Stéphane Sanchez, animateur de la coordination nationales stop antennes-relais : « l’OMS définit les ondes électromagnétiques comme potentiellement cancérigènes »
Avec la coordination nationale stop antennes-relais dont il est l'animateur, Stéphane Sanchez se bat au quotidien contre les dangers liés aux ondes électromagnétiques. Soucieux de créer un mouvement unitaire et de faire pression sur opérateurs et parlementaires, il revient largement sur les problèmes de santé posés par la téléphonie mobile, les solutions à y apporter et l'avenir qu'il souhaite pour la coordination.

Maxence Peigné : Qu'est ce qu'une antenne relais ?
Stéphane Sanchez : Une antenne-relais est un émetteur-récepteur de signaux électromagnétiques utilisé pour la téléphonie mobile afin de faire le relais entre deux correspondants. Elles prennent souvent la forme de mâts et de pylônes sur le toit des immeubles.
MP : Qui décide de leur installation ?
SC : Le ministère de l'économie numérique, puisque depuis le 27 octobre 2011, le déploiement de la téléphonie mobile -qui était une compétence territoriale- a été recentralisé pour devenir une compétence ministérielle. Les riverains ne sont pas consultés et les maires n'ont plus leur mot à dire. Ils sont tout juste compétents pour autoriser les travaux de construction d'un petit muret entre deux parcelles, mais concernant l'installation d'un pylône de 13 mètres, on ne leur demande plus leur avis... C'est la démocratie qui est bafouée au profit des multinationales !
MP : Combien y a t-il de ces antennes aujourd'hui en France ?
SC : C'est un chiffre très compliqué à trouver. Le site de l'ANFR (Agence Nationale des Fréquences) qui est censé les recenser au niveau national est incomplet et imprécis. Il faut donc recouper ces informations avec celles des quatre opérateurs que sont Bouygues, Orange, Free et SFR, ce qui particulièrement fastidieux...
MP : Ces ondes électromagnétiques, émises notamment par les antennes-relais, en quoi sont-elles dangereuses ?
SC : Ce qu'il faut savoir, c'est que c'est l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé), et pas les petits citoyens de base comme moi, qui les définie comme dangereuses. Le 31 mai 2011, elle a classé les ondes électromagnétiques de la téléphonie mobile et des antennes relais comme potentiellement cancérigènes, dans la catégorie 2B, où l'on retrouve le plomb ou l'essence. Et il est intéressant de voir que l'assureur Lloyds a retiré toutes références à ces ondes de ses polices d'assurances. Mais la face immergée de l'iceberg, ce sont toutes ces personnes qui développent des syndromes d'hyperélectro-sensibilité qui, dans le moins pire des cas, donne lieu à des acouphènes, des maux de tête, des saignements de nez, des tremblements et des insomnies, mais dans le pire, des cancers du cerveaux ou des testicules. L'urgence pour les personnes atteintes, c'est de pouvoir mettre des « zones blanches », sans ondes, à leur disposition pour leur permettre de vivre dignement et en sécurité.
MP : Où trouve t-on ces ondes dans la vie de les jours ?
SC : Ce qui est intéressant, c'est que les antennes, en tant que pollution visuelle, mobilisent beaucoup, même si les ondes sont, par définition, inodores et invisibles. Ce mouvement de rejet nous permet d'ouvrir le sujet sur tous les domaines où l'on trouve des ondes et notamment les téléphones portables mais aussi nos logements, qui sont très exposés, puisque la wifi ou les ampoules basse-tension sont émettrices d'ondes électromagnétiques cancérigènes.
MP : Qu'est ce que le citoyen moyen peut faire pour éviter d'être trop exposé ?
SC : Nous ne pouvons que limiter l'impact des ondes. Il ne s'agit pas de rejeter la technologie mais de partir du principe que la technologie doit s'adapter à l'homme et non l'inverse. Puisque ni le gouvernement ni les opérateurs ne mènent de campagne de prévention sur ce sujet, le mieux que l'on puisse faire c'est de couper sa wifi le soir, ne pas garder son téléphone dans sa poche et à proximité de soi la nuit -notamment en l'utilisant comme réveil- ne pas téléphoner en voiture dont la carcasse fait effet ricochets, vérifier que la valeur DAS (Débit d’Absorption Spécifique) du portable soit la plus basse possible avant de l'acheter et se servir d'une oreillette pour téléphoner afin de le garder le plus éloigner possible son cerveau... Mais il faut également éviter l'utilisation du téléphone portable chez les personnes à risques comme les femmes enceintes, les enfants en pleine croissance ou les personnes âgées porteuses de pacemakers...
MP : Votre but, c'est de limiter la prolifération des antennes-relais dans la téléphonie mobile, un secteur très important et en plein essor. Comment peut-on continuer à téléphoner et suivre la demande avec moins d'installations ?
SC : C'est très simple, dans l'immédiat, les zones urbaines et péri-urbaines, où il y a une très grande concentration d'antennes, il n'y a pas besoin de nouvelles installations. Les opérateurs peuvent très bien se regrouper et mettre en place un maillage plus fin des différentes antennes pour éviter que les ondes s'entre-croisent. Mais le plus important c'est de développer les technologies de demain. Nous savons que la science évolue à grande vitesse et dans le futur, tout passera par la fibre optique et le câble. Donc l'idéal c'est le développement du filaire -à la fois en zone urbaine et rurale- et de plus petites antennes, que l'on appelle antennes picots. Bien sûr, comme cela coûte plus cher en terme d'installations, de zones d'implantation et d'entretien, les opérateurs ne mettent pas la main à la poche... D'autant plus qu'ils ont un décret d'application signé en 2002, par Lionel Jospin qui leur permet d'installer des antennes-relais à une puissance cent fois supérieur à ce que conseille aujourd'hui l'Europe (61 v/m contre 0.6V/m). Cent fois ! Ce qu'il faut c'est trouver un compromis entre le filaire, les antennes picots en extérieurs, pour les zones urbaines, et les grosses antennes dans les régions désertes pour couvrir tout le territoire.
MP : Quelles sont les perspectives que vous envisagez pour le futur de votre organisation ?
SC : Au delà de nos actions de terrain, nous avons un objectifs fondamental : créer un lobby unitaire contre les ondes électromagnétiques pour parler d'une seule voix, faire pression sur les opérateurs et pousser les parlementaire à légiférer. C'est au Sénat, le 25 mai dernier, que nous avons pris cette décision avec la plupart des organisations traitant le sujet. Nous nous retrouverons pour une table ronde début novembre et j'espère bien que le sujet sera rouvert à l'Assemblée avant la fin de l'année. La coordination avait d'ors et déjà été reçue le 14 décembre de l'année dernière par les députés à qui nous avions fourni une plate-forme de revendications pour une réglementation plus stricte. Dans un registre plus festif, nous organiserons à Bordeaux un concert de soutien avec les ramoneurs de menhir et Gric de Prat début 2013.
Propos recueillis par Maxence PEIGNÉ
15 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON