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Après l’échec syrien, les USA souhaitent-ils allumer la mèche dans le Caucase du Sud ?

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Alors que l’establishment étasunien perd nettement en notoriété dans la région stratégique du Moyen-Orient, il semblerait que Washington porte un regard de plus en plus intéressé sur l’espace transcaucasien. Connaissant le « champion » de propagation du chaos mondial, cet intérêt est à prendre avec grande attention.

Selon l’analyste d’Heritage Foundation (l’un des plus importants think-tanks néo-conservateurs basé à Washington) Luke Coffey, par ailleurs un vétéran de l’armée US, les Etats-Unis doivent élargir leur présence dans cette partie du monde et ce pour plusieurs « raison » :

- Intensification des tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan en raison du territoire disputé du Haut-Karabakh (« occupé » par l’Arménie selon les termes de l’analyste étasunien)

- Un possible référendum sur l’éventuelle « annexion » du territoire « séparatiste » de l’Ossétie du Sud par la Russie (reconnu comme Etat indépendant par la Russie et plusieurs autres pays)

- La montée de « l’ingérence » iranienne dans la région

- Ainsi qu’une présence militaire croissante de la Russie en Arménie

Cette position dudit analyste date de 2016. Sauf qu’il revient à la charge avec les récents développements moyen-orientaux, notamment en Syrie, en proposant par exemple d’envoyer la partie du contingent américain ayant quitté le territoire syrien dans la région administrative du sud de la Géorgie, majoritairement peuplée d’Arméniens, la Samtskhé-Djavakhétie, se trouvant d’une part à la frontière avec l’Arménie, de l’autre avec la Turquie. Evidemment, on peut se limiter au fait de dire qu’il s’agit simplement d’une opinion d’un expert US sur la question, plutôt que d’une confirmation d’agir ou d’un avertissement, il n’empêche que l’Heritage Foundation est connue pour avoir souvent influencé les preneurs de décisions étasuniens dans leurs actions à divers endroits du monde.

Maintenant essayons de parler perspectives. Si le choix de la Géorgie parait en effet peu surprenant, sachant que depuis le temps de la « révolution des Roses » de 2003, faisant partie de la série des révolutions de couleur dans l’ex-URSS orchestrée par les USA en vue de mettre en place des régimes pro-étasuniens et pro-occidentaux, le pays est sous la coupe de Washington. Mais pourquoi choisir plus particulièrement une région avec une population majoritairement arménienne, d’autant plus aux frontières avec l’Arménie et la Turquie ?

Eh bien, la réponse est déjà donnée en partie ci-haut. A savoir « la présence militaire croissante de la Russie en Arménie ». Cette dernière étant effectivement un des alliés stratégiques de Moscou dans l’ex-URSS et plus généralement parlant dans l’espace eurasien. Plus que cela, l’Arménie abrite une base militaire russe sur son sol – la base de Gyumri – et fait partie intégrante de l’Union économique eurasiatique (UEEA), ainsi que de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) – des organisations à vocation géoéconomique, géopolitique et politico-militaire dont l’Occident politique, Washington en premier lieu, ne cache pas le désamour.

Et malgré le fait que depuis déjà plusieurs années l’establishment étasunien a activé les réseaux pro-occidentaux en Arménie, jusqu’à maintenant le pays est resté fidèle dans ses relations avec Moscou.

Cette idée donc de créer une présence militaire américaine supplémentaire et non-négligeable dans un pays sous contrôle des élites étasuniennes, en l’occurrence la Géorgie, permettant de mettre la pression sur l’Arménie qui reste encore un allié de la Russie, en basant cette présence dans une zone à forte population arménienne, n’est donc aucunement anodine. Mais ce n’est pas tout. Sachant que ladite région est à la frontière aussi avec la Turquie – la pression se fera donc également sur cet « allié » et membre de l’Otan, dont l’Occident politique ne peut plus tolérer la politique indépendante.

En effet, Ankara ne laisse plus dormir tranquilles ses supposés alliés otanesques, et ce depuis déjà plusieurs années. Que ce soit par rapport à ses relations stratégiques avec la Russie et l’Iran, notamment dans le volet géoéconomique influant de plus en plus sur le géopolitique, que dans la manière d’agir sans devoir rendre des comptes ni à Washington, ni Bruxelles.

Et là aussi ce n’est pas tout. Il s’agit évidemment aussi d’une nette volonté étasunienne de frapper les intérêts russes, comme iraniens, à un moment où l’Eurasie devient tout simplement une réalité géopolitique majeure dans un monde multipolaire, et dont le rôle de premier plan dans la résolution des principales affaires internationales est appelé à croitre. Au grand dam de Washington et de ses suiveurs.

Que cela reste une simple opinion d’un expert proche du pouvoir US, d’un avertissement ou d’une réalité prochaine, le fait est que l’espace eurasien est de toute façon appelé à être prêt à relever de nouveaux défis. Dans son ensemble. Car si effectivement certains pays ont accepté, à l’instar de nombre de pays de l’Europe bruxelloise, à être de simples instruments dans la politique étasunienne, les pays refusant cette réalité devront joindre leurs efforts en vue de contrer de nouveau le chaos et l’insécurité – caractéristiques de premier plan du pouvoir étasunien, et plus généralement des élites occidentales nostalgiques de l’unipolarité révolue.

Mikhail Gamandiy-Egorov

 

Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1215


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11 réactions à cet article    


  • njama njama 9 novembre 2019 10:59

    Oui il s’agit certainement pour le gouvernement US de faire pression sur la Turquie, le Congrès américain vient d’ailleurs de pratiquer une grossière manipulation mémorielle (grossière parce que de circonstance) en reconnaissant le 29 octobre dernier « le génocide arménien » ...

    https://www.huffingtonpost.fr/entry/genocide-armenien-reconnu-etats-unis-turqui_fr_5db8fbe2e4b066da5528bb3e


    • njama njama 9 novembre 2019 11:18

      l’Arménie qui reste encore un allié de la Russie

      C’était la simple logique historique vu que (une fois le démantèlement de l’empire ottoman réalisé) la France et l’Angleterre avaient abandonné les Arméniens à leur propre sort après la guerre 14-18. Les Arméniens n’avaient donc pas d’autre choix que de se rallier à la nouvelle URSS, suffit de regarder une carte pour s’en rendre compte, l’Arménie est enclavée et sans accès à la mer.

      Si les américains espèrent rayer de la carte un siècle de coopération avec la Russie ils vont se mettre le doigt dans l’œil !

      Un autre objectif connexe possible des US serait d’essayer de diviser les Arméniens et la diaspora arménienne sur la question syrienne car les Syriens arméniens sont patriotes ce qui n’arrange pas les affaires de cette coalition qui cherchait à renverser le régime syrien.


      • njama njama 9 novembre 2019 11:23

        Bachar al-Assad répond aux questions des Syriens sur le Nord du pays 31 octobre 2019

        Question : Mais alors, Monsieur le Président, quel est le problème avec les Kurdes, même avant la guerre ? Où réside le problème ?

        Président Al-Assad : Ces groupes existent depuis des décennies bien que nous les ayons soutenus en risquant d’en payer le prix par un affrontement militaire avec la Turquie, en 1998. À l’époque, nous les soutenions en partant de leurs droits culturels. De quoi nous accusent-ils ? Ils accusent l’État syrien et parfois le Parti Baas de chauvinisme, alors que lors du recensement de 1962 ce parti n’était même pas au pouvoir. Et maintenant, ils nous accusent nous-mêmes de priver cette frange de citoyens de ses droits culturels.

        Supposons que ces accusations soient fondées. Est-ce possible que je sois à la fois une personne ouverte et fermée [à la diversité] ? Est-ce possible que l’État soit à la fois tolérant et ouvert, intolérant et fermé [à la diversité] ? C’est impossible. Prenons l’exemple de la dernière frange de citoyens ayant intégré le tissu social syrien : celle des Arméniens.

        Les Arméniens ont toujours été des patriotes par excellence, cette guerre ayant indiscutablement confirmé ce fait. Il n’empêche qu’ils ont leurs propres églises, leurs propres associations et, sujet plus délicat, leurs propres écoles. Mais lorsque vous êtes invités à assister à n’importe laquelle de leurs célébrations, à l’occasion d’un mariage ou d’autres occasions -j’ai des amis arméniens et j’assistais à leurs fêtes en d’autres temps- vous les entendrez chanter des chansons de leur patrimoine, suivies par des chansons patriotes de dimension politique. Y a-t-il une liberté supérieure ? Et ce, en sachant que cette frange de la diaspora arménienne mondiale est celle qui s’est le moins dissoute dans la société environnante. Elle s’est intégrée mais elle ne s’est pas diluée et a conservé toutes ses caractéristiques.

        Pourquoi serions-nous ouverts ici et fermés ailleurs ? Parce qu’existent des propositions séparatistes et que nous voyons circuler des cartes faisant la promotion d’un Kurdistan syrien comme partie d’un grand Kurdistan. Nous avons le droit de défendre l’intégrité de notre territoire et de nous méfier des projets séparatistes, mais nous n’avons aucun problème avec la diversité syrienne. Au contraire, nous considérons que cette diversité est belle et riche. Une richesse qui signifie « force ».

        Cependant la diversité est une chose et la partition, le séparatisme et le dépeçage du pays en sont une autre absolument contraire. Tel est le problème.

        Source  : Vidéo sous titrée en anglais

        Entretien avec le président Bachar al-Assad :

        https://www.youtube.com/watch?time_continue=376&v=4QRd3TNNbLA

        Traduction de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca

         https://www.mondialisation.ca/bachar-al-assad-repond-aux-questions-des-syriens-sur-le-nord-du-pays/5638632


        • Albar Albar 9 novembre 2019 11:26

          En voulant s’en prendre aux pays musulmans, l’Amérique ne fait que creuser sa tombe, doucement mais certainement. Le temps joue contre eux.


          • njama njama 10 novembre 2019 18:20

            @Cyrus (TRoll de DRame)

            Ne mélangez pas tout, le Caucase du Sud est déjà assez compliqué...


          • sls0 sls0 9 novembre 2019 13:37

            De la façon que les USA ont laissé tomber les kurdes, pas sûr qu’il y ait des volontaires pour jouer avec des gens aux stratégies douteuses et douloureuses.


            • njama njama 10 novembre 2019 12:28

              Deux articles pour éclairer cette situation complexe issue de la guerre froide dans le Caucase du Sud

              La stratégie politique américaine en Azerbaïdjan
              Raphaëlle Mathey
              Dans Hérodote 2008/2 (n° 129), pages 123 à 143

              https://www.cairn.info/revue-herodote-2008-2-page-123.htm

              La politique américaine dans le Caucase
              Boris Eisenbaum
              Dans Les Cahiers de l’Orient 2011/1 (N° 101), pages 23 à 33

              https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-de-l-orient-2011-1-page-23.htm


              • njama njama 10 novembre 2019 12:42

                Ce paragraphe du second article pourrait résumer la stratégie globale américaine qui est de garder leur leadership mondial, ce qui confirme que les US ne poursuivent que leurs intérêts et refusent un monde multipolaire !

                « La politique américaine semble être directement inspirée des analyses de Zbigniew Brzezinski [4]. Reprenant à son compte les thèses géopolitiques de Mackinder [5] et Spykman [6], Brzezinski les adapte au nouveau contexte géopolitique issu de l’écroulement de l’Union soviétique. En dépit de sa prééminence mondiale, l’Amérique reste une île en marge du continent eurasien dont les ressources et la population dépassent de loin celles des États-Unis. Comme par le passé, la priorité de l’Amérique est d’empêcher l’émergence d’une puissance capable d’unifier sous sa coupe le continent eurasiatique. Dans le contexte post guerre froide, il s’agit de contenir la Russie le long de ses frontières en Asie centrale, dans le Caucase et en Ukraine. »

                [4]Brzesinski Zbginiew, Le Grand Echiquier, l’Amérique et le reste du monde, Bayard, Paris, 1997.
                [5] Mackinder, Halford John, The Geographical Pivot of History, The Royal Geographical Society, Londres, 1951.
                [6] Spykman, Nicholas John, The Geography of Peace, Harbourt, Brace and Co, New York, 1994.


                • njama njama 10 novembre 2019 12:49

                  Wikipedia « Caucase » reprend cette analyse qui explique également la stratégie américaine qui alimente le conflit en Ukraine.

                  Un échiquier politique

                  « Dès la fin des années 1990, la région acquiert une certaine importance dans la pensée stratégique américaine6. Le politologue américain Zbigniew Brzezinski met l’accent sur l’Azerbaïdjan et l’Ukraine comme « verrous » du continent eurasien. Dans la même veine, des programmes de coopération européens visent à désenclaver le Caucase et l’Asie centrale et à les relier aux marchés européens. Le TRACECA est un vaste programme institutionnalisé par plus de trente-deux États et treize organisations internationales, qui vise au rétablissement de la route de la soie. Le GUAM ex GUUAM7, une alliance souvent présentée comme une CEI alternative regroupant la Géorgie, l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et la Moldavie, est fondée en 1997 sous les auspices des États-Unis. En 1999 et 2000, la Géorgie est le troisième pays bénéficiaire de l’aide américaine par habitant, après Israël et l’Égypte8. »

                  https://fr.wikipedia.org/wiki/Caucase#Un_%C3%A9chiquier_politique

                  et les peuples dans tout ça, ils comptent pour des prunes !


                  • Spartacus Lequidam Spartacus 11 novembre 2019 08:56

                    Tiens un énième copié collé de propagande russophile....

                    Confondre Agoravox en site de revue de presse et site d’opinion personnelle.


                    • dr.jambon-beurre dr.jambon-beurre 12 novembre 2019 03:41

                      Ils vont essayer de dégager la Russie d’Arménie. Mais les arméniens voient d’un très mauvais oeil l’oncle sam et son allié turque qui menace la plupart des pays alentours.

                      L’Arménie est entre le marteau et l’enclume, cernée par des pays hostiles dont les frontières sont fermées à l’est et à l’ouest, pas d’accès direct avec son protecteur actuel, et une irrémédiable envie de ses adversaires de voir disparaître ce pays pour enfin réaliser le « pont » panturque avec l’azerbaïdjan.

                      Bref l’empire actuel en déclin est très amis avec les ennemis de l’Arménie, du coup les US font le forcing pour faire rentrer l’Arménie dans le droit chemin de la soumission à l’empire en déclin. Il faudra bien que les Arméniens comprennent que les intérêts US priment sur les leurs.

                      Les arméniens vont encore souffrir pendant quelques générations...

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Patrice Bravo

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