Iran : De Khomeiny au satellite Omid
Message lancé par le satellite iranien Omid (espoir), le 5 février 2009
Dans un communiqué, l’association des juifs iraniens a tenu à réagir aux mesures incitatives proposées par Israël : « Nous, les juifs iraniens, sommes fiers de notre identité nationale et de notre culture iranienne. Cette identité ne s’échange pas avec l’argent ; les juifs constituent l’une des plus anciennes communautés iraniennes et ils aiment leur identité et leur pays et leur culture ». « Ce genre de proposition est tout simplement offensant : il signifie qu’Israël veut acheter ses futurs citoyens », a, pour sa part, annoncé le député des juifs iraniens au Parlement, Maurice Motamed.(1)
L’actuelle diabolisation de l’Iran connaît un répit avec la politique « d’ouverture » affichée par l’Administration américaine. Récemment à Munich à la Conférence sur la sécurité, le président du Parlement iranien a rencontré le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Interrogé sur la question nucléaire iranienne, Bernard Kouchner, a répondu : « Le dialogue est l’unique solution à cette question. » Kouchner n’avait-il pas déclaré à une journaliste qui lui demandait , à l’époque, ce que serait la réaction de la France si les Iraniens continuaient leur programme de développement. « Mais c’est la guerre madame !!!!!!! » C’était l’époque de Bush et il fallait être dans la ligne...
Dans le quotidien Asia Times Online, nous lisons cette contribution concernant les relations de l’Iran avec l’Occident et la Russie : « Que certains diplomates européens puissent délibérément torpiller l’approche bilatérale des Etats-Unis avec l’Iran trouverait sa raison dans les inquiétudes européennes, « qui incluent la crainte que les Etats-Unis pourraient se mettre eux-mêmes sur les rangs pour pomper le pétrole iranien si les discussions sont couronnées de succès », pour citer un édito récent paru dans le Christian Science Monitor. La Russie, elle aussi, pourrait partager cette crainte, puisqu’elle perdrait son monopole sur le marché nucléaire iranien, dans l’éventualité où il y aurait un progrès significatif à la suite du dialogue US-Iranien. Il ne serait alors pas surprenant que Moscou revoie à la baisse ses objections à un alourdissement des sanctions onusiennes contre l’Iran, puisqu’une telle manoeuvre peut court-circuiter la diplomatie US-iranienne. Par conséquent, pour paraphraser un expert politique de Téhéran, il y a une grosse inquiétude à Téhéran que la Russie soit prête une fois encore à « marchander avec Washington à propos de l’Iran ». Le président russe, Dmitri Medvedev, a tout fait pour déclarer son engagement à travailler avec l’administration d’Obama sur les questions globales, y compris la « menace de prolifération ». De nombreux Iraniens sont convaincus que si le prix de Washington est correct, alors les Russes accepteront de reporter leur achèvement de la centrale nucléaire déjà très retardée, qu’ils construisent à Bushehr en Iran. (..) Moscou n’est pas non plus enchantée par la proposition iranienne qu’un consortium international enrichisse l’uranium sur le sol iranien. Il y a de fortes objections à l’Ouest, pour des raisons entièrement différentes, contre cette idée d’un consortium international. (..)Jusqu’à maintenant, il n’y a eu aucune réaction officielle des Etats-Unis à cette idée d’un consortium international.(4)
A peine lancé par l’Iran, le premier satellite iranien a suscité crainte et colère, d’Israël, des Etats-Unis et de leurs alliés européens. Comme s’il était interdit aux pays ne suivant pas leur politique d’avoir accès aux développements technologiques. Washington craint que cette avancée technique de l’Iran ne lui permette de développer des missiles balistiques à longue portée. Berlin, Londres et l’Otan ont fait écho aux inquiétudes américaines. Il est à savoir que l’Iran est devenu le deuxième pays de la région après Israël. De nos jours, l’Iran est une puissance technologique de loin plus performante que les autres pays musulmans. L’avion de combat, entièrement conçu et fabriqué par les ingénieurs iraniens, a effectué avec succès son premier vol-test, début août 2007, a rapporté FarsNews. Cet avion de combat baptisé « Azarakhsh », « la foudre » est le deuxième. Le premier du nom est baptisé « Saegheh », « l’éclair ». Ce ne sont pas des actes isolés ! Plus près de nous Ebay est une création de M.Omydiar. Le vice-président de Google est M.Omid Kordestani, le maire de Beverly Hills est Jamshid Delshad...Shirin Abadi est la seule femme musulmane à avoir reçu le prix Nobel. Au niveau scientifique, ces dernières années, on pourra retenir le Pr Ali Javan, l’inventeur du laser à gaz (1960). En médecine, le coeur artificiel a été inventé par le Dr Toffy Musivand....
Cette avancée à marche forcée vers le développement a un nom : la force de l’enseignement supérieur et la pertincence d’une recherche de qualité avec des moyens adéquats et une exigence de tous le instants. « Forget Harvard - One of the world’s best undergraduate colleges is in Iran », c‘est le titre d’un article d’Afshin Molavi publié dans Newsweek le 18 août dernier On y relève quelques éléments aussi intéressants que...surprenants ! En 2003, surprise des responsables du département d’« Electronical Engineering » de l’Université de Stanford, qui constatent que les meilleurs étudiants aux difficiles épreuves d’admission à leur cycle Ph.D. proviennent d’un même pays et d’un même établissement : la « Sharif University of Science and Technology » en Iran. Sharif dispense, selon de nombreux spécialistes, l’un des meilleurs programmes « undergraduate » (niveau licence) du monde en electronical engineering en compétition avec le MIT, Caltech, Stanford, Tsinghua et Cambridge.
Quelles sont les raisons d’un tel succès ? Les parents privilégient, s’agissant de l’orientation scolaire de leurs enfants, les formations d’ingénieurs et la médecine aux autres disciplines, telles que le Droit par exemple. Une sélection rigoureuse : chaque année 1.500.000 lycéens passent un examen d’entrée à l’Université, 10% d’entre eux s’orientent vers les universités publiques les plus prestigieuses et 1% parmi les plus brillants, vers les institutions scientifiques telles que Sharif. La consequence, comme le relève Newsweek est évidente : « The selection process gives universities like Sharif the smartest most motivated and hardworking students. » Un excellent corps enseignant scientifique. Une proportion importante d’entre eux a été formée dans les meilleures universités américaines (à l’époque du Shah). Priorité donnée aux sciences dans les programmes scientifiques des lycées. Un succès certes surprenant, mais qui -c’est certain- ne doit rien au hasard.(7)
On le voit, la connaissance n’est pas réservée au seul Occident, elle est universelle et accessible à tous. Serions-nous capables d’imiter un pays qui a su, par ses seuls moyens, exploiter à merveille l’intelligence de son peuple ? On s’étonne que des musulmans soient capables d’orbiter des satellites ? Incroyable ! Inacceptable ! Inimaginable, dirait-on en Occident et même chez les défaitistes qui sont légion en terre d’Islam puisque leur religion est incompatible avec la science ! Et pourtant quand les Soviétiques ont lancé le satellite spoutnick il y a de cela cinquante ans, le monde entier de l’est ou de l’ouest oubliant ses divisions idéologiques a salué l’exploit ,et plus tard celui de Gagarine et plus tard encore celui d’Armstrong avec sa fameuse phrase testament : Un petit pour l’homme , un grand pas pour l’humanité" Cette humanité s’est justement reconnuedans cette prouesse qui a permit à l’homme d’élargir son horizon. Quarante ans plus tard, avec le satellite ’Omid c’est au mieux avec indifférence, et au pire avec du mépris que les médias occidentaux ont rapporté furtivement l’évènement supputant au passage sur un futur projet démoniaque de l’Iran
Mais aujourd’hui, une nation musulmane vient infliger un cinglant démenti à l’Occident et à tous les Arabes qui font dans la fatalité pour cacher leur indigence coupable. En Iran tout n’est pas rose, loin s’en faut, les mêmes maux de corruption, de népotisme, gangrènent la société. Le fait est là, c’est un pays qui avance et qui mise sur son intelligence. Puissent les pays en développement le suivre dans cette marche forcée vers le savoir.
2.C.E.Chitour : De la Perse de Daris à l’Iran d’Amadinjad. Chronique d’une grande civilisation- L’Expression 9 août 2007
3.Dimanche 08 Février 2009http://www2.irna.ir
4.US dilemma as Iran’s nuclear file reopens Asia Times Online, le
5 février 2009 http://atimes.com/atimes/Middle_East/KB05Ak01. htmlJFG-QuestionsCritiques Dimanche 08 Février 2009
5.Discours d’Ahmadinejad : Mercredi 11 février 2009 http://www2.irna.ir
6.Satellite iranien : préoccupation israélo-occidentale et reaction de Téhéran ; 5 février 2009
7.Daniel Laurent, Et si l’Iran nous donnait des leçons en matière d’enseignement supérieur ? Education/ Recherche, jeudi 28 août 2008.
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique
20 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON