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Autopsie de la Démocratie occidentale

Pas de panique !

Abidjan, dans la nuit du 17 au 18 décembre, alerté par un bruit de moteurs et une voix tonitruante, j’aperçois par la fenêtre, une scène de rue insolite : une patrouille de l’ONUCI dont un tank militaire, pourchassée par un petit véhicule civil. De temps en temps émergeait de la portière de cette petite voiture un homme d’une voix forte et déterminée leur intimant l’ordre d’avancer…  Ce fait est confirmé par une dépêche de l’AFP du samedi 18 décembre 2010 : « … Une patrouille de l`Onuci qui effectuait ses tâches habituelles à Abidjan a été suivie par un groupe de six hommes armés vêtus de tenues militaires et se trouvant dans un véhicule civil. » 

Une déclaration lue le lendemain, à la télévision nationale par le porte-parole du gouvernement, nous informe que "Le président de la République de Côte d`Ivoire vient de demander le départ immédiat du territoire ivoirien de l`ONUCI et des forces françaises qui la soutiennent". Ce désaveu entérine le divorce du mariage de raison entre l’ONUCI et le pouvoir du Président Gbagbo Laurent.

L’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire est un échec total !

La Côte d’Ivoire est un tout petit pays.

Est-il pensable que les Nations unies, soutenues par les pays les plus puissants du monde, l’Union européenne, l’Union africaine, la CEDEAO[1], tous ensemble aient été incapables de résoudre le problème local d’un si petit pays ?

C’est à croire que le diagnostic initialement posé,  à savoir : « crise ivoiro-ivoirienne », n’est certainement pas le bon.  "L’Election présidentielle", ce remède miracle, imposé par la communauté internationale, loin de résoudre les problèmes, n’a fait que les amplifier. Actuellement, la tension sur le terrain est, certes,  extrême, mais ne cédons pas à la panique qui peut conduire au pire.  

Avant de continuer, lançons à nouveau un appel : à la communauté internationale, d’arrêter de s’agiter et de brandir menaces et sanctions. En Côte d’Ivoire les jeunes disent : "cabri mort n’as pas peur de couteau". Aux "jeunes patriotes" de chaque camp, c’est par l’amour que vous réussirez à libérer "votre pays". Désertez les champs de bataille qui ne mènent qu’au carnage inutile.

La crise, une chance pour la Côte d’Ivoire !

La Côte d’Ivoire est le théâtre d’une crise complexe dont le diagnostic n’a jamais été fait de façon complète et satisfaisante.

Il s’agit en fait d’un double problème politique et culturel : celui de la succession au pouvoir pour le fauteuil présidentiel d’Houphouët-Boigny[2], et celui du tribalisme. La course au pouvoir et le tribalisme se jouent sur une toile de fond qui constitue, en réalité, le problème le plus important à résoudre : la colonisation.

Encore, me diriez-vous ! Ces Africains décidément font une fixation sur le passé ! En quoi le colonialisme pose-t-il encore problème pour des pays indépendants depuis plus de cinquante ans ?

Tranquillisez-vous, je ne vous traînerai pas dans le procès bassement moral, de condamnation du colonialisme. Je n’ai absolument rien contre la colonisation qui est à mon sens un fait social tout à fait naturel. L’on trouve bien au stade minéral, végétal et animal des phénomènes qui s’apparentent bien à la colonisation. Rien a en dire si les choses se passent normalement. Quand les Romains ont colonisés les Gaulois, il s’est produit une absorption réciproque pour se fondre en un peuple de Gallo-Romains. Plus tard dans l’histoire, les Francs, tribus barbares venues des régions germaniques, ont colonisé les Gallo-Romains. Gaulois, Romains et Francs sont devenus des Français. Tous, intégrés en un peuple partageant les mêmes malheurs et les mêmes bonheurs. Tout à fait normal, les problèmes de la colonisation se dissolvent dans l’intégration. C’était aux temps anciens de la civilisation agraire. En revanche, les colonisations modernes des Amériques, d’Asie et d’Afrique ont subies un schéma différent. Notamment les colonisations du 18e 19e siècle qui ont connues une trajectoire surprenante : le colonisateur, après avoir absorbé les colonisés, les a vomis aussitôt comme des déchets infects. Mauvaise digestion qui contraint à la "dichotomie et double frénésie"[3]  N’est-ce pas cela qu’on nomme la schizophrénie ?

Une schizophrénie qui nous impose sa loi implacable de "fragmentation et exclusion".

L’Afrique, aussitôt colonisée, est immédiatement soumise à une dissection. Le 26 février 1885, prend fin la conférence de Berlin. « Considéré par les Européens comme une terre sans maître, l'immense continent noir est partagé comme une vulgaire tarte aux pommes... sans que les habitants, pas plus que les pommes, aient leur mot à dire.  »[4] Soyons vigilant à l’égard de cette dernière citation. Si nous n’y prenons garde, nous risquons de basculer dans la position sentimentale et morale que nous voulons justement éviter. Ce qui doit être mis en cause ici, ce n’est pas la colonisation qui, tout compte fait, n’est pas mauvaise puisqu’elle génère des bénéfices hautement appréciables. Ce qui est en cause, c’est la "division et l’exclusion" des Africains du partage. Même l’Indépendance des pays africains, s’avère encore une forme ingénieuse d’exclusion. "L’Indépendance est une exclusion du partage des bénéfices de la colonisation", dit Mory Traore dans son film Côte d’Ivoire Terre d’Espérance .

"La crise en Côte d’Ivoire n’est ni plus ni moins qu’une colonisation mal digérée"[5].  Nous voyons là, qu’il s’agit d’un problème mondial qui dépasse la seule Côte d’Ivoire.

Ce problème d’indigestion aurait dû être résolu par les leaders de la civilisation industrielle. Ils en ont été incapables. L’Afrique du Sud, où le problème s’est posé dans des termes clairs grâce aux Afrikaners, a été un moment de l’histoire, le foyer privilégié de luttes pour la résolution du problème. Malheureusement nous avons tous fait l’erreur d’identifier l’apartheid à l’Afrique du Sud, en feignant d’ignorer que l’apartheid est un système mondial qui sévit aussi bien en France, aux Etats Unis d’Amérique, qu’en Cote d’Ivoire. Résultats de cette erreur, après la libération de Nelson Mandela et la prise du pouvoir politique par l’ANC[6], on a décrété la fin de l’Apartheid. Certains observateurs reprochent justement à Mandela, l’idole mondial, d’avoir capitulé trop vite et conduit le peuple à jouer la comédie de la réconciliation, alors que l’apartheid en tant que système mondial, est loin d’avoir été démantelé, et sévit encore en Afrique du Sud, sous ses formes les plus insidieuses. Les tribus ne sont toujours pas intégrées et la majorité des Noirs croupissent dans une misère sans nom. Le "Noir" ne comprend pourquoi il a pu être victime de tant de sauvageries. Le "Blanc" est convaincu que si quelqu’un lui fait ce que lui-même a fait au "Noir", jamais il ne pourra le lui pardonner. Le pays arc-en-ciel ! Hormis quelques naïfs, personne n’y croit. "NOTHING BUT THE TRUTH" (Une vérité Sud-Africaine), c’est le titre de l’excellent film de John Kani, thermomètre exact qui nous restitue la température de l’Afrique du Sud d’aujourd’hui. Ce film en compétition au FESPACO 2009, méritait "l’Etalon du Yenenga". Je vous le recommande vivement, quand vous le verrez, vous saurez pourquoi il n’a pas été primé et vous comprendrez aussi ce que je veux dire. Le "miracle" démocratique de 1994, risque de n’être qu’un mirage. Le degré de tension et d’insécurité y est très élevé. Jacob Zuma, ce personnage politique, disqualifié par la loi du "Blanc" et contraint à la démission en tant que Vice-Président, est en ce moment l’homme providentiel, le bien venu, pour retarder une probable explosion à laquelle s’attendent les observateurs avertis. C’est sur cette Afrique du Sud que l’Occident veut s’appuyer pour pérenniser en Afrique, le "dragon" de l’apartheid toujours vivant.

La Côte d’Ivoire reprend le combat là où Nelson Mandela l’a arrêté. Lourde mission ! Plutôt que de se lamenter de cette crise, nous ferions mieux de remercier les dieux. Souvent, quand ils déversent sur nous un déluge de problèmes, c’est pour nous donner l’occasion de devenir plus grands qu’on ne l’est.

Effets invisibles de l’Ecriture

Nous soutenons que les effets indésirables de la colonisation industrielle, à savoir la "division et exclusion" (ou l’apartheid), ne sont pas des fatalités inhérentes à la colonisation elle-même.  

Dans ce cas, à quoi donc se rattacheraient la "division et exclusion" ?

Pour répondre aisément à la question, nous allons nous servir de l’éclairage de Marshall McLuhan[7], sur les recherches des effets du médium. Pour l’auteur de “La Galaxie Gutenberg[8] et de “Pour Comprendre les Média”, la “division et exclusion” sont des effets inévitables de l’écriture, notamment l’alphabet phonétique gréco-romain, associé au papier. Nul besoin de démonstration pour vous faire admettre que le papier est aussi tranchant qu’une lame de rasoir. En revanche, il ne sera pas aisé de vous convaincre de la même chose quant à l’alphabet, et pourtant ! Essayons néanmoins sans nous décourager.

L’alphabet phonétique romain est une des écritures les plus extraordinaires et des plus efficaces. Economie de moyens : avec seulement vingt six lettres nous pouvons représenter les sons de toutes les langues du monde. Il ne s’agit pas ici d’être pour ou contre l’alphabet, mais simplement d’énumérer certains de ses effets. 

Toute réalité phonique traduite en alphabet subit une fragmentation en particules alphabétiques. La représentation de la plus petite unité sonore, la syllabe, est parfois subdivisée en consonne et voyelle. Vous voyez donc le haut niveau tranchant de l’alphabet ! Un des premiers effets de ce médium est l’effet négatif : l’alphabet phonétique exclue les vibrations sonores qu’il est sensé représenter. Donc, effet d’exclusion. Le second effet est le changement de nature : ce qui est auditif change de nature et devient visuel.

Quand nous transposons n’importe quelle réalité en alphabet, cette réalité subit "fatalement" les lois de l’alphabet qui sont : la fragmentation, la division, l’exclusion, le changement de nature, etc.

Fausse démocratie

La colonisation moderne, par la force du canon et de la bombe atomique, a imposé au monde entier la "Démocratie" occidentale qui, du fait de son support, le papier, et de l’alphabet, est une fausse démocratie.  Veuillez m’excuser si l’expression : "fausse démocratie" vous choque. Vous avez en face de vous votre femme ou votre mari (en chair et en os) et sa photographie sur papier. De ces deux réalités, l’une est vraie, et l’autre est fausse. Si vous persistez à chercher une quelconque vérité sur la réalité de papier, c’est que vraiment, vous êtes tombé sur la tête ! Admettez que votre femme (ou votre mari) et sa photographie, sont de natures différentes.  La première est une réalité humaine, la seconde, une réalité de papier. Il en est de même pour la démocratie.

La vraie démocratie est née dans la Grèce antique en 507 av. J.C., à une époque où la paix était constamment menacée. Des conflits d’intérêt à n’en pas finir, entre la bourgeoisie enrichie par le commerce, l’aristocratie, la noblesse et les paysans. Les eupatrides (biens nés) propriétaires terriens, "demandent au paysans 5/6e de la récolte. Dans les mauvaises années, les paysans s’endettent, et s’ils ne peuvent payer leurs dettes, leurs terres sont confisquées et ils deviennent esclaves." L’on devenait esclave à tour de bras, la société athénienne était ingérable. La démocratie, gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, fut une trouvaille extraordinaire. Cette nouvelle forme d’organisation sociale, la démocratie directe qui intègre toutes les tribus dans une relation égalitaire de citoyens, a permis à la cité de régler ses problèmes et de vivre en paix. La démocratie s’est donc imposée par la force de la démocratie elle-même. Sa capacité à résoudre les problèmes sociaux, économiques et politiques, son efficacité réelle était un argument suffisant pour convaincre. Ce n’est malheureusement pas le cas de la démocratie moderne qui est une démocratie représentative. "Forme de gouvernement dans lequel les citoyens expriment leur volonté par l’intermédiaire de représentants élus à qui ils délèguent leurs pouvoirs". C’est ainsi que les dictionnaires définissent la démocratie représentative en ignorant totalement que le premier représentant des citoyens est le papier (non choisi par le peuple). Les élus votent des lois et créent des institutions. Il s’agit en fait d’une démocratie institutionnelle dans laquelle le papier et les institutions (non élus par les citoyens) s’imposent à tous et peuvent entraîner le peuple, de façon mécanique, dans des aberrations dont il n’a pas la solution.  

Les Occidentaux eux-mêmes savent que leur "Démocratie", c’est-à-dire la démocratie institutionnelle, qu’ils assimilent faussement à la démocratie humaine de l’ère agraire, est finie. "Parce que nous n’avons rien connu d’autre, les mots démocratie, politique, liberté définissent notre horizon mental, mais nous ne sommes plus certains d’en connaître encore le sens réel, et notre adhésion relève désormais davantage de l’action réflexe que de la réflexion."[9]

Le problème des Occidentaux est "… qu’héritiers de l’âge des lumières", ils sont "des héritiers amnésiques"[10]. Ils ne savent plus d’où ils viennent, encore moins où va le village planétaire. Ils ont la vague sensation que les bonnes réponses aux questions actuelles, ne peuvent venir que d’Afrique. En ce sens, l’élection d’un "Africain", Barack Obama,  à la tête du plus puissant empire occidental, préfigure un appel au secours. L’Afrique est désormais le terrain où se joue l’avenir de l’humanité dont la plus grande souffrance vient de la "division et exclusion".   

Au royaume du dieu papier, la tricherie est la règle.

Avant les élections présidentielles, Gbagbo Laurent avait réussi par son "dialogue direct" à s’allier tous les acteurs de la crise. Tous les partis politiques se retrouvaient dans son gouvernement, y compris les rebelles. Le seul problème majeur qui restait à résoudre est la misère des populations, du peuple qui ne réclamait aucune élection. Les "rebelles", les partis politiques et la "communauté internationale" prétendent toujours servir les intérêts du peuple. Si cela est vrai, qu’est-ce qui donc les empêchait de s’atteler à la tâche ?

Le fait d’avoir poussé les pauvres acteurs à des "élections démocratiques ouvertes, justes et transparentes", n’a apporté que divisions et exclusions des acquis du "dialogue direct".

La base de la démocratie (occidentale) est la sacro-sainte Constitution écrite dont on dit qu’elle est l’expression du peuple. Admettre ce grossier mensonge signifie que nous sommes prêts à gober des mouches, à avaler n’importe quoi, quand on sait que les populations africaines sont à 80% analphabètes. Les élections modernes ne peuvent en aucun cas être "démocratiques", "ouvertes", "justes" et "transparentes". Elles sont fermées au peuple analphabète qu’elles exclues injustement et l’obligent de façon arbitraire à transférer son pouvoir à un papier qui est l’objet de tous les trafics et de toutes les tricheries.

Au royaume du dieu papier, la tricherie devient la règle. Les deux Présidents élus, le constitutionnel et le certifié, s’accusent mutuellement de fraude.

Si la tricherie se limitait aux deux candidats, ce ne serait qu’une petite tricherie.

Dans la fausse démocratie occidentale, le problème de la tricherie est multiforme et de grandes envergures.   Les choses les plus simples sont parfois les plus difficiles à expliquer. Permettez-moi une petite déviation en utilisant des graphismes et des chiffres.

Prenons la carte géographique de la Côte d’Ivoire, considérons que la totalité de la surface, 100%, représente la totalité du peuple 100%.

Le peuple qui élit son président, lui transfère 100% de son pouvoir.

Or la démocratie repose sur la constitution écrite. L’exercice et la participation à cette démocratie sont conditionnés par l’usage de l’alphabet et du papier. Pour que le président élu profite de 100% du pouvoir du peuple, il est impératif que ce peuple soit à 100% alphabétisé, or nous savons que le peuple est à environ 80% analphabète. En réalité, le président élu ne devrait pesé que 20% qui représente le pourcentage de la gente alphabétisée. S’il profite des 100%, c’est par usurpation du pouvoir des 80% de citoyens analphabètes exclus du marché politique.

Danielle Claverie Boni, l’ancienne Ministre de la Communication d’Houphouët-Boigny, dans un journal local, parlant de la répartition du produit pétrolier extrait du sous-sol ivoirien, disait ceci : _ Quand on extrait du sous-sol ivoirien 100 fûts de pétrole, 88 fûts sont automatiquement la propriété des grandes puissances financières qui on investi, et 12 fûts seulement reviennent à la Côte d’Ivoire. Evidemment ces chiffres fluctuent à la hausse ou à la baisse. Acceptons ces chiffres comme tels, et représentons graphiquement à l’intérieur de la carte de la Côte d’Ivoire, 88% correspondant à la part des grandes puissances financières, et 12%, la part de la Côte d’Ivoire. Dans cette situation, il est clair que ce sont les puissances étrangères détentrices des 88% qui ont le pouvoir réel sur la Cote d’Ivoire sans que le peuple en soit informé ou prévenu. Le peuple qui croit transférer à son Président 100% de pouvoir a été en réalité spolié à son insu de 88% de son pouvoir. Autant de choses à rectifier pour obtenir un minimum de dignité humaine.

Tout pays africain soucieux d’intégrer la totalité du peuple au processus démocratique devrait renoncer à l’usage de l’alphabet et du papier comme moyens exclusifs de consignation des règles constitutionnelles. Le support des règles d’une société humaine doit être principalement un support humain et secondairement un support de notation numérique multimédia. Nous vivons actuellement une époque multimédia, l’alphabet et le papier sont désormais anachroniques.

Gbagbo Laurent ne partira pas

Le premier mérite de Gbagbo Laurent est d’avoir introduit le multipartisme en Côte d’Ivoire, et d’avoir poussé le peuple à aller le plus loin possible dans l’application de la démocratie moderne  qui est une fausse démocratie.

Cela, Gbagbo Laurent en est très conscient et c’est justement ce qu’il récuse : cette fausse démocratie qui donne un faux pouvoir de "Président africain", "petit paravent", manipulable et corvéable à merci. 

Souvenez-vous de son intervention à Kléber faisant le point sur la situation après Marcoussis, je cite de mémoire : "Le Président de la République française, Monsieur Jacques Chirac, a convoqué les Présidents des pays indépendants que nous sommes. Il nous demande d’entériner un texte fait en dehors de nous à Marcoussis. Dans cette situation, si je n’étais pas à la place que j’occupe, je descendrais immédiatement dans la rue…" Les jeunes sont descendus immédiatement dans la rue à Abidjan. On ne peut accuser Gbagbo Laurent de s’accrocher à un tel pouvoir dont il ne veux justement pas. Gbagbo Laurent n’est pas un dictateur, son comportement n’est pas une erreur mais une critique de la fausseté. Vouloir le faire partir est une diversion. Lui et moi disons la même chose chacun à sa manière. Il y a deux façons de critiquer une chose : de façon théorique en se plaçant à l’extérieur, ou de façon pratique en l’appliquant strictement de l’intérieur. Gbagbo Laurent pose problème, c’est le problème que nous devons chercher à résoudre et non demander à Gbagbo Laurent de partir. Il est à la recherche d’une démocratie vraie qui donnera à toute l’Afrique plus de dignité humaine et cette humanité rejaillira sur le monde entier. C’est notre attente à tous.

Eu égard à cela, Gbagbo Laurent a gagné, il serait ridicule de notre part de faire des comptes d’épicier là ou l’humanité est en jeu.  Mettons-nous, tous ensemble, au travail. Réfléchissons et créons.

Le second mérite de Gbagbo Laurent sera de conduire le peuple grâce au dialogue direct dont il a le secret, vers une vraie démocratie humaine directe, forte et généreuse.

La question du tribalisme sera l’objet d’un prochain article.  

Par Yrom.

Conseiller en Veille Technologique et Culturel.

Abidjan Côte d'Ivoire Afrique

[1] Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest.

[2] Premier Président de la Côte d’Ivoire indépendante depuis 1960 jusqu’en 1993, date de son décès.

[3] Henri Bergson, Les deux sources de la Morale et de la Religion, Paris, PUF, 1932.

[5] Phrase extraite du film documentaire Côte d’Ivoire Terre d’Espérance, de Mory Traore, Abidjan, Production CARAS, 2005.

[6] African National Congress.

[7] McLuhan, Marshall. 1968. “Pour Comprendre les Média”. Paris : Mame/Seuil. 

[8] Titre original : The Gutenberg Galaxy : The Making of Typographic Man, University of Toronto Press, 1962.

[9] Guéhenno, Jean-Marie. 1993. La Fin de la Démocratie. Paris : Flammarion.

[10] Id.


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8 réactions à cet article    


  • Robert GIL ROBERT GIL 3 février 2011 10:46

    Entre le 19ème et le 20 ème siècle, les européens ont pillé les ressources et les richesses de l’Afrique. Les crimes coloniaux sont nombreux : division des ethnies par des frontières artificielles, ségrégation raciale, assassinats, déportations, travaux forcés, expropriations … Les routes et autres infrastructures ont été construites dans le but de favoriser le pillage et le transport des matières premières, mais aussi de faciliter l’acheminement des forces armées. Leur construction a été faite par les africains soumis trop souvent à de véritables travaux forcés. L’esclavagisme a fait la prospérité des grandes villes comme Bordeaux, Nantes, La Rochelle, Saint-Malo etc. et de véritables fortunes ont été bâties ! voir article

    http://2ccr.unblog.fr/2010/12/05/afrique-terre-de-pillages/


    • Sauvage Sauvage 3 février 2011 13:44

      @ Marc... : votre argumentaire néorevisionniste a fait son temps et ne réussira aucunement a relativiser le fait colonial.

      Au nom de la puissance de l’Empire Français, la colonisation a institutionnalisé l’esclavage, en transformant des humains en matière première et main d’oeuvre corvéable à merci.

      La souffrance, l’oppression, l’humiliation et la torture ont ponctués cette colonisation. Les africains ont non seulement été privés de la jouissance de leurs terre, matières premières, mais également d’un développement économique, culturel et social, réduit à l’état d’esclaves pendant des siècles. Par ailleurs, la traite arabo-musulmane, en 10 siècles, n’a même pas fait la moitié des victimes de la traite occidentale ! Renseignez-vous avant de parler !

      La colonisation française baffouait allégrement les droits d’être humains élémentaires alors même que la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 proclamait ceci :

      « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société, la jouissance de ces mêmes droits. »

      Vous dites : « De toute manière, les Africains n’en avaient pas l’utilisation. A l’origine, ils ignoraient même posséder des richesses ou que ce qu’ils possédaient étaient des richesses. »

      Et qui êtes vous exactement pour venir vous accaparer sur le territoire d’autrui de richesses qui ne vous appartiennent pas ?
      C’est à cause de la mentalité de gens comme vous, sans scrupules et viscéralement avides de pouvoir et richesses, que des éthnies, minorités, espèces animalières et végétales ont été anéanties.

      En vous accaparant par le vol de biens qui ne vous appartenaient pas, vous et vos aïeux, que avez contribués à la desctruction de l’environnement de cette Planète.
      La puissance occidentale est basée sur le sang d’innocents.

      Je vous laisse à votre argumentaire putride.




    • Sauvage Sauvage 3 février 2011 17:41

       Mes arguments vous font hausser les épaules ?

      Est-ce votre cynisme repu ou votre anesthésie à toute forme d’émotions ou misère humaines qui vous font hausser les épaules ? —> Cynisme et anesthésie émotionnelle assez courante d’ailleurs en Occident...

      Mon affirmation est tirée du « Petit précis de remise à niveau sur l’histoire africaine à l’usage du président Sarkozy », recueil synthétisant des décennies de recherches universitaires sur l’esclavage (les esclavages, devrais-je dire) et la colonisation.

      Je vous indiquerai dès que possible le paragraphe exact et la source bibliographique qui l’affirme (c’est une étude anglophone de 2007 sur la réactualisation des données démographiques africaines, brassées par la traite arabo-musulmane).

      Et pour finir, parlons des esclavages, je vous l’accorde. Mais l’horreur d’un esclavage ne saurait éclipser un autre esclavage. Il n’y a pas de rivalité et de question type ‘quel esclavage a été le plus atroce : l’occidental ou arabo-musulman’ ? Tout comme il n’y aucune concurrence possible entre esclavage et soah. Un crime contre l’humanité reste un crime contre l’humanité. Surtout lorsque son étendue sur des siècles privent des populations entières de développement. Contrairement aux théories réactionnaires et risiblement racistes de certains courants français, il y a une cause a effet directe entre le retard du développement économique et culturelle des anciennes colonies françaises et l’esclavage et colonisation de l’Empire français.

      Et je suis d’accord avec vous, ou qq1 qui l’a dit plus haut : ce sont les espèces les plus futés et dominatrices qui gagnent. Mais le constat est qu’aujourd’hui ces dominants anéantissent tout sur leurs passage, y compris la nature : vous commencez donc à entendre les porte-paroles des faibles et opprimés.

      Cela vous fait hausser les épaules, n’est-ce pas ? Mais c’est que morale, honneur ou idéalisme ont toujours sonnés creux aux oreilles des cyniques nihilistes smiley

      Cordialement,


    • Cogno2 3 février 2011 10:51

      Je vais juste réagir la dessus :

      Quand les Romains ont colonisés les Gaulois, il s’est produit une absorption réciproque pour se fondre en un peuple de Gallo-Romains.

      Ce sont les vainqueurs qui écrivent l’Histoire, et la version léguée par Rome est encore enseignée de nos jours.
      Heureusement, certains tentent de remettre les choses en place, on tente de redécouvrir qui étaient ces peuples anéantis ou soumis par Rome, qui étaient ces « barbares » qui en fait n’en étaient pas.

      Tout ça pour dire que votre refrain que la colonisation est totalement dénué de sens et de vérité.


      • diego149 diego149 3 février 2011 15:00

        « Les hommes naissent libres et égaux en droit... »
        Ah bon !!!! Ca se passe dans quel pays ça ???


        • Sauvage Sauvage 3 février 2011 15:28

          è Justement, Aucune ! Les puissances occidentales se disent fondatrices des Droits de l’Homme. Mais au fil des siècles, ces puissance occidentale se sont arrogées le droit d’apporter par la force et la violence à des civilisations qui ne leurs ont rien demandé, au choix, la ‘civilisation’, la religion, la démocratie et état de droit au 20 et 21ème siècle.

          Alors qu’il s’agit en réalité de grossiers prétextes pour continuer la spoliation organisée de pays africains, tout en maintenant et soutenant les corruptions étatiques, politiques structurelles dévastatrices sur les économies africaines (dette, faim ou PAC), présences militaires et onusiennes ou financements de mercenariats et rebellions…

          Les puissances occidentales se disent humanistes et démocrates ? Eh bien qu’elles répondent de leurs crimes passés et présents contre l’humanité !

          Autrement, pas la peine de venir faire la morale à autrui et dévaster un continent par la guerre au nom de valeurs qu’ils ne respectent pas déjà eux-mêmes. Continent suffisamment meurti comme ça par la destruction, ne croyez-vous pas ?

          Nord ou Sud, on est, chacun à notre façon, une bande de sauvages cons, égoïstes et cupides. La vie humaine est toujours passé, et continue a passer après les intérêts financiers.

           


        • le moine du côté obscur 3 février 2011 19:21

          Personnellement je pense que la démocratie n’est quelque chose de bien que quand elle est appliquée à un peuple éduqué, conscient de ses droits et de devoir autrement elle n’est qu’un exercice de manipulation. Vous auriez du suivre la campagne électorale elle était à vomir. Beaucoup de mes abrutis de compatriotes se focalisent sur le fait qu’Alassane Ouattara n’est pas ivoirien pour lui vouer une haine puérile et stupide. C’est à dire que même si Alassane Ouattara avait les meilleures intentions du monde (il ne les a pas ne nous leurrons pas) ils n’auraient pas voté pour lui mais pour celui qu’ils considèrent comme « leur frère », le tribun Laurent Gbagbo. Laurent Gbagbo je n’aime pas cet homme pas plus que je n’aime ses « amis » Ouattara et Bédié. Et d’ailleurs les ivoiriens commencent à se dire que Gbagbo et Ouattara sont deux amis qui profitent de la chienlit pour s’enrichir et enrichir leurs clans respectifs. Gbagbo fut habilement utilisé par Mitterand pour destabilisier Houphouët et pousser ce dernier à céder au multipartisme. A aucun moment à ma connaissance Gbagbo n’a oeuvré pour développer l’éducation et l’aide à l’émancipation intellectuelle de la jeunesse ivoirienne. Au contraire lui et sa clique ont appris aux jeunes ivoiriens à mentir, tricher et à préférer la ruse destructrice à l’effort sincère et constructif. Le résultat est dramatique, le clan Gbagbo n’a rien à envier au clan Ben Ali (je caricature presque), la police et l’armée sont corrompues. Vous pensez que Ouattara est assiégé dans son bunker ? Mais il suffit de glisser quelques billets aux soldats de l’armée de Gbagbo et tout rentre dans le QG de Ouattara, prostituées et divers biens. La situation en Côte d’Ivoire commence à ressembler à une farce sinistre. Gbagbo clame à qui veut l’écouter qu’il veut l’indépendance de l’Afrique et de la Côte d’Ivoire. Rêver c’est beau mais que fait-il concrètement dans ce sens et avec quoi va-t-on pouvoir jouir ou pouvoir mettre en pratique concrètement cette indépendance ? Est-ce en laissant ses proches construire des châteaux et rouler dans de grosses cylindrées payées à l’occident qu’il va atteindre cette indépendance ? Cet homme pour moi est une farce, un clown, une caricature vivante et un pion de l’occident. Il n’est selon moi guère mieux que des personnes comme Besancenot qui crient pour endormir les personnes qui rêvent d’un autre monde. 


          • maiwara 26 février 2011 20:11

             

            Yrom, Merci pour la publication de ton texte qui maintenant appartient à ceux qui le lisent.


            1) Voici ce que j’ai compris de ton texte, ai-je bien compris ?


            La Côte d’Ivoire souffre d’une crise de démocratie fondée sur des textes écrits, la Constitution et le bulletin de vote, sources de division et d’exclusion. Elle est donc secouée de convulsions d’accession au pouvoir suprême et de convulsions de tribalisme. La dignité humaine est mise à mal par cette forme de gouvernement du peuple par le papier écrit ou encore démocratie institutionnelle.


            Cette forme de démocratie confère un faux pouvoir au représentant suprême élu puisque le vrai représentant suprême est le papier écrit. La fausseté du pouvoir suprême est consubstantielle du pouvoir de fausseté de l’écriture, de l’opacité du texte écrit et de l’inadadéquation d’élections dans le contexte d’électeurs à 80% analphabétes. Cette fausseté est donc mère de toutes les tricheries.


            Le candidat à une élection qui a compris que la démocratie représentative est basée sur toutes ces faussetés est celui qui a réellement gagné les élections quelque soient les calculs mesquins des bulletins de vote. Voilà pourquoi il prend le droit de conserver le faux pouvoir qui n’est pas un pouvoir. La fin justifiant les moyens, de sa fausse position de président africain, il montre à son pays et au monde entier à quel point la démocratie transcrite sur papier héritée du colonisateur est fausse.

            Il passe simultanément de la tricherie à la vertue car il cherchera la vraie démocratie. Il continuera le dialogue direct (représentation des différentes parties du pays-partis politiques et rebelles-dans le gouvernement) déjà utilisé par lui, pour conduire le peuple vers une vrai démocratie directe.


            2)Tu proposes que soient abolis le recours unique au texte écrit sur papier dans l’organisation des sociétés humaines, et moderne que tu es il faudrait adopter également des moyens numériques multimédia. OUI, le plus important étant que les moyens d’expression humains soient mis sur le même plan d’égalité.


            3) Pourrais-tu répondre à mes questions ci-dessous afin d’instaurer un dialogue entre auteur et lecteurs réagissant ? Les opinions des autres à mes réactions m’intéressent mais pas davantage que les tiennes.


            1. Mais en attendant que le détenteur du faux pouvoir démocratique institutionnel trouve et instaure la vraie démocratie directe, comment s’appelle ce pouvoir qu’il décide seul d’éxercer ?


            1. Pourquoi n’y aurait-il que deux façons de critiquer une chose ?


            1. Quand il créait le multipartisme au sein d’une démocratie institutionnelle, avait-il déjà découvert la fausseté de sa création ?


            1. Si le pays est malade, pourquoi celui qui resterait au faux pouvoir ne serait pas malade ?


            1. Pourquoi faut-il faire du détenteur d’un faux pouvoir un messie ?


            1. Que cache cette espérance excessive en une personne dont le dialogue direct n’a jamais intégré toutes les parties du pays mais seulement certains partis et les rebelles ? Les conseillers en Veille Technologique et Culturelle y étaient -ils représentés, par exemple ?


            1. Est-ce seulement à la faveur de cette dernière élection présidentielle que le détenteur-du-faux -pouvoir-qui-ne-veut-pas-du-pouvoir a compris que la démocratie représentative n’est pas adaptée à son pays ?


            4) L’ acte démocratique de Laurent Gbagbo que j’ai pu observer a été la mise sur pied en 2001 du Forum de la Réconciliation Nationale après son accession au pouvoir présidentiel dans des conditions calamiteuses comme il le disait lui-même. Qu’a-t-il fait des paroles exprimées par les très nombreuses composantes du pays présentes durant ce Forum retransmis en direct à la télévision ?



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