Survivalisme et décroissance, même combat ?
Le Genevois Piero San Giorgio a introduit le survivalisme parmi les sujets médiatisés dans la presse genevoise.
Après l'avoir entendu, certaines pourraient être tentés d'amalgamer décroissance et survivalisme.
Et pourtant, il n'est rien de plus faux.
Si à première vue le survivalisme (ou néo-survivalisme) et la décroissance peuvent paraître bien s'entendre, c'est parce que tous deux sont d'accord sur un certain nombre d'analyses.
Ils s'accordent en effet sur l'imminence d'un certain nombre de crises de par l'agrégation d'un ensemble de facteurs critiques. Ainsi, décroissance et survivalisme mettent en évidence le phénomène de la raréfaction des ressources naturelles, et notamment énergétiques (pétrole, gaz) ou minières, et les conséquences qui en découlent de par notre dépendance. De même, tous deux pointent la chute drastique de la biodiversité, l'acidification des océans, ou encore le réchauffement climatique.
Bref, le survivaliste comprend fort bien les enjeux de la crise écologique, et ne se ridiculise pas dans une posture de rejet climato-sceptique.
Mais toute ressemblance s'arrête ici.
Car la décroissance se compose, rappelons-le, de trois axes d'action : individuel avec la simplicité volontaire, coopératif avec les projets concrets de type coopérative agricole, et politique avec l'engagement en faveur de l'écologie politique radicale.
Certes, un survivaliste n'est pas inutile à une optique collective de construction d'une société décroissante, car il représente un individu ayant développé ses capacités d'autoproduction et sachant vivre sobrement, en conséquence de quoi il a d'ores et déjà accompli une grande partie du chemin de la décroissance.
Mais ce qu'il faut comprendre c'est que le survivaliste est un individualiste, voire un ultra-individualiste, ce qui paraît malheureusement bien naturel en ces temps de domination libérale...
Cet individualisme se traduit dans toute la réflexion survivaliste, puisque ce dernier se contente de fuir la société et ses pairs, les abandonnant à leur destin.
La posture survivaliste qui au final consiste à aller se cacher dans une montagne et d'y entasser le plus de vivres et d'armes possibles, démontre bien la faiblesse de cette démarche.
Qu'est ce qu'un survivaliste sinon un fuyard égoïste qui se refuse à voir (ou qui est incapable de voir) qu'un projet collectif de société alternative décroissante et écologiquement soutenable est possible et réalisable, pour peu que des Hommes de bonne volonté s'y engage et ne passe pas tout leur temps à bâtir leur petit bunker personnel !
Car finalement, si la crise écologique devait effectivement advenir et embraser notre civilisation, alors ce ne sont pas quelques trous dans la montagne qui permettront réellement à leurs occupants de survivre aux masses d'affamés et de désespérés.
Ainsi proclamons-le : l'humanité survivra ensemble, collectivement, ou périra, dispersée et rongée par l'individualisme de ses membres.
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