L’Europe face à son destin - L’impérieuse nécessité de l’Union latine
L'Europe des 27 est en lambeaux. Devenue un ensemble disparate, dominé par les boutiquiers et comptables du Nord, assis jalousement sur leurs tas d'or et uniquement préoccupés par l'extension sans fin du grand marché commercial qui fonde leur prospérité, l'Europe a perdu tout sens de réelle solidarité entre les peuples. Le nord méprise le sud, le sud redoute le nord, l'Est se méfie des deux, tous ressassent leurs préjugés et ressentiments. Chacun doit affronter seul, les dangers et difficultés qui se présentent. Instruits par nos erreurs, il est temps de créer une nouvelle Union, à l'échelle humaine, entre les trois grands pays du Sud, l'Espagne, la France et l'Italie qui partagent tant de défis et d'intérêts communs, en mettant en avant le facteur humain, la solidarité, le partage et l'entente entre nos 3 peuples.
Que naisse l'Union Latine !
21 Avril 2020
L’EUROPE FACE A SON DESTIN
L’IMPERIEUSE NECESSITE DE L’UNION LATINE
Lors de la crise financière de 2008, le traitement honteux infligé à la Grèce par les pays nordiques de l’Union Européenne répondait à des critères budgétaires excessivement puritains et à un souhait malsain de punir à titre d’exemple le malheureux peuple grec, innocente victime de l’incompétence affligeante dont avaient fait preuve leurs dirigeants.
Le règne sans partage de l’idéologie libérale qui gouverne l’Europe depuis plus de 50 ans a conduit à un élargissement effréné de l’Union Européenne et à un démantèlement irréfléchi des frontières extérieures de l’Union, afin d’étendre indéfiniment le grand marché et d’alimenter la soif insatiable de croissance et de conquête d’économies nationales, droguées aux échanges internationaux et totalement dépendantes des exportations.
La folle vague migratoire de 2015, déclenchée au nom du respect des grands principes démocratiques et des droits de l’homme n’ était, en fait, inspirée que par les sordides calculs de politiciens et de patronats européens unis dans la quête d’une main d’œuvre docile et corvéable à merci qui puisse pousser à la baisse les salaires et réduire les acquis sociaux de la main d’œuvre européenne.
La raison réelle de toutes ces avanies est l’esprit de lucre inextinguible de la superstructure capitaliste mondialisée, soucieuse de poursuivre par tous les moyens sa course insensée à la croissance des profits capitalisés et des dividendes distribués,au bénéfice exclusif de grandes multinationales apatrides et de classes nanties déjà richissimes qui exercent, sans mesure mais discrètement, par l’intermédiaire de fidèles serviteurs soigneusement sélectionnés et grassement rétribués,le pouvoir politique, le pouvoir médiatique et le pouvoir managérial.
Face au coronavirus, l’Europe, soumise à ces maîtres sans pitié, vient une nouvelle fois de démontrer, en pleine lumière et devant nos peuples atterrés, sa totale incapacité à apporter une solution efficace, solidaire et porteuse d’espoir au grave danger qui menace l’existence et la prospérité de nos concitoyens.
Aux yeux de tous, l’Union Européenne n’est plus que l’addition d’intérêts et d’égoïsmes particuliers, qui se fissure à la moindre occasion, le principe du chacun pour soi prenant immédiatement le pas sur toute autre considération.
Oubliées la solidarité entre nos peuples, la construction d’un avenir commun et l’affirmation de valeurs et de principes absolus et irréfragables dont les discours de nos dirigeants ruissellent à longueur de temps.
Oubliés le sens de l’entraide et les belles promesses de répondre présent à l’appel de nos partenaires lorsqu’ils nous demandent de partager leurs épreuves et leurs peines, nous qui avons été si prompts à partager leurs joies.
Face aux difficultés majeures, l’Europe nous soutient mais du bout des lèvres, du regard et avec de beaux discours.
L’Europe, la belle Europe, rêvée et imaginée par nos pères et grands-pères, a rétréci, rapetissé, disparu.
Elle s’est transformée, au fil du dernier demi-siècle, en une communauté d’Etats vieillis et égoïstes, soumis aux diktats d’ une camarilla de fonctionnaires, de boutiquiers et de comptables, riches d’ors et de promesses mais veillant jalousement à limiter la moindre dépense.
L’Europe est devenue une Tour de babils et un temple empli de phrases creuses, paralysé par l’inaction.
L’Europe se résume à une communauté d’épiciers et de comptables, à une entité où chacun poursuit des objectifs parallèles, mesquins et distincts, où chacun calcule sans cesse, petitement et jusqu’au dernier sou, l’ avantage particulier qu’il retire de l’ensemble, afin d’éviter à tout prix qu’il soit inférieur à celui du voisin.
En janvier 2019, j’écrivais que construire une Europe solidaire à 27 était une tâche gigantesque qui, dans la meilleure des hypothèses, demanderait des siècles pour qu’ au-delà d’intérêts purement économiques mis en commun, les échanges culturels, les mariages transnationaux, le rapprochement des langues, l’unification des législations et l’alignement progressif des mœurs, des habitudes et des comportements, créent une véritable identité européenne et que nos modes de pensée, nos coutumes, nos attitudes, nos objectifs et nos espoirs deviennent suffisamment proches pour que nous formions enfin une grande famille soudée au destin indissolublement lié.
Cette Europe solidaire à 27 n’existe pas et n’existera jamais.
Nous avons fait l’erreur de construire un projet politique sur des intérêts exclusivement économiques et sur une idéologie libérale et individualiste, là où il aurait fallu concevoir un projet politique basé et centré sur l’humain, la solidarité, l’entraide et l’amitié entre nos peuples.
Certes, dans une volonté commune de sauver la face et de prouver que l’Europe fonctionne encore, Bruxelles et les 27 trouveront probablement, jeudi prochain ou dans quelques semaines, un accord sur des demies mesures à court terme qui dissimuleront pour quelques mois, les plaies ouvertes entre le sud et le nord et les déceptions infligées à nos populations.
Mais les peuples ne croient plus à cette solidarité de façade et la confiance a disparu.
Demain, chacun sait que, si une crise de véritable ampleur se présentait - que la menace soit sécuritaire, militaire, économique, migratoire, nucléaire, biologique ou terroriste, le vernis solidaire sauterait instantanément pour laisser place au sauve qui peut général et à la règle de Dieu pour tous et chacun pour soi.
Dans le temps imparti aux humains, il faut construire sur le réel, sur le possible et renoncer aux utopies.
Alors recommençons à zéro et instruits par nos échecs, rêvons et créons, en utilisant les libertés qu’offre la législation européenne et l’outil des coopérations renforcées ou en réaménageant les textes et Traités là où cela s’avère nécessaire,un noyau restreint d’Etats, confrontés à des problèmes et défis suffisamment proches, pour qu’au mieux de leurs intérêts communs, ils les affrontent ensemble sans devoir recueillir l’accord de ceux qui ne les partagent pas, et qu’ils puissent construire, pas à pas, une véritable communauté humaine et solidaire.
À cet égard, les 3 grandes puissances européennes du Sud de l’Europe, l’Espagne, la France et l’Italie, partagent des défis communs :
- une dette nationale importante et des déficits budgétaires quasi permanents,
- une pression migratoire récurrente sur leurs frontières du sud,
- des défis sécuritaires critiques en relation avec leur voisinage méditerranéen, avec le Moyen-Orient et avec l’Afrique,
- des activités agricoles socialement et économiquement vitales, caractérisées par la nécessité de protéger un nombre important de petites exploitations précaires,
- des activités de transport et des grandes industries fragiles qui doivent impérativement nouer des partenariats pour survivre et rester compétitives,
- des problèmes d’approvisionnements et de ressources énergétiques,
- une dépendance commerciale et un déséquilibre quasi-permanent des échanges avec les pays du nord de l’Europe.
Ces défis exigent une réponse commune, alors, agissons, créons un nouvelle Union Latine entre l’Espagne, la France, l’Italie, auxquels, plus tard, pourront se joindre, s’il y ont convenance, le Portugal et la Grèce, à l’exclusion de tout autre pays afin de ne pas reproduire l’erreur d’élargissements coûteux et paralysants et de pouvoir construire une vraie solidarité sociétale à une échelle maîtrisable et réaliste.
Suite à la pandémie actuelle,la première décision prise en commun par ces pays devrait être d’émettre dans les meilleurs délais un emprunt commun et solidaire en euros pour un montant à la mesure des besoins de relance de leurs économies, afin de sauver leurs entreprises, leurs commerces et leurs emplois.
Sans doute, un montant de l’ordre de 1 à 1,5 milliard d’euros, à répartir selon la clef du PIB national de 2019 et amortissable sur une très longue durée avec une franchise de remboursement de l’ordre de 5 ans, sera-il nécessaire.
Les beaux esprits objecteront que nos 3 pays sont des canards boiteux, surendettés et déficitaires et que cet emprunt, sans la garantie de l’Allemagne et des pays prospères du nord, sera un véritable fiasco et qu’il sera, selon les règles actuelles, probablement impossible de le lancer.
Rien n’est impossible aux esprits résolus et aux hommes soudés par une même volonté et un même espoir.
Sur le plan règlementaire, les lois et traités peuvent être modifiés par ceux-là même qui les ont approuvés. Les peuples sont souverains.
Sur le plan économique, le PIB additionné de l’Espagne, la France et l’Italie dépasse 6000 milliards d’euros et serait été troisième au niveau mondial, devant le Japon.
La dette publique cumulée de l’Union Latine, y compris l’emprunt solidaire précité, atteindra au maximum 150% du PIB cumulé de nos trois pays, même après la crise.
La dette publique du Japon frôle le 250% de son PIB soit plus de 10000 milliards de dollars tandis que la dette publique des USA atteint près de 20000 milliards de dollars. Et, jusqu’à preuve du contraire, ni le Japon ni les USA n’ont le moindre problème pour couvrir leurs emprunts d’État.
Il n’y a aucune raison objective pour qu’il en aille différemment pour l’Union Latine.
Ce problème réglé, l’Union Latine devra :
- créer une agence commune de gestion de la dette et préparer la fusion des trois banques centrales à l’horizon de 3 ans,
- engager immédiatement une politique de grands travaux d’infrastructure d’intérêt commun dans le cadre de la relance des économies,
- mettre en route l’harmonisation des calendriers électoraux au niveau des organes exécutifs et législatifs nationaux à un horizon de 10 ans,
- créer une Assemblée Parlementaire Latine par détachement de députés des assemblées nationales au prorata de chaque population (par exemple un député par million d’habitants),
- fusionner les consulats, ambassades et écoles des trois pays à l’étranger, sous 5 ans,
- transformer le siège français au Conseil de Sécurité de l’ONU en un siège de l’Union Latine,
- préparer la mise en place d’un passeport et d’une carte d’identité selon un modèle unique pour les citoyens de l’Union Latine et créer une citoyenneté Latine sous 5 ans,
- engager la fusion progressive des transports et des réseaux aériens et ferroviaires,
- organiser le regroupement, la fusion ou l’association des grandes entreprises et industries énergétiques, chimiques, de télécommunications et de défense sous 5 ans,
- rapatrier sous 5 ans, de façon coordonnée, et en les répartissant à l’échelle de l’Union Latine, toutes les activités vitales et stratégiques qui ne peuvent être confiées ou abandonnées à des industries étrangères sans nuire à l’indépendance de l’Union (comme, par exemple, dans le cas actuel de la crise pandémique, la production de matériels de santé et de médicaments),
- engager l’harmonisation des législations économiques, sociales et fiscales à un horizon de 10 ans,
- dénoncer immédiatement les Accords de Schengen puis limiter la libre circulation des personnes et la liberté d’établissement à l’intérieur de l’Union Latine à ses seuls citoyens, en renégociant les dispositions nécessaires avec l’Union Européenne dans un délai de trois ans,
- établir un visa commun pour toute personne n’appartenant pas à l’Union Latine qui souhaite voyager ou s’établir sur le territoire de l’Union Latine,
- instaurer une carte verte et un permis de séjour et de travail standards de durée variable d’1 mois à 5 ans pour tout étranger admis à travailler dans un des pays de l’Union Latine et interdire tout regroupement familial pour les non -citoyens de l’Union Latine,
- établir le cumul nécessaire du droit du sol et du sang pour obtenir la nationalité d’un pays de l’Union Latine et, mutatis mutandis, rendre obligatoire d’être né dans un des pays de l’Union Latine de parents dont l’un, au moins, a la nationalité d’un des 3 pays de l’Union, pour bénéficier de la citoyenneté de l’Union Latine,
- réviser et harmoniser l’application des conventions internationales régissant le droit d’asile et l’accueil des réfugiés pour mettre en place une législation commune à l’intérieur de l’Union Latine qui soit en adéquation avec les nouvelles réalités des mouvements massifs de populations à l’échelle mondiale,
- mettre en commun nos instruments et agences de développement d’aide aux pays en voie de développement et d’aide et de coopération avec les pays en transition,
- créer un parquet et un service de lutte anti-terroriste, y compris au niveau des services de renseignement, communs aux trois pays,
En parallèle au lancement de cette série d’ outils et de projets économiques, l’Union Latine devra créer sous commandement commun :
- un corps de garde et de police des frontières terrestres et maritimes pour sécuriser nos frontières, notamment sur le flanc sud et lutter contre l’immigration clandestine,
- un corps d’armée intégré comprenant des divisions d’intervention terrestres, maritimes et aériennes, ainsi qu’une brigade de forces spéciales pour protéger et préserver nos intérêts extérieurs, nos échanges et nos transports économiques et énergétiques, notamment sur le flanc sud,
- engager la conception et la production d’équipements militaires communs et instaurer une politique d’achats groupés de ces équipements,
- créer une division nucléaire terrestre et aéroportée commune, dotée d’armes nucléaires tactiques à partir des forces françaises,dès que l’homogénéité et l’intégration des forces armées des trois pays le permettront à un horizon de 5 à 10 ans,
- étendre le parapluie atomique stratégique de la France à l’Union Latine sous 10 ans.
- créer un corps d’intervention de protection civile doté des moyens aériens, terrestres et maritimes nécessaires,
- organiser et rendre obligatoire sous 5 ans, l’étude des 3 langues de l’Union Latine, à partir de la première année du secondaire, ainsi que l’étude de l’histoire, de la littérature, de la culture, de la géographie et de l’économie des 3 pays membres,
- systématiser les stages, échanges, voyages et activités scolaires dans l’enseignement général comme dans l’enseignement professionnel et technique ainsi qu’au niveau de l’apprentissage,
- fusionner sous 3 ans les programmes et diplômes de licences, maîtrises et doctorats universitaires, avec l’obligation d’effectuer au moins, une année d’études par rotation dans les trois pays membres et dans la langue locale.
Il s’agit là d’une simple ébauche des actions qui devront être entreprises en profondeur pour créer l’Union Latine et lui permettre de grandir et de prospérer afin d’aboutir à terme à la fusion des vies et des destins de nos peuples, dans un partage, une entraide et une solidarité authentiques.
L’Union Européenne, quant à elle, subsistera probablement telle quelle, sous la forme d’un grand marché et d’un ensemble économique, de plus en plus vaste, mais sans solidarité. Désormais limitée à la préservation d’avantages et d’intérêts purement économiques et commerciaux, elle sera soumise au bon vouloir de puissants maîtres d’origine asiatique ou atlantique.
Tandis que nos 3 pays, unis au sein de l’Union Latine, auront une réelle opportunité de maîtriser leur destin, en toute indépendance, dans le monde de demain.
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