Brexit : Londres prend l’ascendant sur Bruxelles
Le démarrage d’une nouvelle phase de négociation entre la Grande-Bretagne et l’UE a été ébouriffant. Boris Johnson a décidé de mettre une pression maximale sur Bruxelles en mettant en cause des éléments de l’accord de 2019 et en accélérant les préparatifs pour une absence d’accord. Les réactions outrées de certains européens visent à cacher l’ascendant pris par Londres dans la négociation
Bruxelles divisé, Londres offensif
Bien sûr, pour la plupart des média, Boris Johnson serait le méchant qui remettrait en cause des éléments de l’accord de 2019 et ses choix mettraient en danger l’économie de son pays qui aurait le plus à perdre à l’absence d’accord. Mais derrière l’histoire que racontent les partisans de l’UE, il y a une négociation, où le Premier ministre britannique prend l’avantage. Sa remise en cause d’éléments de l’accord de 2019 est un message adressé à ses partenaires européens : si vous refusez de signer un accord équilibré et persistez dans les demandes extravagantes, non seulement je suis prêt à une absence d’accord, mais je remettrai en cause des éléments de l’accord de l’an dernier. Ce faisant, il montre qu’il ne bluffe pas, qu’il a un plan B et que ce plan consiste en une rupture sèche avec cette UE.
Du temps de Theresa May, c’était Michel Barnier qui pouvait jouer le père fouettard des négociations. Partisane du maintien dans l’UE, elle n’était pas prête au no deal. Sans plan B dans les négociations, Londres était en position de faiblesse, alors même que bien des sinistres prévisions des partisans de l’UE ne s’étaient pas réalisées. L’arrivée de Boris Johnson a complètement bouleversé la négociation. Aujourd’hui, Londres est en position de force parce que l’équipe au pouvoir est prête à la rupture si l’UE persiste dans ses demandes illégitimes. C’est bien ce qui s’est passé cette semaine avec un Boris Johnson très offensif, mettant en cause une partie de l’accord passé fin 2019.
Les Echos se racontent et nous racontent des histoires quand ils soutiennent que « Londres ne peut se passer d’un accord commercial avec l’UE ». Ceci n’a aucun sens alors que la Grande-Bretagne exporte 172 milliards vers l’UE et en importe 265 milliards. En l’absence d’accord, c’est l’UE qui pâtira de la réduction des flux, et on peut imaginer que tout mauvais traitement des produits britanniques serait suivi d’un mauvais traitement des produits européens. L’Allemagne a plus de 30 milliards d’excédents sur la table… Bien sûr, Michel Barnier, qui semble atteint de la foi européiste, pourrait ignorer cela, mais gageons que la présidente de la commission, allemande, et Angela Merkel, qui préside le conseil européen, auront une vision bien plus conciliante de l’accord avec Londres que les technos de Bruxelles.
C’est sans doute pour cela que des rumeurs de mise à l’écart de Barnier ont circulé, les dénégations européens devant être prises avec toute la distance à la réalité que montrent les institutions de l’UE… Si une absence d’accord est possible, parce que mettre Bruxelles, Londres et les autres capitales d’accord ne sera pas une sinécure, un accord reste probable. Les demandes les plus extravagantes de l’UE, comme un droit de veto de l’UE sur les normes britanniques, malgré le Brexit, finiront probablement dans les poubelles de l’histoire des négociations. C’est le sens des déclarations offensives de Londres, qui a sommé Bruxelles de faire preuve de plus de réalisme dans les négociations tout en accélérant ses préparatifs pour une absence d’accord, de manière à bien montrer que Johnson n’est pas May.
Ces nouvelles négociations, tout comme celles sur le plan européen, qui sont loin d’avoir abouties malgré les annonces de juillet nous donnent deux leçons. D’abord, l’UE est bien une organisation beaucoup trop complexe et aux intérêts bien trop divergents pour bien fonctionner. Nous perdons notre temps à vouloir faire des choses dans ce cénacle complètement ubuesque, cette tour de Babel du 21ème siècle. Le plan de relance européen en est la meilleure preuve, avec des fonds qui arriveront plus de 15 mois après le début de la crise, qui porte sur des sommes insuffisantes et qui nécessitent des négociations interminables. L’UE est un monstre bureaucratique sans queue ni tête, incapable de servir les intérêts des pays qui la composent. En réalité, l’UE nous affaiblit au lieu de nous renforcer.
Et la deuxième leçon, c’est me renforcer dans ma conviction, exprimée dès 2012, qu’une sortie de l’UE ne doit pas se négocier dans le cadre des traités. Il faut une sortie unilatérale et immédiate, avec au mieux quelques mois de transition (jusqu’à la fin de l’année sans doute), pour ne pas être englué dans des négociations sans fin. Et c’est ce mandat qu’il faudra obtenir des Français.
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