Guerre en Ukraine : Le retour de la diplomatie, c’est l’intérêt des peuples contre l’expansionnisme et la propagande
Nous sommes entrés dans une période de guerre, non seulement celle qui se livre sur le terrain, mais celle de la communication, pour ne pas dire de la propagande. On a interdit les médias russes en France et en Europe, et on trie ainsi l’information, en ne relayant sur la lecture du conflit que ce qu’en disent les Ukrainiens, leur président quasi mythifié par les médias occidentaux. Il serait « le visage de l’honneur, de la liberté et de la bravoure » selon les propos mêmes d’Emmanuel Macron. On notera que ce président ukrainien a fait, le 13 septembre 2019, limogé par la Rada (l’Assemblée nationale ukrainienne), l’ensemble de la Commission électorale centrale, qui avait notamment assuré les élections présidentielles et législatives du printemps et de l’été 2019. Il a été, à la suite, accusé par plusieurs groupes politiques d’être antidémocratique et de constituer « un moyen d’usurper le pouvoir » (1). Suivront de nombreuses contestations, irrégularités, et un enjeu politique tournant à la farce. La veille du premier tour, alors que la campagne est censée être terminée, la deuxième chaîne de télévision du pays, dont est propriétaire un oligarque qui le soutient, accorde sept heures d’antenne aux spectacles du comédien-humoriste, et diffuse un documentaire sur Ronald Reagan doublée avec sa propre voix. Il a donc toute l’étoffe pour gérer cette situation, surtout en matière de communication. Un novice en politique mais du bon côté occidental, tout à son service. S'il n'est pas question de justifier la guerre, on doit pouvoir en comprendre le pourquoi si on veut en sortir.
Guerre, pouvoirs et propagande
On s’offusque que les autorités Russes restreignent l’accès aux sites de médias indépendants, dont BBC, Radio-télévision internationale allemande Deutsche Welle, l’antenne russe de RTL. Là, c’est bien sûr, une atteinte à la liberté d’informer. En attendant, nos informations sont celles d’un seul côté. Exemple : Le Times avance que, le président de l’Ukraine aurait échappé à trois tentatives d’assassinat diligentées par les autorités russes, mettant en jeu la force « Wagner ». Info relayée partout. Ce qui reste invérifiable, tout en servant encore à mythifier ce président ukrainien et à diaboliser la Russie. On jugera plus tard de sa véracité (On le fera !).
Il se livre une lutte acharnée en faveur d’idées qui doivent faire accepter des décisions politiques. On se rappellera une Guerre du Golfe, dite « guerre propre », portée par l’essentiel des grands médias, prétendant que les bombes étaient intelligentes et évitaient les civils. On apprendra ensuite les « mensonges colossaux » des médias, comme les a appelés Jean-Claude Guillebaud, alors président de Reporters sans frontières (2). C’est reparti !
Lorsque l’on diffuse une séquence filmée par l’armée russe, c’est inévitablement « une vidéo de propagande » (TF1 13H, 2 mars 2022). On insiste sur les morts civils ukrainiens, uniquement, en criant au « génocide », ce qui est hors propos, même si la guerre ne peut être qu’atroce. Parallèlement, on fait comme si l’armée ukrainienne était invincible puisque, de soldats ukrainiens morts, selon nos infos, il n’y en a pas... Mais par ailleurs, on palabre sur les soldats russes qui auraient été tués, leur soi-disant désorganisation et même, des pleurs de soldats démotivés prétendument entendus sur "des ondes".... Ça, ce n’est évidemment pas de la propagande. Encourager à la résistance les Ukrainiens, alors que la Russie a des moyens militaires sans commune mesure, sans faire la moindre proposition d’apaisement dans le sens de garantir la sécurité de cette dernière vis-à-vis de l’OTAN, pour donner une chance à ce que s’arrête cette guerre qui ravage l’Ukraine, ce serait ça le bon choix ?
Les responsabilités de l’OTAN dans la guerre
La guerre en Ukraine serait le fruit d’une volonté unilatérale russe, hégémonique, « impérialiste », celle d’un « paranoïaque », d’un « dictateur ». Regardons les faits. Depuis « la révolution » de 2014, l’Ukraine a basculé dans une logique de rapprochement avec les intérêts occidentaux sous influence américaine. L’Ukraine n’a cessé depuis de demander son entrée dans l’OTAN, incluant l’éventualité d’y installer des armes nucléaires. Zelensky se fait élire président en 2019, en promettant un référendum sur l’intégration de l’Ukraine à l’OTAN. L’intégration dans l’OTAN des pays baltes et d’Europe centrale, accompagnée de l’installation d’armes, de l’arrivée de contingents étrangers et de l’organisation de manœuvres militaires, ont bien montré que cette possibilité n’était pas qu’un délire d’autocrate.
Une politique dite de « la porte ouverte » à l’Ukraine et à la Géorgie par l’OTAN, a été menée jusqu’à la veille du déclenchement de la guerre par la Russie. Fait incontestable, aujourd’hui totalement nié par la plupart des médias et par le président de la République lui-même, affirmant dans sa dernière intervention « ni la France, ni l’Europe ni l’Ukraine ni l’alliance atlantique n’ont voulu cette guerre, nous avons au contraire tout fait pour l’éviter ». Site de l’OTAN, 17 février 2022 :« Les ministres de la Défense des pays de l’OTAN réaffirment leur ferme attachement à la politique de la porte ouverte » citant ensuite « l’Ukraine et la Géorgie ». On ne peut mieux renverser donc, le sens de la charge. C’est un secret de polichinelle que, depuis la chute du mur de Berlin et la fin du Bloc de l’Est communiste, les Etats-Unis avec leurs alliés européens via l’OTAN, n’ont cessé de chercher à établir un nouvel ordre mondial. Ce qui a été illustré par les guerres catastrophiques du Kosovo ou de l’Irak, déstabilisant pour des décennies ces régions, et le monde. C’est la même logique qui a conduit à cette guerre.
Tout a été fait pour empêcher cette guerre, nous dit le président Macron ? Les accords de Minsk, censés pouvoir régler dans le respect des intérêts de tous, la question des régions séparatistes consécutivement à une politique antirusse armée de lois discriminatoires, ont été systématiquement rejetés par Kiev, « Un accord dont l'Ukraine ne voulait pas » selon France info (3). Encore refusé, la veille du conflit par les Ukrainiens, sous prétexte de manœuvre russes à la frontière, motivées par ce refus depuis 2015 « Tandis que Paris et Berlin font le forcing pour faire s’asseoir à la même table Moscou et Kiev, cette dernière refuse de négocier avec un pistolet sur la table » (4). Cette volonté européenne a été pour le moins tardive, et les Ukrainiens ont investi ce refus en pensant être protégés par l’OTAN, marché de dupe, sur fond de nationalisme exacerbé, nié, lui aussi. Il s’agissait de pousser les Russes à la faute.
Une Ukraine où l’ultranationalisme est à la manœuvre
Pourtant, les mouvements ultranationalistes, particulièrement le parti Svoboda, ont eu un rôle déterminant dans « la révolution de 2014 ». Un parti qui s’est longtemps dénommé « Parti Social-nationaliste d’Ukraine » (SNPU), héritiers de la division SS qui a combattu aux côtés des nazis contre la Russie soviétique, et qui a fêté publiquement en 2013, le 70 e anniversaire de cette division. Il a fait des scores de 30 à 40% dans l'Ouest ukrainophone et agricole mais 1% dans l'Est russophone et industriel (5). On ne fantasme pas. Une organisation raciste, antisémite, dont les actes de violence sont légion. Pour Amnesty International, les actions de Svoboda « sont le résultat de l’impunité qui règne en Ukraine. Ni les tueries de Maïdan, ni les crimes de guerre, ni les attaques contre la communauté LGBT n’ont été punis par les autorités. Le signal envoyé est que la violence est tolérée » Le bataillon Azov, du nom de la mer bordant l’Ukraine, intégré à la Garde nationale en 2014 en est l’émanation, formé de plusieurs milliers d’hommes. Azov reprend la "Wolfsangel" (crochet du loup) inversée aux couleurs bleues et jaunes de l’Ukraine, qui fut le logo du parti ukrainien fasciste Svoboda, et qui n’est autre qu’un symbole utilisé par la deuxième division SS pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est ce bataillon qui a été à l’œuvre dans les exactions menées dans les territoires séparatistes russophones. Son fondateur et commandant, Andriy Biletsky, fut décoré de la médaille du jubilé et de l’ordre du courage. Ce « régiment ukrainien néonazi » Azov, vient de s’illustrer, avec une vidéo montrant des soldats tremper dans de la graisse de porc les munitions destinées aux soldats musulmans de Tchétchénie qui combattent aux côtés de l’armée russe. Ces images ont été reprises par un des comptes officiels de l’armée ukrainienne, celui de la garde nationale, dont l’information a bien été confirmée par les commentaires qui l’accompagnent (6). Lorsque Poutine parle de la « dénazification du pays », si par ailleurs exagération il peut y avoir, il n’y a donc pas ici que du faux.
C’est ainsi un faisceau de faits, qui a poussé à la guerre. Comment la Russie aurait-elle pu accepter que l’Ukraine dans ces conditions entre dans l’OTAN, disposant d’armes nucléaires, avec une branche ultranationaliste aux relents fascistes, qui n’est pas sans influence et sans moyens militaires. Même symboliquement face à cela, les 20 millions de morts qu’ont laissés sur le champ de bataille les soviétiques contre les nazis, pèsent leur poids.
Des précédents qui aident à la lecture des problèmes actuels
Souvenons-nous de la crise des missiles à Cuba, en octobre 1962. Cette crise a mené les deux blocs de l’Est et de l’Ouest au bord de la guerre nucléaire. Après l’installation de missiles par les Etats-Unis en Turquie et en Italie pointés vers l’Union soviétique, cette dernière décide d’installer des missiles à Cuba, pointés vers les Etats-Unis. Finalement, après avoir frôlé le déclenchement d’une Troisième Guerre mondiale, les missiles sont retirés des deux côtés. Que demande la Russie, la neutralité de l’Ukraine, sa démilitarisation, la garantie qu’elle n’entre pas dans l’OTAN, qu’elle respecte la diversité de sa population. Accepter de discuter de cela est-ce si fou ? L’OTAN préfère déployer ses forces aux frontières de l’Ukraine, et on livre des armes aux Ukrainiens pour envenimer encore les choses.
Lindsey Graham, qui était un proche allié de l’ex-président Donald Trump, a présenté vendredi 5 mars au Sénat une résolution condamnant le président russe et ses chefs militaires les accusant de commettre des « crimes de guerre » et des « crimes contre l’humanité ». Mieux encore, le même Sénateur en appelle à ce que « quelqu’un en Russie » rende « un grand service (…) assassiner le président Vladimir Poutine ». Repris par la presse occidentale sans bémol, voire avec enthousiasme, de façon irresponsable. Personne pour rappeler que les Etats-Unis ont bombardé à feu roulant, avec leurs alliés, la Serbie et Sarajevo, l’Irak jusqu’aux colonnes de fuyards militaires et civils faisant des victimes sans pouvoir encore aujourd’hui les dénombrer. Une outrecuidance qui est le reflet, quoi que l’on pense de cette guerre, d’une propagande globale qui joue sur bien des omissions, comme c’est la règle.
Sans doute, contrairement à Kennedy en 1962, on a sous-estimé la puissance russe et sa détermination, on n’a pas pris au sérieux une Russie traitée comme mineure. L’Administration américaine s’est grisée de sa propre volonté de puissance en se croyant tout permis, avec une Europe et une France suivistes. Et cela continue ! Que restera-t-il demain aux Ukrainiens après une guerre même si la Russie se retire ? Quand se rendront-ils compte qu’ils sont les dindons de la farce ? Il est vrai que comme toujours, la guerre n’affectera pas le territoire américain mais uniquement, le cas échéant, ses vues politiques.
On héroïse les Ukrainiens en les encourageant à la guerre au lieu de tout faire pour la paix
« La résilience des Ukrainiens doit nous aider à reconsidérer les valeurs essentielles de nos vies » (7), voilà ce que l’on peut voir d’écrit dans Courrier international, les mythifiant comme guerriers, ça ne peut qu’aider, c’est évident. Il faudrait suivre les demandes d’intervention de Zelensky à l’OTAN, ce comédien qui a pris la politique pour une farce, pour généraliser le conflit quitte à une conflagration ? Dans un reportage à Nice, on présente de façon héroïque l’organisation du départ de matériels militaires réunis par des Ukrainiens en France, pour mener la guerre dans leur pays (8). Est-ce ce genre de chose que l’on tolère sur le territoire français, qui va aussi aider ? Que fera-t-on demain avec ces Ukrainiens, qui n’envoient pas que de l’aide humanitaire vers les zones de combat, ou reviendront d’Ukraine après avoir combattu dans des milices ? Quelle sera leur réaction si la France participe à négocier avec la Russie pour ramener la paix ?
Par cette attitude de diabolisation de la Russie et de propagande pro-OTAN, devant laquelle se couchent nos dirigeants européens, en poussant à l’affrontement au lieu d’appeler à arrêter la guerre en reconsidérant les demandes russes garantissant sa sécurité, et celle des populations russophones d’Ukraine, on ne fait que donner raison à la guerre contre la paix. C’est la fuite en avant. Que faudra-t-il pour que l’on change de perspective, pour que la diplomatie reprenne le pas sur les armes, alors que l’on ne fait que s’arc bouter follement sur le renforcement des arsenaux militaires, jusqu’à l’Allemagne qui se saisit de la situation pour redevenir une puissance militaire ? La diplomatie est la seule voie pour garantir aussi la sécurité de l’Ukraine et sa liberté. « Les Russes ont gagné militairement en Ukraine, en tout cas dans la partie qu'ils convoitaient", a affirmé Thomas Flichy de la Neuville, professeur d'université, vendredi sur France info, pour inviter à ce que l’OTAN négocie avec la Russie, seule façon d’éviter selon lui « la partition de l’Ukraine » (9). Les peuples, eux seuls peuvent peut-être ramener leurs dirigeants à la raison, manifestant contre la guerre mais aussi contre l’OTAN, pour mettre un terme à l’expansionnisme d’un côté comme de l’autre. Mais faudrait-il encore que leurs consciences ne soient pas étouffées sous le poids de la propagande.
1-https://uacrisis.org/fr/73276-parliament-dissolves-central-election-commission-reasons-implications
2-https://journals.openedition.org/chrhc/1708
3- France Info le 22/02/2022 https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/crise-en-ukraine-que-prevoyaient-les-accords-de-minsk-signes-en-2015_4975245.html
4-https://www.lopinion.fr/international/lukraine-rechigne-a-relancer-les-accords-de-minsk
5-https://information.tv5monde.com/info/ukraine-les-ultra-nationalistes-en-question-51117
7-https://www.courrierinternational.com/article/vaillance-pourquoi-les-ukrainiens-nous-inspirent
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