour autoriser une prolongation parce que les autorités n'ont pas assez anticipé cette échéance » ! En effet, « « pour qu'une prolongation soit envisagée, il faut [selon lui] d'ores et déjà prévoir un calendrier de travaux d'amélioration de la sûreté ». A l’heure actuelle, on connaît cependant déjà les prochaines étapes en matière de rénovation : lancement de la 4ème visite décennale et poursuite du programme de « grand carénage ». En ce qui concerne les réacteurs testés par le Commissariat à l’Energie Atomique, le déploiement industriel n’est pas envisagé avant 2040.
Le Sénat propose le déplafonnement de la capacité de production nucléaire
Le texte sur la transition énergétique est arrivé en séance publique au Sénat le 10 janvier. Après le travail réalisé par la commission des affaires économiques, son rapporteur le Sénateur Ladislas Poniatowski propose de « relever le plafonnement de la capacité de production nucléaire à 64,85 GW ». Au passage, il supprime l’échéance de 2025 pour atteindre l’objectif de 50% car selon le parlementaire, « tous nos interlocuteurs nous ont dit qu'il était impossible de fermer autant de réacteurs en 10 ans »… Réaliste, il espère un accord en Commission Mixte Paritaire.
L’utilisation de la rente nucléaire en débat
Ces derniers événements donnent finalement raison à l’ancien Ministre Arnaud Montebourg pour qui le nucléaire était une filière d’avenir. En 2013, sa collègue écologiste Cécile Duflot avait d’ailleurs évoqué la question de la rente nucléaire pour financer la transition énergétique. La fondation Jean Jaurès évalue cette rente entre 5 et 10 milliards par an à l’horizon 2025, une somme importante alors que la fermeture d’un réacteur est estimée à 6 milliards d’euros et que « 26 des 58 réacteurs français atteindront 40 ans d'ici à 2025 ». Tandis que certains comme la Porte-parole du réseau Sortir du Nucléaire, Charlotte Mijeon, voudraient privilégier les « vraies solutions énergétiques que sont les économies d'énergie et les énergies renouvelables », le spécialiste de l’énergie Jean-Philippe Tanguy affirme au contraire, que « la rente nucléaire ne doit pas être asséchée et dilapidée dans des champs photovoltaïques dispendieux »…
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