9 mythes russophobes IIe GM. Partie III
Suite et fin des neuf mythes russophobes de la seconde guerre mondiale.
VI Les Russes se sont comportés comme des barbares avec les Allemands.
Celle-là, il fallait l’oser. Mais beaucoup font le pas. Un « documentaire » français, Apocalypse, ouvre sur un Berlin en ruine, avec une musique de circonstance et une voix sinistre qui annonce…. Qui annonce quoi au fait ?
Les six millions de juifs assassinés ?
Le million de Tziganes exterminé ?
Les trois millions de Polonais tués ?
Les 27 millions de soviétiques martyrisés ?
Les deux millions de civils Allemands tués à dessein dans des bombardements terroristes ?
Les deux millions de bengalis morts de famine pour nourrir le soldat Anglais ?
Non, la voix, sépulcrale annonce : « alors qu’on entend encore les voix des femme Allemandes violées par les soldats Russes… » tel quel.
Quand on considère les innombrables et innommables crimes commis par les Allemands en URSS ; les milliers de villages exterminés, la réduction en esclavage, les viols par millions, de femmes, d’enfants, commis par les soldats Allemands, plus de 15 millions de civils assassinés ou tués au travail, on se dit que le soldat Yvan qui découvrait ça au fur et à mesure de son avance vers l’Ouest, n’avait aucune raison d’éprouver la moindre sympathie pour le barbare qui avait fait subir ça à son peuple. Mais là encore, le viol, s’il fut massif, ne fut pas le propre de l’armée rouge. Les troupes alliées pratiquèrent aussi massivement cet apanage du soudard à travers les âges mais on retient essentiellement l’action d’Yvan Popov qui lui, avait pourtant plus de circonstances atténuantes que le gars du Kentucky ou le sujet quelconque de l’Empire Français. Et il faut bien avouer, qu’en la matière, il faut croire les Allemand(e)s sur parole, les sources n’étant ni consensuelles ni impartiales, loin de là. Rappelons qu’en Algérie, des historiens affirment que la troupe Française a violé et assassiné massivement, on parle là en millions pour les viols. Pourtant ceci est très contesté en France. En quoi les assertions allemandes et leurs alliés tout comme celles d’anglo-saxons en pleine guerre froide, seraient-ils plus fiables que les démentis officiels Russes ? Rappelons-nous encore récemment, les bébés tués dans les couveuses au Koweit, les génocides imaginaires au Kosovo ou en Libye, les ADM en Irak, les djihadistes modérés en Syrie ou les 36 invasions de l’Ukraine par l’armée Russe depuis 2014…
Dans les mémoires de Cavanna, « Les Russkofs », l’auteur entre dans un Berlin très fraichement investi et voit, à chaque carrefour, une police militaire de « femmes solides » qui traque sans pitié le moindre laisser-aller des troupiers. Mettre en place des régiments entiers de police militaire féminine, chose unique dans l’Histoire, note d’une manière certaine, la volonté de tenir la troupe. Tout état-major, et surtout un état-major de l’implacabilité disciplinaire de celui de l’Armée Rouge abhorre laisser les hommes salir l’honneur de leur commandement et surtout est bien conscient qu’une troupe qui se comporte en soudard n’est plus maîtrisable.
Dans le registre de la « barbarie Russe », on parle aussi tout le temps du traitement affreux du malheureux soldat Allemand prisonnier, envoyé en Sibérie.
Sauf que les Russes firent 2.7 millions de prisonniers Allemands qui avaient martyrisé leur peuple et en rendirent 2.3 millions.
Sauf que les Allemands firent 6 millions de prisonniers Russes qui ne leur avaient rien fait et n’en « rendirent » que 2. Quatre millions furent tués dans des conditions inimaginables de perversion et de cruauté, affamés, exploités à mort, traités comme des esclaves, pour le plus grand profit de l’industrie allemande, servant aux expériences sur les gaz, cobayes des nombreux Mengelé auxquels le « peuple des seigneurs » offrit un tremplin d’abomination.
400 000 morts d’un côté, 4 millions de l’autre. 15% contre 60. Qui est le barbare ?
Veut-on comparer avec le comportement Anglais ou Américain des prisonniers ? Encore une fois, ni les uns ni les autres n’ont été envahi et n’ont eu 20% de leur population martyrisée. Les USA ont perdu moins de 200 000 soldats sur le front Européen, les Russes, 9 millions. Et dans les 15 millions de civils. Et sur le front Pacifique, on occulte pudiquement le fait que les US Marines ne faisaient pas de prisonniers.
VII L’Armée rouge était sous-équipée, moyenâgeuse.
Ce mythe-là, tenace, est des plus étonnants, car il n’a pour origine aucune propagande. Aucun historien, aucun journaliste professionnel (il y en eu), même résolument anti-soviétique, n’a jamais osé affirmer, à juste titre, une telle énormité. Hélas, on apprend beaucoup plus l’Histoire par le cinéma, le bistrot ou à l’heure du digestif familial qu’en lisant des livres sérieux. Et donc, on entend depuis 1945, cette énormité comme quoi l’URSS était incapable de concevoir et produire des armes modernes. Encore une fois, seules les livraisons des alliés par l’Arctique ont pu palier à cette nullité technologique.
C’est incroyable de prétendre une chose pareille, car pourtant, s’il y a un point où le consensus est total, c’est bien sur celui-là.
Il suffit d’ouvrir n’importe quel livre d’Histoire ou page internet sur le détail des productions industrielles d’armement par pays pendant la Seconde Guerre Mondiale pour être édifié. Entre juin 41 et mai 45, les Russes ont produit plus de chars et de canons que les USA et l’Allemagne réunis.
Plus de de 60 000 exemplaires du seul T34 dans ses différentes versions (à titre d’exemple, les Allemands disposaient de moins de 3000 chars pour la campagne de France.) furent produits. Le T34, char rustique, solide, très novateur en calibre, en courbure de tourelle, en blindage, en largeur de chenille (boue, neige), en solidité, en facilité d’entretien, fut le cauchemar de l’armée Allemande et d’après les Allemands eux-mêmes, le meilleur char de grande série de la guerre, le Panzer V n’apparaissant qu’en 1943 et le VI Tigre construit en moins de 2000 exemplaires et très fragile mécaniquement.
Les Russes inventèrent aussi la fameuse Katioucha, le lance-roquette multiple, l’Orgue de Staline, deuxième souvenir le plus terrifiant du fantassin Allemand avec le T34. Les Allemands d’ailleurs, reprirent immédiatement le concept tout comme les Américains.
Ils conçurent et fabriquèrent aussi d’excellents chasseurs, comme le Yak 1, inférieur sur le papier aux merveilles techno Allemandes mais, à l’image des Russes, toujours solide, fiable, astucieux, capable de voler par n’importe quelle température et un des chasseurs les plus protecteurs pour les pilotes. D’ailleurs, les pilotes Français de l’escadrille Normandie-Niemen adoptèrent longtemps ce « moudjik » de l’air, les Russes proposant aussi le Yak 7, les Mig 1 et 3, le Lagg 3, pas mal pour une industrie moyenâgeuse…
Les Russes surent aussi concevoir et produire en masse le meilleur avion d’attaque au sol de la guerre, le Sturmovic. Encore une fois, un outil rustique, hyper blindé, hyper armé, le premier tueur de char, terreur du tankiste Allemand.
Ils conçurent et fabriquèrent plus de 100 000 canons d’excellente facture.
Ils conçurent et produisirent aussi les excellents pistolets mitrailleurs PPS41 et 43, avec, grande innovation, sélecteur pour le tir en rafale ou au coup par coup, très simples à produire, quasiment impossibles à enrayer. Ils étaient si valables que les fantassins Allemands délaissaient leur M40 pour récupérer les PPS de l’ennemi.
Effectivement, ils purent se concentrer sur cette production car les USA leur fournissaient la quasi-totalité de leurs camions et voitures, des dizaines de milliers de véhicules. Cet apport indéniable Américain et les ressources propres en pétrole permirent à l’Armée Rouge d’être très supérieurement mécanisé à l’armée Allemande, que le manque de ressource pétrolière condamnait au train et à l’aide de plus d’un million de chevaux. Contrairement à l’imagerie populaire, l’armée Allemande fut, de loin, l’armée la plus hippomobile de la seconde guerre mondiale. Il ne faut pas s’y tromper, l’URSS conçut et fabriqua la quasi-totalité de son équipement de guerre. Un excellent équipement, sans chichi, robuste, astucieux, peu onéreux, hyper opérationnel.
VIII Sans le débarquement allié en Normandie, les Russes étaient cuits.
Ce mythe inepte, là encore, véhiculé par le « bon sens » populaire, est de plus en plus prégnant à mesure que les sirènes de la russophobie se font pressantes.
Tout le monde connait le D-day. De John Wayne à Tom Hanks, en un jour le plus long, la cavalerie US réussi à débarquer en Normandie, au prix du « terrifiant » chiffre de 9000 morts ( 1000 000 à Stalignard) et le soir, fusil à la bretelle, le brave G.I Joe sifflotant gaiement, la guerre est presque finie, les Russes empêtrés de leur côté, sauvés par cette diversion providentielle. Amen.
C’est beau Hollywood.
Sauf que.
Sauf qu’il suffit de regarder une carte du front de l’est en juin 44. En juin 44, l’URSS a repris toute l’Ukraine, la moitié de la Biélorussie et campe devant Riga. Elle a fait reculer les Allemands de 700 km au nord et de 1000km au sud les faisant revenir quasiment à la position de départ de 1941. Entre temps, les Allemands n’ont pas réussi leur offensive d’été 41, ont pris une terrible trempe en Janvier 42, une bien plus désastreuse encore à Stalingrad et une autre encore à Koursk en 43, ils ont déjà eu 4 millions de tués, plus encore de blessés graves. Plus d’1.5 millions de prisonniers. L’URSS, l’URSS seule a brisé l’échine de la bête et il n’y a aucune raison qu’à juin 44, le sort des armes s’inverse.
Par contre, si tout le monde connait le D-day, beaucoup moins nombreux sont ceux qui connaissent l’effroi et l’intensité meurtrière de la bataille de Normandie qui dura deux longs mois et causa la moitié des pertes US sur le théâtre d’opération européen. Bataille de Normandie où les britanniques (avec ANZAC et Canadiens) d’ailleurs étaient plus nombreux que les Américains et où ils firent vraiment le sale boulot en poussant le gros et le meilleur des Allemands vers le nord. Les Britanniques sont les autres victimes et grands lésés de cet accaparement de la victoire par les USA et leurs contempteurs.
Tout le monde connait le D-day, mais assez peu sont ceux qui connaissent le nom « Opération Bagration ».
Et pourtant.
Et pourtant, cette offensive soviétique, débuta à la date anniversaire de Barbarossa, le 22 juin 44, au moment où les alliés en bavaient dramatiquement dans le bocage Normand. Sur un front de près de 1000km, l’Armée Rouge reprit l’initiative et durant deux mois, infligea aux Allemands encore plus de 300 000 morts et autant de prisonniers ou blessés dans ce qui reste très officiellement, en Allemagne même,« le plus grand désastre militaire de l’histoire Allemande ».
Si une bataille soulagea considérablement quelqu’un, ce n’est pas le D-day qui soulagea des Russes dépassés, mais bien Bagration qui, concentrant en catastrophe l’essentiel des restes de l’armée Allemande, soulagea les Alliés piétinant sur leur tête de pont.
Mais Hollywood n’est ni sur le Don ni sur la Volga…
IX C’est la bombe atomique qui a fait capituler les Japonais.
Voici un mythe très très solide, et pourtant contredit par des gens aussi experts que Mac Arthur ou Eisenhower.
Que viennent faire les Russes là-dedans ?
Attention, prétendre que les Russes ont participé à la défaite Japonaise serait complètement fantaisiste. Hormis les Britanniques qui ont participé aux confins Birmans, les USA ont assuré la quasi-totalité de la guerre et de la victoire contre l’Empire du Soleil Levant, les Chinois l’ayant essentiellement subi.
Que viennent alors faire les Russes là-dedans ?
Ils viennent jouer le rôle de croque-mitaine, de parfait cauchemar. Conformément aux accords inter-alliés de Yalta qui prévoyaient leur déclaration de guerre contre le Japon 3 mois jour pour jour après la cessation des combats à l’ouest , les Russes déferlent en Mandchourie balayant les troupes impériales.
Les stratèges US attendaient ceci avec impatience. Mac Arthur et même Truman, rigolards, comptaient sur l’effroi des Japonais à la perspective d’être envahis et occupés par les troupes soviétiques pour les forcer à capituler rapidement dès l’offensive lancée.
Celle-ci intervient le jour de Nagasaki, trois jours après Hiroshima, conformément aux accords initiaux.
Si la bombe a secoué l’Empereur et les éléments modérés de son cabinet, les nationalistes eux, restent droits dans leurs bottes. Le Japon a l’habitude des raids dévastateurs de l’aviation US qui ont cumulés dans les un million de morts civiles, 100 000 pour le seul raid sur Tokyo. Cette vision d’holocauste serait même compatible avec leur mystique délirante : Une sorte de charge Banzaï au niveau de tout le peuple.
Mais l’avancée fulgurante des Russes en Mandchourie laisse envisager une invasion imminente de l’archipel. Et c’est l’effroi de cette perspective qui fait basculer le rapport de force. Le pays inhumé dans un gigantesque sacrifice aux Kamis, pourquoi pas, une occupation par l’ogre soviétique, JAMAIS ! Plutôt capituler rapidement devant les Américains. Le même genre de calcul qui a fini par prévaloir sur le front Européen dés Hitler suicidé.
Jusqu’à leur mort, et Mac Arthur et Eisenhower, ont toujours nié l’efficacité de bombes dans la capitulation Japonaise. Ce mythe, comme toujours, fut affaire de politiques et de communicants dans une guerre froide naissante.
Et là encore, on s’est rassuré avec la fable de bombes atomiques sauvant 1000 000 de vies et on a ricané sur les « vautours » soviétiques qui attaquaient un Japon à terre, déjà vaincu par la bombe atomique plutôt que de saluer leur respect des accords et leur action décisive dans la précipitation de la capitulation.
Voilà, cette série est finie. Son but, hors rendre justice au génie et à l’héroïsme Russe est de rappeler que tous ceux qui ont attaqués ce pays, et s’y sont perdus, Polonais au XVIIe siècle, Suédois au XVIIIe , Français au XIXe et Allemands au XXe, l’ont fait par suite d’une sous-estimation dramatique de ce grand peuple. A entendre, lire et voir le déchainement quotidien invraisemblable de haine, de mépris et de déprisement pour la Russie, on est en droit d’être effrayé que nos enfants aient à payer, un jour proche, le prix de cet hybris occidental.
Face à cette montée inexorable des provocations et des tensions envers l’Ours, on ne peut que chanter avec Sting : « I hope the Russians love their children too ».*
* « j’espère que les Russes aiment leurs enfants autant que nous les nôtres »
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