Afghanistan : stratégie à revoir

L’Afghanistan c’est loin. Rares sont les images qui nous parviennent. Noyés parmi les 90 000 soldats de la coalition, 3 500 militaires français sont pourtant bien présents et payent le prix du sang. Le 29 ème soldat français est décédé ce week-end dans une attaque d’insurgés au nord-est de Kaboul. Mourir pour Kaboul ? De nombreuses voix s’interrogent sur les buts poursuivis par la coalition et surtout sa stratégie désespérément stérile.
“Au départ, nous étions dans une guerre de légitime défense contre des taliban qui soutenaient Al-Qaïda. Désormais nous menons une guerre de soutien à un régime qui n’arrive pas à s’en sortir”, constate, auprès de l’AFP, l’ex-ministre (PS) de la Défense, Paul Quilès.
Huit années plus tard, l’enlisement est incontestable. Daniel Cohn-Bendit, comme le PS il y a un an demande une réorientation de la stratégie française.“On ne va pas rester indéfiniment en Afghanistan” dans ce qui apparaît comme une guerre sans issue, a résumé lundi l’euro-député.
Encore plus direct, Jean-François Kahn estime que “La vérité, c’est que nous sommes aujourd’hui dans la situation des soviétiques en Afghanistan : nous avons les mêmes contre nous, et la population nous considère comme des envahisseurs, point final”.
Un consensus existe en France sur la nécessité de doubler les opérations militaires d’actions de reconstruction à l’égard des civils afghans. Une position résumée par Bernard Kouchner , ministre des Affaires étrangères : “Nous n’allons pas imposer la paix, mais nous pouvons créer les conditions pour y parvenir. Pour cela, il nous faut être en phase avec la population”.
De belles paroles qui cachent une réelle impuissance. Une stratégie française autonome au sein de la coalition est impossible d’autant que Nicolas Sarkozy s’est promptement rangé sous l’aile de l’aigle américain.
Jean-François Kahn évoque un suivisme des autorités françaises. Le député souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) va plus loin.”Tous les experts militaires nous disent que ce conflit est un bourbier. Et pourtant, Nicolas Sarkozy a renforcé l’engagement de la France, nous promettant que nous pèserions d’avantage dans la stratégie. Or nous sommes plus que jamais les supplétifs des Américains”.
Les doutes formulés par les Britanniques, indéfectibles alliés des américains, constituent pour la première fois un sacré coin dans l’orientation de la coalition. Pragmatiques nos voisins d’outre-manche prennent la mesure d’un conflit devenu contre-productif, aux antipodes des objectifs de départ. On est bien loin du nom pompeux donné par les américains à cette guerre : “opération liberté immuable” .
L’impuissance militaire de la coalition à enrayer la violence et la progression territoriale des talibans renforcent ceux-ci dans leur détermination à poursuivre le combat et, entretient le doute des populations civiles prises en étau entre les belligérants. Dans ce contexte, il n’y a bien que les démocraties occidentales pour voir dans l’élection présidentielle, prévue le 20 août prochain, “un événement déterminant pour l’avenir du pays” comme l’affirme Bernard Kouchner dans Le Figaro.
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