Bons baisers de Russie
Dernier rebondissement dans le conflit syrien. Les Etats-Unis sont prêts à discuter avec la Russie pour déterminer si leur proposition de placer l’arsenal chimique syrien sous contrôle est digne de foi, a déclaré lundi Ben Rhodes, un conseiller du président américain Barack Obama.
C'est ce qui s'appelle couper l'herbe sous le pied des va-t-en-guerre ! Mardi 9 septembre 2013, au moment même où les faucons de Washington et les caniches de Paris et Londres faisaient monter la pression sur l'éventualité de frappes à l'encontre du régime d'Assad, la Russie, fidèle à elle-même, depuis le début de crise syrienne a encore une fois pris de court les adeptes du remodelage moyen-oriental forcé.
Alors que les accusations sans fondements d'utilisation d'armes chimiques par le régime en place était répétées à qui mieux mieux par les chancelleries occidentales, Moscou a appelé Damas à mettre sous contrôle international ses armes chimiques. Proposition aussitôt acceptée par le régime syrien, soucieux de montrer sa bonne foi à la communauté internationale. Rappelons ici que les nombreuses tentatives de médiation entre les différents protagonistes de la crise syrienne ont été systématiquement acceptées par Damas, et constamment mises en échec par Paris, Londres et Washington conditionnant la moindre négociation au départ préalable de Bachar Al-Assad.
Après cette annonce, c'est l'ONU par la voie de Ban Ki-moon, qui s'est déclarée en faveur de cette proposition en appelant à la création de zone supervisées par les Nations unies. Puis vint le tour de l'Iran de féliciter l'initiative russe, mais aussi de l'Allemagne jugeant intéressante cette solution.
Un joli pied de nez venu de l'Est à destination de l'oncle Sam, poussé dans les limites de ses contradictions. Le message russe est clair : si vous voulez la guerre, vous ne la ferez pas selon des arguments humanistes, mais en étalant vos intérêts et aspirations profondes. Depuis le début, la Russie s'est posée en garante du respect du droit international à propos de cette crise. Toujours soucieuse d'aboutir à une solution politique et négociée, Moscou a poussé Washington, Tel-Aviv et leurs soutiens dans leurs retranchements par une stratégie irréprochable de conciliation. La Russie n'a pas autant de champions d'échec pour rien.
Après la multiplication des accusations belliqueuses à l'encontre de Damas, voici que les Etats-Unis font doucement machine arrière avant le vote au Congrès : Barack Obama s'est déclaré aujourd'hui prêt à discuter avec son homologue russe.
Alors que l'opinion publique apparaît être plus que défavorable à une intervention militaire en Syrie, les forces impérialistes devront fouler aux pieds un énième pays souverain pour des raisons bassement matérielles. L'argument humanitaire ne prend plus ! Rappelons à ce sujet qu'un sondage Ifop nous montre que 64% des français sont tout à fait hostiles à une telle intervention. Et dans les 36% favorables, plus de la moitié sont des sympathisants de gauche. Ah la gauche Jules Ferry, celle de l'éducation des races inférieures par les races supérieures... Les nostalgiques sont toujours là !
Bons baisers de Russie !
Concernant l'idéologie de l'ingérence et son application dans la crise syrienne, vous pouvez consulter notre interview de Jean Bricmont :
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