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Belem - Le Forum social mondial est-il ou dépassé ou trop soumis ?

Belem, au cœur de l’Amazonie. Comme il fallait s’y attendre, la crise financière a largement dominé les débats au Forum social mondial de Belem. Mais le Forum, né à Porto Alegre, fut l’occasion, pour le peuple amazonien, de s’inviter cette année : ils étaient des milliers d’Indiens, notamment des neuf pays pan-amazoniens (Bolivie, Brésil, Colombie, Équateur, Guyana, Pérou, Surinam, Venezuela et Guyane française) et des 49 tribus de l’État amazonien du Para, dont Belem est la capitale. Ils ont lancé un cri d’alarme : « L’Amazonie pourra toujours être sauvée si les peuples indigènes et leurs préoccupations sont écoutés. Parce que nous on vit dans notre propre chair ce qui est en train de se passer en Amazonie  ». L’Amazonie, qui abrite le plus grand réservoir de biodiversité au monde et joue un rôle essentiel dans l’équilibre climatique de la planète, a, en 40 ans, perdu 17% de ses arbres. « Pour Lula et son gouvernement, l’écologie représente surtout un obstacle au développement », a affirmé le chantre de la théologie de la libération, Leonardo Boff.

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Près de 100 000 activistes de gauche et écologistes ont participé à la septième édition du Forum social mondial (FSM), soit six jours de débats et de manifestations (plus de 2.000 débats par des centaines d’organisations). Les présidents du Brésil, Luiz Ignacio Lula da Silva, de l’Équateur, Rafael Correa, du Paraguay, Fernando Lugo, du Venezuela, Hugo Chavez et de la Bolivie, Evo Morales, étaient sur place, contrairement au passé où les chefs d’État n’étaient pas invités. Lula da Silva a, malgré qu’il n’est pas, aux yeux des altermondialistes, dans l’esprit de la rupture, expliqué en ces termes la présence des chefs d’État : « aucun de nous n’a été choisi par l’élite, nous sommes l’émanation des mouvements sociaux, des syndicats et des revendications indigènes ». Le Brésil, à lui seul, a consacré 50 millions de dollars à cette réunion. Lors de la première rencontre des quatre chefs d’État avec l’assemblée générale, Lula a clairement été exclu, les mouvements sociaux ne souhaitant pas le faire paraître comme un chef d’Etat de la « rupture ».

« J’espère que les gouvernements suivront les mouvements sociaux et non pas que les mouvements suivront les gouvernements », déclarait, à l’AFP, Gina Vargas, une sociologue et féministe péruvienne, critiquant la « proximité » de nombreux mouvements avec les gouvernements de gauche en Amérique latine, comme celui d’Hugo Chavez.« Si le Forum social mondial (FSM) ne donne pas de réponses à la crise du néo-libéralisme, pour obtenir la paix dans le monde et pour instaurer des modèles de substitution, il sera dépassé », craint le philosophe brésilien Emir Sader.

Le paysage s’assombrit. Le constat se résume, encore une fois, à cette déclaration d’Hugo Chavez : « Nous assistons à une crise du système capitaliste mondial et des choix économiques irresponsables du gouvernement des États-Unis ». Et Chavez de poursuivre : « La misère, la pauvreté et le chômage sont en augmentation, et cela est pour l’essentiel la faute du capitalisme mondial ». Et Lula da Silva a renchéri : « Le monde développé nous disait ce que nous devions faire en Amérique latine. Ils semblaient infaillibles et nous incompétents (…) Ils nous ont dit que le marché développerait les pays. Et ce marché a fait faillite par manque de responsabilité et de contrôle ».

Evo Morales a prévenu les altermondialistes que si les peuples du monde ne sont pas capables d’enterrer le capitalisme, le capitalisme enterrera la planète. Il convient toutefois de ne pas occulter, dans ces forums, certaines décisions contestées du président du Brésil, pays hôte du Forum, qui sont peu orthodoxes avec la pensée altermondialiste : il faut rappeler l’importance mise par l’État brésilien sur les biocarburants et les exportations de la viande de bœuf, entre autres choses. Et ces grands projets de centrale hydro-électrique de plusieurs milliers de mégawatts en Amazonie. Dans la seule Amazonie brésilienne vivent 25 millions de personnes.

Un représentant de l’ONG brésilienne Commission pastorale de la terre déclarait à Swiss Info : « dans une région que nous avons examinée de près, nous avons constaté un lien direct entre la violence rurale et l’extension de l’élevage. Les « fazendeiros » (propriétaires terriens) et les grandes entreprises n’hésitent pas à fabriquer de faux titres de propriété et, si nécessaire, à utiliser la violence pour déloger les petits paysans indésirables ». Le scientifique brésilien, Adalberto Verissimo, craint que, si les déboisements atteignent 30% de l’Amazonie, « on entrera dans un processus irréversible et les conséquences seront catastrophiques pour la vie sur la planète Terre ». De plus, 79,5% des terres déboisées y sont converties en pâtures pour le bétail, dénonce Greenpeace. Selon Adalberto Verissimo, il faut « prendre d’urgence des mesures pour contenir la déforestation ». À son tour, Greenpeace lancait, au Forum social mondial, un appel au gouvernement brésilien : « il est plus que temps pour le gouvernement de recouvrer la raison et de stopper la déforestation de l’Amazonie. Ceci passe par l’arrêt de l’expansion de l’élevage dès maintenant », déclarait Jérôme Frignet, chargé de campagne Forêts pour Greenpeace France.

Une organisatrice du Forum, Adalice Oterloo, déclarait : « c’est le moment de construire un nouveau modèle pour une civilisation qui est malade et s’organise sur un modèle qui viole les droits de l’homme et détruit l’environnement  ».

Un consensus s’est dégagé de Belem mais aussi quelques doutes. D’abord, oui il faut créer un organisme mondial pour réglementer le système financier et mettre en place un contrôle plus étroit des banques et des transactions financières. Des pistes ont été explorées et débattues : un commerce équitable, un nouveau système de réserves internationales qui ne soit plus basé sur le dollar, une taxation des transactions boursières en faveur des pays pauvres, un contrôle plus stricte des instituts financiers, des investissements publics dans les énergies vertes et l’élimination de la dette du tiers-monde.

Puis vinrent les doutes. En début d’événement, les jeunes, pour la plupart des étudiants, rassemblés au Campement de la jeunesse sur la place Che Guevara, manifestaient un profond désir que le forum aille au-delà des critiques de l’ordre établi, du pouvoir du capital, des injustices sociales et économiques et des guerres. « Le forum doit changer, il ne suffit pas que chacun parle de soi mais il faut créer un nouveau projet, voir comment nous contribuons à créer ce nouveau monde que nous voulons », expliquait Fabiana à l’AFP. « Nous voulons montrer que nos propositions peuvent être mises en pratique. Moins de blablabla et construire cet autre monde que nous proposons », expliquait également le Mexicain Alberto Ruz.

Rita Schiavi, membre de la direction du syndicat Unia, déplorait, à la fin du Forum : « J’ai eu le sentiment que c’était un forum régional, centré sur l’Amérique latine. En l’absence de contre-propositions fortes, l’écho en Europe a été très limité ». Cette idée a été renforcée par Gustavo Marin, de la Fondation pour le progrès de l’homme qui croit que : « le mouvement s’est diffusé en Amérique latine, car il a coïncidé là-bas avec une vague progressiste ; en Europe, il s’est vite essoufflé, et ailleurs il n’a pas pris ». Autre doute, non moins évident : au sein de ce consensus, il existe « une grande confusion entre les objectifs et les méthodes », comme l’a rappelé Lieven Vanhoutte, responsable du syndicat belge La Centrale générale.

Le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM) déplorait, avant la tenue du Forum, « l’absence de convergence puisque 12 000 ateliers sont enregistrés sur seulement 5 jours de Forum ! D’autres problèmes plus graves ont également été identifiés comme le manque important d’interprètes et le coût exorbitant de l’entrée au Forum : 30 réals soit 10 euros, l’équivalent de 10 repas ! Force est donc de constater que les protestations citoyennes contre les prix excessifs durant le FSM de Nairobi, auxquelles le CADTM a pris part n’ont pas été entendues. La conséquence est directe : l’exclusion de fait des populations locales du Sud, principales victimes du système capitaliste. Rappelons que l’accès à un Forum gratuit pour les populations du Sud est tout à fait possible comme l’a démontré le FSM de Caracas en 2006 ».

Il n’y a eu aucune déclaration finale à l’issue du Forum. « Ce n’est pas notre vocation, on n’est pas un parti politique », a expliqué Candido Grzybowski, un des cofondateurs du Forum social mondial. Un nouveau rendez-vous est fixé le 28 mars, à Londres, à l’occasion du sommet du G20.

Au Nord, à Davos, les leaders politiques et économiques ont également imputé aux États-Unis la crise financière qui se transforme aujourd’hui en récession mondiale. Stephen Roach, président pour l’Asie de la banque d’investissement Morgan Stanley, l’un des rares à avoir averti des dangers que faisait courir à l’économie mondiale la crise américaine des crédits hypothécaires à risque, a bien résumé l’esprit qui a prévalu : « Nous entrons à présent dans la phase la plus détestable de toute crise, celle des accusations ». Face aux menaces d’une montée du protectionnisme, les ministres du Commerce d’une vingtaine de pays ont tenté de relancer le cycle de Doha. Pascal Lamy, directeur général de l’OMC, a tempéré les ardeurs puisqu’il estime que le fossé est trop profond pour lancer un ultime effort en vue de boucler les négociations.


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20 réactions à cet article    


  • L'enfoiré L’enfoiré 2 février 2009 10:16

    Pierre,

     Rien qu’en lisant le titre je t’envoie ceci Mais je reviendrai. smiley


    • sisyphe sisyphe 2 février 2009 10:54

      Drôle de titre !
      Ni dépassé, puisque l’actualité même de la crise donne raison aux altermondialistes qui, depuis belle lurette, tirent la sonnette d’alarme du capitalisme destructeur...
      Ni trop soumis,puisque les solutions préconisées, notamment sur le plan de la finance sont, de toute évidence, les bonnes à appliquer, mais qui vont à l’encontre absolu des "règles du jeu" imposées par les banksters du FMI, de la Banque Mondiale, de l’OMC, et de tous les bastions du capitalisme en général. 

      On peut simplement se demander quels peuvent être ses moyens d’action, et le retentissement réel de ses préconisations et, certes, de ce point de vue, rien ne semble gagné. 

      Pourtant, la participation de nombreux chefs d’état (essentiellement sud-américains), de même que les réactions des dirigeants récemment répercutées de Russie, et d’autres pays qui semblent enfin s’élever contre la financiarisation de la planète, semblent abonder dans le sens de ces solutions préconisées.

      Il n’y manque qu’une prise de conscience des peuples, et une mise en action de ces revendications ; notamment dans les pays développés (les plus à même de supporter une épreuve de force contre les puissances financières), pour que le cours des choses commence à s’inverser. 

      Et pas besoin, non plus, de se faire une montagne des obstacles à vaincre ; le capitalisme n’est qu’un colosse aux pieds d’argile : quelques bonnes grèves générales, des campagnes de boycott, une mobilisation citoyenne mondiale suffirait à le renverser. 

      C’est, de toutes façons, la seule solution à quoi nous atteler. 

      Mobilisation. 


    • Pierre R. Chantelois Pierre R. Chantelois 2 février 2009 11:40

      L’enfoiré

      Merci pour le lien qui ne manque pas... d’humour  smiley

      Pierre R.


    • Francis, agnotologue JL 2 février 2009 10:16

      Bonjour, merci pour ce compte rendu succinct et votre point de vue sur le FSE.

      Je lis : "" Evo Morales a prévenu les altermondialistes que si les peuples du monde ne sont pas capables d’enterrer le capitalisme, le capitalisme enterrera la planète"".

      Le capitalisme c’est comme Attila : "Là où il passe, l’herbe ne repousse pas.

      Je m’explique : Sur les territoires où sévissait la pauvreté, après le passage du capitalisme il ne reste que la propriété privée et la misère des peuples.

      Rappelons que la misère c’est la pauvreté sans les moyens de subsistance.


      • Francis, agnotologue JL 2 février 2009 10:22

        La féodalité c’est la pauvreté et le servage. Le capitalisme c’est l’asservissement des peuples par la misère. C’est pourquoi dans ses phases de récession, les pertes de capital lui sont un moindre mal : ce qu’il craint par dessus tout c’est l’émancipation des peuples. La fabrication de la misère est un processus rédhibitoire et qui est inhérent au capitalisme.

        Il faut profiter des récessions pour retrouver les moyens de subsistance partout, pour tous. 


      • L'enfoiré L’enfoiré 2 février 2009 10:25

        JL,

         Le grand problème, c’est que le socialisme ne peut rien sans le capitalisme.
         Je suis le premier à le contester, mais...  smiley


      • Pierre R. Chantelois Pierre R. Chantelois 2 février 2009 11:49

        JL

        « ce qu’il craint par dessus tout c’est l’émancipation des peuples ».

        En Bolivie, nous avons eu un exemple parfait de cette réalité. Le référendum a été approuvé dans les montagnes de l’ouest du pays, peuplées très majoritairement d’indigènes. Il a été rejeté par les populations des plaines orientales, majoritairement métisses. Ce n’est pas pour rien que la classe dominante, représentée par le gouverneur de Santa Cruz, la capitale économique du pays, Ruben Costas, a qualifié le projet de Constitution de « totalitariste ». Les électeurs devaient se prononcer entre autre sur la taille maximum autorisée pour les grandes exploitations agricoles - 5.000 ou 10.000 hectares - dans le cadre d’une réforme agraire. Le projet de Constitution, qui donne un large espace au monde indigène aymara et quechua, renforce aussi les pouvoirs et prérogatives de l’Etat notamment sur les ressources naturelles du pays (AFP)
        Pierre R.


      • Francis, agnotologue JL 2 février 2009 13:17

        @ l’enfoiré, mettons nous d’accords sur les mots : si capitalisme implique propriété privée, l’inverse n’est pas vrai. Le capitalisme, ce que certains appellent le capitalisme financier, c’est la possession du capital et le pouvoir qui va avec et détenu par des gens qui n’ont aucun lien avec les entreprises. Qui dit capitalisme dit capitalistes. Les capitalistes se moquent de savoir comment, où et que font les entreprises, pourvu qu’elles leurs servent des taux de profits les plus élevés possibles. Ces gens évidemment, ne confondent pas morale et profit.

        Dans les années 80 on évoquait les entreprises citoyennes. D’une certaine façon, la mondialisation libérale en est la réponse du berger à la bergère.

        Oui à une économie de marché, non à une société où tout est marché. De mon point de vue, la moitié de l’activité doit demeurer sous la maîtrise des institutions démocratiques.


      • L'enfoiré L’enfoiré 2 février 2009 13:48

        Bonjour JL,

        Merci de revenir sur la confrontation entre les deux tableaux qui opposent le même champ de bataille.

        Le capitalisme et le socialisme ont chacun leurs extrêmes et leurs idées qui ne tiennent pas à l’analyse pragmatique.

        « Le capitalisme, ce que certains appellent le capitalisme financier, c’est la possession du capital et le pouvoir qui va avec et détenu par des gens qui n’ont aucun lien avec les entreprises. »

        >>> Absolument. Très bonne frontière de ce qui est acceptable de ce qui ne l’est pas. L’argent donne le pouvoir de faire d’excellentes choses. De se lancer dans l’aventure de la vie et il ne faut pas le sous-estimer. Les bonnes causes peuvent être motivés par de très mauvais résultats pour l’ensemble.

        « D’une certaine façon, la mondialisation libérale en est la réponse du berger à la bergère. »

        >>> Bien plus que d’une certaine façon. J’en connais un bout dans le domaine.

        Une société de marché comme je l’ai dit doit se concevoir avec le maximum de réflexions. Vu la rapidité des progrès, on peut dire sans beaucoup se tromper « que l’on peut tout faire » du moment qu’on y met les moyens financiers. La question est « pourquoi le faire ? « Pour quels et pour qui les bénéfices. »

        Je suppose qu’on s’est mieux compris. smiley

         

         


      • Lisa SION 2 Lisa SION 2 2 février 2009 10:40

        ..." Le Brésil, à lui seul, a consacré 50 millions de dollars à cette réunion. "... ..." D’autres problèmes plus graves ont également été identifiés comme le manque important d’interprètes et le coût exorbitant de l’entrée au Forum : 30 réals soit 10 euros "

        Dès qu’il faut inviter des hommes politiques et des présidents, ça coûte immédiatement beaucoup plus cher et pour un retentissement pas forçément garanti. Pour le prix de leur déplacement, vous auriez pu vous offrir des campagnes d’affichage mondiale avec, ce qui coûte le moins cher, tous les liens internet vers les chiffres exacts, la situation et l’évolution sur google map, et le numéro de compte d’une banque équitable...


        • Pierre R. Chantelois Pierre R. Chantelois 2 février 2009 11:57

          Lisa

          Malgré le coup de pouce financier de l’État, les coûts de logement et de participation étaient prohibitifs, comme l’ont expliqué des altermondialistes. 

          Pierre R.


        • sisyphe sisyphe 2 février 2009 10:43

          Bien sûr, il n’y aura pas de texte commun final. « Ce n’est pas notre vocation, on n’est pas un parti politique », résume Candido Grzybowski, l’un des fondateurs du rendez-vous altermondialiste.

          Reste que la journée et le forum seront à coup sur marqués par l’un des appels réalisés par tous les réseaux (1) qui planchent sur la crise financière. Intitulé « Mettons la finance à sa place », ce texte, constitue, raconte Marta Ruiz, du réseau Eurodad, basé à Bruxelles, « un premier pas dans une dynamique d’initiatives, d’alternatives, de stratégies et de mobilisations sur la crise ».

          Associations de solidarité et développement, syndicats et mouvements sociaux, religieux, fustigent « une crise systémique », résultat « d’un système » qui se « nourrit de l’accumulation des profits à court terme », du « pillage des ressources naturelles » et de « la privatisation des services publics ». « Le G20 (le G8 élargit aux grands pays émergents) nie l’ampleur de la crise et Davos ne propose rien, résume Aurélie Trouvé, co-présidente d’Attac. Nous, on propose… »

          Surtout, le texte lance 8 pistes de réflexion pour « ramener la sphère financière » à sa place. Il demande notamment « la mise en oeuvre de mécanismes stricts de contrôle des mouvements internationaux de capitaux » — comme l’ont déjà fait la Malaisie ou le Chili par le passé — et la création d’un « système monétaire international » incluant « des monnaies de réserve régionales ».

          L’appel milite pour « le démantèlement des paradis fiscaux et la sanction de leurs utilisateurs » et la création d’une organisation fiscale internationale. Il prone aussi l’interdiction des fonds spéculatifs (comme en Allemagne, jusqu’en 2004) des marchés de gré à gré qui « opèrent hors de tout contrôle public », et de la spéculation « sur les matières alimentaires et énergétiques » par la « mise en oeuvre de mécanismes publics de stabilisation des prix ».

          « Mettons la finance à sa place » plaide aussi pour une « intermédiation financière reconnue comme un service public » qui passe par « un mécanisme global de contrôle public et citoyen des banques ». Et, pour finir, le réseau des ONG, syndicats et mouvements sociaux souhaite « un nouveau système international de répartition des richesses. » Qui passe par la remise à plat de la fiscalité nationale afin qu’elle soit « plus progressive ». Et qui, évidemment, n’oublie pas une fiscalité internationale (taxe sur les transactions financière, activités polluantes et grosses fortunes).

          De quoi, aux yeux des alterfiscalistes, permettre de financer une grande partie des biens publics mondiaux (eau, santé, éducation, etc). Largement de quoi de multiplier par dix, par exemple, le maigre montant actuel de l’aide publique au développement, engluée à 100 milliards de dollars par an. Des mobilisations dans toutes les capitales du G20 sont prévues le 28 mars, avant un nouveau sommet, le 2 avril, à Londres, du G20.


          • LE CHAT LE CHAT 2 février 2009 11:05

            Pour Lula et son gouvernement, l’écologie représente surtout un obstacle au développement », a affirmé le chantre de la théologie de la libération, Leonardo Boff

            c’est bien là un grand souci , le soi disant président altermondialiste Lula livre l’amazonie aux multinationales ,on ne peut avoir confiance en personne ! smiley


            • Pierre R. Chantelois Pierre R. Chantelois 2 février 2009 11:38

              Sisyphe

              À la question du journaliste du quotidien Le Monde : Comment expliquez-vous que vous n’êtes pas audibles ?, Christophe Aguiton (ATTAC) répond : « C’est vrai que depuis maintenant plus de dix ans, le mouvement altermondialiste met en garde contre les risques générés par le capitalisme financier, qui domine dans cette phase de mondialisation néolibérale. Mais nous savons bien que le fait d’avoir raison ne veut pas dire que l’on doit être entendu. Le modèle du capitalisme néolibéral a permis à une élite de centaines de milliers, voire de millions de personnes de s’enrichir considérablement pendant ces vingt dernières années ».

              Selon Bernard Cassen et Christophe Ventura, d’Attac France, le mouvement altermondialiste, comme on le voit bien dans les Forums sociaux, est trop absent des questions qui préoccupent quotidiennement les catégories populaires : la protection sociale, la santé, l’éducation, le chômage. Cela explique une partie de son « décrochage » actuel.

              Déjà en 2008, lors du Forum social européen (FSE), qui s’était déroulé en Suède, Pierre Khalfa, un des représentants du syndicat français Solidaires, notait : « Nous sommes dans un processus de construction de mobilisation européenne, c’est extrêmement compliqué de faire travailler entre elles des associations et organisations différentes ». 

              Encore une fois, Pierre Cochez, du journal La Croix, doit conclure que la rencontre de Belem n’a pas débouché sur des solutions concrètes. « Sur la forme, le forum peut être critiqué. Il ne se donne pas les moyens d’être mondial. Des participants étrangers se sont rendus jusqu’aux portes de l’Amazonie pour voir annulés ou déplacés les ateliers qu’ils souhaitaient suivre, ou pour se heurter à une traduction inexistante ou incompréhensible ». Le journaliste poursuit : « Le Forum social mondial qui s’est achevé dimanche 1er février à Belém a montré les limites de l’exercice. C’est un paradoxe. À l’heure de la crise, le monde – jusque-là grisé par la croissance – admet qu’il doit se réformer et cherche des alternatives au système « néolibéral » de ces vingt dernières années. Le mouvement altermondialiste pouvait donc faire entendre sa voix. Il l’aura essayé faiblement à Belém. Faute de médias, peu nombreux à s’être déplacés. Faute d’adaptation aux réalités, lorsque certains préconisent une nationalisation totale. Faute d’exigence, enfin, sur l’organisation et le travail effectué à Belém ».

              Le syndicaliste, ancien secrétaire du groupe ATTAC-Suisse, Alessandro Pelizzari, reconnaît que les altermondialistes, qui avaient prévu la crise hier, n’ont rien de concret à proposer aujourd’hui. « Le mouvement altermondialiste est affaibli et n’a presque rien à proposer, en pleine crise économique et financière ». Il a donné son point de vue à la Radio Suisse Romande.

              En terminant, dortoirs et cabines sommaires étaient loués à prix d’or. « Le coût élevé du déplacement et de l’hébergement nous a conduits à réduire notre participation », explique Michel Roy, au Secours catholique. « Nous sommes ici pour témoigner qu’il est possible de construire une alternative par le bas au système économique actuel. De nombreuses expériences d’associations de quartier et de villageois montrent que l’on peut vivre autrement ».

              Pierre R. Chantelois





              • ddacoudre ddacoudre 2 février 2009 11:39

                bonjour Pierre

                merci pour ces précisions, nos articles se rejoignent en parti.

                cordialement.


                • Pierre R. Chantelois Pierre R. Chantelois 2 février 2009 11:52

                  ddacoudre

                  C’est avec plaisir que j’ai lu votre exposé sur Davos. En effet, vous avez su apporter la vision du Nord qui complète bien cette vision du Sud. Davos et Belem, deux mondes qui se parleront peut-être un jour.

                  Pierre R.


                • L'enfoiré L’enfoiré 2 février 2009 12:53

                  Pierre,

                   J’avais encore une tétine dans la bouche dans la rédaction de mon premier article.
                   Ce n’était pas Belem mais Rio à l’époque.
                   Je terminais mon article par :

                  "De toute de toute façon, il faudra bien vite choisir votre camp, ce sera Davos ou Rio.
                  J’ai la chaleur dans le cœur, vous aurez compris ma direction.
                  Apprenez que la course aux changements uniquement pour le changement est une course folle. Prenez du recul, ne vous laissez pas emballer dans un mélange d’idées reçues sans y réfléchir mûrement. Le but à atteindre est un monde meilleur tout simplement.
                  « Le monde est dangereux à vivre. Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire » (Einstein) et dans la même veine  « Celui qui voit un problème et qui ne fait rien fait partie du problème »  (Ganhi)"

                  C’est toujours d’actualité, seul les acteurs changent, les idées restent et les solutions sont toujours pour demain.  
                   smiley
                   


                  • Pierre R. Chantelois Pierre R. Chantelois 2 février 2009 13:06

                    L’enfoiré

                    Que de chemin parcouru depuis Rio en 1992. Les grands blocs économiques, l’Amérique Latine, les pays en émergence (le Bric). Les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) pourraient se situer, en 2050, au même niveau que les grandes puissances économiques actuelles (États-Unis, Japon, Allemagne, ...).

                    « Le but à atteindre est un monde meilleur tout simplement ». Force est d’admettre que ce monde meilleur n’a pas été créé et ne sera pas atteint avant un certain nombre d’années, encore smiley

                    Pierre R.


                  • L'enfoiré L’enfoiré 2 février 2009 13:36

                    Pierre,

                    Merci de le rappeler. Parfois, on se sent sur une pente glissante dont on atteint le sommet qu’à l’infini.

                    Le BRIC est en effet le côté positif de l’affaire. Renversements des blocs d’influence très significatifs.

                    Même là, rien n’est joué. Il y a les impératifs quand les couvertures se rétrécissent. Aucunes de ces BRIC (je ne termine pas le sigle avec le suffixe « que » qui lui irait très bien) ne peut plus jouer seules.

                    L’espoir en Lula pourrait s’effriter entre le besoin de se développer et celui de continuer à exister. Entre le besoin de donner plus à ses concitoyens d’aujourd’hui tout en hypothéquant ceux de demain. Dilemme de voir trop vite et trop grand. Ce n’est malheureusement pas les électeurs des prochaines générations qui votent aujourd’hui. L’ennemi, le méchant, le Satan, c’est toujours l’autre. Tous les gourous de la terre arrivent avec des idées très pro-actives. Celles-ci deviennent bizarrement post-moderne. La déforestation fait partie du tableau noir et pas uniquement pour le Brésil. Dernièrement, j’écrivais « L’econologie, rêve ou réalité  ». Je dirais « y plus qu’à », à condition de garder à l’oeil et que cela ne devienne à son tour « y a plus de »  smiley


                    • L'enfoiré L’enfoiré 2 février 2009 22:30

                      Les deux vu par Le Soir : Belem et Davos

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