Chili : 120 000 étudiants en grève nationale
La semaine précédent la date fixée par la Confédération des Etudiants du Chili (CONFECH) pour une grève nationale, fut chargée. Successivement, les étudiants eurent des raisons de continuer leur combat pour une meilleure éducation. Un rapport démontra que la majorité des universités privées du pays faisaient du profit avec l'aval des autorités académiques. Cette réalité poussa le Doyen de l'Université de Vina Del Mar à démissionner et à mettre le gouvernement chilien devant ses responsabilités. Le 28 juin, ils étaient 120 000 étudiants à crier leur colère face à l'inaction de celui-ci.
Les étudiants des divers universités et collèges du pays, étaient échauffés cette semaine. Le 21 juin, ce fut l'Assemblée Coordinatrice des Secondaires (ACES) et la Coordination Nationale des Etudiants du Secondaires (CONES) qui convoquèrent les lycéens dans les rues des grandes villes du Chili. Ensemble, ils démontraient leur envie d'en finir avec ce système éducatif construit sous la dictature de Pinochet. Les 3000 lycéens exigeaient la fin de la municipalisation, qui remet la charge des lycées aux autorités municipales et annule le rôle de l'Etat de gérer l'éducation. Décision prise en 1988 quand la Loi Organique Constitutionnelle de l'Enseignement (LOCE) fut votée dans les derniers jours de la dictature chilienne. Les lycéens de la ACES et de la CONES le réclament depuis 2006 et l'explosion de la "révolution des pingouins" - référence à leur uniforme scolaire, cette même année. La marche des étudiants du secondaire avaient une double signification car le principal reproche de l'année passée, fut que ceux-ci ne faisaient pas assez partie du mouvement étudiant 2011, lancé par les universitaires. "Cette critique n'est plus à faire désormais, unis, les étudiants secondaires et universitaires marchent ensemble" affirma le président des étudiants de l'Université du Chili (FECh), Gabriel Boric. Avis unanime chez les leaders du cycle secondaire. Pour démontrer leur soutien à la marche convoquée, les principaux dirigeants universitaires étaient parmi les lycéens ce jour-là.
Le 25 juin, les étudiants des universités privées convoquèrent à leur tour une marche afin de démontrer qu'ils n'acceptaient pas non plus le système d'éducation dans lequel ils étudient. L'année passé, ce furent principalement les étudiants des universités publics et affiliées à la Confédération des étudiants du Chili (CONFECH) qui firent partie du mouvement étudiant. Cette année, l'affaire de l'Université de Vina Del Mar, campus le plus important du pays, décida les étudiants des universités privées à faire entendre leur voix. Le Doyen de l'U del Mar démissionna et dans une lettre, expliqua que le profit que faisaient les autorités académiques dans le dos des étudiants l'écoeurait. Il pointait du doigt un système existant depuis des années et ayant l'appui des autorités éducatives nationales. Le nouveau ministre de l'éducation, Harald Bayer étant mis sur la sellette avec cette affaire. Jusqu'ici, il n'a pas confirmé ni démenti les dires du doyen. En colère, les étudiants des universités privées furent plus de 2000 à défiler dans les rues des grandes villes universitaires du pays. Un signe fort que le mouvement étudiant chilien ne concerne pas qu'une minorité.
Le 28 juin, les étudiants convoquèrent le peuple chilien à une grève nationale, la première de l'année. Les principales organisations syndicales suivirent les étudiants dans la rue. Pour la première fois depuis un an, les étudiants reçurent l'autorisation de marcher par l'Alameda, la grande avenue de la capitale chilienne, Santiago. Pour tous, cette "récupération de l'Alameda" signifiait beaucoup. "Nous avons démontré aujourd'hui que nous avons récupérer les rues du Chili" lança Camila Vallejo, principale leader étudiante et vice-présidente des étudiants de l'Université du Chili. "Nous marchons pour récuperer l'éducation et la démocratie !" continua-t-elle dans son discours de fin de marche. Quant à elle, la Présidente des étudiants de l'Université Central (FEUCEN), Daniela Lopez, affirma que les étudiants marchaient aussi pour proposer une alternative, un nouveau système éducatif publique, gratuit et de qualité qui offre les opportunitées que le système mercantil leur nie. La veille, les étudiants s'étaient réunis dans le Costanera center en y déballant un giganteste drapeau chilien face à des milliers de clients qui les acclamèrent durant plus de vingt minutes. Un acte symbolique pour ceux qui luttent contre la marchandisation éducative. Après la marche, les dirigeants étudiants se donnèrent rendez-vous devant le Palais Présidentiel où ils étendirent le même drapeau sur lequel il était noté : pour une éducation gratuite, digne et de qualité. "Nous savons que nous n'aurons pas la gratuité éducative complète, expliqua Gabriel Boric. Car une gratuité complète dans l'éducation favoriserait d'office les classes aisées. Ce que nous demandons, c'est l'instauration progressif de la gratuité à toutes les échelles de l'éducation, de l'enseignement primaire à l'enseignement universitaire." termina-t-il. La marche du 28 juin confirma le bilan de la répression policière lancée contre les étudiants : 472 détenus et 20 policiers furent blessés dans les affrontements. Les réseaux sociaux et médias alternatifs apportèrent les preuves de la mise en place de cette action répressive visant les étudiants avec l'appui des hautes autorités du pays. Ils démontrèrent également que des étudiants encapuchonés avaient été payés par les autorités afin de provoquer les étudiants pacifiques et de détruire les biens publics par la violence. Seules images montrées sur les chaines de télévision détenues par le président chilien de droite, Sébastian Pinera. La marche se termina quand les leaders étudiants allèrent apporter une carte avec leurs revendications 2012 au Président de la République du Chili. Un acte culturel réunis ceux qui avaient participé à la marche en fin de journée. "Nous réfléchissions et évaluons la possibilité de convoquer d'autres marches" déclara la Vice-présidente de la fédération des étudiants du Chili, Camila Vallejo aux médias présents sur place.
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