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Accueil du site > Actualités > Environnement > Que dit le rapport du GIEC sur l’Afrique ?

Que dit le rapport du GIEC sur l’Afrique ?

Le dernier rapport du GIEC a été publié officiellement ce 28 février 2022. Entre dommages conséquents, détails chiffrés de la réalité climatique, inégalités de vulnérabilité et sous-médiatisation, que dit ce rapport sur l’intensification du réchauffement climatique en Afrique ?

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C’est l’un des rapports les plus importants de ce début d’année. Le 2e volet du sixième rapport du GIEC vient de sortir et fait son petit bout de chemin dans la presse spécialisée, prêchant le plus souvent à des convaincus. Regroupant les travaux de 270 auteurs dont 47 coordonnateurs, 184 auteurs principaux et 39 éditeurs-réviseurs, il regroupe des conclusions scientifiques qui interpellent tous les continents, notamment l’Afrique. Menace de famine, inégalités de vulnérabilités, certaines zones plus exposées que d’autres, augmentation inquiétante des températures et baisse anormale des précipitations, avec plus de 220 pages consacrées, que dit ce rapport sur le climat en Afrique ?

Alimentation : des détails sur les conséquences du réchauffement en Afrique

Les impacts observés et les risques prévus pour les cultures et le bétail sont importants. Selon le dernier rapport du GIEC, le changement climatique a réduit la croissance de la productivité agricole totale en Afrique de 34 % depuis 1961, plus que dans toute autre région du monde. 

En Afrique subsaharienne par exemple, les rendements de maïs ont diminué de 5,8 % et les rendements du blé de 2,3 %, en moyenne, au cours de la période 1974-2008 en raison du changement climatique. Dans l'ensemble, dans cette partie de l’Afrique, le changement climatique a réduit le nombre total de calories alimentaires, toutes cultures confondues depuis 1970. Il ne faut donc pas s’étonner d’une progression de maladies dues à des carences alimentaires. Les agriculteurs sont en effet exposés à une grande variété de menaces climatiques comme les sécheresses, la variabilité inhabituelle des précipitations, le retard et la réduction globale des précipitations en début de saison et la croissance d’une chaleur insupportable.

Par ailleurs, la dépendance à la pluie pour l’agriculture est un facteur de forte vulnérabilité. L'agriculture en Afrique est particulièrement vulnérable aux changements climatiques futurs, en partie parce que 90 à 95 % de la production alimentaire africaine est alimentée par des cultures pluviales.

Dans ce rapport du GIEC, une synthèse de 35 études portant sur près de 1 040 lieux et cas montre que les rendements des cultures diminuent en moyenne avec l'augmentation du réchauffement climatique pour toutes les cultures de base en Afrique, y compris en tenant compte de l'augmentation du CO2 et des mesures d'adaptation. 

La situation est critique, les conclusions du GIEC donnent froid dans le dos, mais les médias ne s'en font pas les relais et les populations ignorent ce qui se joue à l’horizon 2050 pour leur survie.

Des détails sur la décadence de la biodiversité africaine

Le GIEC est clair : “l'augmentation des niveaux de CO2 et le changement climatique détruisent la biodiversité marine, réduisent la productivité des lacs et modifient la répartition des animaux et de la végétation.” 

Avec un réchauffement climatique de 2°C, 7% à 18% des espèces en Afrique devraient être menacées d’extinction. Au-dessus de 1,5°C, la moitié des espèces évaluées devraient perdre plus de 30 % de leur population ou de la superficie de leur habitat approprié.

À 2 °C, 36 % des espèces de poissons d'eau douce devraient perdre leur habitat. Au-delà de 2°C, des pertes soudaines et graves de biodiversité se généraliseront en Afrique occidentale, centrale et orientale. Le changement climatique devrait également modifier les schémas de propagation des espèces envahissantes. 

Les limites de l'adaptation sont déjà atteintes dans les écosystèmes des récifs coralliens, prévient le GIEC. Toutefois l'immigration d'espèces venues d'ailleurs peut compenser partiellement les extinctions locales et/ou mener des gains de biodiversité locale dans certaines régions. 

Les femmes et les filles, plus exposées

Le mot “Femmes” revient 61 fois dans le chapitre 9 du rapport du GIEC consacré à l'Afrique. Cette importance quantitative révèle une réalité de vulnérabilité différentielle importante.

Les femmes, par leur rôle dans la société traditionnelle et par leurs pratiques, sont très vulnérables au réchauffement climatique en Afrique. 

Le réchauffement climatique engendre en effet des déplacements de populations qui tentent de fuir la sécheresse et les évènements extrêmes qui menacent leur survie. Ces déplacements entraînent une augmentation des rapports sexuels transactionnels pour remplacer les sources de revenus perdues. Les changements climatiques affectent ainsi chacun des principaux facteurs de transmission du VIH chez les femmes, notamment la pauvreté, l'inégalité et la violence sexiste.

De plus, la migration des hommes peut accroître la charge des travaux ménagers et agricoles, en particulier pour les femmes. Les femmes adultes sont les principales collectrices d'eau dans le milieu rural (46 % au Liberia à 90 % en Côte d'Ivoire), tandis que les enfants de sexe féminin sont plus nombreux que les enfants de sexe masculin à être associés à la collecte de l'eau (62 % contre 38 %, respectivement). Toutes ces charges ont été analysées et 71% des études ont fait état d'un résultat négatif sur la santé.

Le GIEC parle ainsi de vulnérabilités différentielles. Cette dimension est cruciale pour éclairer les actions et les financements en matière d’adaptation.

Banalisation et sous-médiatisation de l'information environnementale

Les questions environnementales sont fortement sous-médiatisées en Afrique. L’alerte climatique brûle la peau mais n’affecte pas les locaux climatisés des chaînes nationales de télévision. 

Le réchauffement climatique est plutôt banalisé dans les médias africains. Les grandes alertes viennent souvent des chaînes internationales et même quand c’est urgent, la diffusion des informations climatiques bénéficie de moins de publicité que plusieurs sujets de fait divers. C’est aussi le constat qui ressort, quelques jours après la publication du GIEC. 

Finissons sur cette petite note sur la banalisation médiatique du rapport du GIEC. 

En réalité, la sous-médiatisation des conclusions du GIEC en Afrique est due à une banalisation du rapport à l’échelle internationale d’une part et au silence de la communauté scientifique africaine d’autre part. A cela, l'on pourrait ajouter une faible spécialisation des médias africains sur les questions écologiques.

Ainsi, le traitement de cette actualité environnementale s’est fait de la manière la plus plate possible. Le rapport du GIEC baigne dans l’ombre de la crise ukrainienne. Les rares fois où il est évoqué, les chiffres et mises en discussion manquent. Il faut de toute manière le lire avant de pouvoir en parler.

Yves-Landry Kouamé

https://etresensibleasonenvironnement.mondoblog.org/

https://yveslandrykouame.wordpress.com/

 


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8 réactions à cet article    


  • Rinbeau Rinbeau 3 mars 2022 10:27

    Je préfère au rapport du GIEC, lorsqu’il d’agit des variations du climat terrestre les paramètres de Milankovic (excentricité, obliquité, précession des équinoxes). Ce sont des approches scientifiques qui me parlent ! Je pense que le GIEC est un outils de propagande de plus au service des grandes banques occidentales. 


    • tuizatg 3 mars 2022 11:43

      @Rinbeau moi aussi.


    • wagos wagos 3 mars 2022 10:49

      Bon alors on va demander au Grand Sorcier de déplacer le climat boréal vers l’ Afrique !


      • Etre sensible à son environnement (Blog) Yves-Landry Kouamé 3 mars 2022 15:18

        @wagos Non, détendez-vous, faudra juste attendre un peu et le contraire se produira. C’est le climat tropical qui se déplace progressivement :)


      • Armelle Armelle 3 mars 2022 11:56

        Vous lisez encore ces torchons vous ?

        Rien est à prendre au sérieux dans ces rapports bidons. Ils sont demandés au GIEC par les états qui le financent, pour parvenir à une conclusion et un objectif déjà entérinés par les dits états. Au même titre q’un patron de groupe demandera un audit à PKMG, pour légitimer la suppression d’une branche avec ses salariés !!!


        • biquet biquet 3 mars 2022 17:54

          @Armelle
          Remarque stupide. Avez-vous vu que les condamnés à mort réclament le financement de la guillotine ?


        • Mellipheme Mellipheme 3 mars 2022 16:36

          @l’auteur.

          Les données disponibles sur la baisse des rendements agricoles et la perte de biodiversité (les deux sont évidemment liés) sont effectivement très angoissantes, sauf pour les simplets qui jouent l’autruche... et ne vivent pas dans les pays impactés.

          Cela dit, c’est foutu : rien ne fera renoncer les occidentaux et les chinois à leurs modes de vie. On le voit bien aux USA où ils se prennent des cataclysmes climatiques à répétition, et une sécheresse catastrophique dans les états du sud (New Mexico, Arizona, Texas, Californie), et pourtant rien ne change vraiment dans les comportements.

          Tiens, au fait, personne n’a fait la remarque que le pays qui est à terme le grand gagnant du changement climatique est la Russie.  :->


          • charly10 5 mars 2022 12:24

            Voici une synthèse de mes recherches sur le GIEC ;

            Faut-il rappeler le discours de la Méthode de DESCARTES :

            "Il faut commencer par mettre en doute tout ce que l’on croit connaitre" Car le pire serait que la Science devienne une nouvelle religion et ses experts de se prendre pour des Dieux. Aujourd’hui en matière de CO2, nous sommes dans le dogme, oui nous y sommes !!!!!!

            Le GIEC (IPCC) canal unique d’information des politiques ; Premier doute

            En Juillet 1986, le United Nations Environment Program (l’UNEP, le programme des Nations Unies pour l’environnement) et la World Meteorological Association (WMO, l’Association Mondiale Météorologique) mettent en place les bases de l’ Intergovernmental Panel on Climat Change (l’IPCC, GIEC en français) comme organe placé sous la responsabilité des Nations Unies.

            Le GIEC fut créé en 1988 à la demande du G7 (G20 aujourd’hui) avec l’accord tacite de Ronald Reagan et Margaret Thatcher qui mandate le Hadley Center du Met Office UK, organisme qui sera l’a source des études basiques de ce qui va devenir L’IPCC, en français GIEC.

             Le GIEC (Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) est missionné pour prouver la véracité du réchauffement climatique anthropique. Au passage, le lobby nucléaire y est dès le départ très présent.

             Le GIEC est un « Groupe Intergouvernemental » c’est à dire avant tout une structure scientifique soumise aux forces politiques.

             

            Un mensonge qui arrange !

             Le GIEC n’est en fait qu’un groupe d’une quarantaine de permanents, scientifiques internationaux, généralement élus pour la durée d’élaboration d’un rapport (5 à 7 ans),stationnés à Genève, dans les locaux de l’Organisation  Météorologique Mondiale, qui ne fait aucune recherche et qui le proclame dans sa présentation. Je cite « le GIEC n’a pas pour mandat d’entreprendre des travaux de recherche ni de suivre les variables climatologique ou d’autres paramètres pertinents « SIC ».

             

             Bien que l’on mentionne souvent les milliers de scientifiques sur les travaux desquels reposent les rapports, l’immense majorité de ces scientifiques n’ont aucune influence directe sur les conclusions exprimées par le GIEC.

            Ces experts, sont un petit mille : chercheurs, spécialisés dans des domaines connexes au climat, disséminés aux quatre coins du monde, et qui relisent bénévolement les résumés qui sont proposés par les groupes de travail genevois.  C’est ce qu’on appelle un « comité de relecture ».

            Une vingtaine de réunions sont programmées chaque année un peu partout sur la planète, (pour faire plaisir à tout le monde !!!!) et on y fait le point sur l’avancement de la compilation.

            Le GIEC est doté de trois groupes de travail (GT) : le Groupe de travail I (GTI) traite des bases de la science physique des changements climatiques ; le Groupe de travail II (GTII) traite des conséquences des changements climatiques, de l’adaptation et de la vulnérabilité ; et le Groupe de travail III (GTIII) traite des options envisageables pour limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES) et atténuer les changements climatiques. Chaque GT compte deux coprésidents et six vice-présidents, hormis lors du cycle de la cinquième évaluation où le GTIII a eu trois coprésidents. Les coprésidents guident les GT dans l’accomplissement des mandats qui leur sont confiés par le Groupe et sont assistés dans cette tâche par les Unités d’appui technique (UAT).

            Le GIEC dispose également d’une Équipe spéciale (Gaz à effet de serre) qui supervise le Programme du GIEC sur les inventaires nationaux de GES, auquel une UAT apporte aussi son soutien. Le Programme vise à mettre au point et à affiner une méthode approuvée à l’échelon international ainsi qu’un logiciel pour le calcul et la notification des émissions et des absorptions nationales de GES, et à en promouvoir l’utilisation par les Parties prenantes à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

            Depuis sa création le GIEC publie tous les sept ans environ un épais rapport de plusieurs centaines de pages, que seuls quelques spécialistes sont à même de  consulter, ainsi qu’un « résumé pour les décideurs » (SPM en anglais) de 20 à 40 pages servant de base aux négociations climatiques internationales.

            Le GIEC ne fait pas de recherche propre. Il ne fait que s’appuyer sur les travaux scientifiques publiés… mais qu’il sélectionne lui-même, en fonction de ses objectifs et des conclusions auxquelles il veut aboutir…

            Ce qui constitue un autre biais majeur : le GIEC tend naturellement à écarter les travaux réfutant la cause anthropique, donc susceptibles de mettre en cause sa propre mission, et sa propre raison d’être.

            Les conclusions sont édictées par un cercle restreint de scientifiques et les (résumé pour les décideurs) sont revus et approuvés, ligne par ligne, par les représentants des gouvernements.

             A l’évidence, ce processus n’a rien à voir avec celui qu’impliquent les révisions et les publications de la vraie recherche scientifique.
            Dans quelle autre discipline les scientifiques travaillant sur un projet sont-ils tenus de faire valider leurs conclusions par les représentants des pouvoirs politiques ?

             

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