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L’État profond contre la volonté prévalente des peuples : entretien avec Peter Dale Scott

Docteur en Sciences politiques, poète et ancien diplomate canadien, Peter Dale Scott est l’auteur de nombreux ouvrages. Son dernier livre, L’État profond américain, a été traduit par mes soins et publié par les Éditions Demi-Lune en mai 2015. Notre éditeur a également publié La Route vers le nouveau désordre mondial et La Machine de guerre américaine, que j’ai co-traduits avec un ami. Dans ses livres, Peter Dale Scott analyse en profondeur la politique étrangère états-unienne, les narcotrafics et les opérations clandestines. Ses recherches et écrits mettent en lumière le concept de ce qu’il définit comme le « supramonde », qui influence l’État public via le système de « l’État profond ».

Porte-parole du mouvement antiguerre lors du conflit vietnamien, il cofonda le programme d’études « Paix et Conflit » de la prestigieuse Université de Berkeley, où il enseigna la littérature anglaise durant près de 30 ans. Primé pour ses recherches en géopolitique, le Dr. Scott est également un auteur reconnu pour son œuvre littéraire dans le domaine de la poésie. Il m'a accordé cet entretien exclusif, dans lequel il explique ce qu'est l'« État profond » et la « volonté prévalente des peuples », deux de ses plus importants concepts. 

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MaximeChaix.info : Votre dernier ouvrage s’intitule L’État profond américain. Comment définiriez-vous cette notion ? Dans quelle mesure ce système de l’« État profond » est-il hostile au peuple ?

PNG Peter Dale Scott : Depuis longtemps, deux différentes cultures politiques ont prévalu aux États-Unis. Celles-ci sous-tendent les divergences politiques entre les citoyens de ce pays, de même qu’entre divers secteurs de l’État. [1] L’une de ces cultures est principalement égalitaire et démocratique, favorisant le renforcement juridique des droits de l’Homme aussi bien aux États-Unis qu’à l’étranger. La seconde, bien moins admise mais profondément enracinée, priorise et enseigne le recours à la violence répressive. Visant à maintenir l’« ordre », elle est dirigée à la fois contre la population des États-Unis et contre celles du Tiers-Monde.

Dans une certaine mesure, on peut retrouver ces deux mentalités dans chaque société. Elles correspondent à deux exercices opposés du pouvoir et de la gouvernance, définis par Hannah Arendt comme la « persuasion par arguments » face à la « contrainte par la force ». Se conformant à Thucydide, Arendt attribue l’origine de ces principes à la « manière grecque de gérer les affaires intérieures, la persuasion (πείθειν), ainsi [qu’à] la conduite habituelle des affaires étrangères, centrée sur la force et la violence (βία). » [2]

On peut considérer que l’apologie, par Hannah Arendt, du pouvoir persuasif comme fondement d’une société constitutionnelle et ouverte est aux antipodes de la défense – par le professeur de Harvard Samuel P. Huntington – d’un pouvoir de l’ombre autoritaire et coercitif comme prérequis de la cohésion sociale. Ce pouvoir coercitif prôné par Huntington constitue donc l’antithèse du pouvoir ouvert et persuasif. Selon lui, « le pouvoir ne peut rester fort que lorsqu’il est maintenu dans l’ombre ; lorsqu’il est exposé à la lumière du jour, il commence à s’évaporer. » [3]

Arendt admirait la Révolution américaine, puisqu’elle avait abouti à la création d’une Constitution visant à assurer l’encadrement du pouvoir politique par l’ouverture et la persuasion. Au contraire, dans l’Afrique du Sud ségrégationniste, Huntington conseilla le gouvernement Botha dans la mise en place d’un puissant appareil d’État sécuritaire non soumis au contrôle public. Nous pourrions dire qu’Arendt était une théoricienne du pouvoir constitutionnel, et Huntington du « pouvoir de l’ombre ». Ce dernier est l’essence même de ce que j’ai voulu signifier en me référant à « l’État profond » – une expression que j’ai empruntée à la Turquie en 2007. Il s’agit d’un pouvoir qui ne provient pas de la Constitution, mais de sources extérieures et supérieures à celle-ci, et qui est plus puissant que l’État public. Il ne s’agit pas d’un État stricto sensu, mais d’un système informel et complexe, qui est donc aussi chaotique mais néanmoins aussi puissant qu’un système météorologique. L’ancien analyste du Congrès Mike Lofgren a récemment souligné son importance historique, en décrivant l’État profond comme « la grande affaire de notre temps. C’est le fil rouge qui se déploie sur les trois dernières décennies [, et qui] explique comment nous avons connu la dérégulation, la financiarisation de l’économie, la faillite de Wall Street, l’érosion des libertés civiles et la guerre sans fin. » [4] Ce sont les principaux thèmes développés dans mon dernier livre, L’État profond américain.

En 2013, le coup d’État militaire en Égypte et les révélations sur la surveillance de la NSA par Edward Snowden ont donné de la valeur à la notion d’État profond, que les médias grand public ont alors repris aux États-Unis. Ce concept a été défini dans une tribune libre publiée par le New York Times comme « [un] niveau de gouvernement ou de super contrôle difficilement perceptible qui se maintient quel que soit le résultat des élections [,] et qui est susceptible de contrecarrer les mouvements sociaux ou les changements radicaux » [5] – l’État profond étant donc opposé à ce que j’appelle la « volonté prévalante des peuples ».

 

MaximeChaix.info : Dans vos travaux, vous avez en effet développé cette notion de « volonté prévalente des peuples » (« prevailable will of the people »). Comment définissez-vous ce paradigme ?

Peter Dale Scott : Il s’agit de ce potentiel pour la solidarité qui, plutôt que d’être contrôlé par la répression verticale – notamment celle de l’État profond –, peut véritablement être réveillé et renforcé par celle-ci. Il devient ainsi l’approbation émergente d’un changement social et politique généralement accepté. L’expression plus commune « volonté du peuple » – une mise à jour de la « volonté générale » de Rousseau –, est souvent invoquée comme étant l’acceptation ultime d’une décision généralement admise. Cependant, même si ce n’est pas une abstraction totale, cette expression a peu ou pas de signification dans une époque de troubles majeurs : la « volonté publique » doit être établie par des événements, et non pressentie de manière passive avant qu’ils ne se produisent. La « volonté de la majorité » est une phrase encore plus dangereuse ; les opinions des majorités sont souvent superficielles, inconstantes, et destinées à ne pas prévaloir. (Les guerres du Vietnam et de l’Irak sont des exemples dans lesquels la volonté momentanée de la majorité s’est avérée ne pas être la volonté finalement prévalente). La volonté prévalente pourrait être latente durant une crise politique, sans être établie ou avérée jusqu’au dénouement de cette crise. Par exemple, dans le cas de l’abolition de l’esclavage aux États-Unis, la résolution de cette problématique a pris de longues décennies, mais il est difficile d’imaginer qu’un autre dénouement aurait pu prévaloir.

 

MaximeChaix.info : Dans la question précédente, vous avez évoqué la « volonté générale » de Rousseau, mais pourriez-vous approfondir votre critique de cette notion ?

Peter Dale Scott : Selon moi, le problème avec la « volonté générale » de Rousseau est que, fréquemment, l’opinion publique qui prévaut à un moment donné n’est liée à aucun projet de long terme pour l’humanité. Ainsi, elle peut « prévaloir » pendant un certain temps, mais elle ne sera absolument pas « prévalente » sur le long terme.

Par exemple, en 1970, quatre étudiants non-violents furent abattus par la Garde nationale à l’Université de Kent State, dans l’Ohio, alors qu’ils manifestaient contre l’invasion du Cambodge décidée par le Président Nixon. À l’époque, une majorité de citoyens des États-Unis pensait que ces étudiants méritaient leur sort. Aujourd’hui, je présume qu’une telle majorité considérerait ces homicides comme une tragédie, voire un crime. En 1970, le souhait majoritaire des citoyens US était que les autorités tirent sur ces militants non-violents ; mais il s’est avéré que, sur le long terme, ce souhait n’était pas la volonté prévalente du peuple des États-Unis.

La notion de « volonté prévalente des peuples » établit un critère de distinction entre les désirs de court et de long terme au sein des populations. Mais elle nous offre également un critère pour l’action non-violente. Aujourd’hui, nous observons des mouvements de protestation pacifique contre des projets qui menacent d’aggraver nos problèmes climatiques et environnementaux – tels que les forages pétroliers en Arctique. En réponse, nous voyons émerger des contre-mouvements. S’il s’avère un jour que notre dépendance actuelle au pétrole n’est pas éco-durable, comme j’en ai la conviction, les motivations de ces contre-protestataires ne seront pas non plus prévalentes.

Je crois en l’action non-violente, et cette méthode ne devrait pas être instrumentalisée pour des objectifs particuliers. Au contraire, elle doit être utilisée pour des buts qui contribueront, sur le long terme, à un monde plus pacifique et apaisé. Afin de mieux souligner ces subtilités, j’ai dû remplacer la notion de « volonté générale » de Rousseau – qui a contribué sur le long terme à justifier tant le nazisme que le stalinisme –, en une « volonté prévalente des peuples » plus distinctive, bien que nous ne puissions jamais avoir la certitude que cette volonté sera celle qui prévaudra sur le long terme.

 

MaximeChaix.info : La « volonté prévalente des peuples » étant une force collective, comment la rendre consciente ? Un individu seul peut-il en prendre conscience, ou existe-t-elle d’abord et avant tout en termes d’inconscient collectif ? Par ailleurs, cette « volonté prévalente des peuples » a-t-elle toujours existé, ou est-elle une construction historique ?

Peter Dale Scott : En pratique, puisqu’elle a vocation à être « prévalente », elle ne peut être déterminée qu’ex post facto, et jamais au moment du choix populaire. La croyance selon laquelle la Révolution russe représentait la volonté prévalente du peuple en 1917 fut visiblement démentie en 1991, bien nous ne puissions en être certains. En vérité, cette volonté prévalente est une question métaphysique indémontrable, étroitement liée à la foi. Comme je le rappelle dans mon dernier livre, L’État profond américain, ni les hommes, ni leur Histoire ne sont entièrement logiques. Le siècle dernier a été le théâtre d’un certain nombre de changements non-violents – et même de révolutions – que très peu de praticiens des sciences sociales ont réussi à prédire. Au summum de ces bouleversements, nous devrions inclure la contribution de la non-violence gandhienne à la libération de l’Inde, qui était alors l’une des nations les plus vastes et les plus exploitées. Depuis lors, nous avons pu observer d’autres changements positifs : la déségrégation du Sud des États-Unis, le transfert de pouvoir non-violent en Afrique du Sud, et l’expulsion pacifique des troupes soviétiques de la Pologne et de l’Europe de l’Est. Bien que je ne puisse le prouver, je crois que cette volonté prévalente correspond aujourd’hui à la conscience collective de celles et ceux qui ont le mieux réussi à préparer leurs cœurs et leurs esprits à discerner ce qui relève du bien commun.

Quant à savoir si cette volonté prévalente a toujours existé, c’est une bonne question, à laquelle je n’avais jamais songé ! Selon moi, il y a probablement deux conditions permettant l’existence de la volonté prévalente des peuples. La première est le fait qu’une population donnée – une tribu, une nation, ou autre – a le sens de son identité collective. Ayant observé des tribus au Canada, en Thaïlande et au Laos, je présume que cette condition est universelle. La seconde est le fait que les peuples ressentent une remise en cause de leur identité pour laquelle une réponse – c’est-à-dire un changement – est nécessaire. Je pense avoir observé cette condition au sein de l’ensemble des tribus que j’ai pu rencontrer en Thaïlande. Durant mon très bref voyage au Laos – où j’ai adoré vivre chez les Akha –, je ne suis pas sûr d’avoir perçu cette deuxième condition. Néanmoins, ce besoin de changement pourrait bel et bien être la seconde condition permettant l’émergence d’une volonté prévalente. 

 

MaximeChaix.info : Depuis une quarantaine d’années, vous avez été un activiste anti-guerre, parallèlement à votre carrière d’auteur, d’universitaire et de poète. Aujourd’hui, êtes-vous optimiste quant à l’émergence d’un nouveau mouvement populaire pour contrer ce que vous appelez l’État profond ?

Peter Dale Scott : Quarante ans auparavant, j’aurais exhorté le Congrès d’entreprendre des démarches contre ce que j’ai appelé dans mon précédent livre homonyme « la Machine de guerre américaine », de telles mesures étant nécessaires pour dissiper l’état de paranoïa dans lequel nous vivons actuellement – et dont les récents scandales autour de la NSA sont des symptômes inquiétants. Toutefois, j’observe que le Congrès est aujourd’hui dominé par les cercles de pouvoir de l’État profond, qui tirent profit de ce cette Machine de guerre globale et perpétuelle. Dans ce pays, les soi-disant « hommes d’État » sont autant impliqués dans le maintien de la suprématie mondiale de leur nation que leurs prédécesseurs britanniques.

Néanmoins, avoir conscience de ces problèmes ne revient pas à désespérer de la capacité qu’ont les États-Unis de changer de direction. N’oublions pas que, il y a quarante ans, les protestations politiques intérieures ont joué un rôle déterminant pour stopper une guerre injustifiée au Vietnam. Il est vrai qu’en 2003, des manifestations comparables – impliquant un million de personnes aux États-Unis – n’ont pas suffi à empêcher l’entrée de ce pays dans une guerre illégale en Irak. Cependant, ce grand nombre de manifestants, rassemblés sur une période relativement courte, était impressionnant. La question est aujourd’hui de savoir si les militants pacifistes peuvent adapter leurs tactiques aux nouvelles réalités. En effet, les mouvements anti-guerres actuels doivent apprendre à coordonner leurs pressions sur les institutions des États-Unis – et pas seulement en « occupant » les rues avec l’aide des sans-abri. Il ne suffit pas de dénoncer les disparités de revenus grandissantes entre les riches et les pauvres, comme le faisait Winston Churchill en 1908.

Nous devons aller plus loin, afin de comprendre que les origines de ces inégalités résident dans des politiques dysfonctionnelles qui peuvent être corrigées. Le mouvement Occupy, qui a attiré un grand nombre de personnes énergiques, positives et enthousiastes, était selon moi voué à ne jamais devenir une force prévalente dans ce pays. Son côté informel et son manque de leadership amenèrent ce mouvement à rester marginal. Du fait de ce manque d’organisation, Occupy laissa agir une minorité dont les tactiques violentes ont affaibli sa popularité auprès des citoyens – ce mouvement ne pouvant alors être décisif, à défaut d’un soutien suffisant.

D’après moi, Occupy fut une expérience riche d’enseignements. En effet, elle nous a montré à quel point la non-violence disciplinée était essentielle à tout mouvement populaire souhaitant défier avec succès un gouvernement répressif. Cette discipline nécessite des leaders ; et bien que le leadership – à chaque niveau de la société – requière une certaine vigilance, il reste indispensable. En effet, n’oublions pas le rapide déclin du mouvement non-violent des droits civiques après l’assassinat de Martin Luther King.

Il est impossible de prédire le succès d’un nouveau mouvement pacifiste. Cependant, je pense que les événements actuels persuaderont un nombre croissant de citoyens des États-Unis – et du monde entier – qu’un tel mouvement est nécessaire. Et je suis également certain qu’une minorité pacifiste bien coordonnée et non-violente peut triompher. Elle regrouperait entre deux et cinq millions de personnes, leur action s’appuyant sur la vérité et le bon sens. À l’évidence, de nouvelles stratégies et techniques de protestation seront nécessaires. Ainsi, il est à prévoir que les futures manifestations – ou cyber-manifestations – feront un usage plus habile du Web. C’est pourquoi les révélations d’Edward Snowden sont si importantes : elles montrent à quel point Internet – qui incarne le nouvel espoir d’une société civile globale –, a été discrètement transformé en un outil de contrôle et de domination.

Finalement, nul ne peut prédire avec confiance la victoire populaire dans cette lutte pour le bien commun contre l’État profond et les intérêts qu’il défend (dont ceux du complexe militaro-industriel, qui est un élément central de la Machine de guerre américaine). Néanmoins, avec le danger grandissant d’un conflit international désastreux, la nécessité de nous mobiliser pour défendre l’intérêt général est de plus en plus évidente. Ainsi, l’étude de l’Histoire est le meilleur moyen d’éviter la répétition de ses tragédies.

 

MaximeChaix.info : Dans la réponse précédente, vous avez évoqué Martin Luther King afin de souligner l’importance du leadership dans les mouvements populaires non-violents. Selon vous, quel est le rôle, la place, la fonction des leaders (Gandhi, Nelson Mandela, MLK…) par rapport à « la volonté prévalente des peuples » ? Sont-ils l’avant-garde de celle-ci ? En sont-ils les catalyseurs, l’incarnation, les porte-paroles ? Ou ont-ils seulement une influence décisive pour orienter, canaliser cette volonté collective diffuse ?

Peter Dale Scott : C’est une autre excellente question. Ma réponse initiale – que je pourrais développer à l’avenir – consiste à dire qu’un leader est 1) comme un poète, quelqu’un qui discerne intuitivement, depuis sa propre humanité, ce que Czeslaw Milosz a appelé « l’espace ouvert au-devant » ; 2) comme un prédicateur, quelqu’un qui a le pouvoir de persuader les foules de soutenir sa vision ; 3) comme un entrepreneur, quelqu’un qui a la volonté de s’en tenir à sa vision et de la faire durer dans le temps. En écrivant cette réponse, je songe à Mario Savio, le leader charismatique du Free Speech Movement non-violent à l’Université de Berkeley, dans les années 1960. Dans L’État profond américain, j’ai écrit un long poème qui conclut ce livre, et qui décrit le bagage philosophique de cet homme et sa clairvoyance, ainsi que son pouvoir de persuasion et son courage. En voici un extrait pour illustrer mon propos :

« [N]ous lancions alors une manifestation nationale / poussant les régents de l’Université [de Berkeley] / à désinvestir 3 milliards de dollars en Afrique du Sud / ainsi – je le crois – / Mario a contribué / à la libération de cette nation / “Mandela lui-même a déclaré que la Californie / avait aidé à précipiter” son pays / “vers l’intégration raciale” / La vérité-force fait l’Histoire  ! Oh John Searle [6] / vous aviez perçu dans les discours de Mario / “une sorte de fraîcheur” associée / à une “certaine vision intellectuelle profonde” / mais quand vous avez ensuite décrit son mouvement / comme une bande de perdants / “aux revendications déraisonnables” / vous repreniez alors votre brillante carrière / de philosophe universitaire / tandis que Mario était celui qui / dans ce que vous appeliez une fac “de second rang” / restait dans le “droit chemin” / de la quête socratique / visant à changer par la persuasion / notre monde mal conduit / limitant l’autorité de la “violence” / en stimulant ces bribes de liberté / encodées dans notre ADN / cette vérité-force permettant à un mouvement / de vaincre “cette machine si odieuse / que nous devons l’arrêter” ». [7]

Ma conception du leadership vis-à-vis de la volonté prévalente des peuples est étroitement liée à ma vision de la poésie, de l’intuition poétique et du rôle du poète. Le paragraphe suivant provient de l’un de mes essais en prose : « J’étudiais également les écrits en prose du poète et lauréat du Prix Nobel de la Paix Czeslaw Milosz, qui a contribué à inspirer le mouvement Solidarnosc en Pologne, et qui écrivit plus tard que le rôle social d’un poète inspiré est de “transcender son égo dérisoire”, et de rappeler à l’“âme du peuple” l’“espace ouvert au-devant” », [8] une notion j’ai évoqué précédemment. Ce paragraphe sur Czeslaw Milosz, ainsi que mes vers sur Mario Savio, sont une bonne illustration de ma vision du leadership, du moins en tant que poète engagé.

Par rapport à la dernière phrase de votre question, un grand leader est moins « décisif » qu’il n’est capable de déterminer ce qui deviendra une volonté prévalente. Il interagira avec son public et apprendra de celui-ci, il ne se contentera pas d’en être le meneur. Parmi les traits de caractère les plus persuasifs de Mario Savio, on pourrait noter sa modestie, sa sensibilité, et sa réticence à investir un rôle de leader que personne ne souhaitait assumer. En d’autres termes, l’évolution d’une volonté prévalente est un processus complexe impliquant de nombreux individus, pas seulement des leaders. Et il pourrait s’avérer que leur rôle soit de moins en moins important au fil du temps.

 

MaximeChaix.info : La « volonté prévalente des peuples » peut-elle s’exprimer par la violence ? Le cas échéant, pour quelles raisons pourrait-elle prendre cette forme ? Au contraire, quels seraient les arguments qui viendraient justifier une vision « non-violente » de cette volonté prévalente ?

Peter Dale Scott : La volonté prévalente des peuples détermine le but d’une action, pas une méthode pour agir. Ainsi, à court terme, le but d’une volonté prévalente peut être atteint par la violence, comme dans le cas de la Révolution américaine. J’ai la conviction intime – qui n’est pas partagée par l’ensemble de mes amis –, que le monde est en train d’évoluer lentement vers une condition où la volonté prévalente peut être seulement concrétisée de façon non-violente.

Dans ma vision du monde, il existe deux modes d’évolution possibles, c’est-à-dire la méthode violente et la méthode pacifique ; mais en pratique, toute évolution comporte systématiquement des dimensions violentes et non-violentes. Parfois, comme dans le cas du Printemps arabe, ces deux modes d’évolution sont intimement liés. Ma croyance en la non-violence comme étant la clé pour guérir les maux du monde ne fait pas de moi un idéologue pacifiste. Contrairement à certains, je peux envisager que parfois, dans notre monde instable, la violence doit répondre à la violence. Le problème du recours à la violence par les États est que, bien souvent, il semble que les citoyens n’entrent même pas en ligne de compte. Par exemple, aux États-Unis, la presse a été récemment inondée de rhétorique belliciste sur l’Ukraine. Dans ce torrent de paroles, il est presque impossible de retrouver ce que souhaite le peuple de l’Est ukrainien ; évidemment, on ne peut pas non plus lire dans la presse que cette volonté collective, si elle était concrétisée, pourrait aboutir à une solution. 

Cette impossibilité qu’ont la plupart des États à concevoir et prendre en compte la volonté prévalente des peuples débouchera irrémédiablement sur des cycles de violence récurrents, avec un danger croissant d’emploi d’armes de destruction massive toujours plus dangereuses et meurtrières. Ma foi m’amène à penser que l’unique échappatoire à ce déséquilibre global est l’implémentation progressive et non-violente de la volonté prévalente de différents peuples, et finalement de l’humanité entière.

 

(NdR : Peter Dale Scott et moi remercions Maxence Layet, qui a eu l’idée de cet entretien et qui a rédigé certaines questions.)  

 

Notes :

[1]. Michael Lind, Made in Texas : George W. Bush and the Southern Takeover of American Politics (Basic Books, New York, 2003), p.143.

[2]. Hannah Arendt, Between Past and Future : Eight Exercises in Political Thought (Penguin Books, New York, 1993), p.93.

[3]. Samuel P. Huntington, American Politics : The Promise of Disharmony (Belknap Press, Cambridge, 1981), p.75.

[4]. Moyers & Company, « The Deep State Hiding in Plain Sight », interview avec Mike Lofgren (en anglais), 21 février 2014. 

[5]. Grant Barrett, « A Wordnado of Words in 2013 », New York Times, 21 décembre 2013.

[6]. John Searle est un philosophe états-unien, né à Denver en 1932. Faisant partie du courant analytique, il est un spécialiste de la philosophie du langage et de la philosophie de l’esprit.

[7]. Peter Dale Scott, L’État profond américain : la finance, le pétrole et la guerre perpétuelle (Éditions Demi-Lune, Plogastel-Saint-Germain, 2015), p.311.

[8]. Peter Dale Scott, « Coming to Jakarta and Deep Politics : How Writing a Poem Enabled Me to Write American War Machine (An Essay on Liberation) », Japanfocus.org ; citant Czeslaw Milosz, The Witness of Poetry (Harvard UP, Cambridge, MA, 1983), p.28, p.25, p.14. Cet essai provient d’un livre que je suis en train d’écrire, intitulé Poetry and Terror, sur la relation entre la poésie et la « Politique profonde » (deep politics).


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36 réactions à cet article    


  • gaijin gaijin 27 mars 2016 11:19

    " Selon lui, « le pouvoir ne peut rester fort que lorsqu’il est maintenu dans l’ombre ; lorsqu’il est exposé à la lumière du jour, il commence à s’évaporer. »
    et oui en effet.
    ainsi face a l’évidence disparaît le mythe de la démocratie représentative ..........
    le pouvoir qu’il soit politique , religieux ou les deux ( maudits pharaons ) est une imposture qui s’est mise en place au néolithique soit on prend conscience de cette réalité maintenant soit les 30 prochaines années verront la mise en place d’un monde au coté duquel le pire des cauchemars orwellien ne sera qu’une fantaisie.


    • Le p’tit Charles 27 mars 2016 11:26

      Bon article...mais le décalage entre les « Penseurs d’idées » et les peuples est trop grand, ce qui amène la majorité à devenir la minorité par sa faiblesse à tenir tête aux penseurs-dévastateurs...l’histoire est pleine de soubresauts démontrant que la minorité aura toujours le dernier mot...le nerf de la guerre restant l’argent...

      L’argent ne devrait être qu’un moyen, et non le but ultime de la vie des hommes.. !

      • César Castique César Castique 27 mars 2016 11:43

        J’aurais bien aimé entendre Dale Scott sur la « volonté prévalente » du peuple allemand le 31mai 1933, le 31 mai 1936, le 31 mai 1939, le 31 mai 1941, le 31 mqi 1943 et le 31 mai 1945.



        « Dans ma vision du monde, il existe deux modes d’évolution possibles, c’est-à-dire la méthode violente et la méthode pacifique... »

        Et dans la mienne, il n’y en a qu’un : se produit ce qui soit se produire parce que les conditions sont réunies ; ne se produit pas ce qui ne doit pas se produire parce que les conditions ne sont pas réunies. 

        Cette vision du monde empêche de prendre ses désirs pour des réalités..

        • Maxime Chaix Maxime Chaix 27 mars 2016 12:37

          @César Castique : 


          Visiblement, vous confondez la notion de « volonté générale » et celle de « volonté prévalente des peuples ». Je reproduis un extrait de cette interview qui explicite cette distinction : « Selon moi, le problème avec la « volonté générale » de Rousseau est que, fréquemment, l’opinion publique qui prévaut à un moment donné n’est liée à aucun projet de long terme pour l’humanité [NdR : comme dans l’Allemagne nazie]. Ainsi, elle peut « prévaloir » pendant un certain temps, mais elle ne sera absolument pas « prévalente » sur le long terme. 

          Par exemple, en 1970, quatre étudiants non-violents furent abattus par la Garde nationale à l’Université de Kent State, dans l’Ohio, alors qu’ils manifestaient contre l’invasion du Cambodge décidée par le Président Nixon. À l’époque, une majorité de citoyens des États-Unis pensait que ces étudiants méritaient leur sort. Aujourd’hui, je présume qu’une telle majorité considérerait ces homicides comme une tragédie, voire un crime. En 1970, le souhait majoritaire des citoyens US était que les autorités tirent sur ces militants non-violents ; mais il s’est avéré que, sur le long terme, ce souhait n’était pas la volonté prévalente du peuple des États-Unis.

          La notion de « volonté prévalente des peuples » établit un critère de distinction entre les désirs de court et de long terme au sein des populations. »

        • Captain Marlo Fifi Brind_acier 27 mars 2016 12:51

          @Maxime Chaix
          Voui, mais pour avoir des idées à long terme, faut déjà décoder le court terme....


        • Croa Croa 27 mars 2016 16:48

          À Fifi Brind_acier,
          Le court terme est extrêmement simple, juste l’effet de propagandes bien senties et d’émotions.
          Le long terme est plus rationnel mais tout en profondeur ce qui l’empêche d’être simple. Avoir décodé le court terme ne servirait à rien car ça n’a rien à voir.


        • César Castique César Castique 27 mars 2016 20:40

          @Maxime Chaix

          « Visiblement, vous confondez la notion de « volonté générale » et celle de « volonté prévalente des peuples ». »

          Je ne crois pas, parce que j’ai beaucoup de peine avec ce concept de *volonté prévalente des peuples », et je ne crois pas du tout en une opinion publique qui puisse être liée à « un projet de long terme pour l’humanité ». L’avenir concevable des peuples et des opinions publiques ne dépasse la génération qui les suit (leur descendance directe, donc).

          J’ajoute que je ne crois pas non plus en une « volonté prévalente des peuples » qui serait tapie dans leur inconscient collectif, et qui se transmettrait génération après génération à telle enseigne que les Russes de 1991 auraient pu démentir la « volonté prévalente » des Russes de 1917. Tout cela me paraît hautement fantaisiste et réserver à des élites intellectuelles – y compris nazies au demeurant, avec sa croyance en un Reich de mille ans – que les chimères ne rebutent pas.

          « La notion de « volonté prévalente des peuples » établit un critère de distinction entre les désirs de court et de long terme au sein des populations. »

          J’ai peut-être une référence à propos de ce pourrait être, explicitement, un désir de long terme au sein des populations. Elle se trouve, sous forme de question, dans l’introduction de « De la horde à l’Etat », d’Eugène Enriquez :

          «  Pourquoi les hommes, se voulant guidés par le principe de plaisir et les pulsions de vie, aspirant à la paix, à la liberté et à l’expression de leur individualité, et qui, consciemment, disent désirer le bonheur au profit de tous, forgent-ils le plus souvent des sociétés aliénantes favorisant plus l’agression et la destruction que le vie communautaire ?  »

          Ma réponse est que les hommes énumèrent machinalement ce qui leur apparaît, dans leur superficialité foncière, comme les caractéristiques d’un idéal absolu, auquel ils ne sauraient tendre sans renoncer à quelques expressions essentielles de leur humaine nature.

          Comme, par exemple, convoiter la femme du voisin…


        • alienD (---.---.239.21) 27 mars 2016 12:25

          L’etat profond c’est un peu de l’enfumage.
          Plutot que de ses murer dans des concepts creux, à l’heure ou il faut justement mettre toute cette mascarade en lumière, autant parler directement de ces cercles de personnes. Ils sont connus :

          complexe militaro industriel, système bancaire international, banques centrales, bilderberg, cfr, trilatérale, sionisme international... à plus petit niveau tous les cercles de pouvoir tels que franc maçonnerie, clubs divers et variés, médias, cinéma... systèmes pyramidaux.


          • Captain Marlo Fifi Brind_acier 27 mars 2016 12:49

            Article intéressant, je vais acheter son livre, bien que j’ai quelques réticences.
            Il est curieux qu’à aucun moment, l’auteur ne lie « la volonté prévalente des peuples », à la qualité de l’information donnée par les Gouvernements & les médias... ??


            Un peuple manipulé par la propagande, distillée par des médias contrôlés par « l’Etat profond », ne peut pas raisonner correctement. « Le film PSYWAR, la guerre psychologique » montre comment les agences de com’, les médias, fabriquent de la propagande.

            Les médias américains sont aussi menteurs que les médias français ? Si on demandait aux Français ce qu’ils comprennent de la guerre en Syrie, cela donnerait sans doute un récit aussi humoristique que celui ci :


            "Le président Bachar El Assad (qui est méchant) est un vilain si méchant que son peuple s’est rebellé et que les rebelles (qui sont gentils) ont commencé à gagner (hourra !). Mais certains des rebelles ont viré un peu méchants et sont appelés l’État islamique (les vrais méchants !) pendant que d’autres (qui sont toujours gentils) ont continué à soutenir la démocratie.

            Donc, les Américains (gentils) ont commencé à bombarder l’État islamique (méchants) et à donner des armes aux rebelles syriens (gentils) afin qu’ils puissent lutter contre Bachar El Assad (qui est toujours méchant) ; ce qui est une bonne chose. (...)


            Le président Poutine (qui est méchant, car il a envahi la Crimée et l’Ukraine et a tué beaucoup de gens, y compris avec des sushis empoisonnés au polonium comme ce russe sympa à Londres) a décidé de soutenir Bachar (qui est toujours méchant) en attaquant l’État Islamique (qui sont aussi méchants), ce qui en quelque sorte est une bonne chose n’est-ce pas ?


            Mais Poutine (toujours méchant) pense que les rebelles syriens (gentils) sont aussi méchants, et donc il les bombarde également, au grand dam des américains (gentils) qui sont occupés à armer et soutenir les rebelles.


            Maintenant l’Iran (qui était méchant, mais qui ne l’est plus depuis qu’ils ont promis de ne pas construire d’armes nucléaires pour bombarder Israël) va fournir des troupes au sol pour soutenir Bachar (toujours méchant) tout comme les Russes (méchants) qui ont maintenant des troupes au sol et un support aérien en Syrie.


            Donc, une coalition formée par Bachar (toujours méchant) Poutine (encore plus méchant) et les Iraniens (gentils, mais d’une mauvaise façon) vont attaquer l’État Islamique (méchants) ce qui est une bonne chose, mais aussi les rebelles syriens (gentils) ce qui n’est pas une bonne chose.


            • Captain Marlo Fifi Brind_acier 27 mars 2016 18:30

              @Fifi Brind_acier
              Je remets le lien du texte


            • gogoRat gogoRat 27 mars 2016 13:08

               Plus que fumeux : dangereusement et gravement incohérent !
               
               La démonstration de cette incohérence est apportée par le texte lui-même :

              • « volonté prévalente des peuples » :
              • ’... En pratique, puisqu’elle a vocation à être « prévalente », elle ne peut être déterminée qu’ex post facto, et jamais au moment du choix populaire ...’
              • La notion de « volonté prévalente des peuples » établit un critère de distinction entre les désirs de court et de long terme au sein des populations.

                    

                Quel genre d’intello ose ainsi vendre à des gogos l’oxymore d’une volonté qui ne puisse jamais être déterminée au moment du choix populaire !
               Comment choisir sans pouvoir déterminer ce qu’on choisit ???
               Comment avoir des désirs de long terme si ce qui est censé être désiré n’est pas censé pouvoir être déterminé ?

               

                Autre perle de fiel :

              • j’ai dû remplacer la notion de « volonté générale » de Rousseau – qui a contribué sur le long terme à justifier tant le nazisme que le stalinisme –

              >>> serait-il établi (quand ? par qui ? comment ?) que le nazisme ou le stalinisme aient été des manifestations de « volonté générale »  ?

               

               -----

               

                D’accord cependant sur l’idée fondamentale que le penchant (aristocratique, au sens étymologique) pour des forces de l’ombre, prétendant vouloir faire le bonheur du peuple malgré lui, est absolument opposé à l’humilité première voulue par l’idéal démocratique.

               

              ’Préjugé, vanité, calcul : voilà ce qui gouverne le monde’ 
              disait Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort

               

               Méditons aussi cette citation de J. Robert Oppenheimer :
              Si ... on s’abuse aujourd’hui, c’est en espérant trop de connaissances de l’individu et trop de synthèse de la société.


              • Passante Passante 27 mars 2016 16:27

                @gogoRat

                beaucoup d’historiens font l’erreur de pas aller au bout du bout de hegel,
                ils finissent en ramassant des cailloux.
                exemple ici : une mé-compréhension du XXe, complète, tendrement comique,
                avec ses bouts de peluches, ses lambeaux, si à côté, mais si près...
                justement parce que le concept de volonté demeure impensé -
                il fait de la théo sans le savoir, c’est pas bon.

              • Odin Odin 27 mars 2016 13:36

                 « je suis également certain qu’une minorité pacifiste bien coordonnée et non-violente peut triompher »

                Je pense que Peter Dale Scott devrait rester dans le domaine de la poésie et éviter de faire des analyses sociétales.

                Ne pas analyser que c’est « l’état profond », par les programmes éducatifs et surtout les médias, qui oriente, dirige, manipule la « volonté prévalente des peuples » le discrédite.


                • Passante Passante 27 mars 2016 18:37

                  @arthes

                  il y a plusieurs imprécisions,
                  concernant cette volonté prévalente, comme sujet, mais en retard déjà, parlons-en, où ?
                  et par rapport à quoi surtout ? 
                  à du délai, ok,
                  délai de quoi ?
                  dans le temps, la délégation, le quinquennat, que sais-je, le vote,
                  dans l’espace, délay comme spectacle,
                  ok, donc la volonté triomphant du spectacle, bien,
                  et la volonté de spectacle, le spectacle comme volonté ?

                  allons...
                  et tout le spectacle du 20e comme maintien appuyé de victoria vapeurs et rails,
                  et avant ?
                  des choses dont le monsieur ne parle pas ? la Terreur par exemple ?
                  tiens quelle drôle de volonté ce fut, ou de maladie de la volonté ?..

                • BA 27 mars 2016 13:56

                  Dimanche 27 mars 2016 :


                  Une centaine de quartiers similaires à Molenbeek en France.


                  « Une centaine de quartiers français présenteraient des similitudes avec le quartier bruxellois de Molenbeek », a déclaré dimanche le ministre de la ville, de la jeunesse et des sports Patrick Kanner. Il a précisé que le gouvernement oeuvrait contre ce problème.

                  Plusieurs membres du commando responsable des attentats du 13 novembre dernier à Paris et Saint-Denis étaient originaires de ce quartier de l’agglomération de Bruxelles, dans lequel Salah Abdeslam a été arrêté le 18 mars après quatre mois de cavale.

                  « Il y a aujourd’hui, on le sait, une centaine de quartiers en France qui présentent des similitudes potentielles avec ce qui s’est passé à Molenbeek », a dit Patrick Kanner lors du Grand Rendez-Vous Europe 1-Le Monde-iTELE.

                  Selon lui, « Molenbeek, c’est une concentration énorme de pauvreté et de chômage, c’est un système ultracommunautariste, c’est un système mafieux avec une économie souterraine, c’est un système où les services publics ont quasiment disparu, c’est un système où les élus ont baissé les bras », a-t-il précisé.


                  • SPQR-audacieux complotiste-Monde de menteurs SPQR 27 mars 2016 15:38

                    Excellent article .....


                    • Taverne Taverne 27 mars 2016 16:58

                      Je cite : « Dans ma vision du monde, il existe deux modes d’évolution possibles, c’est-à-dire la méthode violente et la méthode pacifique ».

                      Cette vision me semble manichéenne. Elle oppose la violence (qui ne serait que le mal) au bien (la force, dont le pacifisme, mais surtout le pouvoir puisque la force est dans le pouvoir ).

                      C’est très américain comme façon binaire de concevoir les choses. Wiktionnaire (lire ici) (1) fait remarquer, de façon très pertinente, que les Anglo-saxons ne connaissent pas de définition positive de la notion de violence. Malheureusement, les Français se sont ralliés à cette conception unique et restrictive.

                      Les dirigeants des pays démocratiques ont érigé un mur contre le peuple pour s’en protéger. C’est là qu’est la véritable violence. Quand les Tunisiens se sont soulevés, les élus français n’ont pas cherché à examiner si la cause était légitime et le premier réflexe fut de venir en aide au pouvoir tunisien pour réprimer cette « violence », en exportant notre « savoir-faire » de notre force de l’ordre (« force » donc le « bien) !) pour consolider le mur contre le peuple. Se voyant débordés par les évènements, ils ont ensuite opéré un virage complet pour feindre de s’en accommoder, voire pour en faire l’éloge hypocrite du courage du peuple tunisien.

                      Construisez un mur infranchissable, bouchez-vous les oreilles. Puis quand le peuple se révolte, massacrez-le parce qu’il fait preuve de »violence« .

                      (1) J’y ai trouvé cette belle citation :  »La fonction du philosophe consiste exclusivement dans la profanation des idées. Aucune violence n’égale par ses effets la violence théorique. Plus tard, l’action vient… "— (Paul Nizan, La Conspiration, 1938, p. 44)


                      • julius 1ER 28 mars 2016 09:29

                        @Taverne

                        excellent exemple que l’exemple tunisien à laquelle cette « salope d’Alliot-marie » voulait répondre par la violence ... parceque son mari et elle bien sûr ont des intérêts croisés dans ce pays ...

                        on ne peut être « juge et parti » ...cas intéressant où la probité et l’intérêt ne font pas bon ménage .... surtout lorsque l’on occupe des fonctions importantes au sommet de l’état ce qui était le cas avec Alliot -Marie !!!

                      • Ray Volté (---.---.21.137) 27 mars 2016 16:58

                        Toutes ces paroles sont bien le signe de notre temps. Ado à en 1945, j’ai eu la chance d’être éduqué par des « Maîtres » de l’école de Jules Ferry et des Compagnons des Devoirs. Leurs enseignements était fondés sur la transmission de connaissances positives. Cet enseignement à été démoli à coup de réformes, par des oligarques, intéressés par leur profit personnel et celui de leur caste. Le bien du peuple, on verra à l’usage. (réforme du code du travail). Le peuple doit rester bête, pour être mieux manipulé. Il n’y a pas d’espoir et je souscris à cette expression de P. D. Scot : 


                        Soit on prend conscience de cette réalité maintenant soit les 30 prochaines années verront la mise en place d’un monde au coté duquel le pire des cauchemars orwellien ne sera qu’une fantaisie. 

                        Bon courage pour les générations qui subiront ce cauchemar. Daech c’est du pipi de chat comparé à ce qui adviendra.

                        • julius 1ER 28 mars 2016 09:32
                          Bon courage pour les générations qui subiront ce cauchemar. Daech c’est du pipi de chat comparé à ce qui adviendra.

                          @Ray Volté

                          non Daesh n’est pas du pipi de chat ....mais une composante de la méthode de gouvernance de l’etat profond !!!

                        • julius 1ER 28 mars 2016 09:42
                          Bon courage pour les générations qui subiront ce cauchemar. Daech c’est du pipi de chat comparé à ce qui adviendra.

                          @Ray Volté

                          Daesh n’est pas du pipi de chat .... mais une composante de la méthode de gouvernance de l’état profond ... 
                          d’ailleurs on peut faire la comparaison avec l’attentat de Bologne en Italie (85 morts et plus de 200 blessés en 1980 )où « la raison d’état » impliquant participation croisée des services secrets italiens et de la CIA et extrème- droite ont fait la démonstration de ce que pouvait être la notion« d’état profond »

                          il est bon de s’en souvenir !!!!

                        • Croa Croa 27 mars 2016 17:01

                          Le peuple a un pouvoir certes mais très limité même sur le long terme ! (Ne parlons même pas du court terme : Le peuple est alors manifestement manipulé par celui qui peut ’’communiquer’’ (disposer de moyens de propagande.)
                          Mais là où il a raison c’est sur la forme plus que sur le fond. Bien sûr que le peuple se doit d’utiliser la non-violence, sinon tout est foutu ! Par ailleurs jamais un peuple n’a voulu la guerre, sauf en apparence et il est impossible aujourd’hui d’en mener une (sauf défensive) sans propagande.


                          • Taverne Taverne 27 mars 2016 17:19

                            @Croa

                            Quand on regarde de près les choses, on s’aperçoit souvent que la violence vient en réponse à une autre forme de violence, plus larvée, polie, institutionnelle ou majoritaire. L’indifférence et le mépris sont aussi des formes de violence.

                            Si le peuple est « manifestement manipulé par celui qui peut ’communiquer » et qu’il n’a aucun droit d’accès à ces moyens pour prendre la parole, c’est bien qu’il y a un haut mur dressé entre les dirigeants (et leurs cire-pompes) et le peuple.


                          • gogoRat gogoRat 27 mars 2016 19:14

                            @Taverne

                            « L’indifférence et le mépris sont aussi des formes de violence. »
                             
                             Remarque d’autant plus intéressante lorsqu’on songe à ce point commun entre indifférence et mépris : le déni d’égalité en dignité, pierre angulaire de l’idéal démocratique.
                             
                             
                             Par contre, je serais plus circonspect quant à l’idée d’un peuple qui n’aurait pas de moyens pour prendre la parole. Pour faire court, disons que ce qui complique ce schéma a trait à la notion de « servitude volontaire », voire à certains calculs de confort moral individuel plus ou moins conscientisés. (Facile de déléguer son pouvoir citoyen à un chef, et de se contenter ensuite de déplorer la trahison ou la folie du ’représentant’ quand il devient irréfutable que les événements ont mal tourné )
                             
                             
                             Certes, le pouvoir, à la base, s’exerce essentiellement par la parole. Et le dévoiement du pouvoir passe d’abord par le dévoiement des mots.
                             La manipulation dont est victime le peuple, passe avant tout par une tromperie, un abus de confiance, relatif au consensus implicite accordé aux mots employés dans le langage courant.

                             Un contresens magistral est certainement permis, en France, par la polysémie du mot ’égalité’ :
                             là où nos textes officiels sous-entendent ’égalité en dignité’, la perversité des chasseurs de pouvoir ne veut voir que mêmeté !
                             Voilà la clé du contresens pervers :
                             l’égalité en dignité devrait permettre et favoriser la viabilité des diversités d’exploration de possibles, (essence même du processus vital)
                             tandis que la mêmeté (totalitaire) s’oppose à la diversité.
                             Le mé-pris, est un déni de reconnaissance de la différence d’autrui.
                             L’indifférence est une négation de différence.
                             Sans différence, pas de co- naissance, et encore moins de reconnaissance.
                             Ne reste que solipsisme ou vanité.

                             


                          • SPQR-audacieux complotiste-Monde de menteurs SPQR 27 mars 2016 17:26

                            La démocratie représentative a deux vertus, contenter les imbéciles, faire bouger les citoyens (le dimanche) en direction du bureau de vote, c’est tout.

                            Pour le reste du temps, le citoyen et la citoyenne sont pris pour des idiots inutiles et sans intérêt.

                            D’ailleurs la démocratie participative n’a été qu’un vague slogan, très vite oublié.


                            • Captain Marlo Fifi Brind_acier 28 mars 2016 10:03

                              @SPQR
                              Je crois qu vous jetez l’enfant, l’eau du bain et la baignoire...
                              Vous confondez représentation et soumission aux intérêts de l’ Empire. 
                              Des représentants soumis, propulsés par les USA, ne servent que les intérêts de l’Etat profond.
                              Mais des Chavez, des Poutine, des De Gaulle, des Allende, des Castro, ne sont pas de la même trempe...Il y en a eu plus de 50 Chefs d’ Etats renversés ou assassinés par les USA depuis 1945, la plupart élus démocratiquement.


                            • franc 28 mars 2016 01:30

                              Dale Scott ,voilà un intellectuel digne de ce nom.

                              -

                               Son concept de l’Etat profond en opposition à l’Etat publique est d’une importance capitale

                              -

                              ainsi par exemple l’opposition entre la CIA et le Département d’Etat ,CIA qui pourrait être au service des forces occultes malfaisantes et des oligarchies maffieuses ,en complicité m^me avec les commanditaires d’actes de terrorisme et de guerres nazies alors que le Département d’Etat défendrait au contraire le peuple et l’ntérêt d e la société ;laCIA corrompue et dégénérée appartient donc à cet ’Etat profond malfaisant diabolique .

                              Il est à craindre aussi qu’en France comme dans beaucoup de pays surtout occidentaux et islamiques( Arabie saoudite ,Qatar ,Turquie ,Pakistan) les services secrets corrompus et dégénérés ne travaillent aussi pour cet Etat profond diabolique .

                              -

                              par contre son concept de volonté prévalente du peuple me semble moins pertinent car moins signifiant et moins opérant .

                              En effet plusieurs commentateurs ont fait une juste remarque et critique disant qu’il ya oubli ou dénégation que le peuple puisse être trompé et manipulé et sa volonté dirigée dans de fausse ou mauvaise direction ,que ce soit dans le long terme comme dans le court terme par les puissances dominantes .


                              • julius 1ER 28 mars 2016 09:15

                                Cette impossibilité qu’ont la plupart des États à concevoir et prendre en compte la volonté prévalente des peuples débouchera irrémédiablement sur des cycles de violence récurrents, avec un danger croissant d’emploi d’armes de destruction massive toujours plus dangereuses et meurtrières.

                                @l’auteur,
                                ma réflexion à propos des concepts définis par Dale Scott sur la prévalence et l’état profond me font penser à la grammaire et la définition des formes transitives et intransitives .....
                                un état qui prend en compte la définition des intérêts du peuple serait la forme transitive de l’action tandis que dans le cas de l’état profond c’est directement la forme intransitive qui va s’affirmer .....

                                « car l’impossibilité qu’ont la plupart des Etats à concevoir et prendre en compte l volonté prévalente des peuples »«  
                                oh le beau postulat que voilà .....
                                encore faudrait-il qu’il y ait une volonté affichée et réelle de prendre en compte la volonté du » souverain «  ??????

                                or on est dans un paradigme inverse où l’état profond (terme de D Scott) je préfère le terme d’oligarchie est dans le déni de Démocratie .... on est plutôt dans une phase de Démocratie confisquée à l’insu du plein gré d’une majorité ..... et c’est un mouvement de fond auquel D Scott ne répond finalement qu’avec des voeux pieux du genre »« (Ma foi m’amène à penser que l’unique échappatoire à ce déséquilibre global est l’implémentation progressive et non-violente de la volonté prévalente de différents peuples, et finalement de l’humanité entière.) »

                                c’est peu comme instrument de lutte que la foi surtout si celle-ci n’est pas un bien commun partagé ......
                                je crois plutôt à une inversion de paradigmes cad à une volonté prévalente du peuple à réclamer de la Démocratie à tous les étages de la fusée et c’est en goûtant à ce fruit pour l’instant prohibé que l’on avancera en dehors des chimères communément partagées !!!!

                                • Captain Marlo Fifi Brind_acier 28 mars 2016 09:48

                                  @julius 1ER
                                  L’Etat profond américain s’impose aux pays européens :
                                  ** à travers l’ OTAN, qui impose ses décisions en matière de diplomatie et de Défense.

                                  ** à travers les milliers de lobbies de la finance et des multinationales qui font la loi à Bruxelles.

                                  ** et par le choix des marionnettes censées nous représenter, et qui sont lancées comme des marques de lessive par les sondages et les médias.
                                  Cf Juppé, en Novembre un sondage sorti d’un chapeau d’une officine de sondages américain.
                                  Ils sont en train de nous vendre Juppé, comme ils nous ont vendu DSK.


                                  Bien entendu, plus il y a de mécontents, plus la démocratie est restreinte.
                                  Une loi va supprimer l’égalité des temps de parole des candidats.


                                • michel49 (---.---.25.180) 28 mars 2016 09:50

                                  Platon considerait que la democratie est un systeme ephemere car il evoluait necessairement vers la tyrannie...


                                  • Allexandre 28 mars 2016 22:13

                                    Il est regrettable que M. Scott ne soit pas allé plus loin dans son analyse. Il évoque S.Huntington, un néocon faisant partie de ce pouvoir de l’ombre, comme les Rothschild, mais qui lamine la pensée étasunienne en suggérant lé « choc des civilisations ». Sioniste parmi les sionistes, il sait comment piloter la politique extérieure des Etats-Unis, dans l’intérêt majeur d’Israël. La « volonté prévalente des peuples » se heurtera toujours à celle des lobbies riches et puissants, qui grâce au pouvoir et à l’argent corrompu, imposeront leurs conceptions. Il y a une sorte de naïveté dans la pensée de M. Scott !


                                    • Jean Keim Jean Keim 29 mars 2016 08:51

                                      Pourquoi faut-il qu’il y ait un pouvoir ? 


                                      • lloreen 29 mars 2016 10:25

                                        Le pouvoir est individuel et le premier des droits fondamentaux est la liberté.
                                        La liberté est souvent confondue par les psychopathes avec la leur de nuire à ceux qui ne sont pas atteint de leur déséquilibre. Heureusement qu’ il reste le droit coutumier dont l’ adage le plus fameux est « Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’ autrui te fasse ».

                                        Depuis le 18 juin 2016 , un conseil national de transition s’ est crée en France. Voici le site du fondateur.
                                        http://librepenseur-demosophy.blogspot.fr/2016/03/levidence-que-nul-ne-peut-nier.html

                                        Le site du CNTF.
                                        http://www.conseilnational.fr/

                                        Le CNTF appelle tous les français à se rassembler le 10 juin 2016 à Paris pour déloger les escrocs et les criminels à la solde des multinationales par l’ intermédiaire de leur république, qui est une corporation gouvernementale enregistrée auprès de la SEC (security & exchange commission) sous le contrôle et la direction des Rothschild par l’ intermédiaire de la City de Londres (la Couronne).
                                        La preuve.

                                        UPIK® Record - L LRegistered company nameREPUBLIQUE FRANCAISE PRESIDENCE
                                        Non-registered name or business unit
                                        LD-U-N-S© Number542472212 LRegistered address55 R DU FAUBOURG SAINT HONORE LPost code75008 LCityPARIS
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                                        Post office box town
                                        WTelephone number142928100
                                        Fax number

                                        Name primary executive
                                        WActivity (SIC)9199
                                        Tous les ministères sont des corporations gouvernementales.
                                        UPIK® Record - L LRegistered company nameMINISTERE DE L’INTERIEUR
                                        Non-registered name or business unit
                                        LD-U-N-S© Number579004870 LRegistered addressPLACE BEAUVAU LPost code75008 LCityPARIS
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                                        Fax number

                                        Name primary executive
                                        WActivity (SIC)9199

                                        • lloreen 29 mars 2016 10:27

                                          pardon:atteints


                                          • lloreen 29 mars 2016 10:28

                                            Pardon:depuis le 18 juin 2015


                                            • foofighter foofighter 31 mars 2016 15:03

                                              Merci M. Chaix pour les traductions que vous nous proposez des ouvrages de l’éminent Peter Dale Scott, que j’ai déjà pu apprécier avec La Machine de Guerre Américaine.

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