Du Grand Marché Transatlantique au Réchauffement Climatique… Toujours plus !
Deux évènements sont venus se télescoper cette semaine :
- le jeudi 10 avril, les élites économiques ont pu rencontrer les négociateurs du PTCI (Partenariat Transatlantique de Commerce et D’Investissement) dans les salons du Grand hôtel parisien Shangri-la (moyennant la modique somme de 1500 €) ;
- Dimanche 13 avril le GIEC a publié à Berlin le troisième volet de son dernier rapport montrant la nécessité d’infléchir rapidement nos émissions de CO2 si on veut éviter un réchauffement catastrophique en 2100 pour nos enfants et petits enfants.
On peut lire dans un article du blog environnement-géopolitique tout un argumentaire détaillé sur les dangers et autres perversions qui nous menacent si nous adoptons ce partenariat. Il est d’ailleurs assez amusant que la carotte agitée par les Ultralibéraux de service pour nous faire gober la mouche consiste en un bonus moyen de 545 € pour l’année pour un ménage de 4 personnes à l’horizon 2027 ; c’est sensiblement la même somme que celle annoncée par PM Valls pour nous vendre son pacte de solidarité !
Cinq cent euros par an, c’est donc, peu ou prou, le prix du Marché pour les droits sociaux d’un ménage de travailleurs de base !
Sauf que PM Valls oublie de nous dire que le coût moyen du pacte de compétitivité par français s’élève à 779 € (50 Mds divisé par 65 M), donc en moyenne à 3116 € pour un couple avec deux enfants.
Tout l’esprit du PTCI se résume presqu’à cette simple équation : moins de règles ou droits, plus de marché.
Déjà le très branché l’Ami Pascal nous propose de nous débarrasser de ce smic obsolète, tueur d’emploi, surtout pour les jeunes. Mieux vaut un p’tit boulot que pas d’boulot du tout, surtout si on réduit les allocs chômage !
Et les médias n’arrêtent pas de nous ressasser le-coût-du-travail, la-nécessaire-compétitivité, le-vieux-modèle-de-l’-état-providence-dépassé, le-ras-le-bol-exil-fiscal, les-réformes-nécessaires-de-l’-état-du-mille-feuilles-territorial-et-des-36000-communes…
Mais jamais aucune argumentation ou étude : compétitif par rapport à qui, sur quel produit, sur quel marché ! Le coût du travail ? Historique, évolution, quelle gestion des entreprises ? Et le coût du capital, de la spéculation ? Le coût fiscal ? Mêmes questions, qui paye, qui ne paye pas ? La réforme de l’état ? Facile à exiger, plus délicate à décrire ?
Le mille feuilles, c’est vite dit, mais chaque niveau fait un travail réel, le plus souvent indispensable ! Qu’importe si on supprime entre 350000 et 500000 emplois comme en Espagne ou au Royaume Uni ! La priorité n’est-elle pas l’emploi comme promis ! On trouvera bien quelques Officines de Conseil pour faire le boulot pour quelques euros de plus et on pourra toujours les délocaliser un peu plus tard.
Les trente six mille communes coutent trop chers ; encore une idée fausse, le coût par tête est le plus bas pour les communes entre 400 et 500h, il est plus élevé pour les toutes petites communes, les communes les plus chères sont celles de plus de 50000h ; regrouper les communes entrainera en général un surcoût. (BIS bulletin d’informations statistiques N°74 juillet 2010 Réalisé par le Département des études et des statistiques locales de la Direction générale des collectivités locales.) (Par contre cela peut dans certains cas dynamiser un bassin économique).
Pourtant l’ultralibéralisme pur et dur qu’on nous vend depuis trente ans, cela ne marche pas ! Les crises financières succèdent aux crises boursières ou aux crises économiques à raison d’une au moins tous les trois ans. Le chômage n’arrête pas de progresser un peu partout malgré les miracles d’inventivité statistique déployés pour le masquer ; le tissu industriel se délite toujours plus et les dettes explosent inexorablement…
Les inégalités se creusent toujours plus au point que 67 milliardaires possèdent autant que les 3,5 milliards de terriens les plus pauvres. Il faut bien que la libre circulation des capitaux et les immenses baisses d’impôt accordées depuis 1980 profitent au moins à quelques uns !
Le lien social s’étouffe dans l’anomie globale.
Mais cela n’est pas assez encore ! Si cela ne marche pas, c’est que l’on n’est pas allé assez loin dans le libéralisme.
C’est le toujours plus de Marché ! La Pensée Unique, le Marché Unique, l’Europe des Six, des Neuf, des Quinze, des Vingt huit…Cela ne suffit plus, il nous faut le Grand Marché Libre Euraméricain qui viendra enfin libérer la Croissance !
Vingt années d’ALENA, marché libre nord-américain, cela n’a pas marché ! Baisse des salaires, recul social, naufrage de l’agriculture paysanne mexicaine, un million d’emplois perdus dans les restructurations, OGM partout, gaz de schiste, sables bitumineux et pour finir l’explosion de la Finance dans la crise des Subprimes !
Il nous faut aussi l’Ukraine, la Moldavie, la Biélorussie, la Turquie, le Moyen Orient…Face à la baisse tendancielle des taux de marge il ne reste plus que l’espoir fou d’accroître toujours plus l’espace du Marché libre ; la consommation baisse faute de moyens il faut donc augmenter le nombre de consommateurs potentiels…
Pourtant le GIEC sonne l’alarme, le niveau de CO2 n’a jamais augmenté aussi rapidement que cette dernière décennie avec le retour en masse vers le charbon ; on court à grande vitesse vers un emballement climatique catastrophique en fin de siècle !
La population mondiale s’achemine vers les 10 milliards en 2050, chaque jour qui passe ajoute 250000 humains qui devront consommer un peu plus les réserves déjà bien entamées de notre planète.
Au sens propre nous mangeons la planète : pour chaque kilo de nourriture absorbée nous détruisons actuellement entre 6 et 18 kilos de sol arable par stérilisation ou érosion suivant les lieux et les endroits les plus peuplés sont souvent ceux où les dégâts sont les plus sévères ; chaque européen consomme environ 300kg de nourriture par an soit près de deux tonnes de sol arable.
On perd chaque année sur la planète environ 15 millions d’hectares de terres arables, en raison de l’érosion, de la désertification, de la salinisation et de l’artificialisation. On en gagne à peu près la même quantité, en zone tropicale, mais au détriment de la forêt primaire et le sol se dégrade alors encore plus vite par latérisation.
En raison de l’accroissement démographique, la surface moyenne cultivée disponible par personne suit une courbe à la baisse : 0,32 hectare en 1962, 0,21 hectare en 1998, 0,16 hectare en 2030 (prévision). Pourtant les usages du sol autres qu’alimentaires continuent à progresser : agro-carburants, chimie végétale et aménagement urbain.
Seules de grandes transitions sociales, économiques, énergétiques et démographiques pourraient éviter un effondrement planétaire des sociétés humaines.
Mais ces indispensables transitions sont incompatibles avec l’économie libérale de Marché car elle ne peut fonctionner qu’avec des anticipations continues de croissance indéfinie et ne peut admettre des régulations externes.
L’Europe reste l’une des rares régions du monde occidental potentiellement capable de porter ces transformations.
La signature du PTCI bloquerait toute velléité de réforme pour quelques décennies et bloquerait de fait les espoirs de lutter efficacement contre le réchauffement climatique.
L’Europe peut être porteuse de grands espoirs pour l’espèce humaine si elle réussit à sortir de son idéologie ultralibérale pour porter conjointement ces quatre transitions, Initiatives démographique, économique, énergétique et sociale (IDEES). Les élections européennes du 25 mai devraient être l’occasion de mettre ce débat au centre de l’actualité.
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