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Accueil du site > Actualités > Europe > Lampedusa : la honte de l’Europe

Lampedusa : la honte de l’Europe

Un nouveau radeau de La M(p)édus(a). Le pape a eu raison d’être scandalisé. La tragédie du 3 octobre 2013 devrait être l’occasion d’une réflexion approfondie sur les valeurs que l’Union Européenne entend réellement promouvoir dans un monde avec de moins en moins de repères. Il faut mobiliser la communauté internationale, en particulier les pays européens et africains, pour tout faire pour empêcher de prochains drames.

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Près de trois cents victimes (de Somalie et d’Érythrée) dans le naufrage de l’un des nombreux bateaux chargés de conduire des immigrés africains en terre européenne. En toute illégalité.


Tristesse et colère

Il y a deux réactions qui s’entremêlent à l’écoute de cette terrible actualité : d’abord, une légitime émotion, légitime mais passagère, celle de la spontanéité, en pensant à ces malheureux ; ensuite, une remarque d’impuissance, de fatalité sur un fond de "on ne peut pas s’occuper de toute la misère humaine". Avec un "on" si indéfini que cela arrange bien (voir ci-dessous le discours du pape).

En somme, lorsque les sauveteurs auront fini leur éprouvant travail, que les corps auront été enterrés (où ?), l’actualité passera à autre chose. Et dans quelques mois, un nouveau drame reviendra et le même cycle d’émotion et de fatalisme apparaîtra jusqu’à une nouvelle indifférence.

Pourtant, depuis 1992, c’est à un rythme croissant que ces immigrés arrivent, plusieurs dizaines de milliers par an, dans des embarcations de fortune, avec environ 25 000 personnes qui auraient péri pendant cette période. En gros, trois morts par jour en moyenne sur ces vingt années, mais le rythme s’est accéléré et l’an dernier, c’était une moyenne de quatorze noyés par jour. Certes, rien qu’en France, il y a environ onze tués sur la route par jour. Mais ces quatorze immigrés noyés, ils sont à rajouter à ces autres morts. On ne peut pas se satisfaire d’une simple émotion passagère. Ces noyés ont autan de dignité que les autres êtres humains.

D’ailleurs, même accéléré, ce rythme n’est pas aussi soutenu qu’on pourrait l’imaginer. Dès le 29 septembre 2013 à Rome, José Angel Oropeza, le directeur du Bureau de coordination pour la Méditerranée de l’OIM (Organisation internationale des migrations), tenait à insister : « Aujourd’hui, la migration est Sud-Sud. Les 26 000 personnes arrivées en Italie après la crise libyenne ne représentent que 3% des personnes ayant fui ce pays durant la crise. ». Les 97% autres ont fui dans d’autres pays africains.


Les nouveaux boat people

Ce sont les nouveaux boat people. Le phénomène avait commencé à la chute de Saigon en 1975 avec cent cinquante mille réfugiés vietnamiens qui fuirent le régime communiste dans des bateaux très dangereux. Coïncidence ? Le général victorieux, Vo Nguyen Giap, s’est éteint à 102 ans le lendemain de la (dernière) tragédie de Lampedusa. Cela a continué avec des Haïtiens cherchant à atteindre la Floride.

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Aujourd’hui, avec l’Espace de Schengen qui veut que les frontières intérieures de l’Europe soient ouvertes, les réfugiés africains voient l’intérêt d’atteindre Lampedusa, porte de l’Europe. Lampedusa est une petite île située très près des côtes tunisiennes et libyennes, au large de Malte. Les révolutions arabes ont eu certes une influence à partir de 2011.

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Deux souvenirs…

Ce drame me fait penser à deux "buzz" médiatiques, l’un ancien et l’autre récent.

L’acteur Yves Montand avait présenté l’émission "Vive la crise" diffusée le 22 février 1984 sur Antenne 2 pour évoquer la crise économique mondiale (déjà) et avait évoqué la menace de nouveaux boat people qui iraient accoster en masse le sol européen pour chercher un peu de prospérité.

L’autre souvenir fut la phrase maritime très choquante de l’ancienne députée UMP de Seine-et-Marne Chantal Brunel qui avait lancé le 8 mars 2011 (en pleine journée de la femme) : « Il n’est pas normal que l’on ne rassure pas les Français sur toutes les populations qui viennent de la Méditerranée. Après tout, remettons-les dans les bateaux ! Le temps n’est plus à la parole mais aux actes et aux décisions. On doit assurer la sécurité en France et rassurer les Français. ». Désavouée par son parti, ce dernier l’avait quand même investie en juin 2012 et heureusement, elle a été battue dans sa circonscription.


Le pape François

Car finalement, sans vouloir culpabiliser dans un pays de bisounours, c’est bien le pape François qui a la meilleure réaction. Lui, il parle de honte. Honte car, dans ce type de drame, ce sont nos valeurs qui sont en danger, celles de l’humanisme et du respect à la personne humaine. Ce n’est pas une question de culpabilité mais de responsabilité.

Ce n’est pas un hasard si la première visite pastorale du nouveau pape François a été pour Lampedusa, le 8 juillet 2013. Heureusement qu’il n’a pas attendu ces trois cents morts pour s’inquiéter du sort de ces fragiles migrants. Son rôle est clairement du côté des plus démunis et contre ceux qui, par égoïsme ou par lâcheté, préfèrent se fermer les yeux, voire sont vaguement heureux de voir moins d’immigrés clandestins sur le sol européen.

En ce début de l’été, devant plusieurs milliers de migrants et d’habitants, le pape François avait proclamé dans son homélie : « Immigrés morts en mer, dans ces bateaux qui, au lieu d’être un chemin d’espérance, ont été un chemin de mort. Il y a quelques semaines, quand j’ai appris cette nouvelle, qui malheureusement s’est répétée tant de fois, ma pensée y est revenue continuellement comme une épine dans le cœur qui apporte de la souffrance. J’ai alors senti que je devais venir ici aujourd’hui pour prier, pour poser un geste de proximité, mais aussi pour réveiller nos consciences pour que ce qui est arrivé ne se répète pas. S’il vous plaît, que cela ne se répète pas ! ».

Et il avait insisté sur l’irresponsabilité de tous : « Aujourd’hui aussi, cette question émerge avec force : qui est le responsable du sang de ces frères et sœurs ? Personne ! Nous répondons tous ainsi : ce n’est pas moi… les autres, mais pas moi. (…) Nous regardons notre frère à moitié mort sur le bord de la route, peut-être pensons-nous "le pauvre" et nous continuons notre route, ce n’est pas notre affaire, et avec cela, nous nous mettons l’âme en paix. La culture du bien être qui nous amène à penser à nous-mêmes, nous rend insensibles aux cris des autres, nous fait vivre dans des bulles de savon qui sont belles mais ne sont rien, qui ne sont que l’illusion du futile, du provisoire, qui conduit à l’indifférence envers les autres, et qui conduit même à une mondialisation de l’indifférence. Nous sommes habitués à la souffrance des autres, cela ne nous concerne pas, ne nous intéresse pas, n’est pas notre affaire !… La mondialisation de l’indifférence nous rend tous "innommés", des responsables sans nom et sans visage. ».

Mais pour lui, il ne s’agissait pas de culpabiliser les hommes, juste de leur faire prendre conscience que ces tragédies concernent tout le monde : « Seigneur (…), nous te demandons pardon pour notre indifférence envers nos frères et sœurs. Nous te demandons pardon pour ceux qui se sont habitués, se sont fermés dans leur bien-être qui entraîne l’anesthésie du cœur. Nous te demandons pardon pour ceux qui, par leurs décisions au niveau mondial, ont créé des situations qui conduisent à ces drames. ».

Ses mots étaient très forts, ses expressions très incisives : "illusion du futiles", "mondialisation de l’indifférence", "anesthésie du cœur"… mais aussi "phare pour le monde".

Car le pape est aussi capable de voir la générosité des habitants de Lampedusa qui font tout leur possible pour secourir les migrants : « Je veux vous remercier une fois encore, vous les Lampédousiens, pour votre exemple d’amour, pour votre exemple de charité, pour votre exemple d’accueil, que vous donnez, que vous avez donné, que vous donnez encore. (…) Que cet exemple soit un phare pour le monde entier, pour qu’on ait le courage d’accueillir ceux qui cherchent une vie meilleure. Merci de votre témoignage. Et je veux aussi vous remercier de votre tendresse (…). ».

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C’est lors d’un symposium, le 3 octobre 2013, sur le cinquantenaire de l’encyclique "Pacem in Terris" de son prédécesseur Jean XXIII que le pape François a appris le naufrage de l’embarcation : « En parlant de la paix et de la crise économique mondiale, symptôme d’un manque de respect envers l’homme, je ne peux pas ne pas penser avec une immense douleur aux nombreuses victimes du énième naufrage. Un seul mot me vient à l’esprit : honte ! C’est une honte ! (…) Unissons-nous pour que de telles tragédies ne se reproduisent pas ! Seule une véritable collaboration générale peut aider à les prévenir ! ».


Ne pas en rester à la seule émotion

L’égoïsme engendré par la forte crise économique et sociale a complètement aveuglé ceux qui ne voient plus l’essentiel, ceux qui ne mettent plus la priorité à leurs valeurs.

Car de quoi s’agit-il ? Il ne s’agit pas ici de parler de politique d’immigration. Il ne s’agit pas de gloser sur les "Roms" et leur capacité à ou à ne pas s’insérer dans la société française, comme le gouvernement actuel s’évertue à le faire. Il ne s’agit pas d’avoir une idée théorique des flux migratoires.

Il s’agit juste de parer au plus pressé. D’agir avec urgence. De sauver ces centaines de vies en danger, souvent dupées par de négociants en chair humaine motivés par l’argent.

Du reste, ce ne sont pas seulement "nos" valeurs mais également la loi internationale. L’article 98 de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, issue de la résolution 3067 adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU le 16 novembre 1973 et entrée en application le 16 novembre 1994, oblige chaque pays à porter assistance aux naufragés, quels qu’ils soient. L’Union Européenne a ratifié cette convention en 1998.

La France brille par la vacuité de sa pensée face à ce drame humain. Pourtant, Lampedusa n’est pas qu’une affaire italienne, c’est une affaire européenne, et essentiellement française et allemande, puisque la destination finale de ces migrants sont surtout la France et l’Allemagne.

Je parle de vacuité mais ce n’est pas tout à fait exact, car le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault a quand même commencé à se réveiller avec deux jours de retard en proposant timidement, le 5 octobre 2013 à Metz, une discussion au sein de l’Union Européenne sur le sujet de la gestion des frontières maritimes, sans cependant indiquer une seule solution : « Au-delà du drame, de la tragédie, il est important que les responsables politiques européens en parlent, et vite, ensemble. (…) C’est à eux de se réunir pour trouver la bonne réponse mais la compassion ne suffit pas. (…) Qui peut rester insensible ? J’ai été profondément touché, ému par les images que j’ai vues. (…) C’est un drame terrible, qui ne peut que soulever notre compassion, notre solidarité, mais au-delà des mots, je crois qu’il est important que l’Europe se préoccupe de cette situation particulièrement dramatique. ».


Comment éviter les futurs naufrages  ?

Parmi les mesures à prendre, donc, il n’y a pas à tergiverser.

Il y a les mesures d’urgence. C’est une honte de laisser mourir des migrants si on sait qu’ils sont en dérive et qu’ils vont se noyer. Il faut sauver ces vies comme on sauve toutes les vies en danger sur son sol. Je rappelle, à tout hasard, que ces malheureux sont avant tout des être humains et qu’ils sont loin d’être des envahisseurs : ils viennent sans arme et sont loin de vouloir "conquérir" la terre de leur destination.

Il y a aussi des mesures de moyen terme. Il faut absolument combattre tous ces marchands de rêves et de morts qui trafiquent pour affréter ces radeaux de la Méduse. Une activité qui semble très lucrative vu le coût exorbitant que doivent payer les candidats à l’immigration illégale (plusieurs milliers d’euros qu’ils trouvent principalement en s’endettant) pour une sécurité quasi-nulle. La méthode, ce serait sans doute des conventions avec les pays de départ de ces pitoyables traversées, la Tunisie, la Libye, peut-être l’Égypte. Interdire le départ de tout bateau qui ne serait pas avec un minimum de normes de sécurité, notamment en terme de contenance humaine. Les navires surchargés arrivent rarement à destination.



Le président de l’UMP, Jean-François Copé a proposé le 5 octobre 2013 à Paris de réformer en profondeur la Convention de Schengen : « Nous devons sanctionner et même exclure les pays qui ne contrôlent pas les frontières extérieures de l’Europe. ». Ce qui a réagir le Ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders sur : « la nécessité d’une politique européenne de l’immigration, globale, solidaire et équilibrée. Le contrôle des frontières extérieures ne constitue qu’un des éléments de cette politique. ».

Le 1er octobre 2013, Daniela Pompei, experte sur l’immigration au sein de la communauté de Sant’Egidio, avait prôné la mise en place d’un centre d’accueil européen en Sicile : « L’Europe devrait constituer un réseau continental de premier accueil dans les lieux de débarquement, et non en Libye ou ailleurs. ».

Mais cela ne réduirait pas le risque des traversées de la Méditerranée et Jean-François Copé l’avait noté aussi : « Tant que nous laisserons croire à des millions d’hommes et de femmes à travers le monde que l’Europe est un continent ouvert à tous les flux, que nos frontières sont des passoires, alors il y aura des mafieux pour les exploiter, il y aura des réfugiés prêts à tenter le tout pour le tout pour arriver sur notre sol. ». Le problème, c’est qu’il n’y a pas besoin de laisser croire pour que les candidats à l’immigration croient.

Vers un horizon plus large, les solution à long terme concernent le développement des pays d’origine. Si ceux-ci étaient prospères, il y aurait moins de tentations et de tentatives d’émigrer (mais il en resterait encore). C’est un discours très théorique puisque, s’il est possible, avec un effort des contribuables, d’aider financièrement des pays, il est impossible de remplacer leur propre gouvernance (ou non gouvernance).

L’Italie pourrait aussi imaginer des solutions loufoques comme céder à la Tunisie ou à la Libye l’île de Lampedusa, lui retirant ainsi tout intérêt pour les migrants, qui iraient cependant s’échouer ailleurs (Chypre, Malte, Grèce, Italie, Espagne).

D’autres enfin imaginent la mise en place d’un couloir humanitaire pour éviter les naufrages, mais ce n’est pas très réaliste non plus : d’une part, cela encouragerait ces traversées illégales ; d’autre part, les autorités auraient plus de facilité à les stopper à temps, et finalement, d’autres voies maritimes, plus dangereuses, seraient adoptées. On reviendrait au point de départ.


Monde globalisé aux flux migratoires permanents

Ce qui est important de reconnaître, c’est que le monde est et a toujours été globalisé, à savoir, qu’il y a toujours eu des flux migratoires. Aujourd’hui, le mouvement est peut-être plus ample : il y a actuellement au moins un milliard de personnes dans le monde qui sont des migrants, dont deux cent vingt millions internationaux, selon José Angel Oropeza.

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On aurait beau vouloir fermer complètement les frontières qu’il y aurait toujours des brèches et de nouveaux marchands de rêves pour les exploiter. À moins de vouloir vivre dans un pays autarcique, coupé du monde, interdit d’entrer mais aussi de sortir (il en reste encore quelques-uns dans ce monde), il faut plutôt essayer répondre avec les mêmes valeurs à ces enjeux nouveaux.

Le jour enfin où l’on comprendra que dans tous les cas, quelles que soient les situations difficiles et complexes, l’homme est avant tout une richesse par lui-même, on pourra revoir le dossier avec à la fois plus d’humanisme mais aussi plus d’efficacité, au lieu de jouer perpétuellement au chat et à la souris dans un malaise général qui provoque des drames et aussi de la xénophobie.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (7 octobre 2013)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le pape François.
Pendant ce temps, on parle "Roms".
Vive la Crise (22 février 1984).


(Tableaux : le premier est de Danielle Bellefroid et le second, bien plus connu, de Théodore Géricault).

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30 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 7 octobre 2013 16:27

    Bonjour, Actias.

    Porter assistance à des hommes, des femmes et des enfants en danger de mort (voir mon autre commentaire ci-dessous) ne veut pas dire que l’on doive accepter tous ces migrants sur le territoire européen. Qu’il y ait des critères de choix, pourquoi pas ? mais la question qui se pose à nous, êtres humains, et à l’entité politique qu’est l’UE à propos de de drame n’est pas là.


  • Maître Yoda Castel 7 octobre 2013 16:41

    « Porter assistance à des hommes, des femmes et des enfants en danger de mort »

    C’est mieux que de gaspiller l’argent du contribuable à faire la guerre à des pays souverains...
    Qui débauche finalement sur ce problème à la fois d’immigration et humanitaire... un vrai cercle vicieux...


  • Maître Yoda Castel 7 octobre 2013 16:42

    DébOuche doublement pardon...


  • Anaxandre Anaxandre 7 octobre 2013 15:49

      « ...pour qu’on ait le courage d’accueillir ceux qui cherchent une vie meilleure... »


      Mais qu’attend donc le Pape pour accueillir ces malheureux au Vatican ?...

      « Interdire le départ de tout bateau qui ne serait pas avec un minimum de normes de sécurité, notamment en terme de contenance humaine. Les navires surchargés arrivent rarement à destination. »

      Vous avez raison : organisons dignement le remplacement de population en Europe.

      « ...s’il est possible, avec un effort des contribuables (d’aider) le développement des pays d’origine... »

      Tout-à fait : à l’heure du Mondialisme, soyons solidaires et payons pour le reste du monde ; un peu plus de pression fiscale ne nous empêchera pas (pour un temps) de vivre toujours mieux que ces miséreux, et le financement de la délocalisation accélérée de nos industries dans ces pays « en développement » ne sera sans doute que justice.

      Et comment comptez-vous bientôt organiser le départ des français de France ?...

    • Fergus Fergus 7 octobre 2013 16:39

      Bonjour, Anaxandre.

      Je résume : vous voyez des sans-papiers qui, régulièrement, se noient dans les remous d’une rivière dangereuse ; vous habitez sur la rive et vous possédez un bateau ; vous êtes excédé par ces personnes qui tentent d’accéder à vos terres. Trois solutions s’offrent à vous :

      1) Vous laissez ces gens se noyer au motif que personne ne les a obligés à traverser cette rivière.

      2) Vous leur portez assistance mais vous les remettez aux autorités pour qu’il soit statué sur leur sort en relation avec les lois d’immigration.

      3) Vous leur portez assistance puis vous les laissez s’évanouir dans la nature.

      Pourquoi choisir de facto l’option 1 alors que la 2 permet de sauver ces gens sans alimenter l’immigration irrégulière ?


    • HELIOS HELIOS 7 octobre 2013 17:11

      pourquoi ? parce qu’actuellement c’est la solution n°3 qui est choisie...


    • Anaxandre Anaxandre 7 octobre 2013 17:12

        Bonjour,


        ...Et bien vous résumez fort mal puisque votre exemple consiste à confondre la part d’humanité qui fait qu’on a naturellement tendance à porter secours à un homme en danger, avec les Politiques globales des gouvernements des Nations et des continents qui doivent (devraient ?...) avant tout assurer la prospérité et le développement - le Bien Commun - de leur population avant tout autre considération, fût-elle « humanitaire » (on sait où mène cette idéologie).

    • cedricx cedricx 8 octobre 2013 14:54

      Les messages de compassion sont tout à fait conformes au rôle d’un pape. Nos pays ne peuvent plus recevoir toute la détresse humaine ? soit ! Nous n’avons plus les moyens d’aider au développement de ces pays ? ok ! Mais au moins n’exacerbons plus les tensions internes à ces pays pour des intérêts économiques et stratégiques...


    • Maître Yoda Castel 7 octobre 2013 15:57

      "Du reste, ce ne sont pas seulement « nos » valeurs mais également la loi internationale. L’article 98 de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, issue de la résolution 3067 adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU le 16 novembre 1973 et entrée en application le 16 novembre 1994, oblige chaque pays à porter assistance aux naufragés, quels qu’ils soient."

      Alors, cet embauche de superman, ça vient ? smiley
      Le contrat devra stipulé de faire retourner les immigrants dans le pays d’origine pour bosser à son développement... non mais !


      • Fergus Fergus 7 octobre 2013 16:20

        Bonjour, Sylvain.

        Je plusse évidemment ce discours de raison, porteur de la seule voie possible dans une société civilisée (ou prétendue telle) : celle de l’humanité.

        Dans plusieurs commentaires ces derniers jours sur cette tragédie, j’ai souligné qu’il existait un état d’urgence nous imposant de venir en aide à ces migrants en situation de péril. Personnellement, je serais partisan de la mise en place, dans le couloir maritime séparant la Tunisie de Lampedusa, de navires patrouilleurs d’assistance humanitaires, autrement dit de bateaux assurant des sortes de maraudes pour intervenir dès qu’une embarcation de migrants est en détresse. A charge pour ces navires de débarquer ensuite les personnes sauvées sur un territoire européen en vue d’une solution politique (accueil ou retour au pays) adaptée au cas de chacun.

        Malheureusement mon discours n’est gère entendu. Il est même combattu par des personnes comme Actias qui refusent toute main tendue à ces migrants au motif qu’ils se sont mis en danger eux-mêmes. Nous avons pourtant le devoir urgent de porter secours à ces gens. Ce qui n’empêche évidemment pas de rechercher des solutions avec les pays du Maghreb et du Mashreq pour tenter, le plus rapidement possible, de tarir à la source ces flux migratoires.


        • Fergus Fergus 7 octobre 2013 17:49

          @ Actias.

          On ne parle pas, avec ce drame de Lampedusa, de la politique d’immigration, mais de la réponse à apporter en urgence à la mise en danger de ces « boat-people ». Or, dans votre premier commentaire, vous n’abordez pas du tout cette question humanitaire pour vous centrer uniquement sur la politique d’immigration et les responsables d’un prétendu appel d’air. C’est cela que je trouve choquant, sans pour autant penser que vous êtes dépourvu d’humanité, mais celle-ci n’est pas exprimée.

          Bonne journée.


        • Shawford42 7 octobre 2013 17:53

          Bien dit Fergus, c’est comme celui qui veut nous piquer le soleil.


          Si il revient pas fissa à mes yeux avec des couleurs plus chatoyantes, il risque pas de beaucoup voir la lumière.

        • Anaxandre Anaxandre 7 octobre 2013 18:07

            Fergus, vous confondez un peu trop « humanisme » et Politique pour pouvoir être objectif sur ces questions qui dépassent largement nos petits sentiments individuels.


        • Shawford42 7 octobre 2013 18:09

          Anaraxandre, je me répéterai pas. Si tu penses être le chef, tu t’adresses au chef, Capiche ?


          Cimeteries of London

        • Fergus Fergus 7 octobre 2013 19:52

          Bonsoir, Actias.

          OK, mais l’urgence immédiate est de porter assistance et de prévenir de nouvelles catastrophes, les mesures à caractère politique sur les flux migratoires demandant de longues négociations. Je ne dis pas autre chose.


        • Anaxandre Anaxandre 7 octobre 2013 22:10

            Bonsoir Actias,


            Quand vous écrivez : « c’est encore dans nos moyens », en êtes-vous bien sûr ?
            2000 milliards d’€ de dette publique (et je ne parle pas des dettes privées), la fuite des entreprises et des cerveaux, une pression fiscale en perpétuelle croissance (c’est d’ailleurs à peu près le seul secteur de croissance en France avec celui de la démographie des populations allogènes).

            Ne vous laissez pas impressionner par les faux arguments issus de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 (décidément, quelle année !...) qui - comment ne pas le voir ? - ne sont qu’un moyen de détruire nos vieilles Nations européennes, de nous faire avaler toutes les manipulations des professionnels en la matière (« ingérence humanitaire » et autre), et en nous culpabilisant de surcroit ! Porter secours à ces gens, c’est déjà les prendre en charge, et c’est sans fin.

            J’ajouterai, pour répondre aux arguments plus « concrets », et fort peu politiques, que je ne porterai pas secours à des gens dont il y a de fortes probabilités que les enfants demain, en guise de remerciement, crachent sur le mien et le tabassent pour un regard ou une cigarette refusée.

            Désolé messieurs les sensibles : mes yeux restent secs :
            « Tel philosophe aime les tartares pour être dispensé d’aimer ses voisins. »
            (J.J. Rousseau)

        • foufouille foufouille 7 octobre 2013 16:40

          le pape peut montrer l’exemple en commençant par l’or de ses vêtements.
          si les touristes ne racontaient pas que la france est un pays de riche, peut être qu’il y en aurait moins qui voudraient venir


          • Ronald Thatcher Ronald Thatcher 7 octobre 2013 16:40

            au moins leur apprendre à nager, et ensuite à faire le signe de croix pour être présenté à François, ils seront bien dans les caves du Vatican à tricoter ses caleçons pure laine


            • foufouille foufouille 7 octobre 2013 16:41

              en italie, il y a des beaux camps de travail tenus par la mafia


              • foufouille foufouille 7 octobre 2013 16:54

                " Un comptage effectué une nuit de janvier 2001 par l’Insee a dénombré 86 000 SDF en France, soit 0,13 % de la population[1]. En 2011 cette fois, toujours selon l’Insee, il y aurait environ 130 000 sans abris en France["

                chose a faire en premier si on est riche : montrer l’exemple et balayer devant sa porte


                • ZenZoe ZenZoe 7 octobre 2013 17:01

                  Déjà, pourquoi la honte de l’Europe ?
                  Moi je dirais plutôt la honte des ordures de passeurs qui exploitent la misère humaine.
                  Moi je dirais plutôt la honte des pays d’origine incapables de s’occuper de leurs peuples.
                  Et puis, si on veut parler d’Europe, je dirais plutôt la honte de tous ceux ici qui font leur beurre sur le dos des malheureux : marchands de sommeil, employeurs véreux...
                  L’Europe c’est tous les citoyens, et je ne vois absolument pas pourquoi tous les citoyens deraient avoir honte d’une situation qui leur échappe totalement et qui en arrange plus d’un.
                  Une fois qu’on a dit ça, on peut envisager des solutions sur de meilleures bases sans se tromper de cibles.


                  • morice morice 7 octobre 2013 18:53

                    venant de l’admirateur de Jorg Haider, ici-même dans Agoravox, celui-là même qui révait de tous les jeter à la mer, c’est pas mal faux-jeton, je trouve, comme texte....


                    comme la ligue du Nord italienne, tiens, quel hasard....


                    Inexistante dans les années quatre-vingt, la Ligue du Nord a pris son envol au milieu des années quatre-vingt-dix sous l’impulsion d’Umberto Bossi. Un ancien communiste, allié tantôt avec la droite de Berlusconi, tantôt avec la gauche. Aux élections législatives de 1996, le parti de Bossi a obtenu plus de 10 % des voix. Aujourd’hui, les sondages ne lui donnent que 4 % à 5 % des intentions de vote. Mais la Ligue reste toujours très forte en Lombardie et en Vénétie, où elle oscille entre 20 % et 30 %. Son programme présente de nombreux points communs avec celui de Haider : nationalisme, libéralisme, lutte contre l’immigration et contre le centralisme étatique, défense de l’Europe des peuples contre celle de Bruxelles, rejet de la mondialisation et exaltation des valeurs traditionnelles : « Ils sont également proches géographiquement et culturellement. N’oublions pas que le nord-est de l’Italie fut sous domination autrichienne pendant cinq siècles », rappelle le journaliste Beda Romano, qui a longtemps travaillé sur le parti de Umberto Bossi.

                    • Ronald Thatcher Ronald Thatcher 7 octobre 2013 19:50

                      « Le Camps des saints » - Jean Raspail 1973  smiley


                      • careless careless 7 octobre 2013 21:30

                        Bonjour,

                        Le Pape, si « moderne » soit-t-il, a un discours de Pape, convenu, et hors de toute réalité.

                        La mort est terrible, mais je ne m’en sens pas responsable, pas plus que je crois l’Europe responsable de cela.

                        Que faut-t-il ? Organiser des traversées en ferry, puis régulariser massivement ? La comparaison avec les boat people est impossible, la situation n’est pas comparable. Doit on appeler boat people, tous ceux qui quittent leur pays par voie maritime, dans des conditions extrêmes ?

                        Il y a des personnes qui dirigent ces pays, et ne se sentent visiblement pas plus responsables que ça... l’histoire a connu des invasions, des guerres, quelques exodes... mais qu’est-ce qui pousse un peuple à quitter massivement son pays, des hommes mettant en danger la vie de leurs propres enfants ?
                        Quelle espoir ont ils d’une Europe qui a déjà beaucoup de mal à assimiler les fils
                        et petits fils de ses immigrants ? Qui n’a pas assez à proposer à ses propres citoyens...

                        Voilà de retour cette notion de culpabilité universelle que nous devrions endosser. Au nom de quoi ? Je ne sais pas. Mais il parait que nous devrions nous sentir coupable.

                        Les pays les plus moralistes sont comme toujours ceux qui ne seront jamais concernés par les immigrants africains, parce qu’ils n’iront jamais chez eux. Parce que leur sélection des candidats à l’immigration est tellement sévère, et leur aide si maigre, que ce n’est pas possible.

                        Ce qui est arrivé est bouleversant, mais pourquoi porterions nous la responsabilité de tous les drames du monde ?

                        L’Europe ne crée pas ce genre de drame, elle les subit. Comme elle subit l’arrivée de personnes que nous ne sommes pas en mesure d’accepter dignement, et le message doit passer dans le monde.


                        • non667 7 octobre 2013 21:59

                          moi je ne me sens nullement responsable je leurs dis de ne pas venir depuis plus de 30 ans en votant F.N. !  smiley smiley smiley smiley
                          que ceux qui se sentent morveux en votant umpseelvmodem +fdg se mouchent ! : smiley smiley smiley


                          • legrind legrind 7 octobre 2013 22:10

                            Mais que font donc leurs « frères » arabes/musulmans pour ces personnes ? Il n’y a que la France dans le monde ?


                            • tf1Goupie 8 octobre 2013 10:51

                              L’autoflagellation de base, pitoyable.

                              Non il n’y a pas à avoir honte que des gens viennent risquer leur vie pour venir en Europe : c’est leur choix.

                              Se battre la coulpe parce qu’ils meurent sous nos fenêtres c’est d’une sale hypocrisie : quand ces gens meurent dans leur pays on en parle beaucoup moins.

                              Un concert de lamentations bien dégoulinantes, un peu comme on va à confesse : on fait une célébration, des déclarations ostentatoire de charité, et c’est bon : on a soulagé sa conscience puis on retourne au business as usual.

                              Un bon coup de communication de la part du Pape.

                              Grotesque, hypocrite et malsain.


                              • ricoxy ricoxy 8 octobre 2013 11:42

                                Lampedouse, la « Porte de l’Europe » ou la « Porte de l’Enfer » ?


                                • unandeja 8 octobre 2013 12:40

                                  je n’ai aucune honte et ne me sens aucunement responsable de ce genre de tragédies.

                                  Dans ce cas on peut avoir honte pour la faim dans le monde, les maladies, la guerre et je ne sais quoi d’autre.


                                  • Oursquipense Oursquipense 8 octobre 2013 14:03

                                    Je ne comprends pas très bien cette histoire de honte. Ou alors il faut préciser à quel niveau. Si un élu en Europe fait tout pour attirer des personnes qui vont prendre des risques inconsidérés pour venir oui il peut avoir honte. Maintenant j’aimerais savoir quelle responsabilité devrait pouvoir ressentir un gars qui comme moi bosse 5 jours par semaine pour tout juste joindre un bout à l’autre.

                                    Le pape me fait bien rire lorsqu’il parle d’illusion et de futilité. Depuis combien de décennies ce vieillard vénérable est, comme ces prédécesseurs, déconnectés de tous véritables problèmes matériels ? Sait-il combien d’objets en possession du Vatican il pourrait vendre pour améliorer la vie des pauvres gens de par le monde ?

                                    Prendre le problème par le bon bout c’est partir du principe que les gens peuvent vivre bien là où ils vivent. Si ce n’est pas le cas c’est qu’il a des culs à botter et des gens à virer. Partir n’est pas une bonne solution, ça ne résout rien et ça ne peut réussir que de manière marginale dans la population qui émigre.

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