Peser sur le changement climatique en 2007
Le constat est unanime dans la communauté scientifique réunie au sein du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), comme dans les instances politiques ou la société civile : le changement climatique est déjà une réalité, et il est nécessaire d’agir au plus vite. Pourtant, les autorités tergiversent et les partis politiques ne semblent pas prendre la juste mesure des enjeux ...
"La lutte contre le dérèglement climatique est l’un des enjeux essentiels des années à venir." Cette expression est presque devenue une lapalissade, bien que ses conséquences le soient moins. Ainsi, pour pouvoir agir dans le cadre des objectifs fixés à Kyoto, la France devrait diviser ses émissions de gaz à effet de serre par quatre d’ici 2050. Cet objectif, s’il est ambitieux, est tout à fait réalisable sans porter atteinte à la qualité de vie. Encore faut-il que le monde politique s’engage clairement dans une politique climatique ambitieuse.
Le plan national d’allocation des quotas (PNAQ) de CO2
Fin avril-début mai, des rumeurs (confirmées par la Commission européenne) de sur-allocations de quotas de carbone avaient causé un mini crack sur le marché. Le premier PNAQ français est alors clairement apparu totalement laxiste : près de 13% de sur-allocations par rapport aux émissions réelles en 2005. Ce qui n’a pas empêché le gouvernement français de proposer un plafond quasi identique pour la période 2008-2012 à celui de la période test 2005-2008, alors que son homologue allemand revoyait ses quotas à la baisse.
Ainsi, le projet gouvernemental examiné en commission le 23 juin affiche un objectif de 149,72 millions de tonnes (Mt) de CO2, alors que les services du ministère de l’Ecologie l’évaluaient à 137,4 Mt. Ce dernier chiffre était d’ailleurs très proche du résultat obtenu par les experts indépendants d’Ecofys, dans un rapport commandité par Greenpeace pour définir le plafond global du "PNAQ idéal" (c’est-à-dire respectant les critères édictés par la Commission et objectifs de Kyoto et du facteur 4), soit 135,4 Mt par an. Les déclarations récentes du commissaire européen à l’environnement, Stavros Dimas, laissent penser que ce plan sera de toute façon rejeté.
Des mesures et ambitions affichées qui ne sont pas à la hauteur des enjeux
Alors que ces questions devraient, en toute logique, figurer au premier rang des débats des prochaines échéances électorales, force est de constater que les principaux partis politiques ne se sont pas engagés dans une dynamique permettant de lutter efficacement contre le réchauffement de la planète.
Ainsi, le plan Borloo n’a finalement pas repris les logements sociaux HQE et personne ne sait véritablement quand le plan climat 2006 sortira. Quant au projet de programme du Parti socialiste pour les élections de 2007, présenté le 9 juin dernier, le Réseau action climat-France et les Amis de la Terre le jugent bien pauvre en matière d’environnement, et catastrophique sur la question du changement climatique. « Alors que les élus de 2007 auront la charge de mettre en oeuvre les engagements pris dans le cadre du Protocole de Kyoto et de négocier les futurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour l’après 2012, l’un des principaux partis prétendant au pouvoir a décidé de passer sous silence le réchauffement climatique », explique Benoît Faraco du RAC-F (Réseau action climat - France). Soulignant que certaines mesures vont dans le bon sens (développement des transports en commun et intégration d’une composante énergie dans une taxe générale sur les activités polluantes), ils soutiennent qu’elles restent malgré tout largement insuffisantes.
Dix mesures prioritaires à intégrer dans les programmes électoraux pour 2007
C’est pourquoi le RAC-F a décidé de proposer dix mesures simples et précises à mettre en œuvre dès 2007 pour obtenir une véritable politique française de lutte contre le changement climatique. Par ailleurs, le RAC-F suivra de près les programmes électoraux des partis, grâce à un observatoire, pour informer les citoyens sur les propositions des différents candidats. « La rédaction des projets des divers partis politiques est l’occasion pour les candidats de prendre des engagements forts pour protéger le climat. Il n’est aujourd’hui plus possible de prétendre sérieusement exercer des responsabilités politiques sans prendre position sur les thèmes du climat et de l’énergie », souligne Sandrine Mathy du RAC-F.
Le document reprend entre autres les éléments que l’association négaWatt avait déjà établis lors du débat national sur l’énergie, débat qui avait précédé la loi d’orientation au printemps 2003. Ces mesures balayent tous les secteurs concernés (résidentiel, tertiaire, transport, agriculture), les pratiques (économie d’énergie, formation, informations) et les aspects financiers (financements publics, réforme fiscale).
Les associations membres du RAC-F jugent ces mesures prioritaires et devant être mises en oeuvre lors des prochaines mandatures (présidentielle et législatives), donc intégrées au programme de tous les partis qui aspirent à gouverner la France pour les cinq années à venir. Parce qu’elles sont aujourd’hui absolument nécessaires, mais aussi parce qu’elles permettent de lutter efficacement contre le réchauffement de la planète, tout en participant aux autres objectifs du développement durable.
- Rapport Ecofys sur www.greenpeace.org
- Mesures RAC-F sur www.rac-f.org
- Association négaWatt sur www.negawatt.org
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