L’image de la France au Honduras
La France, au Honduras ? Que vient-elle faire là ? L’image de la France au Honduras constitue l’un des piliers du stage que je fais à l’ambassade française de ce pays niché entre le Guatemala, le Salvador et le Nicaragua... Comment est-elle retranscrite, dans les médias par exemple ?

On m’a prévenue dès mon arrivée : les journalistes honduriens ne sont pas intéressés par la France. Ils savent à peine la situer et nos actions ne les touchent que peu. Et ne parlons pas de l’Union européenne… C’est bien pour ça que lorsqu’on me demande de distribuer aux journalistes des stylos « PFUE », comprenez Présidence française de l’Union européenne, j’ai quelques doutes sur l’impact réel de la chose !
La France reste très peu visible dans la presse hondurienne – et je m’en sens quelque peu coupable, car c’est mon rôle de lui donner de la visibilité… La répercussion dans la presse se limite surtout aux pages Sociales, une forme de « journalisme » un peu particulier… qui sert en fait tout simplement à se faire voir. A montrer qu’on fait partie « de la haute », qu’on a une situation enviable, qu’on répond aux canons de la société. La France, malheureusement, doit s’accommoder la plupart du temps de cette forme de journalisme : des photos de l’ambassadeur ou des membres de l’ambassade, avec leur nom bourré de fautes en légende (j’ai moi-même été requalifiée de « Nari »), et en guise de texte, trois lignes copiées-collées du communiqué de presse.
Les columnistas s’intéressent plus rarement à nos actions, mais ont généralement le mérite d’argumenter leurs propos et de prendre position, mais si cela doit être contraire à ce que l’on voudrait qu’ils écrivent. Je pense en particulier aux propos de l’ambassadeur sur le risque du narco-trafic, qui a été perçu de manière extrêmement diverse !
Voilà pour la presse, mais qu’en est-il du citoyen lambda ? Je reporterais ici les propos de deux personnes au statut social bien différent. Le premier est un jeune gardien de l’hôtel Maya, qui doit gagner environ 4 000 lempiras par mois (138 €). Un sourire digne de Joey Star, il me demande si je suis une gringa. Non, je viens de France. Il paraît alors très intéressé par la chose et veut savoir tous les détails pour s’y rendre, dont le prix du billet qu’il ne pourra peut-être jamais s’offrir en une vie. Après une pause : « En France, parle-t-on la même langue qu’aux Etats-Unis ? » Heu… non, pas vraiment… Ce que j’en retire, c’est que la France lui paraît comme un eldorado, au même titre que les Etats-Unis. Un ailleurs inconnu et embelli, par la force des choses… Il m’a confié que, de toute façon, il ferait tout pour quitter le Honduras, pays le pire d’Amérique latine selon lui.
L’autre personne est une amie hondurienne au statut bien plus aisé… et forcément attirée par toujours plus d’argent, d’objets et d’actions accréditant sa place dans la société. Je pense que le français, pour elle c’est quelque chose de chic, de classe. Paris, les Champs-Elysées, le Moulin rouge, les parfums, la mode, Dior Kiss… Et là encore, la France se retrouve embellie : pas de clochard chez nous, tout le monde mange à sa faim, et les fauteuils de cinéma sont en cuir !
C’est presque ça…
7 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON