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Accueil du site > Actualités > International > Guantanamo est-il un divertissement comme les autres ?

Guantanamo est-il un divertissement comme les autres ?

Le film "Harold And Kumar Escape From Guantanamo Bay" n’est pas une blague... il existe véritablement et a été diffusé en juin 2008 dans 2 510 salles aux Etats-Unis.

Titre original :
Harold And Kumar Escape From Guantanamo Bay
Ce film fait partie de la Saga Harold and Kumar

Date de sortie : 16 juillet 2008
Réalisé par Hayden Schlossberg, Jon Hurwitz
Avec John Cho, Kal Penn, Paula Garces
Film américain.
Genre : comédie
Année de production : 2007
Distribué par Metropolitan FilmExport


Synopsis : "Après une première quête qui leur a valu une célébrité planétaire, Harold et Kumar se préparent à vivre la plus grande aventure de leur vie : ils vont aller à Amsterdam pour qu’Harold puisse conquérir l’élue de son cœur, Maria. Hélas, comme souvent avec ces deux-là, les choses vont vite déraper et par un enchaînement de catastrophes dont ils ont le secret, ils vont se retrouver accusés de terrorisme et envoyés au camp de Guantanamo.

Ils n’auront de cesse de prouver leur innocence, mais, pour cela, il faudra s’évader. Ce ne sera pas la partie la plus compliquée étant donné la folle course-poursuite qui les attend ensuite. L’innocence a un prix et, avec eux, ça va coûter cher en dégâts..."

Ce film n’est pas une blague... Il existe véritablement et a été diffusé en juin 2008 dans 2 510 salles aux Etats-Unis.

Plongeons un moment dans la réalité de ce que vivent les prisonniers de la base militaire américaine de Guantanamo. Voici ce qui est arrivé dans la réalité à José Padilla, citoyen américain. "... José Padilla, citoyen américain et ex-membre d’un gang. Arrêté à l’aéroport O’Hare de Chicago en mai 2002, il fut accusé d’avoir eu l’intention de fabriquer une ’bombe sale’."

Au lieu de l’inculper et de le confier au système judiciaire, on le déclara "combattant ennemi", ce qui eut pour effet de le déposséder de tous ses droits. Padilla, détenu dans une prison de la marine américaine de Charleston, en Caroline du Sud, affirme qu’on lui a injecté une drogue, du LSD ou de la PCP, croit-il, et qu’il a été soumis à un intense régime de privation sensorielle. Il était gardé dans une cellule minuscule dont on avait obscurci les fenêtres, horloge et calendrier lui étaient interdits. S’il sortait de sa cellule, c’était les fers aux pieds, des lunettes noires sur les yeux et de lourds écouteurs sur les oreilles. Il fut gardé dans ces conditions pendant 1 307 jours. Pendant ce temps, il n’eut de contacts qu’avec ses interrogateurs, qui, pendant les séances, pilonnaient de lumières et de sons violents ses sens atrophiés par les privations."

Dans cet extrait du livre de Naomi Klein La Stratégie du choc, page 60, il est question de José Padilla, citoyen américain, les autres détenus, considérés comme terroristes et emprisonnés à Guantanamo n’ont pas ce "régime de faveur" puisqu’ils ne sont pas de nationalité américaine.

Le gouvernement américain a emprisonné plusieurs centaines de personnes jugées "terroristes". Ainsi grâce à des lois d’exceptions votées à la suite du 11-Septembre 2001, ces prisonniers n’ont aucun droit. Pas d’avocat, pas le droit à la convention de Genève relative aux prisonniers de guerre... En fait, ils n’existent plus vraiment légalement, donc on en fait ce que l’on veut. En juin 2008, après six années d’emprisonnement, il a été quand même reconnu aux détenus de Guantanamo le droit de contester leur incarcération auprès de la justice américaine.

Voici ce que nous savons aujourd’hui des méthodes américaines d’interrogatoire.
Ces prisonniers sont simplement torturés. Ils sont frappés. On les empêche de dormir. On leur fait entendre des cris de bébés pendant des jours, des miaulements de chats. On leur met un sac sur la tête. On les enferme dans une cellule seul pendant des jours sans qu’aucun son ne leur parvienne. On les empêche de voir et d’entendre. On les empêche de communiquer avec l’extérieur. Leurs seuls interlocuteurs sont quelquefois leurs interrogateurs. On les drogue avec des excitants, des tranquillisants, des narcotiques et quelquefois tout cela en même temps pour mieux les faire parler.

Beaucoup deviennent véritablement fous. Beaucoup régressent à l’état d’enfant d’un âge de 4 ou 5 ans, et perdent toutes facultés à être un adulte.

Ils subissent des électrochocs répétés qui endommagent leurs capacités cérébrales et leur mémoire. Certains oublient qui ils sont ou perdent toute une partie de leurs souvenirs du fait de connexions neuronales endommagées.
Leur tête est plongée dans l’eau jusqu’à suffocation... il arrive que certains meurent durant ces séances de tortures.

Beaucoup sont à Guantanamo pour rien, par erreur.

Ce qui est reproché aux dictatures les plus violentes est vécu à Guantanamo tous les jours, la seule différence peut-être est qu’il n’existe pas de peloton d’exécution.

Guantanamo est à mon sens le "naufrage officiel" de la démocratie américaine.

Avant Guantanamo, les choses étaient identiques, mais officieuses, les détenus étaient envoyés dans des pays "amis", à bord d’avions "fantômes" de la CIA, en Bulgarie, Roumanie, Égypte... remis dans les mains des militaires ou de la police de ces pays pour être torturés sous la supervision d’un ou de plusieurs agents de la CIA qui glissaient les questions à poser et formaient aux techniques de tortures physiques et psychologiques. Ainsi, officiellement, les Etats-Unis ne pratiquaient pas la torture, des pays "amis" s’en chargeaient pour eux

Alors que faire pour changer les choses à Guantanamo ?

Bien sûr on pourrait fermer Guantanamo et revenir rapidement dans la logique démocratique du respect de l’humain, des droits de l’homme et a minima de la convention de Genève qui fixe des règles à la gestion des prisonniers de guerre.

Mais ce film offre une autre voie, un imaginaire préfabriqué où les rires couvrent les cris.

Lorsque j’ai découvert l’affiche de ce film, voici ce qui m’est alors apparu : inutile de changer Guantanamo, il suffira de changer le regard des gens sur Guantanamo.
A cet effet, le cinéma est un outil idéal. Il suffit alors d’écrire une comédie burlesque sur Guantanamo et de fabriquer de toutes pièces un univers mental humoristique pour masquer le réel de la torture, et de l’effondrement des bases de la démocratie américaine.

De fait, il existe peu d’images de Guantanamo et à ma connaissance aucune de la violence qui y sévit. Dès lors toutes les images fabriquées par le cinéma viennent prendre place là où le vide régnait dans l’imaginaire collectif. C’est d’une logique psychologique implacable.

En diffusant massivement ce film dans 2 510 salles aux Etats-Unis, on fabrique une sensation émotionnelle positive et collective par le burlesque au sein des populations qui le visionneront. Ce que les Etats-Unis font légalement de pire est dédramatisé pour devenir "fun".

Cela se fait naturellement, dans la détente et dans le rire. Le travail de manipulation mentale est alors total, profond et réussi.

Après ce film, il existera alors des images positives et drôles de Guantanamo... une mystification, une manipulation qui masquera la réalité pour une période indéterminée, peut-être même pour toujours.

Hollywood sait fabriquer une imagerie positive pour masquer la réalité. Gentils cow-boys méchants indiens.

Ce film pourrait être à mon sens l’évidence de liens puissants entre Hollywood et la communication gouvernementale pour couvrir les opérations militaires américaines et les agissements de la CIA.

Mais peut-être, et ce serait plus grave encore, ce film pourrait être simplement le signe de l’ignorance et du cynisme de producteurs de films et du public qui les consomme. Car comment peut-on rire ou s’amuser de Guantanamo ?

Bientôt grâce à cette manipulation de masse l’évocation de Guantanamo pourrait signifier " film drôle", et la seule question qui suivrait alors serait : "tu l’as vu ?"

Cette histoire de film me semble à la fois hallucinante et terrifiante d’inhumanité. Jusqu’où pourra aller un gouvernement "démocratique" dans la négation de son action anti-démocratique ? Existe-t-il une limite au cynisme et à la perversion en démocratie ? Jusqu’où peut-on rire de la souffrance et de la mort de son prochain ?

Les producteurs ont-ils imaginé une autre suite encore ? Les Nouvelles Aventures de Harold et Kumar à Abou Ghraïb, par exemple.

Si ce dernier film semble improbable c’est parce qu’il y a sur l’histoire d’Abou Ghraïb une réalité collective imagée que personne ne pourra plus effacer. Trop d’images de tortures, trop de réalités connues. Là encore pourtant la manipulation existe, car on fait croire aux peuples démocratiques que les tortures d’Abou Ghraïb étaient le fait de quelques militaires désœuvrés et condamnés, alors qu’en fait ces pratiques étaient "normales" et organisées par la hiérarchie militaire américaine.

Il semble donc que les prisonniers de Guantanamo pourront encore souffrir longtemps loin des appareils photos et des vidéos démontrant leurs sévices.
Peut-être que pour ceux de Guantanamo qui ont été libérés parce qu’ils étaient innocents, une nouvelle forme de torture existe aujourd’hui, celle des rires de citoyens américains et de citoyens du monde assis dans une salle de cinéma et unis par l’ignorance et la cruauté humaine, se gaussant des péripéties de détenus en habits oranges tellement drôles, à "Guantanamo circus".

Le peuple manipulé rira-t-il encore longtemps de ceux qui sont en réalité torturés ? Peuples manipulés, détenus torturés, par les mêmes dirigeants qui s’amusent et nous opposent les uns et les autres, brouillant les cartes et les univers mentaux pour mieux conserver le pouvoir par le cynisme et la peur.

Mathias

La bande annonce :



Un extrait :


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35 réactions à cet article    


  • morice morice 24 juin 2008 12:18

    hallucinant... en effet. bientôt une série télévisée sur la pendaison de Saddam Hussein ??? ou les gaietés de l’escadron en Irak ??? on y verra les parties de golf à l’ambassade US, dont on ne sait toujours pas si elle a été ou non inaugurée ???


    • Didier B Didier B 24 juin 2008 12:21

      Pour les gaietés de l’escadron, il y a déjà eu "Over There", mais c’était loin d’être une sitcom.


    • LE CHAT LE CHAT 24 juin 2008 15:26

      @momo

       

      t’as pas la télé ? Pour la guerre en Irak presque en live , il y a la série " over there "http://fr.wikipedia.org/wiki/Over_There

      http://img50.imageshack.us/img50/9615/overthere38kc.gif

       

       


    • Didier B Didier B 24 juin 2008 12:19

      Ma réponse à la question du titre est : OUI !

      Et de citer Pierre Desproges et son fameux : "On peut rire de tout..." et de confirmer que tout le monde n’en rira pas forcement.


      • bof 24 juin 2008 13:03

        Rien de surprenant à ce qu’un réalisateur traite le sujet Guantanamo de cette façon.

        AUCUNE remise en question de la légitimité de Guantanamo, juste un sujet de comédie. Normal : cinq fois de suite des juges ont décidé que la loi ne s’y appliquait pas. Au passage, les rêveurs qui s’imaginent que les Etats-Unis vont redevenir l’Amérique qu’on aime tant pourront constater que GW Bush n’est pas le seul à se contrefiche du sort des non-américains, et que le gentil Obama s’en désintéresse tout autant.

        Guantanamo, c’est juste un sujet d’actu, alors pourquoi pas y situer une comédie, hein ?


        • saint_sebastien saint_sebastien 24 juin 2008 13:17

           bon , faut arreter la démagogie la... le film parle 5 min à peine de Guantanamo. C’est une comédie plutôt axée sur l’herbe , les bangs et le shit , et personne ne vous oblige à aller la voir.


          • elric 24 juin 2008 13:21

             J’ai pas vue le film,dont je ne sais pas ce qu’il vaut,mais aborder,voir dénoncer,des sujets graves sous le biais de la comédie,n’est pas si stupide que ça au fond,si par le rire tu amène à la reflexion.Mais je ne juge pas le film en question,ne l’ayant pas vue.


            • miwari miwari 24 juin 2008 13:35

              Cette nation est le reflet de son peuple, cynique et pitoyable, fini le rêve de l’Amérique tel que nous connaissions et que l’on ne vienne surtout pas me dire que l’Amérique que l’on voit n’est pas la vraie Amérique et que c’est grâce a eux que nous et le monde sommes libre, ces américains là n’existent plus ils sont remplacés pas des gens stupides qui me donne la nausée.

              Peuple de dégénéré, je te vomis


              • BuZardinho BuZardinho 24 juin 2008 14:26

                ça c’est constructif...


              • Patience Patience 24 juin 2008 15:13

                Ben, moi non plus, je ne me sens pas bien.

                A quand une comedie dans les tours du WTC, un certain 9/11 ?


              • wangpi wangpi 24 juin 2008 14:22

                peux-t-on m’expliquer pourquoi mon commentaire a-t-il été censuré ?

                je répète :

                Personne ne peut ignorer que le cinéma us est un outil de propagande.

                banaliser guantanamo, c’est de cela qu’il s’agit.

                aller voir ce film, c’est accepter qu’un tel endroit existe.

                toute autre considération est sans objet, et pour tout dire, assez gerbante.



                  • Deneb Deneb 24 juin 2008 14:52

                    Le rire est toujours l’arme la plus puissante contre une dictature.

                    Sinon la bande annonce me fait penser à Eric et Ramzy dans "La tour Montparnasse inférnale", une perle d’humour absurde.


                    • morice morice 24 juin 2008 14:56

                       par Calito 2 (IP:xxx.x8.53.109) le 24 juin 2008 à 12H21 

                       
                      Alors, le pirate, voleur de compte, ca roule.... l’enquête continue.
                      oui, on sait, un jour islamiste, un jour autre chose et aujourd’hui pirate de cv de taré.. et demain quoi dans votre cerveau de malade, TALL bis ??? 


                        • Daniel Borja danino 24 juin 2008 15:27

                          Un débat similaire s’est engagé il y a 10 ans de cela, suite au film de Roberto Begnini "La vie est belle", dont l’action était située dans un camps de concentration. Ce film a été finalement considéré comme salutaire. Donc a priori, celui-ci n’est pas forcément plus dérangeant. La seule limite est qu’il prend pour thème des événements contemporains et non achevés, au sens historique du terme. Je n’ai pas vu le film mais je n’en condamne pas par avance le principe.


                          • Passager 120 Mathias 24 juin 2008 20:29

                            Votre analyse est très pertinente et je souligne comme vous l’aspect "non historique" du regard posé sur Guantanamo. Le problème "Guatanamo" est d’actualité, pas de recul possible et des informations très parcellaires pour l’instant.

                            Comment alors rire de ce qui n’est pas encore clair, ni révélé, ni connu largement de tous ?

                            Difficile à mon sens de rire d’un site reconnu comme lieu de torture.

                            A ce jour, il est très probable que Guantanamo soit assimilé généralement à un centre d’incarcération spécialisé, ce qui demeure une erreur et une manipulation.



                            • ptittoun 24 juin 2008 16:20

                              Comparer la vie est belle à Harold et Kumar c’est quand même un peu fort.. Harold et Kumar à Guantanamo Bay suit le film de 2004 Harold et Kumar Go to white castle. Ce sont deux comédies ou deux amis traversent des péripéties délirantes, le plus souvent bien défoncés. Et au vu du titre, c’est étonnant car on les voit à peine 5 minutes à guantanamo !

                              Effectivement, il y a une critique bien facile de guanatanamo ( "cock meat sandwitch" pour ceux qui l’ont vu, on les oblige à sucer les guardiens lol ), mais franchement pas de quoi en faire tout un plat... Il ne faut pas rêver, leur but n’était surement pas de dédramatiser guantanamo... D’autant que dans cet épisode ils se fument un gros pétard avec le président des états unis, qui s’appelle W ^^, on pourrait y voir beaucoup de choses la dedans.

                              C’est tout autant une critique du gouvernement américain, que de sa politique envers le cannabis..En tout cas ça va peut être faire parler de guantanamo et c’est mieux que le contraire !

                              Je conseille ce film à tous les amateurs de comédies délirantes pro-cannabiques, de Cheech and Chong en passant par How High.

                               

                               


                              • gecko gecko 25 juin 2008 10:30

                                ah voila un commentaire qui va me faire regarder ce film !


                              • logan 24 juin 2008 16:23

                                Personnellement oui pour moi il ne faut pas mélanger tous les types de cinema

                                Ce film fait clairement partie du divertissement, et il ne prend visiblement rien au serieux même les pires choses comme Guantanamo et c’est son droit le plus total.

                                Je ne suis pas sur qu’il soit pertinent de lui associer une quelconque volonté de vouloir faire passer un message politique.

                                Mais en tout cas bravo pour votre article, même si je ne suis pas d’accord avec les liens que vous donnez au film, il n’en reste pas moins interessant pour tout ce qui concerne Guantanamo.

                                 


                                • Francis Francis 24 juin 2008 16:48

                                  Un réalisateur japonais devrait faire le même genre de film, mais sur les prisonniers américains dans les camps japonais pendant la WWII, histoire de voir la réaction de ces biens pensants ...


                                  • Deneb Deneb 24 juin 2008 17:13

                                    Je viens d’en voir la moitié, du film. Je retire ce que j’ai dit en le comparant à Eric et Ramzy. C’est une americanade qui se veut satyrique, mais à l’humour tellement formaté que le film n’arrive même pas à la cheville de nos deux comiques. Malgré les scenes "hot", malgré une legère satyre, le film reste désespérement politquement correct.


                                    • Dudule 24 juin 2008 17:15

                                      J’ai vu le film en VF (téléchargé où vous savez). Une farce souvent très lourde, avec quelques bons gags. Le parallèle avec Eric et Ramzi est tout à fait pertinent.

                                      Les questions concernant l’illégalité totale de Guatanamo, la paranoïa ambiante aux US, la suspension de fait des droits civiques y sont clairement abordées sur un ton humoristique, ce que l’on peu voir dans la bande annonce.

                                      Le film est loin d’être excellent, malgré quelques bons gags, mais il est résolument plus que critique vis à vis de ce qu’il se passe aujourd’hui aux states. Et c’est justement cet aspect du film qui n’est pas vraiment raté.

                                      Des services secrets (blancs) complètements nuls et paranos, qui ont une frousse bleue de la hyérarchie et de tout ce qui est bronzé, bridé ou circoncis, un camp de Guatanamo caricaturé mais qui ne ressemble pas du tout au club-med, un président US en gros beauf texan débile, mais gentil (les deux guignols finissent par le rencontré en atérissant en parachute dans son ranch... voir la bande annonce), cette dernière partie étant assez raté.

                                      Les 2 guignols, plus américains que nature, poursuivis par un responsable de la NSA complètement idiot et raciste, parce que l’asiatique est pris pour un terroriste Nord-Coréen et l’Iindou pour un terroriste musulman. Le tout prétexte à des rencontres décalés avec les US d’aujourd’hui, dans lesquelles les clichés sont parfois confirmés, parfois pris à contre pied... Les scènes dans un "ghetto" noir, où nos deux héros sont confrontés à un soit disant gang (qui n’est en fait qu’une bande de yuppies "afro-américains" jouant au basket), puis la rencontre du flic con avec ce même "gang", est particulièrement savoureuse.

                                      Autre moment d’intense rigolade : un traducteur est alloué aux parents de l’asiatique (qui parlent parfaitement l’anglais) lors de leur interrogatoire. Celui-ci (visiblement un jeune WASP employé des services secrets) ne comprend pas quel dialecte coréen parlent les parents... puisqu’ils lui répondent dans un anglais presque parfait. Il semble que pour lui, un coréen parle coréen, point barre. Le gros con de la NSA fait semblant de ne s’apercevoir de rien (ou ne s’aperçoit de rien), et continue l’interrogatoire par l’intermédiaire du traducteur !!! Les parents insultent le traducteur en anglais, lequel se tourne vers le flic con pour lui dire dans la même langue qu’il ne comprend rien, et le flic con qui continue à interroger les parents par son entremise !! Du grand burlesque ! La scène dure plusieurs minutes et est très réussi.

                                      L’interrogatoire d’amis juifs des deux lascars est aussi pas mal, dans le genre...

                                      En fait, on voit dans ce film une amérique populaire décontractée et insouciante, ce foutant pas mal de ses "communautés" d’origine à part pour s’en moquer et les caricaturés, pratiquant allégrement le melting pot en fumant des joints, et une amérique bourgeoise blanche et coincée, complètement parano et ne comprenant strictement plus rien à ce qu’il ce passe autour d’elle !

                                      En fait, les gros cons du film sont les WASP. Il semble bien que ce soit après eux que les auteurs en ont. Du racisme anti-blanc, diront certains . Il semble que le message du film soit clairement : "Et si les Blancs riches, surdiplômés et cons qui dirigent ce pays depuis ces origines nous lachaient un peu les baskets ?"... C’est assez bizarre, et intéressant, puisque c’est la première que je décode un film US avec ce message. A mettre en parallèle avec les succès d’Obama...

                                      Je ne pense pas que ce film a été écrit et réalisé pour banaliser Guatanamo, sûrement pas ! Maintenant, on peut parler de la qualité du film lui même, assez médiocre, mais traversé par quelques fulgurances proprement hilarantes, et ces fulgurances étant justement drôle parce qu’elles dénoncent assez finement des USA devenus ridicules de paranoïa et de conformisme.


                                      • Lisa SION 2 Lisa SION 24 juin 2008 18:41

                                        Mathias,

                                        Heureusement qu’il y a l’humour ( ames sensibles s’abstenir ) parce que sinon, nous serions tous morts de dépression depuis longtemps. Si Hollywood ne faisait pas rèver et se contentait de sélectionner la réalité, il y aurait beaucoup plus de tristes que de belles histoires. On peut effectivement rire de tout, mais il y a des limites dans la niaiserie comme les films de guerre du genre la grande illusion ou les gendarmes à st trop. Cela ne dore pas notre image et cela ne participe pas à règler le sort des sujets sordides et qui devraient être honnis

                                        Hollywood qui se délecte des imperfections de notre monde, qui compose avec la propagande étasunienne pour nous les resservir entre un maquedeau et son portable...ca vaut pas une après midi à ramasser des fraises des bois à la lisière d’une forêt parfumée mais fraiche... Chacun son truc. 


                                        • Coquille 25 juin 2008 00:53

                                          Je vous propose le lien suivant :

                                          Vidéo du tube de coupé décalé : "gantanamo". A ce que j’en sais, gros succès il y a quelques mois.

                                          http://youtube.com/watch?v=BgNOyPROYq0

                                          Une autre forme d’humour sur le sujet, d’un autre point de vue, d’un autre continent.

                                          Si ça peut alimenter le débat propagande/humour/indécence/dénonciation...

                                           

                                           

                                           


                                          • Zawgyi 25 juin 2008 09:46

                                            Encore un article moralisateur de la part d’un individu dépourvu du sens de l’humour. On se croierait en plein "Nom de la Rose" : brûlons la copie de ce film avant que l’humour et la comédie ne nous permette de rire de Dieu ! Et oui, grande découverte : l’humour permet de rire de tout, même de la mort. Les psychologues diront qu’il est essentiel pour nous aider à nous affranchir de nos peurs. Les médecins diront qu’il est vital pour la santé. Les défenseurs des droits de l’homme diront qu’il est le gardien d’une certaine liberté d’expression. Et les inquisiteurs comme Mathias nous prouvent à quel point il est important pour lutter contre la pensée unique, la pensée inique, la pensée qui veut nous imposer partout le politiquement correct.

                                            Prenons le raisonnement de l’auteur et censurons donc bien vite la Grande Vadrouille, L’as des as et Papa Schultz : il n’est pas normal de pouvoir se moquer du nazisme, de la résistance, de la 2ème guerre mondiale en général. Interdisons Le dîner de con : il existe bien des gens limités intellectuellement et d’autres constuisant la Tour Eiffel en allumettes qui pourraient se sentir offensés. Mettons à l’index les Lettres Persanes : cet ouvrage ne présente-t-il pas les Iraniens comme des demeurés ? A mon avis, il faudrait même commencer par la Bible (livre qui me fait marrer. Allez, comment rester sérieux en lisant l’exode ?) qui présente les Romains et les Egyptiens sous un mauvais jour et qui fait l’apologie de l’alcoolisme avec les noces de Cana.

                                            Finalement, bannissons l’humour, la critique, la dérision et vivons dans un monde triste et sérieux, mais ô combien plus politiquement correct, un monde où nous pourrons enfin vivre tous en paix comme sur l’île aux enfants, puisqu’il sera interdit de parler, même un "bonjour" risquant de blesser un dépressif pour qui le jour n’a rien de bon.

                                            Big Brother, are you there ?


                                            • Passager 120 Mathias 25 juin 2008 10:04

                                              Chacun voit big brother à sa porte smiley

                                              Je vous confirme que les blagues racistes ne me font pas rire, tout comme un film drôle sur un lieu de torture...

                                              Certains verront le burlesque de la blague raciste, d’autres y verrons une forme de racisme masqué, voir d’ignorance dangeureuse.

                                              L’inconscience c’est tout un programme.


                                            • gecko gecko 25 juin 2008 10:26

                                              d’autres y verront un coté fortement démago... bon article innutile qui cherche la petite bête faut arréter ! par contre j aurais peu etre aprrécié un article détaillé (et documenté) sur les pratiques a guantanamo pas un pamphlet sur un film de merde.


                                            • Zawgyi 25 juin 2008 11:56

                                              Je ne vois pas très bien le rapport entre Guantanamo et les blagues racistes, surtout lorsque le film en question a pour héros des personnes de couleur. Par ailleurs, je persiste à croire qu’il n’y a rien de plus dangereux que les personnes de bonne volonté et les bien-penseurs. Pour continuer votre raisonnement sur les blagues racistes, j’imagine que cela inclue également les blagues belges, les blagues sur les handicaps, sur les accents, sur les différences régionales, sur les Ch’tis, sur les Marseillais, sur la religion (n’importe laquelle), sur la tendance politique... Bref j’en reviens également à dire qu’on finira par ne plus avoir le droit de rire de rien. Car, comment fixer la limite entre ce qui peut-être risible et ce qui ne l’est pas ? Qui aura le pouvoir de déterminer des champs dans lequel l’humour peut s’exprimer ? Comment éviter l’arbitraire, le subjectif et finalement l’extrêmisme dans le politiquement correct, dès lors que tout peut porter à caution. Après tout, le moindre mot peut blesser quelqu’un selon sa sensibilité.

                                              Oui, je crois qu’il est nécessaire de pouvoir se moquer de la mort, de Guantanamo, de Mahomet, de Dieu. La seule limite que je fixerai serait l’incitation explicite à la haine. Enfin, je terminerai en disant qu’il arrive bien souvent que les victimes de difficultés soient les premières à se moquer de leur situation. j’en veux pour exemple les caricatures et l’auto-dérision dont font preuves les Birmans quant à leur situation que je connais bien. Allez-vous leur interdire à eux-aussi de rire du cyclone, de la dictature, de la répression, qui sont tout autant terribles que Guantanamo.

                                              Au final, quelle expérience personnelle traumatisante, quelle action humanitaire de votre part, quelle situation sinon celle dont vous profitez confortablement depuis votre fauteuil en France vous permet de dire qu’il ne faut pas rire de telle ou telle situation quand les victimes elles-mêmes ne lancent pas cet appel ? On en arrive aux mêmes paradoxes insupportables que les appels au boycott ou aux sanctions lancées par des stars millionnaires soit disant au profit des populations asservies, et qui finissent par réduire ces dernières à la misère... Donner des leçons n’est pas permis à tous, même si c’est un sport national français, et votre temps serait mieux utilisé à lutter activement pour une cause digne de ce nom plutôt que de passer de précieuses minutes à démonter un ridicule film comique sans prétention politique.


                                            • Passager 120 Mathias 25 juin 2008 16:55

                                              Je me demande bien, lorsque je vous lis, qui de nous deux est "moralisateur" ?

                                              Mon propos n’est pas de critiquer l’humour. Même s’il peut être parfois criticable, voir simplement mauvais.

                                              Mon propos est de dénoncer l’erreur à la base. "Se moquer de Guantanmo"... encore faudrait-il ne pas se tromper sur ce qu’est Guantanamo.

                                              En faisant cette comédie burlesque sur un lieu de Torture désigné comme un "lieu d’emprisonnement à la thématique terroriste" on induit une manipulation de masse.

                                              L’erreur sur la désignation est une technique de manipulation formidable, un masque sur le réel.

                                              Dans la tête de très nombreux américains et des spectateurs qui n’ont comme culture que la TV et le cinéma de multinationale, il en restera simplement que Guatanamo n’est qu’un centre de rétention, une simple prison. (dans mon article il n’est question que de ça).

                                              Si vous ne comprenez toujours pas mon article pour ce qu’il est, j’en suis désolé mais là je ne peux rien.

                                              Pour ce qui est des "blagues racistes", je ne faisais pas référence au film mais à l’humour qui peut simplement cacher autre chose de plus important à savoir la nature même de celui qui les raconte et de celui qui en rit.

                                              Le dictateur est un film magnifique car il éveille et dénonce, lorsque l’humour prend cette forme c’est simplement un art merveilleux. La "grande vadrouille" a permis d’exorciser ce qui était connu de tous, l’occupation Allemande de la France.

                                              "La vie est belle" est à mon sens une erreur, même si le registre de la fable est utilisé, ce film mélange tout et brouille les pistes pour tous ceux qui n’ont pas vu de documentaires (comme Shoa par exemple) ni lu sur la déportation.

                                              J’aurais plaisir à lire un article de vous sur la Birmanie smiley


                                            • Zawgyi 25 juin 2008 17:25

                                              J’ai sans doute mal interprété votre article. Finalement, votre critique ne porte pas sur le fait de traiter de manière humoristique un lieu de tortures (il semble que tous les autres lecteurs aient été aussi confus que moi à ce sujet), mais sur le fait que l’on ne dise pas dans le film (ou dans son générique en guise d’avertissement aux spectateurs) que Guantanamo est bien un centre où l’on torture et emprisonne de manière arbitraire.

                                              Cela m’amène à un deuxième commentaire, notamment par rapport à ce que vous dites des spectateurs qui n’ont d’autre sources d’information que la TV ou le cinéma. Pour parler vulgairement, vous prenez donc les gens pour des cons. Non seulement, la majorité de la population n’a d’autre source d’information que les médias grands publics, mais en plus il ne sont pas capables de faire la distinction entre la réalité et la fiction.

                                              Tout d’abord, je vous répondrai que la TV et le cinéma produisent de nombreuses oeuvres qui montrent les dérives de la politique actuelle de Bush. Et ces oeuvres sont souvent de bien meilleure qualité que le film que vous critiquez (ex : Lions et agneaux, Farenheit 9/11, etc). Sans compter les documentaires en tous genres diffusés à la télé, ainsi que la position de la majorité des journalistes en occident (à part Fox, peu de médias ont une ligne éditoriale pro Bush). Aussi, dans le cas où les spectateurs n’auraient comme simple source d’information que la TV ou le cinéma, je ne m’inquièterais pas trop à votre place, la balance pencherait plutôt de l’autre côté, et je ne me soucierais pas trop de l’impact d’un petit film loufoque dont l’audience restera sans doute limitée.

                                              De plus, ce n’est pas parce qu’un film présente un sujet sous un angle particulier que le message sera gobé tel quel, surtout un sujet qui a fait l’objet d’un tel battage médiatique. Si, si, je vous assure, la grande majorité des gens sont capable de faire preuve d’un esprit critique, de remettre ce qu’on leur dit en question, de s’informer par eux-même, bref de réfléchir. Ne vous en déplaise, tout le monde n’est pas un mouton de panurge à l’encéphalogramme plat. Je trouve donc que vous faites preuve de suffisance en pensant que la majorité des spectateurs ne seraient pas capable de faire preuve de la même réflexion que vous. Seriez-vous donc un génie ? Le message est-il donc à ce point au troisième degré que personne ne saurait le percevoir ?

                                              Quant à cette infime minorité qui se laisserait malgré tout influencer par ce film (donc un faible pourcentage du faible pourcentage de ceux qui iront voir ce film peu distribué), je dirais que leur cas est de toute manière désespéré et que vous ne devriez pas vous en soucier : la politique internationale ne les intéresse sans doute même pas et il n’auront que faire de ce qu’est ou n’est pas réellement Guantanamo.

                                              On en revient donc au vif du sujet : oui, il est bien de faire une comédie sur n’importe quoi, même si l’angle d’approche peut paraître ambiguë, puisqu’il le film sera finalement interprété comme telle. C’est-à-dire, un film sans fond, loufoque, débile, et non pas un documentaire. Enfin, pour terminer, je dirai que votre analyse est sans aucun doute biaisée parce que vous n’avez pas pris en compte l’arrière plan culturel qui a donné naissance à ce film : dans l’Amérique d’aujourd’hui, faire un film qui parle de Guantanamo, surtout pour ridiculiser cette institution et finalement pour montrer que l’on peut s’y retrouver par erreur, est une révolution en soit, une critique du système actuel, même si l’horreur du lieu n’est pas dépeint dans ce qui reste, rappelons-le, une comédie pour ados. Regardez donc ce film avec des yeux d’Américains et vous changerez sans doute d’avis.


                                            • t_faz 25 juin 2008 13:59

                                              tu as raison ...d’ailleur on aurait du interdire tout ces films ignobles tel que la grande vadrouille, la vita e bella ou encore le dictateur de charly chaplin...


                                              • Passager 120 Mathias 26 juin 2008 08:50

                                                En fait il n’y a pas "un" mais de nombreux Guantanamo comme nous l’apprend "The Guardian" sous la plume de Duncan Campbell & Richard Norton-Taylor, information reprise par courrier international dont voici un extrait (peut-être de prochaines aventures divertissantes pour Harold et Kumar).

                                                "... Les autorités américaines reconnaissent qu’elles détiennent au moins 26 000 personnes dans des prisons secrètes, et, d’après certaines informations, près de 80 000 individus seraient passés "par ce système" depuis 2001. Mais selon les déclarations faites au Guardian par le porte-parole de la marine américaine, le commandant Jeffrey Gordon, "il n’y a pas de centres de détention dans les bateaux de la marine américaine". Toutefois, a-t-il ajouté, il est notoire que certains individus ont été embarqués dans des bateaux pendant les premiers jours de leur détention. Il s’est refusé à tout commentaire sur les informations selon lesquelles des vaisseaux de la marine américaine, stationnés non loin de Diego Garcia ou dans l’archipel même, auraient servi de "bateaux-prisons".

                                                Le ministère des Affaires étrangères britannique a de son côté rappelé la déclaration faite par son ministre, David Miliband, devant les députés en février dernier. Le chef du Foreign Office avait alors reconnu que, malgré les démentis antérieurs, des avions américains auraient atterri à Diego Garcia pour y effectuer des "transferts exceptionnels". Il aurait, affirme-t-il, demandé à son personnel de lui dresser une liste de tous les vols sur lesquels de tels transferts auraient été réalisés. La CIA aurait également possédé des lieux de détention secrets en Thaïlande, en Afghanistan, en Pologne et en Roumanie.

                                                En outre, de nombreux prisonniers ont été "exceptionnellement transférés" à des alliés des Etats-Unis et auraient été torturés dans des prisons secrètes, dans des pays comme la Syrie, la Jordanie, le Maroc et l’Egypte..."


                                                • Botsu 26 juin 2008 16:13

                                                  @ l’auteur je pense que vous vous posez des questions assez justes, mais dans ce genre de situation la seule démarche valable à mon avis c’est encore de voir au cas par cas et de regarder le film pour émettre un jugement.

                                                  En l’occurrence, le premier Harold et Kumar m’avait fait passé un bon moment, mais ayant vu celui-ci à l’instant je peux confirmer que les blagues scato sont légions, les moments de franche rigolade rares et que le film est globalement indigeste. Les situations improbables s’enchaînent et difficile d’aller plus loin dans le cliché et le mauvais goût. Le premier réussissait encore à faire rire par ses dialogues et le ton décalé mais quand on mélange un humour qui s’essouffle avec un scénario aussi ridicule ça donne quelque chose de vraiment mauvais.

                                                  Pas de quoi s’affoler pour si peu surtout qu’en effet le passage à Guantanamo dure 5 minutes et que mis à part une blague douteuse il donne pas franchement l’image d’un endroit où la rigolade est de mise.

                                                   

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