Bachar al-Assad répond aux questions des Syriens sur le Nord du pays 31 octobre 2019
Question : Mais alors, Monsieur le Président, quel est le problème avec les Kurdes, même avant la guerre ? Où réside le problème ?
Président Al-Assad :
Ces groupes existent depuis des décennies bien que nous les ayons
soutenus en risquant d’en payer le prix par un affrontement militaire
avec la Turquie, en 1998. À l’époque, nous les soutenions en partant de leurs droits culturels.
De quoi nous accusent-ils ? Ils accusent l’État syrien et parfois le
Parti Baas de chauvinisme, alors que lors du recensement de 1962 ce
parti n’était même pas au pouvoir. Et maintenant, ils nous accusent nous-mêmes de priver cette frange de citoyens de ses droits culturels.
Supposons que ces accusations soient fondées. Est-ce possible que je
sois à la fois une personne ouverte et fermée [à la diversité] ? Est-ce
possible que l’État soit à la fois tolérant et ouvert, intolérant et
fermé [à la diversité] ? C’est impossible. Prenons l’exemple de la
dernière frange de citoyens ayant intégré le tissu social syrien : celle
des Arméniens.
Les Arméniens ont toujours été des patriotes par excellence, cette
guerre ayant indiscutablement confirmé ce fait. Il n’empêche qu’ils ont
leurs propres églises, leurs propres associations et, sujet plus
délicat, leurs propres écoles. Mais lorsque vous êtes invités à assister
à n’importe laquelle de leurs célébrations, à l’occasion d’un mariage
ou d’autres occasions -j’ai des amis arméniens et j’assistais à leurs
fêtes en d’autres temps- vous les entendrez chanter des chansons de leur
patrimoine, suivies par des chansons patriotes de dimension politique. Y
a-t-il une liberté supérieure ? Et ce, en sachant que cette frange de
la diaspora arménienne mondiale est celle qui s’est le moins dissoute
dans la société environnante. Elle s’est intégrée mais elle ne s’est pas
diluée et a conservé toutes ses caractéristiques.
Pourquoi serions-nous ouverts ici et fermés ailleurs ? Parce
qu’existent des propositions séparatistes et que nous voyons circuler
des cartes faisant la promotion d’un Kurdistan syrien comme partie d’un
grand Kurdistan. Nous avons le droit de défendre l’intégrité de notre
territoire et de nous méfier des projets séparatistes, mais nous n’avons
aucun problème avec la diversité syrienne. Au contraire, nous
considérons que cette diversité est belle et riche. Une richesse qui
signifie « force ».
Cependant la diversité est une chose et la partition, le séparatisme
et le dépeçage du pays en sont une autre absolument contraire. Tel est
le problème.
Source : Vidéo sous titrée en anglais
Entretien avec le président Bachar al-Assad :
https://www.youtube.com/watch?time_continue=376&v=4QRd3TNNbLA
Traduction de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca
https://www.mondialisation.ca/bachar-al-assad-repond-aux-questions-des-syriens-sur-le-nord-du-pays/5638632