Et pendant ce temps que deviennent les Belges ?
Il y a quelque temps, je m’interrogeais ici sur les causes de la crise belge et sur son évolution. Depuis, des choses se sont passées chez nos voisins. Mais pour moi, attentif, mais extérieur, la situation est beaucoup plus difficile à comprendre qu’elle ne l’était. C’est ce que j’essaie de dire avec humour.
Amis belges et alors que devenez-vous ?
J’ai suivi votre histoire autant que je l’ai pu. J’ai essayé de comprendre l’interminable crise qui secoue la Belgique et la divise entre ses communautés. J’ai vu apparaître, disparaître, réapparaître et redisparaître, avant son futur retour, le « formateur » Leterme qui me rappelle le Guignol de mon enfance apparaissant et disparaissant derrière son rideau rouge.
J’ai vu le nomination par le roi de réconciliateurs qu’il a vite fallu réconcilier entre eux.
Mais voilà, maintenant je suis paumé : l’orange bleue, la violette, cela dépasse mon entendement, et les tractations entre MR-PS-CD&V-VLD, sans parler de la NVA, et du SPA me font tourner la tête. D’ici ce n’est pas clair du tout.
Bon j’ai vu que le roi qui ne doit pas en comprendre beaucoup plus que moi, a dit « Maintenant ça suffit, Verhofstadt continuez ».
Guy Verhofstadt, c’est le Premier ministre sortant. C’est un politicien bien, comme on les aime par chez nous. Le type qui louvoie sans trop en faire, présentable, discret et de bonne compagnie. Il est resté longtemps à son poste en éteignant toute velléité de réforme de l’Etat.
Le type à qui on dit le lundi : « Bon Guy, il faut une réforme ! - Ouh là là, me prendre la tête fatigué comme je suis, tu m’en reparles vendredi... » Et le vendredi : « Bon là maintenant je pars en week-end, pas le temps mon vieux, vraiment pas, mais lundi sûr, c’est sans problème... » Et voilà, on peut tenir huit ans facile comme cela. Sauf que par les temps qui courent, chez vous comme chez nous, il vaut mieux ne pas baser sa majorité sur les socialistes, parce qu’avec eux c’est la gamelle assurée aux prochaines élections. Encore que le vôtre de socialiste ne porte pas un nom de Pays-Bas, mais un patronyme italien. Le résultat est le même.
Donc. Guy Verhofstadt, battu en juin, s’était dit, le malheureux : « Bon, à moi les belles vacances, les pieds en éventail au soleil des Baléares ! Super... On fait les bagages, on entasse les malles dans l’entrée et on attend Leterme ». Et il s’est mis derrière le rideau, il a prêté l’oreille, guettant la sonnette... Rien. Que des conneries, parce que l’autre pour dire des conneries, là, c’est son domaine. Je crois même qu’en finale il peut battre Lagarde, notre sinistre ministre des Finances. Non, quand même, je parierais pas sur le vainqueur, elle peut l’enfoncer...
Enfin six mois sont passés et Guy Verhofstadt est toujours là à attendre, et non seulement à attendre, mais voilà que le roi vient de lui refiler la patate chaude... « T’es battu mon gars a dit Bebert II, mais y a pas mieux que toi, donc tu te démerdes. »
Et, voilà, comment on se fait avoir. Mais déjà tout le monde renâcle, ceux qui veulent être dans la majorité, ceux qui veulent pas, ceux qui y seront à condition que les autres n’y soient pas, ceux qui n’y seront pas, mais qui veulent pas que les autres y soient, ceux qui n’y seront que si leurs copains y sont. Pauvre Guy !
Finalement me direz-vous, est-ce qu’on n’est pas aussi bien sans gouvernement ? J’avoue que la question est à considérer. Regardez-nous. On en a un, même si ce n’est qu’un faux-semblant parce que tout passe par dessus. Mais, finalement, depuis six mois sommes-nous plus heureux que vous ? On nous a saboté les retraites, les protections dans le travail, on s’arrange pour augmenter en douce les horaires de travail alors qu’il n’y a pas de boulot, on démolit les services publics, on déshabille l’enseignement, on prévoit de casser la Sécurité sociale... On aurait été très bien avec Guy Verhofstadt expédiant les affaires courantes. Je me demande s’il ne faudrait pas fonder une association pour demander le rattachement de la France à la Belgique.
Ah, c’est vrai, il y a le problème des contrats. Nous on signe des contrats à tour de bras, avec les Chinois, avec Kadhafi, avec l’Algérie... On vend des Airbus, des armes, des TGV du nucléaire, qu’ils construiront chez eux. En fait, on ne leur vend que les recettes, mais on les leur vend cher.
Et vous pendant ce temps ? Evidemment, quand De Maessmaker arrive avec ses contrats sous le bras, il ne trouve que Gaston dans les bureaux, alors forcément ça capote !
Mais ça pourrait capoter aussi avec Leterme, sait-on jamais !
Allez, profitez bien du temps qui passe, c’est autant de gagné sur un avenir violette, orange bleu ou bégonia cramoisi, mais pas forcément rose !
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