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Accueil du site > Actualités > Environnement > Quand l’Etat accroît les risques d’inondation ! (...)

Quand l’Etat accroît les risques d’inondation ! (3)

Déclassement de la digue du Canal séparant Tours de St Pierre des Corps : par ce projet de "mise en transparence", l'État français, sans même soutenir une véritable justification, met en danger les biens et les personnes d'un bassin de population de 130.000 âmes. La décision surprend tant cet ouvrage, toujours entretenu, a fait ses preuves lors de la dernière grande inondation (1866). En abandonnant ses prérogatives régaliennes de protection des populations, l'Etat soutient les affairistes cherchant par tous les moyens à ce que Tours devienne une métropole…

Rappel des deux articles précédents.

Cet article est la suite de deux autres parus il y a deux mois sur Agoravox :

  • La première partie présentait un historique des faits : comment une digue dans cesse renforcée depuis 1860, jugée en bon état lors de la dernière visite de 2011, considérée comme une protection efficace en 2012, est d'un seul coup devenue fragile, cédant à coup sûr à la moindre inondation, sur la foi d'un étrange "atelier national" d'aménageurs de 2014, ayant détourné les conclusions d'une étude scientifique de dangers de 2013.
  • La seconde partie faisait le tour des acteurs : le ministère de l'Ecologie et la DDT, oubliant leur rôle de protection contre les risques naturels, un maire de Tours faible et inconscient (contrairement aux précédents), les élus de tous bords, amorphes, les médias silencieux, une association qui se bat, des citoyens qui s'inquiètent.

 

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Inondation par l’amont
Cas d’une inondation de probabilité « moyenne » par l’amont : la mise en transparence de la digue du Canal provoque la submersion des communes de Tours et La Riche

 

PPRI : un Plan qui accroît le risque au lieu de le diminuer

Depuis la mise en ligne de ces deux articles écrits il y a deux mois, est arrivée, du 18 avril au 19 mai, l'enquête publique amenant la finalisation de la révision du Plan de Prévention contre les Risques d'Inondation (PPRI) du Val de Tours, Val de Luynes. La soi-disant "concertation" sur l'avant-projet se solde par un rejet complet des remarques et interrogations. C'était certes prévisible, mais pas de façon aussi brutale. Il n'y a pas eu la moindre argumentation pour contrer les pourtant multiples remarques exprimées. Elles ont été tout simplement ignorées. Un document présente les trois réunions publiques préparatoires, en oubliant carrément la quatrième, du 19 décembre à Tours, où l'opposition citoyenne au déclassement avait été vive. Comme pour les médias, pourtant présents, cette réunion a été effacée. Tout juste apprend-on, dans un document annexe, que 150 personnes se sont exprimées contre le déclassement, alors qu'aucun autre aspect du PPRI, et de loin, n'a rencontré une telle réprobation.

On se retrouve donc avec un PPRI à l'envers, qui, plutôt que de diminuer le risque, l'augmente. Ainsi, sur la commune de Tours, pour les zones submersibles, il passe de faible à fort et très fort et sur-aléa. Il est extraordinaire de voir un plan de prévention effectuer une telle aggravation ! Comme si les experts d'il y a quinze ans, et tous ceux qui les ont précédé depuis 150 ans, s'étaient collectivement fourvoyés…
 

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Inondation par l’aval
Cas d’une inondation par l’aval : la mise en transparence de la digue du Canal provoque la submersion des communes de St Pierre des Corps (et ses sites Seveso) et La Ville aux Dames

Un clientélisme qui amadoue les élus

Aucun élu ne s'en émeut publiquement… En privé, certains reconnaissent le bien-fondé des arguments de l'AQUAVIT, l'association pour la qualité de la vie dans l'agglomération tourangelle, seule à vraiment réagir. Mais ces politiques, affairistes et carriéristes à leur manière, ne veulent pas se brûler les doigts ou les ailes en s'opposant à l'Etat. Pragmatiques, ils préfèrent marchander leur soutien ou du moins leur silence complice. Dans la "concertation" de l'avant-projet, chacun y est allé de sa "réserve" et l'Etat, grand-seigneur, a récompensé ceux qui sont venus manger dans sa main. C'est ainsi, par exemple, que le maire de Tours a obtenu le droit de construire un parking souterrain sous "l'îlot Vinci", là où est prévu un grand aménagement…

En arrière-plan, l'Etat est en train de se désengager de l'entretien des digues pour le confier aux collectivités locales. Ce transfert aura de très lourdes conséquences financières, si bien que les élus locaux ne sont pas mécontents d'un déclassement qui allègera cette charge. Et qui leur permet de lâcher la bride à de rentables projets d'urbanisme…
 

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Digue du Canal
La digue du Canal en son point soi-disant le plus fragile

Un mensonge d'Etat

Le plus révoltant dans cette affaire est de constater l'obstination des services de l'Etat à répéter une grossière contre-vérité. Pour assurer que la digue du Canal est "dangereuse et inutile", ils prétendent que l'étude de dangers de 2013 aurait dit que "dans les différents scenarii étudiés, la levée de l’ancien canal présente une probabilité de rupture certaine sur 43 % de son linéaire". Or cette étude ne l'a dit que dans un seul cas, quand la crue atteint la hauteur de 52 mètres au-dessus du niveau de la mer : un seul scénario, pas tous, et qui n'est jamais arrivé, puisque la hauteur maximum atteinte était de 51 m en 1856. En plus, la digue tiendrait jusqu'à 51,90 m, si l'eau ne part pas auparavant en surverse sur le Cher. Ce scénario a une probabilité très faible, une fois tous les 800 ans, d'après l'étude de 2013. Il ne devrait pas être traité dans un PPRI mais à l'échelle plus vaste de l'ensemble du bassin de la Loire.

Ainsi, contrairement à ce que prétend l'Etat, l'étude de dangers de 2013 montre que la digue du Canal est protectrice et utile. C'est bien grâce à elle que, au PPRI de 2001, auparavant et aujourd'hui tant qu'elle est intacte, le risque d'inondation était et pourrait rester faible. Pour autant, cela ne doit pas faire oublier que dans certains cas, qui devraient être réduits au minimum, le val de Tours est et sera toujours inondable.

La prétendue fragilité "dans tous les scenarii", inscrite dans l'arrêté de déclassement, est un pur mensonge. Il avait été dénoncé par l'AQUAVIT auprès du Ministère de l'Ecologie et de la Préfecture. Aucune réponse, aucune explication. Bis repetita dans l'avant projet PPRI. Nouvelle dénonciation, nouvelle dérobade. Tris repetita dans le dossier d'enquête. Pour agir ainsi, l'Etat semble sûr de son coup : la commission d'enquête va dire que le déclassement n'est pas son souci, les Tribunaux Administratifs vont regarder à côté. Le dossier est cadenassé à tous les étages de l'administration. Cette façon de maquiller la vérité évoque celle des pires régimes. Mme Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie, plusieurs fois avertie par l'AQUAVIT, le sait et apporte son soutien à de tels dévoiements. Elle coiffe un système qui discrédite notre démocratie.

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Place Velpeau à Tours
La place Velpeau, à Tours, pourra être submergée par 2 mètres d’eau, pour une crue que la digue du Canal aurait stoppée

 

Une embrouille machiavélique

Là où l'Etat s'avère très fort, c'est dans l'emploi d'une stratégie tordue qui emberlificote le sujet et lui permet de faire l'innocent en dédaignant les citoyens agités qui s'opposent à lui. Ce seraient eux qui affolent la population. Qui, pourtant, a augmenté le risque de faible à très fort ?

L'Etat, ou plutôt le petit groupe qui agit sous son couvert, s'est rendu compte qu'il ne devait surtout pas dire que la "mise en transparence" de la digue du Canal multiplie par dix le risque d'inondation : houla, ça serait trop clair, tout le monde comprendrait et voudrait garder l'ouvrage. Il lui fallait dissocier le déclassement et l'aggravation du risque, pour camoufler le lien de cause à effet. Moins c'est clair, mieux ça passera. Il a donc procédé par étape :

  • L'aggravation du risque, introduite en première phase de concertation du PPRI, devait précéder le déclassement.
  • Le déclassement devait se faire discrètement sans que personne ne s'en rende compte, comme une mesure technique annexe. Sur ce point, il y a eu le grain de sable de l'AQUAVIT, qui, de justesse, a pu intervenir à temps pour lancer un recours.
  • Il fallait un prétexte. La généralisation du scénario à 52 m de l'étude de dangers de 2013 permettait de dire que l'ouvrage était trop fragile, "inutile et dangereux", et que - la main sur le cœur - sa destruction était indispensable pour protéger la population. A cet effet, pour que personne n'aille vérifier, l'étude de 2013 a été gardée secrète le plus longtemps possible (jusqu'à décembre 2015 après des demandes répétées de l'AQUAVIT). Il apparaît même possible qu'elle ait été a posteriori légèrement modifiée pour la durcir un peu (notamment ajouter l'éventualité d'une "mise en transparence" introduite en conclusion, sans être appuyée par ailleurs).
  • On marche sur la tête en procédant ainsi. En toute logique, il aurait d'abord fallu définir une Stratégie Locale de Gestion du Risque d’Inondation (SLGRI), puis le PPRI, puis le déclassement, car la digue du Canal est un élément central du système de protection du val de Tours. A l'encontre des préconisations européennes, on fait l'inverse, on met la charrue avant les bœufs. Pire le PPRI, présente une cartographie et un règlement reposant sur l'existence de la digue, alors que le texte dit qu'elle est mise en transparence. Il est d'ailleurs écrit qu'une future modification ou révision remettra tout cela d'aplomb. La révision est donc obsolète avant même d'être validée ! La prorogation de l'an dernier devait permettre de prendre en compte des études de danger supplémentaires sur le Cher, elles ne seront pas finies avant la fin de l'année. Et caetera, les manques et incohérences s'amoncèlent : moins on comprend, plus vite ça sera acté, mieux ça passera… La révision du PPRI doit impérativement être terminée en juillet, la commission d'enquête fermera les yeux et la validera comme tous les décideurs l'ont fait précédemment.
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PPRI Tours 2001 et 2016
A gauche PPRI de 2001 : en jaune le risque faible - A droite PPRI de 2016 : en vert risque moyen, fort, très fort et (hachuré) sur-aléa

Jusqu'où ?

Depuis les scientifiques ayant vu leur étude de dangers détournée jusqu'aux conseillers municipaux qui savent, comme tous les riverains, que la digue est aussi solide qu'avant, personne ne semble avoir le courage et l'éthique de s'opposer à une machinerie qui s'est emballée. Même ceux qui n'ont pas une carrière à protéger. Tous restent solidaires d'une logique qui ignore la vie des gens et la transparence. Jusqu'à éluder les interrogations. Les dessous de cette affaire restent soigneusement cachés, il est toujours difficile d'obtenir des documents et un journaliste curieux aurait du mal à percer l'omerta, pour comprendre comment on peut arriver à de telles manipulations.

Cependant, doucement, l'information se répand. Il devient plus difficile de faire accepter aux habitants des trouées dans la digue. La mairie de Tours prétend maintenant qu'il n'y aurait pas de grandes percées, alors que c'est prévu "à court terme" dans l'arrêté de déclassement. Un remblai, voilà ce que devient une digue déclassée et les remblais doivent disparaître pour ne pas être un "obstacle à l'étalement de la nappe d'eau" que veut l'Etat. Inversement, si l'ouvrage garde un rôle de rétention des eaux, même moindre que précédemment, il doit être classé, c'est juridiquement la seule façon de lui attribuer cette fonction. Mais comme tout est incohérent dans cette affaire, des tergiversations sont possibles, par exemple attendre quelques années avant d'effectuer une première percée par surprise, avec une bonne dose de comm'…

Il semble qu’on se trouve encore loin d'une conclusion. Cette affaire, où la sécurité des habitants a été négociée en secret pour être sacrifiée sur l’autel de l’affairisme urbanistique, est marquée d'une telle mauvaise foi et d'un tel risque naturel qu'elle n'est pas prête d'être enterrée. A suivre...

[Plus de détails sur la page dédiée de l'AQUAVIT et ses sous-pages ; les illustrations de cet article en sont extraites]

 


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12 réactions à cet article    


  • Ruut Ruut 12 mai 2016 13:58

    Merci pour l’info.


    • al37 (---.---.157.220) 12 mai 2016 14:49

      La levée du Canal à Tours, c’est-à-dire les parois qui longent l’A10 côté Tours, vestiges de l’ancien canal, seraient contreproductives et en cas de crue importante de type 1856, et risqueraient de créer plus de dégâts que l’inverse. A l’origine, elles étaient là protéger Tours en bloquant l’eau d’un côté et la rejetant du côté de SPDC, alors vaste zone maraichère peu urbanisée, composée de varennes (seulement 400 habitations sur le territoire de SPDC en 1881). Aujourd’hui le discours est inversé et l’avant-projet de PPRI propose au contraire de créer des ouvertures dans cette levée du Canal afin de créer des zones d’écoulement qui permettraient de libérer une partie de la pression de la crue afin d’éviter des vagues plus puissantes et donc plus dangereuses. Favoriser l’écoulement des eaux est ainsi un des points majeurs de ce PPRI. A Tours, plusieurs axes serviraient ainsi de zones d’écoulement préférentiel des eaux : Les boulevards Heurteloup et Béranger, la rue Edouard Vaillant et la rue Blaise Pascal.

      Un discours préventif complètement inversé y compris sur le rôle des digues. En effet, si les digues le long de la Loire sont actuellement plus hautes que le plus haut niveau des eaux connues, ce n’est plus le risque de submersion qui est devenu prioritaire, mais celui de rupture des digues. Les modélisations ces dernières années ont montré en effet qu’une montée des eaux rapide et forte pouvait faire céder les digues bien avant qu’elles ne soient submergées, du fait notamment de leur fragilité causée par le temps (« Terriers d’animaux, arbres, canalisations et maisons encastrées sont des facteurs aggravants la déstabilisation de la digue  » est-il ainsi noté dans le projet). C’est d’ailleurs des ruptures similaires qui avaient contribué aux grandes inondations du XIXe siècle, avec notamment une brèche de 400 m dans la digue de Coneuil vers La Ville aux Dames, lors de la crue de 1856. http://www.37degres-mag.fr/actualites/ppri-vers-une-meilleure-prise-en-compte-des-risques-dinondations/


      • Plum’ 12 mai 2016 17:27

        @al37
        Ce discours n’est pas celui de l’Etat, il est proche de celui la SEPANT (repris par les Verts EELV), association environnementale qui prône une politique hydrologique de déversoirs pour apaiser les crues.

        Il s’agit effectivement de « Ne pas bloquer l’eau », c’est ce qu’on appelle aussi le « décompartimentage ». Les digues seraient donc dangereuses et à ouvrir rapidement. C’est ce qu’a demandé la SEPANT en amont de St Pierre des Corps (Conneuil...), ce qui est évidemment refusé par les élus de cette commune et ceux, en amont, de La Ville aux Dames et Montlouis. Cette stratégie sur une zone élargie est donc irréalisable. Elle s’avère très dangereuse si l’ouverture ne se fait qu’entre St Pierre des Corps et Tours, là où le maire, plus inconscient que ceux en amont s’est fait gruger.

        Transformer une agglomération en déversoir relève de l’inconscience et n’existe nulle part. Un déversoir est destiné à stocker l’eau dans le cours amont d’un fleuve, là où les enjeux sont nuls (aucun peuplement) afin de protéger les agglomérations en aval. Par exemple, il existe deux déversoirs en aval de Tours, Villandry et la Chapelle aux Naux, dans des zones vides afin de protéger Saumur, Angers...

        L’Etat refuse heureusement d’aller pleinement en ce sens en amont de St Pierre, tout en s’en inspirant quand il déclare la « mise en transparence » de la digue du Canal pour ôter « un obstacle à l’étalement de l’eau ». En cela il est en pleine incohérence, ou plutôt, il a des idées derrière la tête...

        Autres contre-vérités :
        - La digue du Canal n’est pas du tout un « vestige de l’ancien Canal » Elle a été créée en 1860 sur la levée sud du canal (qui avait cédé en 1856, mais avait stoppé la crue de 1845). Cf. coupe. Elle est très solide, renforcée au début du XXème et vers 1970 par le remblai de l’autoroute. Cette fragilité est une fable véhiculée par l’Etat, qui pourtant en 2011, par une visite technique, l’a déclarée « très peu dégradée »
        - La digue créerait plus de dégâts que l’inverse ? Oui, à en croire l’étude de 2013, mais dans un seul cas, millénal, où l’eau atteindrai 52 m.

        Ne pas oublier aussi que :
        - L’étude de dangers montre que la digue du Canal est un ouvrage à double effet : protecteur de Tours en cas de crue amont, et de St Pierre des Corps en cas de crue aval
        - Une zone d’écoulement préférentielle pour des crues centennales est davantage à craindre que des zones de dissipation d’énergie (par rupture de digue) pour des crues millénales .

        Pour plus d’infos : l’évaluation de l’Aquavit et 3000 pages de l’étude de dangers de 2013

        Pour revenir aux élus EELV, il est déjà difficile d’accepter qu’ils s’appuient sur une stratégie irréalisable, mais il est incompréhensible qu’ils soient silencieux face à toutes les manipulations de l’Etat. Comment peut-on d’un côté prôner la citoyenneté, la démocratie, le respect et d’un autre côté valider par son silence toutes ces irérgularités arbitraires. Voici ce qu’a dit un élu vert au dernier conseil municipal : « Tours est inondable, les choses sont claires. Il faut maintenant se préparer et accompagner ce PPRI d’une stratégie locale du risque d’inondation. » Bien sûr que Tours est inondable, il l’a toujours été, même en 2001, mais avec un risque faible, millénal. Quant à la stratégie locale (SLGRI), elle est à définir avant tout déclassement, bien sur, pas après ! Et de dire oui à un plan arbitraire qui décuple les risques d’inondation. Comment peut-on avoir des élus aussi irresponsables qui jouent avec les mots au mépris de la sécurité des biens et des personnes ?


      • Alain 12 mai 2016 19:33

        Que dire ?
        qu dire sinon que les grands problèmes de St Pierre des Corps sont toujours venus de Tours. Les pauvres de St Pierre sont sous contrôle des riches de Tours.
        Ainsi donc, historiquement parlant, Tours voulait les trains mais pas les pbs qui vont avec (le bruit, les ouvriers cheminots). La solution a été toute trouvée : la gare principale sera à St Pierre des Corps. cela avait provoqué de nombreuses révoltes à St Pierre des Corps. Mais Tours à fait ce qu’elle a voulu.
        Ensuite, Tours a voulu son autoroute. Autant la mettre du côté de St Pierre. Ainsi donc, qui subit le plus du bruit ? St Pierre bien entendu. Les pauvres ne vont quand mettre pas se plaindre.
        Ensuite, la digue ? Tiens, la digue côté St Pierre n’existe plus ? Ben non, car quand Tours à fait son autoroute, elle s’est bien arrangé pour garder la digue du canal de son côté mais à fait sauter l’autre côté de la digue du canal de St Pierre.

        Ainsi donc, St Pierre au cours des deux derniers siècles a perdu sa digue à l’ouest, a eu la gare qui a bouffé des zones maraichères, puis l’autoroute A10, sans parler des avions de la BA705 qui ont plutot tendance à passer à l’est chez les pauvres de St Pierre que les riches de Tours. Ne parlons même pas de l’installation de l’IKEA de Tours (bien qu’il soit plutôt à St Pierre, tiens tiens....)
        Avant tout çà, il a bien longtemps, Tours a annexé plusieurs quartiers de St Pierre pour se les accaparer.

        Maintenant, on va connaitre une vraie égalité : quand les pauvre seront sous l’eau, les riches aussi. C’est grave en effet, mais au moins ce sera égalitaire.


        • Plum’ 12 mai 2016 21:14

          @Alain
          J’ai déjà répondu à cette remarque : « L’étude de dangers montre que la digue du Canal est un ouvrage à double effet : protecteur de Tours en cas de crue amont, et de St Pierre des Corps en cas de crue aval ».

          Quant à croire qu’il n’y a que des prolos à St Pierre des Corps et que des bourgeois à Tours... Je peux même dire que les riverains de la digue du Canal du côté Tours sont souvent de petite condition. Et les aménageurs qui veulent se débarrasser de la digue voudront sûrement en profiter pour effectuer une gentrification de ces zones...

          Autres rectifications :

          - avant 1860, le Canal avait deux levées, Est (St Pierre) et Ouest (Tours). En 1860, après le catastrophe de 1856, seule la levée Ouest a été renforcée pour devenir la digue du Canal. Cela n’a rien à voir avec l’autoroute de 1970.

          - Pour l’autoroute, ce n’est pas Tours qui l’a voulu, c’est l’Etat qui a ainsi provoqué ce qu’on peut appeler, sur le long terme, une catastrophe environnementale. Il y a d’ailleurs des ressemblances étranges avec la volonté actuelle de - finalement - provoquer une autre catastrophe en différé.


        • Alain 13 mai 2016 07:41

          Pour répondre brièvement, :
          1. L’autoroute A10 a été imposé par le maire de Tours, à l’époque, Jean Royer. Et ce maire anti-communiste primaire ne s’est pas géné de placer l’autoroute au plus proche de la ville communiste de St Pierre des Corps. Tout en conservant un semblant dde protection côté Tours et rien coté St Pierre.
          2. La ville de St Pierre Des Corps est une ville pauvre (50% des gens ne paient pas d’impots sur le revenu grosso-modo), la ville de Tours est une ville bourgeoise. Les quartiers jouxtant l’autoroute ont : à St Pierre, forte population portugaise immigrée dans les années 60, à Tours, forte population bourgeoise (quartier dont les maisons ont une forte valeur ajoutée).
          3. Si la digue protégeait St Pierre, cela se saurait. Mais les énormes batardeaux qu’on trouvent sur la frontière Tours/St Pierre montre que tout cela ne sert qu’à protéger Tours et rien que Tours.

          D’ailleurs, parler de cette digue sans remettre en cause l’A10 est pour moi un combat sans sens. C’est s’attaquer à une piqûre de moustique sur une jambe qui aurait la gangrène. Mais bon, toute personne sensée à Tours et à St Pierre a ben compris depuis longtemps que personne ne s’attaquera jamais à l’autoroute A10, ni à son trafic, ni à ses taux de pollutions qui dépassent les normes sanitaires.


          • Plum’ 13 mai 2016 09:05

            @Alain

            Désolé, mais il y a des vérités qui sont incontournables :
            - Jean Royer ne voulait pas de l’autoroute A10, elle a été imposée par l’Etat. Cela ne s’est guère su à l’époque et une propagande communiste l’a peut-être fait croire. Les preuves sont présentes dans un document de l’ATU, atelier d’urbanisme de l’agglo tourangelle.
            - L’étude de dangers de 2013 présente en son scénario n°2 l’inondation de St Pierre des Corps (avec ses trois sites Seveso) et de La Ville aux Dames à partir de Tours. Une rupture de digue de Loire au niveau du pont Mirabeau à Tours est notamment possible et, comme le terrain est presque plat, l’inondation remonterait vers l’amont. L’inondation peut aussi venir de bien plus loin.
            - Si Tours est globalement une commune plus bourgeoise que St Pierre des Corps, c’est très nuancé.
            - D’accord pour les nuisances d’une autoroute qui n’aurait jamais dû passer en coeur d’agglo, mais ça n’a rien à voir avec les risques d’inondation, sinon que l’autoroute, par ses remblais, a renforcé la digue qui est plus forte qu’en 1866 quand elle avait sauvé Tours de la submersion (piqure d’insecte ?!!) survenue 10 ans plus tôt en 1856.


          • Alain 13 mai 2016 13:25

            @Plum’
            Voilà donc que le soutien de Jean Royer pour la création de l’A10 est de la propagande communiste. Faut-il rire ?
            Une rupture à Tours au niveau du pont mirabeau... C’est à dire juste à la frontière de St Pierre. Je suppose qu’on parle de la gare du canal... Un territoire annexé par Tours et qui appartenait à St Pierre quelques siècles plus tôt.
            - Tours est une ville bourgeoise. Il n’y a pas de nuance sur ce sujet face à St Pierre qui concentre un niveau de pauvreté assez indéniable.

            On peut disserter pendant des heures mais les faits sont là. Depuis un bon paquet d’années, on a mis en place un système qui protège Tours au détriment des autres villes d’à côté. Depuis quand les villes riches ne voudraient pas avoir les pieds dans l’eau et dans un si bon sentiment de piété préterait des bottes aux villes pauvres. Dans aucun livre d’histoire malheureusement. Mais bon, Tout cela doit être de la propagande communiste.


          • Ruut Ruut 13 mai 2016 09:36

            Le jours où les responsables seront Pénalement Responsables de leurs Décisions, nous aurons une chance d’avoir des décisions intelligentes de nos responsables.

            Pour le moment ils sont Responsables mais Jamais Coupables.
            Donc la politique destructrice (et corruptible) du après moi le déluge a encore de beaux jours.


            • Plum’ 13 mai 2016 14:08

              @Ruut
              Effectivement, le jour où une catastrophe arrivera (et sans la digue, il y a une assez forte probabilté qu’on la connaisse), qui sera déclaré responsable ?
              - Les experts de l’étude de dangers 2013 ? Si leur étude souffre d’incohérences et approximations, ils ont pris la précaution de dire qu’il fallait d’autres études, qui n’ont pas eu lieu. Ils n’ont jamais dit que l’ouvrage était dangereux et qu’il fallait le déclasser...
              - Les aménageurs de l’Atelier National 2014 ? Ce sont eux qui ont déclaré la digue « dangereuse et inutile », mais ils se sont protégés en disant que leur démarche n’avait rien de réglementaire et juridique.
              - Le maire de Tours Serge Babary ? Il a opiné, mais c’était sous la pression de l’Etat.
              - Les conseillers municipaux de Tours ? Ils ont été incapables de se rendre compte que le déclassement décuplait le risque, mais on ne leur a pas présenté les choses sous cet angle et on ne les a consulté que sur le PPRI.
              - Le député de Tours Jean-Patrick Gille ? L’AQUAVIT l’a rencontré sur ce sujet, mais sa discrétion ne présage pas de son opinion.
              - Le Préfet d’Indre et Loire Louis le Franc ? Il a décidé le déclassement sous divers prétextes qu’on lui a dictés (fragilité...) et il a rejeté un recours gracieux, mais c’était sous la pression de sa hiérarchie.
              - La ministre de l’Ecologie Ségolène Royal ? Elle n’a pas réagi malgré les sollicitations, mais elle n’a pas enclenché un processus devenu incontrôlable.
              - Les présidents des tribunaux administratifs ? Ilsi valideront tous les dysfonctionnements , mais ils se seront pliés, de bonne foi bien sûr, à ce qu’on leur aura présenté comme un intérêt supérieur de l’Etat...
              - Ceux qui sont dans l’ombre, que l’on devine, comme Marie-France Beaufils sénatrice-maire de St Pierre des Corps, ou qu’on ne connaît pas du tout ? Leur rôle n’est pas clair... C’est d’ailleurs pour cela que ce processus est si opaque.

              Tous se rejetteront la responsabilité. Comme cela s’est fait pour la Faulte sur Mer, le tunnel du Mont-Blanc et ailleurs. A part quelques belles paroles sous le coup de l’émotion, l’Etat Français et les collectivités locales ne savent pas tirer les leçons des catastrophes passées. On revient à la conclusion de l’article : « la sécurité des habitants a été sacrifiée sur l’autel de l’affairisme urbanistique ».


            • Plum’ 14 mai 2016 10:06

              @Ruut
              Parmi les irresponsables, j’ai oublié les membres de la commission d’enquête, présidée par Pierre Aubel. Ils ont une excuse déjà exprimée. C’est ce que révèle la déposition de l’AQUAVIT : « Pour la plupart, les éléments de cette déposition ont été présentés dans notre avis sur l’avant-projet. Tous les problèmes que nous avons soulevés ont été ignorés pour ne retenir que la demande de prorogation, avec pour réponse « le PPRI doit être approuvé le 25 juillet 2016 au plus tard  ». A quoi sert donc la présente enquête publique si l’approbation est déjà décidée ? ».

              Je conseille à ceux qui veulent approfondir le sujet de lire cette déposition de l’AQUAVIT à l’enquête PPRI (en date d’aujourd’hui 14 mai).


            • Plum’ 19 mai 2016 16:21

              En ce 19 mai, dernier jour de l’enquête publique sur le PPRI Val de Tours, la prise de conscience semble s’amplifier :
              - les habitants sont nombreux à envoyer leur avis et exprimer leur refus du déclassement de la digue,
              - le député de Tours, Jean-Patrick Gille, est le premier homme politique à s’interroger sur la dangerosité du déclassement. Il vient d’écrire à la Ministre de l’Ecologie Ségolène Royal, lui demandant de prêter attention au dossier de l’AQUAVIT et de prendre « la décision adéquate ». Il s’étonne aussi que le conseil municipal de Tours n’ait pas été consulté sur l’approbation en secret de la mise en transparence en juillet 2015, par le maire de Tours.
              - l’association ASPIE, une des trois associations environnementales agréées généralistes d’Indre et Loire, avec la SEPANT et l’AQUAVIT, a dans sa déposition à l’enquête PPRI, exposé un bel argumentaire contre le déclassement, écrivant notamment : « Si le respect du champ d’expansion des crues est un élément important pour limiter l’impact d’une crue, il convient de choisir judicieusement cet espace. Il devra être peu urbanisé et l’endroit du déversement ; loin des constructions. Ce n’est pas ce que prévoit ce PPRI : araser une digue en milieux urbain, c’est mettre en péril un nombre important de biens et de personnes au droit de cet arasement. C’est le contraire du but recherché ». Effectivement, placer un déversoir en milieu urbain serait certainement une première !

              Hélas, de son côté, l’Etat semble toujours inflexible :
              - il refuse toujours de transmettre les documents que lui demande l’AQUAVIT,
              - il n’a pas répondu au recours grécieux déposé le 19 mars contre l’arrêté de déclassement, ce qui signifie que, deux mois plus tard donc aujourd’hui, ce recours est rejeté.

              Quand donc redonnera-t-il priorité à la sécurité des habitants ?

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