L’Italie vit une période difficile,
Elle a élu à sa tête, et par trois fois Sylvio Berlusconi
Et depuis, les scandales pleuvent de tous les cotés,
Pourtant, Berlusconi contre vents et marée, s’accroche au pouvoir.
En Europe, il est devenu banal d’évoquer les frasques du Cavalière cavaleur, légitimant en quelque sorte les dérapages sexuels du leader italien, mais des intellectuels italiens nous appellent à la vigilance, tentant de nous faire comprendre que la situation est bien plus grave que celle que nous envisageons.
Dernier scandale en date,
Berlusconi vient de faire libérer une jeune marocaine mineure,
Ruby, (
Karima Keyek) mise en prison pour vol.
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Elle assure avoir été payée pour assister à l’une de ses fêtes torrides, dans la villa même du premier ministre.
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Ruby dit avoir passé plusieurs soirées, avec d’autres filles,
Berlusconi étant le seul homme présent.
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Une autre,
Nadia Macri évoque le 3 novembre ces aventures avec l’infatigable coureur.
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Le tarif des prestations sexuelles et ludiques des partenaires de Berlusconi se situe entre 5 000 et 10 000 €.
« 20 minutes » nous propose dans un article récent,
un diaporama des partenaires du président du conseil italien.
Aux
Etats-Unis, une fellation avait suffit à ruiner la carrière du président américain.
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En
France,
Cecilia affirmait dans son livre «
portrait » que
Nicolas «
saute des nanas dont il ne se rappelle même plus le nom »
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En
Italie, Les parlementaires demandent des explications, et la presse évoque «
un pays en otage ».
En réponse, Berlusconi à déclaré « je suis un homme de cœur, et j’aide ceux qui en ont besoin (…) le reste, ce sont des calomnies ».
C’est ce que l’on peut lire sur le site « arrêt sur images ».
Pour bien enfoncer le clou, il déclare « il vaut mieux aimer les belles femmes qu’être gay ».
Cette déclaration a mis la communauté gay dans tous ces états, et elle est allée manifester sous les fenêtres de l’intéressé.
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Déjà en juin 2009, la presse avait évoqué « al Cavalière » avec ses escort-girls.
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Maintes fois questionné par la justice pour des casseroles diverses, il a échappé depuis 30 ans à toutes les sanctions.
Berlusconi, dans le dernier film de
Sabina Guzzanti, (
Draquila) présenté hors compétition à
Cannes cette année, déclare qu’il a eu la chance de pouvoir disposer de
200 millions d’euros pour se défendre sur le terrain juridique.
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"Sa cohorte de nain de cour, de bouffons et de piliers de comptoirs, de ces incultes fiers de l’être, de bellâtres footballeurs et putes au grand cœur, sans parler de la xénophobie qui ronge le cœur du pays".
C’est la description que font de leur chère patrie 4 artistes que l’on pouvait entendre, le 1er novembre, sur l’antenne de France culture, dans l’émission « la grande table » de Caroline Broué et Hervé Gardette.
3 écrivains et une cinéaste y dressaient un tableau noir et lucide de la situation italienne.
Les trois écrivains présentent un visage terrifiant de l’Italie d’aujourd’hui.
Comment a-t-elle pu basculer si profondément dans le berlusconisme,
« Dans ces trois livres il n’est question que de violence, que de racisme, de crimes non élucidés, de mensonges, de complots politiques, et on a l’impression d’être dans un pays qui est sous les décombres » déclare Caroline Broué.
Rosetta Loy évoque une situation qui va de pire en pire, comme une descente dont on ne voit pas la fin, un fascisme larvé, et elle est véritablement épouvantée de cette situation.
Simonetta Greggio parle d’un fascisme mou, avec un Berlusconi omni présent, par les médias qu’il contrôle, et affirme qu’il s’agit bien d’une dictature sous couvert de démocratie.
Ces « 20 ans italiens » (de 1959 à 1979) racontent par le menu la mafia sicilienne, mais aussi les étranges affaires financières du Vatican, annonçant les trente années qui vont suivre.
Récit inquiétant d’une Italie à la dérive.
Le film de
Sabina Gussanti avait été présenté à
Cannes, provoquant l’absentéisme du ministre de la culture Italien lors du Festival, et une popularité grandissante de la cinéaste.
Dans son documentaire à la Michael Moore, elle dénonce bien sur les frasques sexuelles, les casseroles judiciaires du leader italien, mais aussi comment en quelques années, l’Italie a été mise en coupe réglée par une privatisation de l’Etat au profit d’une organisation qui s’appelle « la protection civile ».
En France on connait aussi cette dérive qui permet la privatisation du service public.
Cette organisation est composée de véritables bandes, agissant avec violence, avec un chef, Guido Bertolaso, lié au Vatican, et au pouvoir bien sur.
On y trouve des proches de
Berlusconi, et elle s’affranchit de toutes les procédures habituelles sous prétexte de l’état d’urgence.
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Elle est sous l’autorité des membres de la « ligue du Nord », ce groupe politique xénophobe qui a fait son apparition depuis peu en Italie.
Son chef est soupçonné de truquage d’appels d’offres pour des travaux publics.
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Cette organisation, mise en place pour régir la situation dans le village d’Aquila, dénoncée dans le film, montrant dans quel pouvoir de dépendance sont tenus les habitants, et quelles règles ignobles leur sont appliquées.
Le film est sur les écrans depuis le 3 novembre.
Jean Noel Schifano, quant à lui, évoque un pouvoir fasciste, une théo-vidéocratie (comme il dit) un pouvoir noir qui s’étend en Europe à partir de l’Italie.
Il rappelle qu’il existe une loi dans la constitution du Vatican qui considère l’exilé ou celui qui demande un toit, comme un criminel.
Il raconte aussi le scandale de l’Aquila, quand les populations sont véritablement enfermées dans des appartements de fortune, avec l’interdiction de planter le moindre clou, pour ceux qui ont la chance de pouvoir être logés. Les autres sont à la rue, avec des froids de -20 qui s’annoncent.
Il dénonce l’intervention perpétuelle de l’état du
Vatican sur l’état italien, évoquant les
accords de Latran, signés le 11 février 1929, entre Mussolini et Pie II, permettant l’opacité de la banque du
Vatican.
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Ce sont 150 ans de l’Italie qui défilent sous nos yeux, de Garibaldi à Berlusconi
Comme l’écrit
Alexandre Lacroix dans « courrier International » : «
en 187 pages, il a enfoncé le premier clou du cercueil d’une Italie unifiée ».
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Dans ces trois livres et ce film, la maffia est bien sur largement évoquée, bien qu’elle ne soit pas limitée à l’Italie.
Elle s’est étendue aujourd’hui dans le monde entier, et se nourrit du blanchiment de l’argent sale, du trafic de drogue, de celui des armes, de la prostitution…etc.
En rendant illégale la consommation de la drogue, on en fait artificiellement monter les prix, comme c’était le cas pour l’alcool aux temps de la prohibition.
Le kilo d’héroïne se vend 30 000 €, alors que sa valeur marchande est bien plus modeste.
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C’est donc l’interdiction qui permet ces prix prohibitifs, et qui donne sa puissance à la mafia.
On estime en Europe à 1 million le nombre de consommateurs réguliers, et on imagine sans peine l’intérêt que la mafia trouve dans ce trafic.
La mafia n’est hélas pas une lubie pour auteur de polar en mal de sensationnel, elle est une réalité.
C’est l’histoire d’un tueur professionnel, Richard Kuklinski, recruté par la mafia italo-américaine, mort en 2006 après 33 ans de « carrière », et plus de 200 meurtres à son actif.
Le Journal Italien « Repubblica » affiche à sa Une « Abus de pouvoir ». Et le journaliste italien d’expliquer : « en feuilletant les pages Europe des journaux étrangers on trouve d’un coté le scandale sexuel dans lequel est empêtré Berlusconi, et juste à côté Nicolas Sarközi qui est accusé d’espionner des journalistes grâce au service de sécurité de l’état ».
Hannah Arendt disait « le pouvoir n’a pas besoin de justification du moment qu’il est légitime, d’où l’indispensable vigilance des contre-pouvoirs…les journalistes par exemple ».
On peut lire
ici l’éditorial de
Cécile de Kervasdoué, de
France Culture, du
4 novembre 2010 qui fait une revue de presse complète de la question.
Mais Berlusconi rit, il est toujours là, et la mafia aussi.
L’avenir serait donc sombre pour la liberté d’informer, et pas seulement en Italie.
Car comme dit mon vieil ami africain :
« Le lion dort avec ses dents ».
L’image illustrant l’article provient de « asslema.com »