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L’austérité, sans espoir de jours meilleurs, n’est pas viable pour les peuples

Un très bel article du journaliste Michael Marder, daté du 15 novembre, publié sur le site du journal Suisse Le Temps et intitulé « La troïka impose des sacrifices sans offrir d’espoir [1] », lance l’idée que les peuples ne consentent à se soumettre au sacrifice que lorsqu’il y a l’espoir que ce sacrifice puisse déboucher sur une amélioration de leur état et de celui de la société en général.

L’auteur invoque notamment l’importance du passé religieux du continent européen pour expliquer la faculté qu’ont ses citoyens à se serrer la ceinture en vue de jours meilleurs. Dans la notion du « contrat social » énoncée par Rousseau, les citoyens acceptent en effet de perdre une partie de leurs libertés au profit de la collectivité et de se sacrifier pour le bonheur commun. Mais en aucun cas ils n’acceptent de restrictions si les perspectives futures ne leur sont un tant soit peu favorables. Pour l’instant, ce n’est pas le cas, leur seul horizon étant les restrictions budgétaires et les plans d’austérités mis en place par la troïka (FMI, Commission Européenne, Banque Centrale Européenne).

Ainsi, le pessimisme régnant dans les pays du sud (Grèce, Italie, Espagne, Portugal) est causé en grande partie par le fait qu’aucune lueur ne semble poindre au bout du tunnel, la fin de crise étant sans cesse repoussée et les plans d’austérité ne semblant pas faire d’effets sur la situation socio-économique des pays. De leur côté, les élites intellectuelles et politiques ne font rien pour faire naître l’espoir dans le cœur des populations. Jacques Attali n’hésitait en effet pas, fin novembre 2011 dans le quotidien 20 minutes, à annoncer la probable destruction de l’euro. Il répète depuis à l’envie sur les différents plateaux de télévision sur lesquelles il est convié que le pire est encore à venir. Dans la même veine, le financier et philanthrope George Soros déclarait en Juin dernier que « si l’Union européenne ne trouve pas rapidement une solution, elle explosera d’ici à trois mois. » ses prévisions ne semblent pas s’être réalisées. Il reste que ces discours pessimistes n’encouragent guère les gens à se réjouir pour le futur.

S’ajoute à cela un profond sentiment d’injustice causé par l’impression de devoir compenser par leurs souffrance ce qui fut causé par certains pontes de la finances ; et de devoir réparer les pots cassés pendant que ces même responsables s’en mettent plein les poches, n’hésitant pas à licencier en masse pour couper dans les dépenses. En somme, l’effort collectif demandé aux peuples ne semble pas devoir concerner les principaux acteurs de l’économie mondiale. Car, comme le dit Michael Marder :

« Tandis que les citoyens européens sont appelés à faire des sacrifices quant à leur niveau de vie – voire à leurs moyens de subsistance – pour le bien de l’économie "nationales", les multinationales sont en plein essor. »

Jusqu’à quel point les peuples sont ils capables de subir ces mesures d’austérités sans recevoir de réelles contreparties en échange ? Jusqu’ou les restrictions peuvent-elles aller avant que la population ne se mettent sérieusement à s’agiter et à se rebeller ? Dans sa récente conférence de presse, François Hollande évoqua ces questions peut souvent discutées, en se demandant si il y avait des limites à ce que les gens étaient capables d’endurer. Certains, dans la mouvance de gauche, évoquent même la perspective d’une grève générale au niveau européen, qui serait organisée par la Confédération européenne des syndicats. On est encore loin de cela, mais qui c’est…

Face à ce constat, Marder conclut son article en précisant qu’ « il est crucial que les dirigeants européens nourrissent leurs citoyens d’une espérance renouvelée. Il en va de la légitimité d’une Europe "post-nationale", reposant sur une obligation de la part de l’UE, inscrite dans le traité de Lisbonne, de promouvoir le bien-être de sa population. »



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10 réactions à cet article    


  • Robert GIL ROBERT GIL 16 novembre 2012 10:43

    L’une des raisons fondamentales de la dépression actuelle est la montée des inégalités et la course en avant des plus riches vers plus de richesse ; en France entre 1998 et 2006, les salaires des 0,01 % les mieux payés ont progressé de 69 %, et ceux des dirigeants des entreprises du CAC 40 (hors stock-options) ont, eux, augmenté de 120% ! Non contents de cette razzia sur les revenus, les plus aisés en ont demandé davantage encore à l’Etat, par le biais de réductions d’impôts, prétextant ...........

    voir : FACE A LA CRISE, IL FAUT PARTAGER.


    • jaja jaja 16 novembre 2012 10:54

      "Certains, dans la mouvance de gauche, évoquent même la perspective d’une grève générale au niveau européen, qui serait organisée par la Confédération européenne des syndicats.« 

      Tout dépend ce que l’on appelle une grève générale européenne.... Celle du 14 novembre se voulait être une grève européenne, soutenue par la CES.... Il y a eu de grosses manifestations principalement en Espagne et au Portugal.... Et Après ?

      Rien d’autre que la perspective d’une autre »journée d’action" bidon dès que les gens en auront ras-le-bol mais surtout pas un mot d’ordre de grève générale illimitée qui ne pourra partir que de la base et des équipes militantes du terrain..... Un mouvement dur rencontrera immédiatement l’hostilité des directions syndicales bureaucratisées qui feront tout pour l’étouffer.... C’est pourtant la seule chose qui fera reculer l’oligarchie dirigeante....

      Grève générale illimitée, blocages et occupation des entreprises sont des armes efficaces pour faire reculer nos ennemis de classe... Et qui sait si en cas de mouvement dur des masses populaires nous ne pourrons pas nous-mêmes passer alors à l’offensive ?


      • Stof Stof 16 novembre 2012 12:27

        Viser l’appareil productif n’est pas très...productif. Je préconise plutôt des actions de pillage des grandes surfaces, ce qui ébranlerait même les plus mous, privés de leur pain quotidien sous la pression populaire.


        • foufouille foufouille 16 novembre 2012 14:05

          des que la bulle immobiliere s’effondre, c’est notre tour


          • Dwaabala Dwaabala 16 novembre 2012 14:12
            Repas imaginaire du Secours populaire pour défendre l’aide alimentaire européenne

            titrait le journal L’Humanité :

            http://www.humanite.fr/social-eco/repas-imaginaire-du-secours-populaire-pour-defendre-laide-alimentaire-europeenne-508638

            Dans le même ordre d’idées, pourquoi pas une grève générale européenne imaginaire ?


            • foufouille foufouille 16 novembre 2012 18:46

              « Si les gens acceptaient vraiment de faire des sacrifices pour préparer l’avenir, le présent ne serait pas si pourri. CQFD. »

              va dire ca a ceux qui se goinfrent


            • Saul 16 novembre 2012 19:26
              Les choses sont assez simples :Phase1 : Au départ il y a eu un pari risqué qui était la création d’une monnaie commune pour différents pays qui devaient partager cette monnaie commune mais pas dans le cadre d’une union de transferts, (aucun Etat ne devant un financer un autre, chaque État devant emprunter séparément sur les marchés financiers, La BCE étant interdite de financer les États). Or économiquement une zone monétaire est normalement une union de transferts, c’est le cas de la France où il y a redistribution de crédits d’État en fonction des besoin des régions, des départements, etc.

              Phase 2 : Crise provoquée par les problèmes institutionnels de la zone euro et les bêtises de certains de ses dirigeants qui croient que l’euro « protège » en faisant disparaître le risque du change. Or, l’impossibilité de faire varier le taux de change a pénalisé les pays peu compétitifs de la zone euro qui se sont appauvris au profit des plus compétitifs (problèmes de désindustrialisation, de bulle immobilière, d’hypertrophie du secteur public, d’endettement, de déficit budgétaire et de déficit de balance des paiements dans les pays peu compétitifs, certains d’entre eux connaissant de graves crises financières).

              Phase 3 : Pour préserver l’euro, mise en œuvre de cures d’austérité dans les pays en crise, avec des dévaluations internes (choc de compétitivité) remplaçant la dévaluation de la monnaie devenue impossible.

              Phase 4 : Ce sera l’évaluation de l’efficacité des dévaluations internes. La suite en dépend. En cas d’échec, on risque d’avoir un désastre économique et social énorme sur le continent européen, à la base duquel il y avait la création d’une monnaie unique.


              • Saul 17 novembre 2012 11:23
                Voir cette étude de l’économiste Patrick ARTUS intitulée « Pourquoi le multiplicateur budgétaire est-il apparemment très élevé dans la zone euro ? »

                http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=67005

                Des pays de la zone euro (l’Espagne, l’Italie, la France, les Pays-Bas, le Portugal, la Grèce) ont décidé de réduire rapidement leurs déficits publics, mais le résultat des politiques budgétaires restrictives a été une considérable baisse de la croissance et une très grande difficulté en conséquence à réduire les déficits publics en raison d’un multiplicateur budgétaire (instrument économique mesurant l’impact de la politique budgétaire sur l’activité économique) plus élevé que prévu, en moyenne de 1,8, avec un pic de 3,6 pour la Grèce. Les calculs de l’auteur indiquent « Ceci conduit à une estimation sur 2011-2013 du multiplicateur budgétaire de : 1,5 en Espagne ; 2,2 en Italie ; 0,9 France ; 2,6 aux Pays-Bas ; 1,7 au Portugal ; 3,6 en Grèce, ce qui est énorme ».

                Actuellement l’Espagne et l’Italie, contrairement au Portugal et à la Grèce, n’ont pas encore formulé une demande d’aide officielle d’aide auprès des instances européennes. Toutefois quel est la probabilité que ces deux pays aient des chances de retrouver une situation normale alors que leur PIB est en évolution négative et que leur taux d’endettement long terme sont de 5 à 6 % ? Et si demain c’est la France qui cumule déficit public, déficit commercial, déficit de balance des paiements, désindustrialisation, taux élevé de l’endettement qui voit ses taux d’intérêt s’envoler sur les marchés, il se passe quoi après ?


              • Martin BERNARD 17 novembre 2012 12:28

                Merci pour votre éclairage.

                Peut être qu’une des solutions politiques possibles, outre l’émergence d’un puissant mouvement social réellement uni et coordonné au niveau européen, serait la rupture franche d’un des pays de la zone euro (par utilisation du droit de veto) avec les politiques libérales et les plans d’austérité prônés par Bruxelles, et la mise en place dans le même temps de nouveaux principes régissant le fonctionnement national et les relations européennes. Sans se retirer de l’UE (la notion de désobéissance est reconnue par le traité de Lisbonne), une telle politique d’opposition à l’austérité seraient sans doute soutenue par l’opinion publique et susceptible de faire effet boule de neige sur l’ensemble de pays de la zone euro... Une politique de ce genre, dans ce qui est appelé le compromis de Luxembourg, fut menée victorieusement par le Général de Gaulle en 1966 pour modifier la PAC, . 

                Cette politique aurait évidemment un coup (économique et social), engendré par la pression des marchés. Mais avec les politiques d’austérités qui se répandent comme une trainée de poudre, ce coup sera de toute facon ressentit par les populations. Quoiqu’on en dise, ce qui est sûr c’est qu’un autre virage politique est possible...

                Cf Bernard Cassen, Le monde Diplomatique, octobre 2012 et Aurélien Bernier, Désobéissance à l’Union Européenne, Mille et une nuits, Paris, 2011

                 


              • alinea Alinea 17 novembre 2012 00:18

                Quelque chose me chiffonne dans le ton de votre article et dans celui que vous relayer du fameux Marder.
                D’une part il n’y a pas que les peuples qui acceptent de se serrer la ceinture, s’ils espèrent un avenir meilleur : c’est l’homme ; tous les hommes.
                De plus, c’est quoi cette histoire de « demander aux dirigeants » de promettre un bonbon pour que l’enfant soit sage !
                je suis sûre que votre article part d’un bon sentiment mais il me paraît tellement à côté de la plaque que je ne peux que m’en affliger !

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