Kosovo : itinéraire d’un état raté
Comme un malade incurable en phase terminal, le Kosovo, aujourd'hui, se vide. Il se vide de son sang. Il se vide de ses habitants. En 2 mois, a fui... 10% de la population du pays. Il ne s'agit pas de Serbes, l'épuration ethnique contre eux, a déjà eu lieu, mais bien des Kosovars albanophones, ceux-là même qui, le 17 février 2008, proclamaient une indépendance toujours très contestée, qui quittent le pays.
On peut désormais dire que l'échec est complet. Le ratage est total. La construction artificielle, par l'OTAN, d'un état artificiel est un fiasco. L'échec est patent à tous niveaux.
Il n'y a pas un domaine où le pseudo-état du Kosovo n'ait échappé au naufrage.

La diplomatie.
La déclaration d'indépendance du Kosovo en 2008, immédiatement reconnu par les USA et ses principaux satellites, s'est révelé le premier échec de cette construction.
Sept ans après cette proclamation et malgré l'appui de la première puissance économique, militaire et déplomatique mondiale, l'oeuvre diplomatique reste inachevée.
Les partisans de la souveraineté du Kosovo peuvent toujours afficher crânement une liste de 107 états reconnaissant la minuscule république, rien n'y fait, il manque l'essentiel.
Il manque la Chine. Il manque la Russie. Donc : aucune chance que le Kosovo n'entre jamais à l'ONU, ces deux états ayant droit de veto.
Mais il manque aussi l'Inde : 1 milliard d'habitants, ainsi que tous les autres pays du BRICS. Aucun état du BRICS ne reconnait le Kosovo. Manquent aussi à l'appel d'autres grands états : l'Indonésie, l'Argentine, l'Iran et même le Mexique. Peut-être n'est-il pas assez près des Etats-Unis ?
Et même parmi les alliés de Washington, membres de l'OTAN, il y a des trous dans la raquette : ni l'Espagne, ni la Grèce ne reconnaissent Pristina.
Les causes de ces réticences sont évidentes. Beaucoup d'états ont perçu cette indépendance non négociée mais conflictuelle, d'une partie d'un état, comme une menace potentielle pour eux mêmes, pour leur propre intégrité.
Nul doute que les cas du Tibet et du Xinjiang ont aidé Pékin à arrêter sa position. Les questions basque et catalane ont conditionné celle de Madrid.
La toute puissance de l'Amérique a pu arracher un territoire à, un état souverain à la suite d'une guerre d'agression, elle a pu mentir à son opinion publique comme à celle de ses alliés, mais elle n'a pas pu imposer sa vision au monde.
Ce faisant, le Kosovo est devenu, au niveau diplomatique, une sorte de second Israël : un état reconnu par seulement une fraction de la Communauté Internationales (la vraie, celle des pays membres de l'ONU, pas celle des "journalistes" de TF1 qui désignent ainsi les organes de presse occidentaux).
La question que l'on peut se poser est : compte tenu des difficultés existantes et se cristallisantes autour d'Israël, était-il indispensable de créer un deuxième abcès de fixation ? Poser la question, c'est y répondre !
Voilà pour le tableau diplomatique. Mais, hélas, ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Si on creuse à l'intérieur du Kosovo, nous allons découvrir des choses cent fois pires.
Après l'intervention de l'OTAN, les massacres.
Nous savons que l'intervention de l'OTAN a été suivie de massacres de Serbes et d'une épuration ethnique qui n'a laissé aux Slaves, principalement, qu'un petit bout de territoire au nord du Kosovo.
Moins connu est le fait que le gouvernement auquel l'OTAN a livré le pays après 2008 n'a pas exterminé que les Serbes, les Roms et autres minorités, mais aussi ses opposants politiques ! Je vous renvoie, pour les détails, vers un document, dont TF1 vous a peu parlé, le Rapport Williamson 29 juillet dernier.
Lié intimement au crime organisé le gouvernement issu de l'UCK s'est ensuite livré au... trafic d'organes.
A part les horreurs actuels de l'état islamique, que je mettrais « hors concours », il faut avouer qu'il difficile de trouver pire à la tête d'un pays !
Charmante « démocratie » que l'OTAN a créé là.
Après les massacres la misères.
La situation économique du Kosovo n'est pas mauvaise. Elle est catastrophique. Avec un PIB autour de 3.800 dollars par an et par habitant, le Kosovo est, à peu près au niveau... du Soudan ! Évidemment, le fait que le pays ait été, par paresse, confié par l'OTAN, à la mafia locale ne l'a pas aidé. Avec un taux de chômage de 70%, un taux de pauvreté de 30% et d'extrême pauvreté de 10%, on ne peut pas dire que la situation du « pays » soit brillante.
Je ne sais pas, et je ne veux pas savoir, quel « plan de redressement » l'OTAN, le FMI et l'UE ont mis en œuvre là bas, mais en tout cas nous voyons le résultat.
Et sur place une « indépendance » en forme de... coquille vide.
Si, au moins les Kosovars, pouvaient se prévaloir, sur place, d'une véritable souveraineté leur permettant de décider de leur avenir... mais même pas ! En dehors de la mafia UCK, le pays est largement administré par des organisations étrangères multiples et variées : ONU, OSCE, OTAN etc... Bref, excusez moi du terme, mais, c'est un foutoir.
Les leçons d'un échec.
On peut se poser la question : qu'a-t-il manqué pour que l'indépendance du Kosovo aboutisse ?
La réponse est : tout.
Il a tout manqué au Kosovo.
Il lui manque la légitimité quant à la propriété de son sol.
Prenons le cas de la Crimée Les partisans de la Crimé russe, justifient son rattachement à Moscou par l'antériorité de la présence russe. Au Kosovo, il n'y a pas d'antériorité de la présence kosovare, c'est à dire albanaise. Au contraire, l'antériorité historique est du côté des Serbes.
A partir du moment où un état n'a pas de légitimité historique et nationale, il n'a pas de cohérence. S'il n'a pas de cohérence, il n'a pas de force. Les autres manques découlent naturellement de cette première impasse.
Une reconnaissance internationale.
Cette absence de reconnaissance découle de l'absence de légitimité. Le Kosovo est né d'une guerre d'agression, il n'est pas reconnu de l'état dont il s'est détaché et à partir de là, les autres états font blocage à se reconnaissance. Le pays se retrouve isolé. Il devient un paradis pour les contrebandes et les mafias de toutes sortes.
Il lui manque une structure étatique.
Je crois qu'il y a pire qu'une occupation militaire où l'on a, au moins, l'intérêt de savoir qui commande, c'est une occupation en règle par des tas d'organisations internationales, comme le Kosovo. Pas de cohérence, personne ne sait qui commande, personne ne sait où on va. Tout le monde décide sauf... les habitants !
Il lui manque une économie.
Vous rassemblez les facteurs ci-dessus sur un terrain où le revenu par habitants est celui d'un pays pauvre du tiers monde, et vous obtenez : la misère absolue.
Quand la conquête de l'OTAN finit à la poubelle.
Les Kosovars sont dans la misère, ils vivent sous domination mafieuse et étrangère, ils n'ont pas le sentiment d'être un état avec un passé, un présent et un avenir, partagé, alors... ils s'en vont.
Et l'OTAN qui se retrouve comme un enfant avec un joujou qu'il a voulu à tout prix : un état articficiel à sa mesure, qui ne marche pas, agit comme un gosse immature en jetant le jouet ( à la mafia qui le reprend) en s'en désintéressant pour jeter son dévolu sur autre chose : l'Iraq, la Syrie, l'Iran, l'Ukraine, qu'il veut maintenant aussi à tout prix ! Pour en faire quoi ? Nous le savons désormais : rien.
Quel avenir pour le Kosovo ? Je pense qu'il est tracé. Le Kosovo rejoindra à côté de la République Démocratique Allemande, du Biafra et autres Burgondie, la longue liste... des états disparus.
A quelques milliers de kilomètres de là, une république, réplique de la création du Kosovo, l'Abkhazie, générée elle par la Russie, dans des conditions assez proches , survivra. Simplement parcequ'elle a l'atout majeur qui manque au Kosovo : un peuple, une histoire, une langue, une profondeur historique, donc : une légitimité.
Parcequ'un état ne peut pas se réduire à des mensonges, des bombes et des chiffres, un état, c'est d'abord un peuple, une terre et des gens qui ont choisi de vivre ensemble et de se bâtir un avenir. Tel n'est pas le cas du Kosovo.
"La réalité ne fait aucun effort pour se plier à l'idéologie" (Jean-Yves Le Gallou)
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