L’Iran ou le « Pays des Aryens »
Depuis la conquête musulmane de la Perse en 637, mille ans se sont écoulés avant que la dynastie des Safavides ne soit la première d’une Perse indépendante.
C’est Ismaël 1er qui convertira le pays au Chiisme face à un Empire Ottoman Sunnite.
Mais la difficulté à unir le pays à cause de sa diversité ethnique offre une brèche aux menaces extérieures, notamment des Ouzbeks sur le flanc nord-est et des Ottomans au Caucase et en Anatolie.
En 1722, les tribus Afghanes finissent par l’emporter et signent la fin des Safavides. En ces temps, la Perse regroupait un large territoire, à savoir la totalité du Kurdistan, l’Irak actuel, l’Azerbaïdjan, l’Iran actuel, une partie de l’Ouzbékistan et une partie de l’Afghanistan.
Au 19ième siècle, les Qajars succèdent aux Salafides et marquent leur temps par le début de l’effritement territorial de la Perse. Ils réintègrent le concept du Shah, comme entité semi- divine en tant qu’ « ombre de Dieu sur terre ».
Les différentes guerres Iran / Russie amorcent, avec le concourt actif de la Grande Bretagne, le début de la perte des territoires.
Successivement, seront concédées les terres du Caucase au nord d’Araks, les territoires d’Asie centrale et seront définitivement entérinées les pertes Safavides de l’Herat et les territoires Afghans, lors du traité de Paris en 1857.
Mais le démembrement territorial de la Perse ne doit pas occulter l’événement majeur de ce début du 20ième siècle : l’adoption de la Constitution en 1906, suivi de la création du « Majles » (le Parlement), qui marque la fin de la période médiévale de la Perse.
Le Majles nomme Reza Khan Sardar Sepah, nouveau Shah d’Iran, sous le nom de Reza Shah Palavi. Ce dernier souhaite faire de la Perse une république selon le modèle d’Attatürk. Mais il se verra contraint d’abandonner son projet républicain sous la pression d’un clergé devenant de plus en plus présent sur la scène politique.
Le Shah demande à la communauté internationale de ne plus utiliser le mot « Perse » mais « Iran » pour désigner son pays, impose la tenue « Occidentale » pour les hommes et interdit le port du « voile » pour les femmes. En 1935, le Shah accélère le rythme de modernisation de son pays, multiplie les projets d’infrastructure, et projette à plein régime le modèle occidental sur toutes les couches de la société iranienne.
En ce début de Seconde Guerre mondiale, l’Iran se déclare neutre. Mais, par crainte de voire le Khuzestan et ses formidables réserves énergétiques tomber entre les mains des forces de l’Axe, la Grande-Bretagne et la Russie décident d’envahir le pays. Reza Pahlavi abdique et Mohammad Reza Pahlavi, son fils, devient le Shah d’Iran. Celui-ci signe un traité tripartite avec la Grande-Bretagne et la Russie, prévoyant un soutien de l’Iran aux alliés et un retrait progressif des deux grandes puissance à la fin de la guerre.
En 1945, la Grande-Bretagne et surtout la Russie ne respectent pas le traité et imposent à l’Iran de partager son pétrole via des entreprises mixtes à majorité étrangère. En 1953, Mossadegh, alors 1er Ministre, entreprend la nationalisation du pétrole iranien. Cette aventure sera écourtée par l’Opération « Ajax », orchestrée par les services Anglais et Américains. Elle aboutit à la mise à l’écart de Mossadegh mais surtout, par ricochet, à la création, sous l’initiative du Venezuéla et principalement de l’Iran de l’OPEP.
Tout comme son père, le Shah continue sa marche effrénée vers une occidentalisation tout azimut de son pays. Il perd le Bahreïn, terre Iranienne jusqu’en 1820, et continue d’occulter les spécificités ethniques que caractérisent l’Iran, au profit d’une occidentalisation devenue quasi obsessionnelle.
Finalement, après la décomposition de l’identité iranienne qui, en moins d’un siècle, perd plus de 60% de son territoire ainsi que son appellation persane et se retrouve otage du support occidental à sa survie, émerge une voix nouvelle appelant au retour des valeurs originelles de cette civilisation ancienne de plus de 5000 ans.
En 1979, par référendum, la révolution islamique met en place une République calquée sur le modèle Gaulliste avec une présidence forte. Cette même République, empêchée quelques années auparavant par le clergé, se voit aujourd’hui soutenue par les Mollah, principaux artisans du régime révolutionnaire. La constitution de 1906 est modifiée pour laisser le champ libre à l’installation du Clergé au pouvoir. La fin de la monarchie laïque est annoncée et le début de la République Islamique d’Iran, proclamé.
L’installation de cette République Chiite en inquiète plus d’un et à bien des égards. Au niveau régional, elle annonce, sans jamais le dire, le début de la « Reconquête » des territoires perdus. D’une part, l’Irak, mais surtout la Turquie et l’URSS d’autre part voient d’un mauvais œil ce régime des Mollahs. Et ils n’auront pas totalement tort, car dans la foulée révolutionnaire iranienne, on commence à observer des débordements au niveau de l’Afghanistan voisin.
En 1979, l’URSS décide alors d’envahir le pays rebelle, mais ne reçoit pas le soutien nécessaire des occidentaux, encore aveuglés par les fantasmes de la guerre froide ; pire ils arment et apportent toute la logistique nécessaire à ces étudiants révolutionnaires qu’on appelle les Talibans. Ce manque de clairvoyance coûtera très cher à l’Europe mais surtout aux Etats-unis.
En 1980, L’Irak envahit préventivement l’Iran avec le soutien implicite de la France, des Etats-Unis et … de l’URSS, plus pragmatique, qui reste la première puissance à réagir au « péril islamique ». L’Irak a de bonnes raisons de craindre cette déferlante Chiite du fait qu’elle abrite sur son territoire les deux principaux fiefs du Chiisme que sont Kerbala et Nadjaf. Car ne l’oublions pas, l’épicentre de la Perse avant la valse du « Grand jeu », se situe en très grande partie sur le territoire de l’Irak actuel.
En faisant un recours direct à la force armée, simultanément à l’instauration de la République Islamique, les principaux adversaires de l’Iran reconnaissent de facto l’illégalité des territoires confisqués à la Perse à la fin du 19ième siècle et au début du 20ième et la légitimité de sa « Reconquista ».
Les Etats-Unis, par mauvaise appréciation du contexte régional et surtout sous l’impulsion d’un patriotisme exacerbé par les attentats du 11/09, décident, de renforcer leur présence en Afghanistan, ce qui ne fait qu’enfoncer un peu plus ce pays sous le joug Iranien à terme et commettent la plus grande erreur géostratégique de ce 21ième siècle en envahissant et annihilant l’Irak Sunnite du régime Baasiste. L’Iran ne pouvait rêver mieux que de voir, finalement, quelqu’un d’autre faire le « sale boulot » à sa place. D’autant plus que l’Irak, majoritairement Chiite mais surtout ancien territoire Perse confisqué, se retrouvera naturellement en bout de course sous tutelle Iranienne.
Mais la désintégration de l’Irak soulève un problème encore plus complexe qu’est la résurgence du réflexe nationaliste Kurde. Celui-ci met en équation l’Irak, l’Iran mais surtout la Turquie. Par mimétisme ethnique mais surtout devant l’opportunité qui se présente, le Kurdistan Iranien et Irakien ne font plus qu’un, exacerbant la pression sur une Turquie, politiquement affaiblie par son désir d’intégration à l’Union Européenne et sa mise sous tutelle militaire Américaine.
Plus au nord, la Russie continue de déployer des efforts et des forces pour contrôler un Caucase largement sous influence idéologique Islamique et emprunt de velléités indépendantistes.
Finalement, sans avoir jamais eu à déclarer la guerre à un pays tiers, ou à intervenir directement dans un conflit voisin, l’Iran a réussi à redessiner sur la carte, l’ombre de l’ancienne Perse. Loin d’être gagnée, cette « Reconquête » n’a pu se faire que par l’accumulation successive d’erreurs et de maladresses des ex-puissances occupantes.
La Perse, du haut de son histoire, a toujours eu une révolution d’avance sur ses pays voisins et sait que, très certainement, cette bataille qui l’oppose aux pays qui l’avaient jadis castrée, est en passe d’être gagnée. Mais encore, cette victoire, faudra-t-elle pouvoir la préserver.
Dans l’histoire moderne, les conquêtes ont pu être pérenniser parce que le pays victorieux possédait dans son arsenal une arme capable de terrifier tout éventuel agresseur. Au 21ième siècle, cette arme est la bombe atomique, seule machine de destruction remettant au même seuil de nuisance un petit pays de six millions d’habitants face à un autre d’une population largement supérieure.
C’est cette équité dans le rapport des forces qui terrifie les ex-puissances issues de la Seconde Guerre mondiale, étant donné que seuls le rééquilibrage et le juste partage des richesses sauraient être garant de la paix dans le monde.
Alors, l’Iran, dans l’objectif de sanctuariser ses anciens territoires confisqués, a décidé de se lancer dans l’acquisition de cette Arme et plus largement dans la maîtrise des technologies de l’atome. La possession de l’arme atomique par un pays comme l’Iran, qui plus est, sous régime Islamique, déchaîne les réactions les plus inattendues et notamment de la part des pays occidentaux.
Mais, pour étayer plus précisément notre raisonnement, ouvrons une parenthèse sur cette notion de « pays occidentaux ». Celle-ci représente un concept sémantique très vague et dans les faits, souvent utilisé comme synonyme de l’Assemblée Générale « blanche » des Nations- Unies, hors de son carcan Onusien soit comme le clan des grandes puissances mondiales, d’ascendance « Euro-judéo-chrétienne ».
Cela nous éclaircit d’avantage sur la position insulaire d’un pays dirigé par une minorité Chiite en Islam, quasi-seule théocratie dans un monde qui s’affiche majoritairement laïque.
Cela ne fait aucun doute, aussitôt que les Iraniens auront la bombe, soit ils s’en serviront soit ils la vendront à des organisations terroristes. En outre, il ne fait également aucun doute pour personne, que le Président Iranien est un fou, un aliéné mental, prêt à déclencher l’apocalypse dès qu’il en aura la capacité. Tout cela peut prêter à sourire, mais croyez-moi, cela résume les propos dits et redits sans relâche par les dirigeants de la « communauté internationale » et allègrement amplifiés par leurs médias respectifs. Tout ce discours est bien évidemment corroboré par nos vidéo-experts, tout frais du jour, à qui l’on prête par la bonne fortune de l’événement, un microphone et 3 minutes d’antenne.
Non, sérieusement, il ne serait envisageable d’utiliser la bombe ni de la brandir. Le symbole de destruction finaliste représenté par l’arme atomique ne tolère pas la moindre faille dans le dispositif politique du pays qui la détient. Le pays qui entretient un projet nucléaire militaire l’entoure du plus grand secret car justement le principe même de dissuasion repose plus sur la peur que sur le réel danger de l’arme. On pourrait parler d’arme psychotique à grande échelle.
Et c’est justement ce que les grandes puissances ne souhaitent pas partager avec un pays « comme d’Iran », capable de potentialiser, à la demande, cette arme en l’associant à ses sous-traitants de la guerre. Imaginez donc un instant l’impact de l’association : arme psychotique, terrorisme et islamisme dans l’esprit du simple contribuable des pays de l’alliance occidentale ?
Reste la crainte, impensable, de voire cette puissance passer à un statut d’égal qui obligerait à négocier plutôt que de sanctionner ! C’est toute cette logique de « paix », construite à base de sanctions, blocus, isolement et autres actions militaires directes, actuellement orchestrée par les alliés et les Etats-Unis en tête, qui serait à revoir.
L’Iran et Israël ne sont pas ennemis, peut-être même ont-ils un ennemi commun. Mais l’acceptation par les « alliés » d’un Iran nucléaire entraînera automatiquement et sans préalable, une ou deux puissances Sunnites dans le sillon du feu de l’atome. Ce ricochet régional initié par l’Iran et sa course à l’Arme suprême doit absolument être enrayé car il sonnerait définitivement le glas du « Grand jeu », commencé par les Anglais et les Russes en cette fin du 19ième siècle.
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