Par « étranger proche », les Russes entendent en fait l’ensemble des pays du Caucase qui faisaient jadis partie de l’URSS et qui, après des « révolutions colorées » le plus souvent encouragées par l’Occident, se sont, les uns après les autres, affranchis de la tutelle du grand frère soviétique. Passé le temps d’euphorie liée à un semblant de vent démocratique, ces pays (n’est ce pas que c’est le cas de l’Ukraine ?) se rendent maintenant compte que, tout compte fait, leur avenir reste toujours lié à celui de la Russie : en ces temps de crise économique mondiale et d’incertitude, ils ne peuvent rien espérer ni des Etats-Unis ni de l’Europe qui leur avaient pourtant fait miroiter tant de belles choses et de bonheur.
En ne s’en tenant qu’à la Géorgie par exemple, de quelle aide matérielle et financière ce pays peut-il se targuer d’avoir bénéficié de la part de l’Occident ? Peut-on dire Niet, comme disent les Russes ? Non, pas tout à fait. Lors de mes recherches sur Internet, j’ai trouvé un papier de
l’Institut français de géostratégie qui est relativement récent puisqu’il date du 29 août 2008 où il est clairement indiqué que l’aide américaine à la Géorgie s’élevait à un milliard de dollars et ce depuis 1992. Ce qui, il faut le reconnaître, n’est pas rien ! En fait, les américains ne donnent rien pour rien. C’est parce que la Géorgie est située dans une région, le sud du Caucase, à potentiel énergétique assez important que les américains s’intéressent à ce pays. Ils pensent le plus logiquement du monde d’ailleurs qu’en y mettant un pied, ils réussiront à s’assurer du contrôle de cette région où les Russes ont nettement perdu de leur influence depuis l’éclatement de l’URSS. Sauf que les Russes, qui ne sont pas dupes, ne se laisseront pas faire facilement. Là, on chasse dans leur pré carré ! Il est donc tout à fait normal qu’ils réagissent de la façon la plus brutale qui soit comme ils l’ont fait lors de la guerre de cinq jours qui les a opposés à la Géorgie.
Par ailleurs, la Géorgie a bénéficié ces dernières années d’une aide en matériel militaire plus ou moins sophistiqué (
3) dont des drones provenant pour une grande partie de l’Etat d’Israël. Israël a même envoyé des instructeurs militaires pour former la toute jeune armée de la Géorgie. En fait, c’est pour se rapprocher géographiquement de l’Iran qu’Israël s’implique corps et âme si je puis dire dans les affaires militaires de ce pays qui aspire par ailleurs à intégrer l’OTAN le plutôt possible ; il paraît même que les Israéliens ont établi des bases militaires sur le territoire de la Géorgie qui leur permettraient, le cas échéant, d’intervenir rapidement contre l’Iran sans avoir donc à faire de longues distances et sans avoir à demander l’autorisation de survol par leur aviation de pays qui leur sont plus ou moins hostiles (Syrie, Irak, par exemple). La Géorgie ne se rend peut-être pas compte ou en tous les cas ne semble pas savoir où elle met les pieds, mais cette politique risque de l’impliquer dans un conflit beaucoup plus grave que celui du mois d’août de l’année dernière. Un conflit à dimension plus que régionale où il lui sera beaucoup plus difficile de tirer son épingle du jeu ! L’Iran sait très bien qu’il est dans l’œil du cyclone de l’Occident et que tôt ou tard il sera attaqué. Les avertissements des pays de l’Occident à l’Iran pour que celui-ci mette un terme à son programme nucléaire se font insistants ces derniers temps d’ailleurs ; Rien que cette semaine, lors de leur rencontre à Londres, le premier ministre britannique Gordon Brown et son homologue israélien Benjamin Netanyahu ont réitéré cet avertissement. Et la main tendue de Barack Obama ne le restera pas pour longtemps encore. Les américains se sont donné un délai de six mois avant de pouvoir prendre des décisions et d’agir. L’Iran sait qu’il est actuellement en sursis et que le jour où il devra rendre des comptes à "la communauté internationale" approche à grands pas ; mais il s’entête et continue à produire de l’uranium. De part et d’autre donc, la course contre la montre est engagée. A ce train-là, dans quelques semaines l’on saura quelle alternative a finalement pris le dessus : "le bombardement de l’Iran ou la bombe iranienne".
Une attaque qui proviendrait de la Géorgie servirait plus l’Iran qu’elle ne le desservirait puisque de toute évidence la Russie se trouverait de facto impliquée dans ce conflit qui aurait pris naissance à son "étranger proche".
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