Velib, une fausse bonne idée ?
Le 15 Juillet 2007, l’opération Velib sera lancée à Paris. Elle verra la mise en place de 20 000 vélos dans des stations construites pour l’occasion. Pour pouvoir en disposer, plusieurs formules sont prévues : un abonnement annuel à 29 euros, et des tickets pour des durées plus réduites (1 jour 1 euro ou 1 semaine 5 euros). L’utilisateur devra également s’acquitter d’une caution de 150 euros et n’aura qu’une demi-heure gratuite pour chaque trajet. Ces opérations ne seront faisables que dans les stations Velib. Il en coûte ensuite 1 à 4 euros pour les demi-heures supplémentaires. Il est également possible de lier son abonnement au pass Navigo, tant décrié.
Pour avoir un vélo gratuit pour la journée, il faut donc le changer toutes les demi-heures. Cela permet de favoriser le turn over des usagers. Le prix est évidemment à mettre en relation avec le coût de possession d’un vélo : a 100 euros, on dispose de son vélo ce qui représenterait 71 trajets d’une heure sur un an. Reste à trouver l’emplacement pour le poser.
Mais où sont-elles ces stations ? Eh bien tout simplement là où il y avait la place et les énergies pour alimenter les bornes et supports de vélo. Dans l’appel d’offre, les emplacements n’avaient pas été définis et c’est en catastrophe qu’ils ont fleuri sans que l’infrastructure nécessaire à l’utilisation des vélos soit prévue. Ainsi trouve-t-on des stations dans des rues en pente à la circulation particulièrement dense et chaotique : aucun cycliste ne s’y risque d’habitude. D’autres sont dans des endroits trop discrets. En cas d’affluence dans une station, il est possible de disposer d’un quart d’heure supplémentaire pour rejoindre une autre station où un stationnement est disponible.
Les vélos disposent d’un petit panier pour déposer ses courses ou paquets et ont des chaînes protégées et de changements de vitesse. La maintenance est assurée par la société ayant remporté l’appel d’offre. Ils sont de fabrication hongroise, pays low cost et pèsent 22 kg tout de même.
A qui s’adresse cette offre ? Vu le tarif cela favorisera la personne qui veut faire un trajet court de moins d’une demi-heure. Cela représente moins de 5 km compte tenu des conditions de circulations parisiennes. Une personne faisant quelques petites courses et voulant les ramener chez elle pourrait être interessée. De même, pour relier deux points proches (aller voir un ami) sans supporter l’étouffement des transports en commun.
Oui mais voilà, il faudra que l’utilisateur soit motivé pour risquer sa peau dans des quartiers sans pistes cyclables. Nous sommes bien loin du confort des larges pistes des grandes villes allemandes. Paris souffre de son histoire architecturale, de l’immobilisme de sa voierie et de la part donné aux moyens motorisés depuis 70 ans (disparition des tramways). Le Parisien trouvera que le prix de la liberté est finalement cher par rapport à son ticket de métro ou de tramway, plus rapide et moins risqué.
Une fois de plus, on met la charrue avant les boeufs et personne ne peut dresser une carte de la fréquentation cycliste potentielle pour que l’emplacement des stations Velib y soit calqué. Le tarif et le type de vélo ne favorisera pas la pratique sportive comme on en rencontre dans certaines agglomérations tandis que l’implantation des pistes cyclables fait l’inverse. On imagine mal un nouveau "remembrement" des voies de bus et trottoirs pour mieux desservir en pistes cyclables les zones piétonnes et commerçantes. Même si cette initiative part d’un bon sentiment son avenir paraît déja compromis.
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