La fête de l’Europe. Quelle Europe voulons-nous ?
L’idée d’une Union Européenne était conçue comme la seule solution des guerres répétées entre les nations, mais jusqu’ici, l’Europe ne s’est pas réunis véritablement. Sous l’échafaudage bruxellois, les nations qui, un temps, ont fait l’effort à aller l’une vers l’autre sont rentrées chez elles. Chaque nation, la crise aidant, prends conscience de ses maux que l’Europe n’a pas guéris. A l’exception de l’Allemagne, qui a pu rassembler ses forces nationales pour relancer son industrie. En même temps, elle s’est montrée indifférente à l’Europe, changeant du jour au lendemain sa politique énergétique et signifiant aux institutions bruxelloises que ses relations avec la Chine et la Russie relevaient de sa seule souveraineté. Quant aux interventions militaires, elle les laisse volontiers à la France.
Avec une fédération, on voulait associer les nations et non pas les faire disparaître. Mais dans les années 70, bien après le début de la construction européenne, l’idée même de nation a été mise en accusation. Les mêmes nations qui, en 1945, étaient sorties victorieuses de la barbarie sont apparues comme des auxiliaires de la barbarie. On disait que c’était le passé de l’Europe qui avait provoqué le crime, et l’Europe se fixa dès lors pour principale tâche d’échapper à son histoire.
Mais délégitimer les nations, c’est ruiner la substance européenne, et plus les nations sont faibles, moins elles communiquent entre elles. Il n’y avait jamais eu si peu d’intérêt réciproque entre les nations qu’aujourd’hui. Comment créerait-on du « commun » quand on nie son héritage culturel, l’héritage grec, romain, et chrétien, qui est la « chose commune » la plus profonde des nations européennes, mais l’ennemi principal de l’idéologie des institutions européennes. Ce sont les valeurs fondamentales qui réunissent les citoyens de tous les pays d’Europe, et la source de ces valeurs se trouve dans les trois racines de notre héritage culturel.
Sur un grand nombre de questions politiques importantes, les différents gouvernements européens ne font pas l’effort d’adopter une politique commune. Déjà les différences économiques l’empêche. Au lieu d'unifier l'Europe, Bruxelles n'est que l'émanation des gouvernements nationaux les plus puissants. Avec sa manie régulatrice, réglementant tous azimuts, de la forme de la banane à la taille des avertissements sur les paquets de cigarettes, Bruxelles ne fait rien de signifiant pour l'unification. Elle n'est que repaire de fonctionnaires anonymes que personne n'a élus, pouvoir opaque assiégé par les lobbys et dominé par la pensée ultra-libérale.
L’Europe, pour être fédérale, ne doit pas partir de Bruxelles mais aboutir à Bruxelles.
Dans une Europe authentiquement fédérale, les territoires auraient un maximum de compétences (éducation, santé, police, développement économique), et sous le contrôle des citoyens, cette Europe fédérale se chargerait du régalien (monnaie, défense, diplomatie, commerce international, police aux frontières). L’Europe ne serait plus le monstre et presque ennemi qu’elle est devenue aux yeux de ses citoyens, mais deviendrait la structure faîtière et légère souhaitée dès l’origine.
A cette vision fédérale s’oppose l’Europe ultra-libérale des Anglo-Saxons. Au lieu de préférence communautaire et de politique industrielle, c’est l’ouverture totale des marchés pour tous. Ce modèle, devenu l’idéologie dominante à Bruxelles, cohabite avec l’économie sociale de marché allemande, qui permet à l’Allemagne de produire le maximum de richesses. Allemands et Britanniques se sont trouvés d’accord pour que la concurrence sociale et fiscale devienne la règle en Europe. Ils sont plutôt contents de cette Europe, les uns prenant ce qui les arrange et laissant ce qui les dérange, les autres parce qu’ils sont devenus la puissance européenne dominante.
C’est qu’on peut accepter une perte de souveraineté quand on est fort, mais pas quand on est affaibli. Nous devons donc faire une pause dans les réformes institutionnelles, l’élargissement, et la multiplication des traités de libre-échange. D’autres réformes, nécessaires, ne seront pas possibles tant qu’on fait entrer dans l’Union des pays à bas coût de main d’œuvre ou que l’on donne des monopoles aux multinationales américaines. Vaste programme, comme disait le grand homme qui, le premier, avait une vision d’une Europe unifiée. Serait-il trop tard ? Peut-on encore espérer une prise de conscience et un changement de cap ?
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