La fin de l’Europe
Avoir voté pour des députés européens partait peut-être d’une bonne intention, mais restera inutile. Certes quelques « normalisations » à caractère écologique, pourront apparaître comme des avancées. Les députés sont pris dans le système d’un marché commun, dont l’objectif est et restera uniquement la conquête des parts de marchés pour des transnationales. Chacun des divers traités européens a orienté le système pour fusionner ses pays membres dans un moule commun d’orthodoxie comptable. Comme si c’était possible.
Pourquoi continuer à faire croire que l’Europe (des citoyens) existe, alors qu’en juin, moins de la moitié du corps électoral en France (encore moins pour d’autres pays) a envoyé des braves députés siéger dans un Parlement, chambre d’enregistrement, qui n’a pratiquement pas de pouvoirs démocratiques ? A l’origine le marché commun a été conçu pour un ‘ plus jamais ça » après la 2 e guerre mondiale. C’était une vision défensive généreuse mais non progressiste. Il fallait reconstruire, panser ses plaies, et surtout se retrouver à nouveau prêt à faire face au communisme qui venait de montrer sa puissance face au fascisme italo-allemand : c’est en grande partie « contre » à un tel retour, que l’Europe a été décrétée. Avec l’idée sous-jacente, que ce sont les différents antagonismes économiques des pays de l’Europe de l’Ouest et du centre, qu’il fallait proscrire : “ l’espace vital ” pour l’Allemagne (obtenir des parts de marché pour la Ruhr) a été certainement l’origine économique de cette guerre.
L’alliance des grands pays européens a commencé avec la CECA, liant la France et l’Allemagne pour faciliter les échanges du charbon et de l’acier. Plutôt que continuer sur d’autres accords bi-latéraux de ce type, « on », c’est-à-dire les gouvernements libéraux, imprégnés des dogmes anglo-saxons sur l’Economie, ont généralisé les échanges commerciaux avec les autres pays européens. Par suite, tout a été fait pour libérer les mouvements de capitaux, basculant dans le système économique du « tout pour l’entreprise », censée être à la base de la prospérité : ce serait « l’entreprise » qui créerait des emplois.Alors qu’elle n’en est que l’outil d’embauche pour répondre à une demande, la véritable origine de toute croissance. Certes, pour les pays du bloc occidental, il fallait s’opposer à l’autre dogme économique marxiste qui tablait sur le même objectif, la prospérité, mais qui, en adoptant la propriété étatique des moyens de production, supprimait la libre entreprise.
L’Europe se devait de devenir aussi grosse que le bœuf américain ! Malheureusement les différences nationales culturelles comme économiques sont trop profondes pour prétendre maîtriser une fusion aussi mal engagée : la crise actuelle vient de faire voler en éclats les critères de Maastricht : les dettes et déficits nationaux se sont creusés. L’euro n’a pas protégé les pays de la l’Europe de la récession, qui avait été amorcée avant le crash américain. Pas protégé du chômage, et de la précarité, et de la régression sociale.
C’est donc dans une Europe faite de bric et de broc, qui n’a plus aucun avenir d’autant que sa population vieillit que les députés vont siéger. Certes la récession finira bien un jour par s’éloigner. Mais l’Economie mondialisée devra se tourner davantage vers les pays pauvres. Il faudra commencer par modifier les règles de l’OMC et revoir les conditions de cotations des taux de change qui les défavorisent. Déclinologue me dira-t-on ! Je réponds : et alors ? La roue tourne. Un lent déclin du monde occidental n’aura rien de catastrophique si l’on considère qu’il s’agit d’un simple ralentissement dans la progression d’une économie qu’il faudra gérer au mieux. Le seul progrès qui vaille, et ce n’est certes pas rien, est celui de la médecine et de la protection sociale, que chaque pays devra gérer en collaboration avec d’autres pays du monde entier et, obligatoirement, revoir la modernité sous l’angle de l’écologie, amorcée par l’U.E, mais sans grande conviction.
Les civilisations grecques et romaines ont disparu depuis quelques siècles, sans que ni Rome ni Athènes en soient restées au niveau économico-social du temps de leurs hégémonies impériales. En revanche, pour amortir socialement ce déclin économique, il faudra revenir à une société décente, comme le dit J.C. Michea, c’est-à-dire, une conception politique adaptée pour la France, à ce qu’elle a su faire de mieux, une République des valeurs, notamment de solidarité, ce qui ne semble plus être le cas depuis qu’elle est entrée dans une Europe ultralibérale. (www.voixcitoyennes.fr)
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