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Accueil du site > Actualités > Europe > Dette grecque : Le P.S.I. « bidonne »

Dette grecque : Le P.S.I. « bidonne »

Dans cet article, j'ai utilisé ma formation, mes compétences d'ancien cadre de cabinet d'expertise-comptable et de conseil pour faire le point sur ce fameux PSI et au final.... vous vous poserez des questions.

Les résultats du plan de restructuration de la dette publique grecque ne justifient pas les termes « dythirambiques » de Succès prononcés par Van Rompuy, Juncker, Merkel, Sarkozy et consorts.

Quelques chiffres pour planter le décor :

Dette publique fin 2011 : 368 mds €

PIB fin 2011 : 220 mds €

Ratio Dette/PIB : >160 %

Cette dette se décompose en :

- 241 mds oblig nationales

  • 19 mds oblig internationales

  • 73 mds prêts UE et FMI

  • 15 mds titres court terme

  • 6 mds prêts à la Banque de Grèce

  • 7 mds prêts bilatéraux

  • 6 mds autres prêts

  • 1 mds titres émis à l'étranger, prêts domestiques

Objectif théorique du PSI et du dernier plan d'aide UE, ramener la dette publique grecque à 120,5% du PIB en 2020.

Les moyens du PSI (Private Sector Involvement) :

Obtenir l'agrément volontaire des détenteurs d'obligations grecques d'un abandon de créance, d'une décôte minimale de 50% de leurs titres, échangés contre de nouvelles obligations de droit britannique à échéance de 30 ans, et des titres emis par le FESF pour obtenir un effacement de la dette de l'ordre de 100 mds €. Ceci avec un taux de participation égal ou supérieur à 90%

Clause d'action collective (CAC) :

Le 23 février, le parlement grec a voté cette CAC avec effet rétroactif.

En cas d'un taux de participation insuffisant des créanciers concernés (inférieur à 90% et au moins égal à 66%, d'autres retiennent 75%), cette CAC contraindra les récalcitrants à accepter le PSI.

Avant la publication des résultats par la Grèce, plusieurs scénarios étaient envisageables.

Les résultats provisoires ont été publiés par le gouvernement grec, donnant un taux de participation de 85,8%

Répartition de la dette par type de créanciers :

75 mds pour les banques/assurances grecques

55 mds pour les autres banques/assurances/instutions européennes

75 mds pour les hedges funds/secteur privé international (à l'annonce du PSI, ils ont racheté de la dette grecque pour spéculer sur l'activation des CDS

Soit un total de 205 mds pour une dette totale de 368 mds et la différence

163 mds représenterait les créances du secteur public international, non impliqué dans PSI et CAC

En raison d'une participation inférieure à 90%, la CAC est activée.

En conséquence la part acceptante du secteur privé va se faire « tordre le bras »

Pour une obligation ancienne de 100€, il recevra :

1 obligation nouvelle de 31,5€, échéance 30 ans

1 obligation FESF de 15€

en plus, pour mémoire une obligation « future » quand la croissance reviendra !!!

Soit une perte faciale de 100-31,5-15 = 53,5€

Pour les obligations nouvelles de l'échange, ils percevront des taux d'intérêts moindres que ceux des marchés.

Tout cela est affecté par deux informations :

L'ISDA a annoncé vendredi, à la suite des décisions du gouvernemt grec, qu'il s'agissait d'un « événement de crédit » donc d'un défaut partiel ordonné qui autorise l'activation des CDS (Credit Default Swap)

Fitch a abaissé, vendredi, la note de la Grèce à RD (défaut partiel) après S&P's et Moody's.

Par conséquent, le détenteur à échéance du 20 mars (total de 14,3 mds €) n'a aucun intérêt à l'échange proposé.

Les créanciers du secteur privé international, les hedge funds peuvent engager des procédures juridiques contre la Grèce, ou bien utiliser leurs CDS pour récupérer environ 75% du nominal sur des obligations achetées avec une forte décote.

Le niveau d'effacement de la dette publique grecque :

Mathématiquement, il serait de 100-31,5 + 15 (titres FESF) = 68,5%

Le chiffrage (provisoire) du gouvernement grec donne une participation 177 mds€, dont 152 mds pour les « volontaires », plus 20 mds de détenteurs d'obligations de droit international (non grec)

Au final, on devrait avoir une diminution faciale de (177 + 20)x68,5% = 135 mds€, ce qui est très conséquent.

Impact du dernier plan d'aide « 130 milliards d'euros »

Reste le fameux prêt de « 130mds €) dont 35,5 mds ont été débloqués vendredi, pour les banques participant à l'échange, le solde devrait être versé très rapidement.

Le FESF va contribuer au sauvetage de la dette grecque :

30 mds au titre du PSI (à deux ans)

40 mds de recapitalisation partielle des banques grecques (besoin immédiat 23 mds) et environ

24 mds de financement déficit 2012 estimé par l'Union

Dette fin 2011 : 368 mds

Restructuration dette : -135 mds

Prêts FESF : 30 mds

Recapitalisation Bques : 40 mds

Déficit 2012 : 24 mds

soit une dette fin 2012 de 327 mds environ et une diminution de 41 mds

Tous ces efforts pour ce résultat.

D'après les estimations la dette devrait atteindre 161% du PIB fin 2012, à rapprocher du ratio de fin 2011 qui était > 160%

Même si mes calculs sont basés sur des estimations, la marge d'erreur pouvant être faible, votre réaction sera de dire « tout ça pour ça !!!! », après toutes les annonces de succés des dirigeants européens, nationaux, des experts et des médias qui claironnent depuis le toit de la BCE.

Alors les promesses, les estimations d'une dette de 120,5% en 2020, dans univers aussi incertain, sont-elles crédibles ?


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19 réactions à cet article    


  • Pierre-Marie Baty 13 mars 2012 10:59

    Bonjour,

    D’autant plus qu’il n’a été jusqu’ici question que de la dette contractée par l’Etat Grec, mais qu’en est-il de la dette, contractée par des tiers, mais garantie par l’Etat Grec ?

    Encore 100 autres milliards à trouver, mais curieusement on n’en parle pas encore. Il ne faut pas effrayer dans les chaumières : chaque chose en son temps.

    Bonne lecture : http://www.zerohedge.com/news/greek-%E2%82%AC107-billion-contingent-liability-gorilla-exposed

    Et à bientôt pour de nouvelles aventures smiley


    • bigglop bigglop 13 mars 2012 16:36

      Merci @Pierre-Marie, pour votre commentaire.

      Dans cet article, je me suis volontairement limité à l’analyse du PSI.

      Les 107 mds d’euros faisant partie du plan d’aide correspondent à la décote de 53,5% de la dette de 200 mds détenue par les créanciers privés. Lors des négociations du PSI, les chiffres de référence étaient ceux de la dette au 31/07/2011 soit 355 mds (dont 155 mds créanciers publics).
      Mais à l’époque, 80 mds étaient détenus par les banques, assurances, fonds de retraite grecs.

      Cette décote de 53,5 % les conduirait à la faillite, donc il faut les recapitaliser en annulant une dette de 43 mds remplacée par une nouvelle de même montant. Good deal !.
      Donc l’aide réelle est de 107 - 43 = 64 mds €.

      N’oublions pas le précédent plan d’aide de 110 mds € pour lequel ils reste encore, environ, plus de 30 mds à débloquer en 2012.
      Je ne pense pas que le PSI intègre le déficit budgétaire estimé de 24 mds fin 2012, donc il devra être redimensionné

      Dans le cadre du plan de soutien, le FMI devrait accorder 28 mds € de prêt, en rééchelonnant le solde de 10 mds du prêt de mi 2010, et 18 mds de nouveau prêt à maturité de 10 ans.

      Dans le cadre du PSI, au moins 45 mds € ont été transférés des créanciers privés aux créanciers publics.

      Le bilan provisoire :
      Les états (et les contribuables) ont prêté à l’état grec 240 mds € (110 en 2010 + 130 en 2012) qu’il devra rembourser, après les avoir utilisés pour rembourser les créanciers privés.
      Vous me direz que les créanciers privés ont « perdu » entre 35 et 45 mds dans l’affaire, mais avec les nouveaux titres de droit britannique ils bénéficient d’une garantie publique en hors bilan.

      Au final, ce seront les créanciers obligataires des états européens qui vont assumer le risque tout en sachant que les contribuables européens ne pourront financer l’ensemble des dettes européennes.

      Avec ces plans et les « réformes structurelles » imposées par la « Troïka », la Gréce est entrée dans une dépression durable, avec fin 2012, une croissance négative de 7,5 %, tendance lourde du début 2012, avec une baisse de la production, des exportations, de la consommation. Les ménages grecs ne peuvent plus payer leur dépenses d’énergie (électricité, gaz) et reviennent au chauffage au bois et au charbon.
      300 000 expulsions pour loyers impayés, augmentation de plus de 40 % des suicides, précarité, insuffisance alimentaire, baisse des salaires public et privé, des retraites, diminution des prestations sociales (maladie, éducation, etc...).

      De plus en plus d’analystes financiers, d’économistes considèrent que la dette grecque est irremboursable dans les délais annoncés. Peut-être dans 30 ou 40 ans....

      Et je ne parle pas de l’action de la BCE de Mario Draghi qui finance indirectement les déficits et dettes des états européens.
      Peu de personnes s’interrogent sur le but des 1000 mds € de « facilités » accordées par la BCE aux banques dont une partie a financé le rachat de dettes souveraines sur le marché secondaire (Espagne, Italie,...) et le reste a été replacé, majoritairement, sur les comptes ouverts auprès de la BCE.
      Les banques européennes ne se prêtent plus entre elles, par manque de confiance, et l’économie réelle en souffre (euphémisme).
      L’objectif annoncé était d’augmenter la liquidité interbancaire, un échec. Mais n’y avait t-il pas un autre objectif ? Nous le saurons, peut-être, vendredi, à la clôture des Bourses.

      Personne ne parle de la Hongrie de Viktor Orban qui est en état de quasi faillite (hors zone euro), avec des européens qui se questionnent sur leur intervention. Il faut savoir que les banques hongroises sont contrôlées par des banques et fonds autrichiens.

      Enfin, les déficits et les dettes publiques irlandaises, portugaises, espagnoles et italiennes ne sont même pas stabilisées. Le Premier Ministre espagnol, Rajoy, après la signature du TSCG, a informé ses collègues européens qu’il ne pourrait pas respecter les objectifs fixés.
      Le Portugal va suivre le chemin de la Grèce.

      Et nos très chers candidats qui nous font des promesses avec des financements qu’ils n’auront jamais. Ils sont dans la surenchère de taxer les riches, le contrôle de l’immigration, la viande halal ou casher, les référendums bidons, le produire français, etc...

      Ils oublient de dire que nous ne sommes plus un pays démocratique, mais contrôlé par une oligarchie financière et que toutes leurs promesses, programmes sont conditionnés par les décisions européennes après la ratification du TSCG et de son « Six Pack ».

      Bon, faut que je me calme !!!


    • chapoutier 13 mars 2012 11:10

      les dettes des états ( pas seulement la dette grecque ) sont le nouvel eldorado des spéculateurs.

      ils sont en train de fabriquer une nouvelle bulle spéculative.

      comme vous le dites : tout ça pour ça !
      mais il faut rajouter : rien n’est réglé , tout ne fait que commencer !

      quand cette bulle va exploser, la crise de 29 sera considéré comme une plaisanterie .


      • bigglop bigglop 13 mars 2012 16:54

        Merci de votre commentaire.
        Si nous ne sortons pas du Cadre imposé par l’oligarchie et ses banques, nous allons à la catastrophe.
        L’élection du candidat du FDG serait, peut-être, une solution, s’il abandonne son projet de réformer l’UE de « l’intérieur »


      • cathy30 cathy30 13 mars 2012 11:20

        « Ils » sont en train d’aspirer toute la finance via la dette grec. Joli coup. Quand l’euro va tomber, il va y avoir un chaos indescriptible, après cela l’argent papier devra disparaître.


        • bigglop bigglop 13 mars 2012 16:55

          Vous avez tout compris du mécanisme. Merci.


        • Aldous Aldous 13 mars 2012 11:27

          L’opération en cours n’a jamais eu comme objectif de sortir la Grèce du piège de la dette mais de permettre aux banques piégées avec elle d’avoir le temps de se refinancer pour absorber les pertes et de limiter ces dernières par les aides européennes et du FMI « a la Grèce ».


          Au final tout ce mécanisme servira à pomper les trésors publics des pays de l’eurozone et à financer un état fédéral européen aux mains des banquiers.

          • chapoutier 13 mars 2012 11:32

            ils nous préparent une dictature supranationale


          • bigglop bigglop 13 mars 2012 16:56

            Merci @Aldous pour cette synthèse du système oligarchique
            A bientôt


          • chapoutier 13 mars 2012 11:36

            du 21 décembre au 29 février, la Banque centrale européenne a prêté 1018,5 milliards d’euros à 1 023 banques européennes !


            Dans quel but ? Selon le journal Les Echos, les banques peuvent, « en empruntant à 1% auprès de la BCE (…) acheter des obligations italiennes (...) servant 2,1%d’intérêts ».

            Donc : les banques continuent à s’engraisser aux dépens des finances publiques des Etats, et cela grâce à l’argent bon marché prêté par la BCE…elle-même alimentée par les finances publiques ;


            • bigglop bigglop 13 mars 2012 16:58

              Hummm ! il y a un peu de çà, à vendredi !!


            • Robert GIL ROBERT GIL 13 mars 2012 11:45

              La Grèce va servir de phase de test à une nouvelle offensive du capitalisme en Europe, en livrant les économies nationales aux exigences et à la rapacité des marchés financiers...........
              http://2ccr.unblog.fr/2012/03/06/grece-laboratoire-de-l-europe/


              • bigglop bigglop 13 mars 2012 16:59

                Une précision, elle sert de laboratoire depuis au moins 2008.


              • chapoutier 13 mars 2012 21:52

                ces charognards de la finance ne laisseront que des ruines , pour preuves :

                (Boursier.com) — Malgré les efforts déjà consentis, Athènes devrait se serrer encore un peu plus la ceinture... Si la Grèce remplira ses objectifs cette année, elle devra trouver de nouvelles économies budgétaires de l’ordre de 5,5% de son produit intérieur brut (PIB) en 2013 et en 2014, conformément à ce qui est prévu dans son deuxième plan d’aide, d’après un rapport de la Commission européenne que s’est procuré Reuters. Sans efforts supplémentaires, l’aide financière internationale pourrait être suspendue.

                D’après le rapport, le gouvernement serait déjà en train de préparer de nouvelles coupes budgétaires et envisagerait des suppressions de postes de fonctionnaires, avec une proportion d’un recrutement pour cinq départs ainsi que la réduction des dépenses de médicaments et des coûts de fonctionnement des hôpitaux.


                • Obélix Obélix 14 mars 2012 21:04

                  http://www.actuchomage.org/2012030719712/La-revue-de-presse/durcissement-du-rsa-a-partir-du-1er-avril.html

                  Décret qui fait suite donc à

                  "La fiscalité et les systèmes de prestations sociales devraient fournir de meilleures incitations visant à renforcer l’attrait financier du travail."
                  recommandations des GOPE du conseil du 13 juillet 2010 (2010/410/UE)

                  Merci L’europe qui préfère sanctionner les bénéficiaires des minimas sociaux, on marche sur la tête, comment aller chercher du travail qui d’ailleurs n’existe pas ou est alors pas suffisant en terme de revenu pour s’en sortir.

                  Une personne au RSA passe plus de temps avec les travailleurs sociaux, pour déjà justifier de sa situation, ensuite pour faire des démarches compliquées qui passent en commission afin d’essayer de pouvoir payer des factures, son loyer, ou même à manger.

                  Et tout ce temps perdu avec la bureaucratie, et bien ce n’est pas du temps pour chercher un travail ou rebondir en construisant un projet d’activité.

                  VIVE L’EUROPE DE L’ESCLAVAGE FINANCIER !!!


                  • Obélix Obélix 14 mars 2012 21:08

                    Oups désolé erreur d’article !!!


                  • Maurice Maurice 15 mars 2012 10:24

                    Salut Bigglop,
                    merci pour cet article, et des commentaires qui suivent ô combien instructif. Il est vrai que tout ces politicards qui crient victoire, et toute la masse qui suit les paroles de ces gourous sont autant de comportements insuportables en ces temps critiques.
                    Merci également pour ton commentaire sur l’article de Le taulier (concernant les prêts de 500 md et non de 1000 md).
                    Par contre je ne comprend pourquoi tu parles de vendredi comme un jour particulier concernant la Grèce ?


                    • bigglop bigglop 16 mars 2012 03:47

                      Bonsoir @Maurice,

                      Pas seulement la Grèce, seront concernées toutes les banques, assurances, dettes européennes et la BCE.

                      Lisez attentivement ces liens et les commentaires
                      http://www.les-crises.fr/la-monnaie-banque-centrale-1/
                      http://www.les-crises.fr/la-monnaie-banque-centrale-2/

                      et le troisième, vendredi


                    • scripta manent scripta manent 16 avril 2012 12:39

                      Voila de l’information et de l’analyse. Merci.
                      La dette grecque, ou le mythe de sisyphe appliqué à la gestion budgétaire !

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