Transition énergétique : une loi importante, ralentie par des débats stériles
C’eût été trop beau. La Commission mixte paritaire, qui s’est réunie le 10 mars dernier, n’a pas réussi à se mettre d’accord à propos de l’élaboration finale du projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte. Les députés et sénateurs ne se sont en effet pas accordés sur plusieurs points du projet, ce qui a pour conséquence le début d’un nouveau voyage législatif entre les deux assemblées et donc le retardement de sa mise en application. Cette situation regrettable empêche la mise en avant de ce qui devrait pourtant être la priorité du projet à savoir le développement du pilotage énergétique grâce aux smart grids.
Initiative de la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, cette loi est maintenant sur les rails depuis fin juillet 2014. Ses objectifs sont ambitieux, en raison de la prise de conscience, nécessaire, de la situation énergétique et environnementale de la France. Elle permet notamment l’avènement des énergies renouvelables dans notre mode de consommation qui doivent atteindre 32 % de la consommation totale à l’horizon 2030. A cela s’ajoute la rénovation thermique, le développement des transports propres ou encore la valorisation des déchets.
Mais visiblement les parlementaires et notamment les sénateurs ont décidé de jouer les ralentisseurs, discutant et remettant en cause chaque proposition. En effet, si les débats autour du nucléaire, et notamment sur la durée de vie des centrales, sont primordiales et indispensables du fait de l’importance du secteur sur le territoire français, des sujets bien plus secondaires parasitent le débat et font trainer le vote et la mise en œuvre de la loi. Exemple de blocage législatif, un amendement repoussant le nombre de mètres nécessaires entre les installations d’éoliennes et les habitations, qui en plus de ralentir les discussions, risque de menacer la filière éolienne. Surtout ces points d’achoppement empêchent de promouvoir la véritable priorité de la transition énergétique qu’est son pilotage.
Le relatif anonymat des smart grids
S’il y a bien un objectif prioritaire au sein de la loi sur la transition énergétique, il s’agit bien de celui du pilotage automatique de l’énergie par le biais des smart grids. En effet, il n’agit ni plus ni moins de l’avenir de la consommation énergétique en France. Grâce à l’apport des technologies informatiques, il sera possible de mieux consommer et de mieux maitriser son énergie. Ces outils de pilotage ont surtout l’avantage d’être présents à chaque étape du parcours de l’énergie, de sa fabrication au sein des centrales nucléaires, parcs éoliens ou photovoltaïques à sa consommation dans les foyers, en passant par sa distribution par le biais des lignes haute tension. Surtout cela va permettre de maitriser les flux et donc de rationaliser l’exploitation et la consommation en prenant en compte l’ensemble des comportements des utilisateurs. A titre d’exemple, le pilotage des énergies sera particulièrement efficace pour gérer les heures de pointes ou de creux selon la situation.
Au-delà de cet apport, c’est tout un écosystème qui va se développer autour du pilotage énergétique. En premier lieu, ce sont des emplois qui vont être créés. Avec le compteur intelligent Linky ce ne sont pas moins de 11 000 personnes qui vont être embauchés. Ce sont également les consommateurs qui vont directement profiter de ces avancées puisqu’une meilleure maitrise de l’énergie équivaut à une facture plus faible à la fin de l’année. Ce sera enfin la possibilité de faire véritablement jouer la concurrence dans le secteur de l’énergie grâce à l’apparition de forfaits et de services adaptés selon la consommation de chaque foyer. Toutes ces opportunités montrent l’importance des smart grids au sein de la transition énergétique. Mieux mener à bien ces chantiers, c’est permettre à la France de devenir un exemple et le véritable moteur dans ce domaine en Europe.
Bien évidemment tout cela ne sera possible que si nos représentants redeviennent raisonnables, accélèrent sur le vote de la loi et comprennent bien l’importance du pilotage énergétique. Début de réponse avec la reprise des discussions le 13 avril par la Commission spéciale.
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