L’ONU se mêle de religions... dialogue de haut niveau
Voici un document que l’on pourrait penser tout droit venu d’une quelconque paroisse de bons chrétiens épris de valeurs chrétiennes et oecuméniques... Eh bien non, les documents qui suivent sont des communiqués de presse de l’ONU, le 1er daté du 3/10/07. (Note 6109)
Car il semble qu’à l’ONU, depuis quelque temps, on parle religions et coopération entre grandes religions, pour amener l’humanité vers les lumières prodiguées, c’est bien connu, par lesdites religions. Cette année, l’ONU a d’ailleurs voté une résolution pour condamner la « diffamation des religions »...
Quand le président de l’Assemblée générale de l’ONU se permet de dire : "Les Nations unies en particulier ont un rôle crucial à jouer dans la promotion d’un tel dialogue et dans la promotion de la liberté fondamentale selon laquelle nous devons tous respecter le principe de liberté de religion ou de croyance. « , le bon laïc peut effectivement sentir le vent tourner.
Précision : on appelle »culture", dans des pays non laïcs comme la Belgique, ce qui en réalité est de l’ordre du religieux...
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORGANISE LES 4 ET 5 OCTOBRE LE PREMIER DIALOGUE DE HAUT NIVEAU SUR LA COMPRÉHENSION ENTRE LES RELIGIONS ET LES CULTURES ET LA COOPÉRATION POUR LA PAIX
L’Assemblée générale organise pour la première fois les 4 et 5 octobre au siège des Nations unies, un Dialogue de haut niveau sur la compréhension entre les religions et les cultures et la coopération pour la paix. La réunion, qui débutera à 10 heures dans la salle de l’Assemblée générale, portera notamment sur la liberté de religion et de croyance et le respect de la diversité des religions et des cultures. Le président de l’Assemblée générale et le secrétaire général ouvriront les débats.
En parallèle à ce Dialogue de haut niveau, des auditions avec des représentants de la société civile se tiendront à partir de 15 heures dans la salle du Conseil de tutelle. Réunissant notamment des universitaires et des dignitaires religieux, elles s’organiseront autour de deux tables rondes, l’une portant sur les défis auxquels se heurte aujourd’hui la coopération entre les religions et les cultures et l’autre sur les pratiques et stratégies optimales pour la promotion de la coopération entre les religions et les cultures. Le Haut Représentant du Secrétaire général pour l’Alliance des civilisations, Jorge Sampaio, participera à ces auditions informelles interactives.
Ce Dialogue de haut niveau fait suite à l’adoption par l’Assemblée générale, le 20 décembre 2006, de la résolution A/RES/61/221 sur « la promotion du dialogue, de l’entente et de la coopération entre religions et cultures au service de la paix ». Une autre résolution, adoptée par consensus le 25 mai 2007 (A/RES/61/269) a fixé les dates des 5 et 6 octobre pour la tenue de cette rencontre.
Les journalistes souhaitant assister au Dialogue de haut niveau ou aux auditions interactives informelles et n’étant pas accrédités auprès des Nations unies sont priés d’adresser un fax sur papier à entête à l’attention de Gary Fowlie, Bureau des accréditations et de la liaison avec les médias au numéro suivant : (212) 963-4642.
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Communiqué de l’Assemblée Générale AG/10630 (extraits)
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SE MET À L’HEURE DU RAPPROCHEMENT
ENTRE LES RELIGIONS ET LES CULTURES
« Nous vivons une période sans précédent grâce à internet et à tout un réseau de télécommunications et de liens économiques qui, bien que contribuant au rapprochement et à l’enrichissement de notre expérience humaine, révèlent les faiblesses de notre compréhension mutuelle », a déclaré ce matin Srgjan Kerim, le président de l’Assemblée générale, à l’ouverture du Dialogue de haut niveau sur la compréhension entre les religions et les cultures et la coopération pour la paix.
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Plusieurs propositions ont été faites pour accélérer le rapprochement entre les peuples. Le ministre des Affaires étrangères de la Thaïlande a recommandé une stratégie en trois étapes dont la première consisterait à ce que chaque région identifie le meilleur moyen de promouvoir la tolérance et le respect de la diversité, en visant les communautés de base. Rien ne peut être imposé de l’extérieur et certainement pas de l’ONU, a prévenu le ministre.
La seconde étape consisterait à identifier les groupes cibles, afin de déterminer les instruments appropriés pour renforcer l’appui à la culture de paix et de tolérance. Les jeunes constituent un groupe cible par excellence et l’instrument-clé est l’éducation. (là c’est carrément un plan de propagande qu’ils sont en train d’évoquer, et comme d’habitude on cherche d’abord à embrigader les jeunes.) Le ministre a, par exemple, proposé de multiplier les programmes d’échanges qui exposent les jeunes à « l’autre ». Il a été rejoint sur ce point par de nombreux intervenants, dont la représentante des États-Unis, qui a préconisé la banalisation de ces programmes.
Une troisième étape, a poursuivi le ministre thaïlandais, serait de coordonner et de consolider les divers efforts au niveau mondial, en évitant les doubles emplois. Cette position a été fermement appuyée par le Haut Représentant pour l’Alliance des civilisations, Jorge Sampaio (portugais, issu du « PS », président du Portugal en 1992, réélu en 2001, participant du Bilderberg 1999). Il est de la plus haute importance d’assurer une étroite coordination entre toutes les activités menées par les organes-clés des Nations unies, a-t-il dit, en rappelant que « c’est la raison pour laquelle on m’a nommé à ce poste ».
L’Alliance des civilisations est une initiative lancée en 2004 par le Premier ministre espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, qui vise à rapprocher les institutions et les sociétés civiles pour surmonter les préjugés et malentendus entre peuples de différentes cultures et religions.
Une réunion ministérielle du Groupe des Amis de l’Alliance des civilisations s’est tenue la semaine dernière, au cours de laquelle l’élan en faveur de l’amélioration des relations interculturelles ne s’est pas démenti. Les ministres ont fait part d’un appui inconditionnel aux initiatives dans les domaines des médias, de la jeunesse et de l’éducation. Le premier Forum annuel de l’Alliance se tiendra en janvier à Madrid.
Aujourd’hui, deux tables rondes ont poursuivi la réflexion. Elles ont porté sur les défis auxquels se heurte aujourd’hui la coopération interreligieuse et culturelle, et sur les pratiques et stratégies optimales pour relever ces défis.
Le Dialogue de haut niveau se poursuivra demain, en séance plénière, à partir de 10 heures.
Rapport du Secrétaire général sur le dialogue, l’entente et la coopération entre religions et cultures au service de la paix (A/62/337)
Dans ce rapport, le Secrétaire général recommande à l’Assemblée générale de proclamer une année internationale du dialogue entre les religions et les cultures, comme elle envisageait de le faire dans sa résolution 61/221. Avant cela, Ban Ki-moon, rend d’abord compte des activités menées par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), l’Alliance des civilisations et le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), dans le domaine du dialogue entre les religions et les cultures. Ces renseignements complètent ceux qui ont été fournis par le Directeur de l’Unesco dans son rapport annuel sur la Décennie internationale de la promotion d’une culture de la paix et de la non-violence au profit des enfants du monde (A/62/97).
Le Secrétaire général rappelle ainsi que le dialogue interculturel fait partie intégrante du projet de stratégie à moyen terme (2008-2013) élaboré pour l’Unesco. Fondé sur la constatation explicite du fait que la promotion de la diversité culturelle est indissociable de la promotion du dialogue, ce projet énonce précisément l’importance des échanges et du dialogue interculturels pour la cohésion sociale, la réconciliation et la paix, et en fait l’un des objectifs des programmes. Cette stratégie englobe le dialogue interconfessionnel, des initiatives spécifiques aux échelons régional et sous-régional, la définition d’un ensemble de valeurs et de principes communs, une thématique axée sur les cinq domaines de compétence de l’Unesco (l’éducation, les sciences naturelles, les sciences humaines et sociales, la culture ainsi que la communication et l’information), l’engagement multipartite et le dialogue visant à faire progresser le respect des droits fondamentaux de la femme.
Aux fins d’établir des liens durables entre les communautés en faveur du dialogue, cette stratégie prévoit notamment plusieurs mesures : privilégier une éducation de qualité ; échanger des renseignements sur les valeurs communes à différents environnements culturels au moyen du système des savoirs locaux et autochtones ; mettre en valeur le rôle joué par la culture pendant et après les conflits pour favoriser la réconciliation, ce grâce au patrimoine culturel ; et souligner l’importance de l’existence de médias libres, indépendants et pluralistes pour prévenir les conflits violents et promouvoir la compréhension mutuelle. En termes d’orientations générales, l’Unesco dresse le bilan des pratiques en usage en matière de dialogue interculturel qui visent à aider les décideurs à élaborer des stratégies politiques consensuelles au service du pluralisme culturel. Un groupe d’études sur le dialogue interculturel, chargé de déterminer quelle suite donner aux résolutions, recommandations et autres actions entreprises sur le terrain par différents acteurs des Nations unies, a ainsi été mis sur pied depuis décembre 2006.
Créée en 2005 à l’initiative de l’Espagne et de la Turquie, sous les auspices des Nations unies, l’Alliance des civilisations cherche, explique le Secrétaire général, à améliorer l’entente et la coopération entre les nations et les peuples, quelles que soient leur culture et leur religion, et ce faisant, à contribuer à la lutte contre les forces qui alimentent la polarisation et l’extrémisme. L’Alliance, qui depuis avril 2007 a l’ancien président du Portugal, Jorge Sampaio à sa tête, soutient toute une gamme de projets et d’initiatives, notamment la mise en place d’un centre d’échanges en ligne de pratiques optimales, d’outils et de ressources sur le dialogue transculturel et les projets de coopération. Elle est également en train de mettre sur pied un mécanisme d’intervention rapide impliquant les médias, afin qu’il existe des tribunes pour mener des débats constructifs et faire connaître différentes opinions lorsque des questions transculturelles avivent les tensions. Elle travaille en outre à plusieurs autres initiatives comme la création d’un fonds pour les médias afin de promouvoir les productions qui transcendent les cultures, les religions et les pays ou encore l’ouverture d’un centre pour l’emploi des jeunes, destiné à offrir davantage de possibilités d’emplois aux jeunes au Moyen-Orient. (là c’est l’indépendance des médias qui est allègrement piétinée)
L’Alliance collabore également avec des organisations de la société civile, qui cherchent à renforcer l’entente et la coopération transculturelles et interconfessionnelles. Elle organisera son premier forum international en janvier 2008, et dont le but sera de mettre sur pied des initiatives communes et de promouvoir des projets pour améliorer les relations entre les cultures et les communautés.
Le FNUAP, poursuit le Secrétaire général, offre, lui, une assise concrète et axée sur les droits au dialogue entre les religions et les cultures grâce aux travaux qu’il mène depuis des décennies auprès d’autorités religieuses. Il œuvre dans les domaines visés dans son mandat : la dynamique démographique (urbanisation et migration par exemple), la santé en matière de procréation et l’égalité des sexes. Sur le terrain, le FNUAP contribue au renforcement des capacités des agents religieux du changement et à leur mobilisation. Depuis que l’Assemblée générale a adopté sa résolution 61/221, le FNUAP a multiplié les activités et contribué au dialogue entre les religions et les cultures en mettant en œuvre des programmes spécifiques au Bangladesh, au Honduras ou en Ouganda. Le Fonds a aussi créé et consolidé deux groupes thématiques interculturels chargés d’intégrer les questions autochtones dans les programmes, comme en Équateur ou en Bolivie.
Le Secrétaire général conclut son rapport en faisant observer que le système des Nations unies a multiplié les activités visant à promouvoir le dialogue entre les cultures et les religions, et il se mobilise de plus en plus pour contribuer à la réalisation de cet objectif. Ces activités viennent utilement étayer les initiatives que prennent les États membres et d’autres acteurs internationaux pour favoriser le dialogue. Dans les rapports annuels qu’il adressera au Secrétaire général, Jorge Sampaio, Haut Représentant pour l’Alliance des civilisations, formulera des propositions quant à l’action que le système des Nations unies devrait mener dans ce domaine.
Déclarations
M. SRGJAN KERIM, président de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale, a rappelé qu’en organisant ce Dialogue de haut niveau, l’Assemblée prenait des mesures concrètes en vue de faire progresser les valeurs de tolérance et de coopération, consacrées par la Charte des Nations unies et la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il a noté que nous vivons une période sans précédent grâce à internet et à tout un réseau de télécommunications et de liens économiques qui, bien que contribuant au rapprochement et à l’enrichissement de notre expérience humaine, révèlent les faiblesses de la compréhension mutuelle. Nous avons pourtant l’occasion et la responsabilité de remplacer l’intolérance et la discrimination par la compréhension et la tolérance mutuelle. Les Nations unies en particulier ont un rôle crucial à jouer dans la promotion d’un tel dialogue et dans la promotion de la liberté fondamentale selon laquelle nous devons tous respecter le principe de liberté de religion ou de croyance. Ce faisant, nous devons aussi reconnaître que les crimes commis au nom de la religion sont les pires que l’on puisse commettre et que la religion ne peut servir de prétexte à la guerre.
Plusieurs recommandations ont été faites lors du débat thématique organisé plus tôt cette année par l’Assemblée et consacré aux « civilisations et défis pour la paix » : il faut reconnaître le droit légitime des autres pour avoir un dialogue significatif. Par ailleurs, les chefs spirituels doivent s’appuyer sur la tolérance de leur propre foi pour promouvoir la compréhension mutuelle au sein de leurs communautés. Nous devons utiliser tous les outils à notre disposition, y compris les médias et les campagnes de sensibilisation, pour lancer ce dialogue à l’échelle mondiale. De leur côté, les gouvernements doivent aussi véhiculer de telles valeurs dans leurs programmes scolaires, afin d’éradiquer les stéréotypes qui nourrissent l’incompréhension. (oui et aussi pour préparer le terrain à la mondialisation politique... bientôt l’ONU sera la seule organisation qui se revendiquera garante de la paix et de la coopération entre les peuples...)
Ce dialogue ne sera aussi couronné de succès qu’à condition que l’ensemble des composantes de la société, qu’il s’agisse du secteur privé, de la société civile, des groupes religieux et des ONG, y participent pleinement. Cette année, alors que nous fêtons le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, beaucoup continuent de voir leurs droits déniés ou violés. Je suggère personnellement la réconciliation comme bon compromis entre l’oubli et la mémoire, a-t-il ajouté. Il a rappelé en conclusion les paroles de Dante Alighieri, pour qui le plus beau cadeau que Dieu nous ait fait est celui de la volonté et de la liberté, avec celui de l’intelligence.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que partout où il s’est rendu depuis sa nomination, il avait constaté des aspirations communes à la paix, à la liberté et à la prospérité.
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L’Assemblée générale, a estimé le Secrétaire général, est la plate-forme universelle idéale pour initier un tel dialogue. La réunion d’aujourd’hui intervient d’ailleurs à un moment particulièrement bienvenu, puisque les juifs célèbrent la Torah et les musulmans approchent de la fin du mois sacré du Ramadan. De telles occasions nous rappellent que les hommes et les femmes de foi du monde entier peuvent être réunis plutôt que divisés, par leurs convictions et leurs croyances et dans quelque chose qui les transcende, a affirmé le Secrétaire général. Rappelant ensuite qu’une réunion ministérielle de l’Alliance des civilisations avait eu lieu la semaine dernière, il s’est félicité de ce que le nombre des membres de l’Alliance ait presque doublé depuis sa séance inaugurale. Le Secrétaire général a conclu en disant qu’en regardant la salle de l’Assemblée générale, il pouvait voir que les États membres étaient unis dans leur choix du dialogue plutôt que de la confrontation.
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M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a tenu à rappeler que les trois principales religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l’islam, ont un héritage commun et s’accordent sur de nombreuses valeurs universelles telles que la paix, l’honnêteté, la dignité, la coopération, la patience, la tolérance et l’harmonie. M. Akram a souligné que les manifestations d’incompréhension rencontrées aujourd’hui entre les cultures et les civilisations ne sont pas le résultat de divergences entre les religions mais de divergences sur des questions politiques telles que les crises au Moyen-Orient.
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Il a également appelé tous les pays à interdire les organisations extrémistes et la littérature de haine, la diffamation des personnalités religieuses sous le prétexte de la liberté d’expression. Il a finalement fait des propositions relatives à la réforme des programmes scolaires, et à l’adoption de politiques bien réfléchies pour la protection des minorités religieuses. Dans certaines sociétés où la migration a créé un mélange soudain de foi et de culture et des processus d’intégration graduelle et pacifique, il serait peut-être utile, a suggéré le représentant, de mettre en place des mesures d’établissement de la confiance pour surmonter la haine et les stéréotypes dont certains ont permis l’émergence.
M. FIORENZO STOLFI, Premier ministre et ministre des Affaires politiques et étrangères et de la planification économique de Saint-Marin, a déclaré que le renforcement du dialogue entre les cultures et les religions est une condition sine qua non pour surmonter les divisions et la méfiance, consolider la coopération entre les États et les peuples et par-là même, atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Il a rappelé que lorsqu’il présidait la Commission ministérielle du Conseil de l’Europe, Saint-Marin avait organisé une Conférence européenne sur la dimension religieuse du dialogue interculturel. Une Conférence, a-t-il ajouté, qui a connu la participation des représentants du monde diplomatique et religieux de toute l’Europe, de chercheurs et de représentants d’associations et de la presse. À cette occasion, le représentant du Secrétaire général des Nations unies avait mis l’accent sur la nécessité urgente de jeter des ponts et de prendre part à un dialogue interculturel constant et constructif, qui veille à la promotion de valeurs communes et d’aspirations partagées. C’est à cette même occasion que fut présenté un « document sur le dialogue interculturel », a indiqué M. Stolfi, en ajoutant que ce projet sera publié par le Conseil de l’Europe en 2008, année qui sera également consacrée par l’Union européenne au Dialogue interculturel.
Saint-Marin, a poursuivi le Premier ministre, a aussi été coauteur d’une résolution sur l’élimination de toutes les formes de discrimination basée sur la religion qui après avoir été soumise au Conseil des droits de l’homme, le sera à la Troisième Commission. D’autre part, le Conseil de l’Europe a confié à Saint-Marin la coordination de la première réunion annuelle consacrée à la dimension religieuse du dialogue entre les cultures qui se tiendra au printemps 2008 avec la participation de 47 États membres et des représentants du monde religieux et de la société civile, a-t-il annoncé. Cependant, a poursuivi M. Stolfi, le dialogue ne saurait être séparé du respect par les cultures et les religions, des valeurs communes qui constituent les fondements de la coexistence au sein de la communauté internationale et de la coopération entre les peuples, en l’occurrence le respect des droits de l’homme, des règles démocratiques, de l’état de droit et des principes de justice.
Reconnaissant la complexité des problèmes qui caractérisent chaque fois plus les réalités nationales, le Premier ministre a estimé qu’il ne faisait aucun doute que le dialogue aidera à surmonter la peur, le rejet de l’autre, la discrimination culturelle ou religieuse, le radicalisme et la violence. Il a souligné que les actions menées par les ONG, le secteur privé et les médias étaient d’une grande importance et a conclu en indiquant qu’au niveau national, la participation dans des campagnes thématiques pouvait devenir le moteur d’une action qui impliquerait dûment les jeunes.
La première mesure, a estimé M. Vartan OSKANIAN, ministre des Affaires étrangères de l’Arménie, doit être prise au niveau national et régional. Ainsi, en Thaïlande, la nouvelle constitution continue de protéger et de promouvoir les libertés religieuses, a fait valoir le ministre. Un dialogue interconfessionnel est organisé au niveau local par des leaders religieux pour discuter des problèmes qui se posent à tous, comme la dégradation de l’environnement, par exemple. Les pays d’Asie du Sud-Est, qu’ils soient majoritairement musulmans, chrétiens ou bouddhistes œuvrent actuellement à l’établissement d’une Communauté de l’ANASE, où la diversité est promue comme une force. Chaque nation, chaque région doit pouvoir identifier le meilleur moyen de promouvoir la tolérance et le respect de la diversité en touchant les communautés de base. Rien ne peut être imposé de l’extérieur et certainement pas de l’ONU qui peut pourtant encourager les choses, a dit le ministre.
La seconde étape consisterait à identifier les groupes cibles, afin de déterminer les instruments appropriés pour renforcer l’appui à la culture de paix et de tolérance. Les jeunes constituent un groupe cible par excellence et l’instrument-clé est l’éducation. Une éducation qui inculque la tolérance et le respect des valeurs des autres cultures et religions. Le ministre a, par exemple, proposé de multiplier les programmes d’échanges qui exposent les jeunes à « l’autre ». Une troisième étape serait de coordonner et de consolider les divers efforts au niveau mondial, en évitant les doubles emplois. Le ministre a, par exemple, proposé que le prochain rapport du Secrétaire général sur la question comprenne les activités menées en dehors du système des Nations unies, y compris aux niveaux régional et sous-régional.
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Le dialogue politique international n’a pas été capable de faire cesser les guerres dont le nombre va en augmentant, a-t-il poursuivi. Pendant ce temps, a remarqué l’Envoyé du Nicaragua, l’immense majorité des États membres ne fait qu’observer car, dans le dialogue politique, on considère comme « politiquement incorrect » d’attirer l’attention sur, ou de critiquer, les puissants, y compris dans les cas des violations les plus flagrantes de la Charte. Il devient donc nécessaire de transcender le dialogue purement politique et de nous retrouver sur le terrain, plus profond, de notre humanité partagée, c’est-à-dire sur le terrain de nos religions, où siègent nos croyances les plus enracinées quant à la valeur et au sens de la vie humaine, a ajouté le révérend D’Escotto Brockmann, avant d’indiquer que la loi suprême de l’amour, sans exceptions ni exclusions, est sans aucun doute la valeur première unissant toutes les religions. Insistant sur l’unicité de Dieu, il a cité en conclusion une anecdote relatée par Louis Fischer qui, ayant remarqué que Gandhi avait un portrait de Jésus-Christ sur le mur, s’était exclamé : « Mais vous êtes chrétien ? Pourquoi cette image de Jésus sur le mur ? Ce à quoi Gandhi avait répondu « bien sûr que je suis chrétien et musulman et hindou et bouddhiste et juif ».
M. METROPOLITAN VALENTIN D’ORENBOURG, Leader de l’Église orthodoxe de la Fédération de Russie, a déclaré que la religion était trop souvent utilisée pour justifier le terrorisme. Selon lui, le problème le plus important d’une société lorsqu’elle perd le fait religieux, c’est son atomisation. Privé de la dimension spirituelle et verticale de la vie, l’homme se réfugie dans l’argent et les choses matérielles, qui ne suffisent pas à lui donner une direction véritable. Il s’est déclaré persuadé que c’était la moralité traditionnelle qui constituait la base du respect mutuel des religions et des cultures. L’éducation des jeunes générations aux religions traditionnelles devrait donc être renforcée pour leur permettre de se faire une idée plus précise des différences entre les peuples. Il a cité en exemple le modèle interreligieux qui prévaut en Fédération de Russie, qui reconnaît le droit des uns et des autres à vivre librement leurs croyances, que ce soit aux niveaux public ou privé. Par ailleurs, en 1998, un Conseil interreligieux russe fondé sur le principe d’inviolabilité des religions, a été mis sur pied. M. D’Orenbourg s’est ensuite félicité des initiatives prises par les Nations unies telles que l’Initiative tripartite en faveur de la paix et l’Alliance des civilisations. Il a suggéré, pour sa part, de créer à l’ONU une plate-forme multilatérale pour permettre aux représentants des grandes religions du monde entier d’échanger leurs points de vue.
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M. ROD KEMP (Australie) a déclaré que bien que le droit à la liberté de religion ou de croyance constitue un droit essentiel et une composante fondamentale de toute société harmonieuse et soit inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, il n’en reste pas moins que dans de multiples régions du monde, nombre de personnes ne jouissent pas de telles libertés : elles ne peuvent prier librement et elles souffrent de discrimination. L’intolérance et l’extrémisme religieux continuent de menacer la sécurité, la paix et la stabilité mondiales, a-t-il ajouté, soulignant qu’il était important de défendre la liberté religieuse et de reconnaître que l’on pouvait et devait permettre que des idées et des croyances différentes puissent coexister et prospérer. En effet, la tolérance et le respect du pluralisme constituent des valeurs essentielles pour des sociétés ouvertes, a-t-il ajouté.
JOAO GOMES CRAVINHO, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal, a affirmé que l’Europe avait un rôle-clé à jouer dans la promotion de la compréhension interculturelle et interreligieuse avec d’autres régions du monde. « L’Union européenne est fondée sur les principes de liberté, démocratie, respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, ainsi que des règles de droit » a-t-il ajouté. Il a souligné que la compréhension et l’acceptation mutuelles des valeurs de base entre Européens de tous horizons culturels, sociaux ou religieux, étaient cruciales pour garantir une cohabitation pacifique et une cohésion sociale. Il a rappelé que les politiques d’intégration et de non-discrimination de l’Union européenne, indispensables au dialogue, trouvent leurs origines dans le respect des principes d’égalité devant la loi, de prohibition de la discrimination et du combat contre le terrorisme, de la diversité culturelle, linguistique et religieuse, et de l’égalité entre les sexes. Le Secrétaire d’État a en outre déclaré que la culture européenne a été enrichie par les influences extérieures au travers de son histoire, et qu’a contrario, les idées européennes ont eu une profonde influence sur de nombreuses cultures dans le monde.
Des Européens de diverses origines sociale, culturelle et religieuse contribuent aujourd’hui à la diversité et à la prospérité de l’Europe. Cette dernière a une identité multiple, reflétant une panoplie d’influences venues des migrations et de la mondialisation. Le Secrétaire d’État a ajouté que l’Europe s’attachait à cet effet à développer et à renforcer le dialogue avec ses communautés, minorités ethniques et religieuses en incluant notamment son engagement positif avec les musulmans de et hors d’Europe. M. Cravinho a par ailleurs souligné que les cadres politique et juridique de l’UE sont essentiels pour assurer la paix et la cohésion sociale, et marginaliser le radicalisme et l’extrémisme. Il a insisté sur la grande activité de l’Union européenne dans la promotion de la compréhension interculturelle et interreligieuse. Le processus Euromed-Barcelone fournit ainsi le cadre du dialogue entre l’Union et ses voisins méditerranéens, et dans lequel a été créé la Fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh pour le dialogue des cultures dont le but est le rapprochement des civilisations vivant de part et d’autre de la Méditerranée. En outre, l’ASEM, qui réunit 43 États asiatiques et européens, a permis de favoriser la compréhension mutuelle des religions et promouvoir la diversité culturelle, mais également d’accélérer les échanges culturels, intellectuels, éducatifs entre Européens et Asiatiques. L’Europe soutient aussi l’Initiative sur l’alliance des civilisations qui, avec l’aide des Nations unies, vise à intensifier les actions collectives entre diverses sociétés pour combattre l’extrémisme, surmonter les barrières culturelles et sociales entre l’Occident et les mondes musulmans, et réduire les tensions et la polarisation entre les sociétés dont les valeurs culturelles et religieuses diffèrent.
M. Cravinho a par ailleurs plaidé en faveur d’une action globale, concertée, cohérente et complémentaire, mise en place par l’Alliance et les Nations unies, pour accroître le dialogue et la compréhension interconfessionnelle. En outre, il a affirmé que le document du Conseil de l’Europe sur le dialogue interculturel sera adopté en novembre 2007, et aura pour objectif de développer un sens de la communauté et d’appartenance à un monde multiculturel. Enfin, l’Année européenne du dialogue interculturel, dont le budget atteint 10 millions d’euros, présentera en 2008 une grande variété de projets et d’activités en vue de promouvoir la diversité culturelle et religieuse.
Mme KAREN HUGUES, Sous-secrétaire d’État pour la diplomatie publique et les affaires publiques des États-Unis, a rappelé qu’entre autres libertés, la Déclaration universelle des droits de l’homme consacrait la liberté de religion. Voyageant dans le monde entier, j’ai rencontré des personnes de bonne volonté de toute foi, a-t-elle ajouté. Mais elle s’est déclarée préoccupée par le fait que la liberté d’avoir une religion était de plus en plus confondue avec la liberté que l’on prend au nom de la religion. Ainsi, elle est parfois, au même titre que l’ethnie, source de divisions. Nous vivons dans un monde de haine où la religion est pervertie à des fins politiques, a-t-elle regretté. Elle a cependant tenu à rassurer les musulmans sur le fait que les Américains ne les confondaient pas avec les terroristes, soulignant que plusieurs millions de musulmans pratiquent paisiblement leur culte aux États-Unis. Mme Hugues a cité ensuite le président de l’Afghanistan, Hamid Karzaï, qui a déclaré tout récemment que les attentats terroristes n’étaient jamais qu’un détournement de la religion à des fins meurtrières. Le moment est donc venu pour que les gens de bonne volonté et de toutes confessions se liguent contre les extrémistes, a-t-elle appelé, précisant que l’Amérique souhaitait relancer le dialogue en ce domaine. Le gouvernement américain encourage le dialogue interconfessionnel à travers des programmes d’échanges culturels et religieux dans le monde entier. Nous avons aussi dépêché des musiciens pour promouvoir la tolérance et prouver que les cultures peuvent s’enrichir mutuellement. Enfin, nous encourageons les Américains à se rendre à l’étranger pour tirer le meilleur parti possible des autres cultures, a conclu Mme Hugues.
(...)
Il (représentant du Bélarusse) a tenu à saluer la création d’un centre de coordination sur le dialogue interreligieux et le dialogue interculturel au sein du Secrétariat des Nations unies, de même qu’il a encouragé l’utilisation des technologies de l’information et l’implication de toutes les ressources des agences spécialisées de l’Organisation. Au sujet de la rencontre ministérielle du Mouvement des pays non alignés à Téhéran en septembre 2007, il a rappelé que pour la première fois, les ministres des Affaires étrangères ont inscrit à leur ordre du jour le thème de la diversité culturelle et des droits de l’homme, de même qu’ils ont adopté une déclaration et un programme d’action et décidé d’établir un centre traitant de ce thème.
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M. LYUBOMIR KYUCHUKOV, vice-ministre des Affaires étrangères de la Bulgarie, a rappelé l’expérience historique de son pays en matière de tolérance, véritable carrefour du christianisme et de l’islam. Il a ensuite déclaré que la réussite d’un dialogue interculturel dépendait dans une large mesure de la coopération entre les Nations unies et les organisations régionales pertinentes, comme l’Union européenne. Dans ce contexte, le partenariat de ces deux organisations s’est concrétisé par plusieurs projets, a expliqué le vice-ministre, qui s’est notamment félicité que l’année 2008 ait été déclarée Année européenne du dialogue interculturel. Cette initiative vise à faciliter l’intégration des minorités ethniques et religieuses, en particulier des communautés musulmanes dans les environnements non musulmans.
Auditions avec des représentants de la société civile :
Déclaration
Dans un message lu par Iqbal Riza, Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Alliance des civilisations, M. JORGE SAMPAIO, Haut Représentant des Nations unies pour l’Alliance des civilisations, a déclaré que le débat que mène l’Assemblée générale aujourd’hui est particulièrement pertinent dans la mesure où il fait reconnaître au plus haut niveau la nécessité d’apaiser les tensions culturelles et religieuses croissantes. Nul doute que les Nations unies ont un rôle de chef de file à jouer pour défaire la polarisation croissante des cultures et des sociétés, source de conflit à une époque menacée par le choc des civilisations. À cet égard, il est de la plus haute importance d’assurer une étroite coordination entre toutes les activités menées par les organes-clés des Nations unies impliqués dans les activités liées au dialogue interculturel et interreligieux.
C’est la raison pour laquelle on m’a nommé Haut Représentant pour l’Alliance des civilisations, a souligné Jorge Sampaio. Dans son message, il a rendu compte de la réunion ministérielle du Groupe des Amis de l’Alliance des civilisations, qui s’est tenue la semaine dernière. M. Sampaio a tout d’abord souligné que celle-ci avait révélé un engagement très fort en faveur de l’amélioration des relations interculturelles. Les ministres ont fait part d’un appui inconditionnel aux initiatives dans les domaines des médias, de la jeunesse et de l’éducation.
Le Haut Représentant leur a fait une série de suggestions, notamment le développement par les organisations internationales et les organes de la Charte de partenariats avec l’Alliance. Il a également recommandé le développement par les pays de leurs propres stratégies nationales pour le dialogue interculturel, et la nomination par les pays et par les organisations internationales d’un Coordonnateur, qui soit à la fois responsable de la mise en œuvre de la Charte et le « point focal » dans les relations avec le Secrétariat de l’Alliance et les autres partenaires.
J’ai aussi exhorté les ministres à tirer parti du Premier Forum annuel de l’Alliance, qui se tiendra en janvier à Madrid, a ajouté M. Sampaio, et à présenter à l’opinion publique des engagements en phase avec ces suggestions. Saluant le rôle des acteurs non étatiques dans la promotion d’une Alliance mondiale pour la paix, il s’est réjoui en conclusion de la présence de la société civile cet après-midi.
Table Ronde 1
Défis auxquels se heurte aujourd’hui la coopération entre les religions et les cultures
(...)
Finalement, le monde des affaires est le meilleur exemple d’une cohabitation multiculturelle et multireligieuse réussie, s’est réjouie KATY TALL SARRE, Administratrice d’INFOGEST (Sénégal). L’idée de mettre en place un conseil consultatif interreligieux au sein de l’ONU, a été avancée par Sohanlal Gandhi qui a conclu en citant Jonathan Swift : « Nous avons juste assez de religions pour nous haïr, mais pas assez pour nous aimer les uns les autres ».
Table Ronde 2
Pratiques et stratégies optimales pour la promotion de la coopération entre les religions et les cultures
« Le dialogue interreligieux est indispensable pour obtenir une paix durable, » a déclaré aujourd’hui le révérend Dr CARLOS CESAR TAMEZ LUNA, Recteur de la Communauté théologique du Honduras. « Il faut vaincre l’intolérance, car la violence est le fruit de l’intolérance, et promouvoir une culture du respect et d’acceptation des différences », a-t-il ajouté avant de saluer différentes initiatives de rassemblements œcuméniques et de forums interreligieux.
« Les dirigeants religieux ont un rôle particulier à jouer pour créer une atmosphère de coopération et de compréhension, » a poursuivi MITRA DELIRI, de la Bahà’i International Community, qui participait également à cet événement. « Ils doivent mettre l’accent sur les principes spirituels les plus aptes à inciter à l’unité et à la justice. La religion doit pouvoir guérir une humanité malade. Si elle ne fait que renforcer le mal, il faut la repenser, » a-t-elle estimé.
De nombreux intervenants ont également souligné l’importance de l’éducation. « L’éducation est un élément-clé pour parvenir à une réelle compréhension entre les peuples », a indiqué TATSUYA YOSHIOKA, Directeur de Peace Boat, « mais celle-ci doit s’effectuer tout au long d’une vie et impliquer tous les niveaux de la société civile, des gouvernements et de l’ONU ». Mitra Deliri a recommandé la création d’un programme pédagogique religieux qui inciterait tant au développement intellectuel que spirituel et permettrait ainsi, selon elle, de faire évoluer la société.
« L’ONU devrait également encourager les délégations des États membres, son personnel ainsi que les dirigeants religieux à se familiariser avec les grands axes des principales religions du monde », a-t-elle poursuivi, « Les décideurs pourraient ainsi d’autant mieux distinguer nos points communs parmi tant de diversité culturelle et religieuse ».
Mitra Deliri a prévenu qu’un dialogue ouvert et efficace exige tout d’abord la compréhension, une compréhension qui ne peut s’effectuer sans connaissance. Cette connaissance est le fondement même de toute cohésion sociale, a-t-elle souligné ».
Voilà pour les dernières discussions de haut niveau, donc.
En mars 2006, le Conseil économique et social de l’ONU avait déjà sorti un rapport intitulé : « Droits civils et politiques, notamment la question de l’intolérance religieuse », portant essentiellement sur le cas de la France, suite à la visite en septembre 2005 de la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la liberté de religion ou de conviction. Visite effectuée notamment à l’invitation du ministre de d’Intérieur de l’époque c’est-à-dire Sarkozy.
Ce rapport est lui aussi une attaque contre le prinicpe de laïcité. Le résumé présent au début du rapport est édifiant. On peut y lire un recensement des griefs des extrémistes religieux et des sectes contre la version française de la laïcité et la loi de 1905 de séparation de l’Église et de l’État :
« Tout en reconnaissant que l’organisation d’une société selon le principe de la séparation des Églises et de l’État garantit le droit fondamental à la liberté de religion ou de conviction, la Rapporteuse spéciale déplore que, dans certaines circonstances, une interprétation sélective et une application rigide de ce principe aient conduit à sacrifier le droit susmentionné. Elle se félicite néanmoins du débat qui se déroule actuellement au sein de la société française au sujet de la loi de 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État et estime qu’une évaluation approfondie de son application dans le contexte actuel, marqué par une diversification accrue des religions, est un processus nécessaire dans une société démocratique fondée sur l’état de droit. Concernant la question des sectes, terme qui désigne des groupes organisés autour d’un culte mais aussi de nouveaux mouvements religieux ou de nouvelles communautés de conviction, la Rapporteuse spéciale est d’avis que la politique du gouvernement a peut-être contribué au climat de suspicion générale à l’égard des communautés inscrites sur une liste qui a été dressée suite à un rapport parlementaire, et qu’elle a porté atteinte au droit à la liberté de religion ou de conviction de certains membres de ces communautés ou groupes.
Toutefois, la Rapporteuse spéciale a observé que depuis quelques années les autorités françaises abordaient de manière plus équilibrée ce phénomène et avaient ajusté leur politique, transformant notamment la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS) en Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES). Elle n’en continuera pas moins de suivre de près les différentes actions entreprises par la MIVILUDES.
La Rapporteuse spéciale estime que la loi de 2004 sur le port de signes religieux ostensibles dans les écoles publiques se justifie dans la mesure où elle a vocation, conformément au principe de l’intérêt supérieur de l’enfant, à protéger l’autonomie des mineurs qui risquent d’être pressés de porter un voile ou un autre signe religieux, ou d’y être contraints. Cependant, cette loi prive de leurs droits les mineurs qui ont choisi en toute liberté de porter un signe religieux à l’école par conviction religieuse. De plus, l’application de cette loi par les établissements d’enseignement a conduit, dans de nombreux cas, à des abus qui ont provoqué des humiliations, particulièrement chez de jeunes musulmanes. »
Prenons le passage (points 82 à 85 en particulier) sur les sectes, par exemple, où est examinée la pertinence des conclusions de la Commission d’enquête parlementaire sur les sectes :
"82. Durant sa visite, la Rapporteuse spéciale a rencontré des représentants de certains des groupes religieux ou communautés de conviction qui avaient été inscrits sur la liste de 1996, dont des membres de l’Église de scientologie et des Témoins de Jéhovah. La plupart ont reconnu que leur situation s’était quelque peu améliorée, mais des cas de discrimination illégale ont continué d’être soulevés, notamment dans l’enseignement, du fait d’une campagne antisectes qui est souvent menée sans encadrement approprié, d’où la stigmatisation d’un certain nombre d’enfants qui seraient membres de ces groupes.
Puis, après un état des lieux extrêmement partial sur l’état de la (des) religion(s) en France, la Rapporteuse soumet ses conclusions :
"84. Par ailleurs, il existe un certain nombre d’affaires pendantes, concernant notamment des questions fiscales, dans lesquelles des groupes religieux ou communautés de conviction ont signalé des cas de discrimination. À cet égard, il a été porté à la connaissance de la Rapporteuse spéciale qu’en vertu de la loi du 9 décembre 1905 certains groupes ou mouvements peuvent bénéficier d’une exonération fiscale sous réserve qu’ils exercent exclusivement un culte, appréciation que certains interlocuteurs ont assimilée à une forme de reconnaissance du caractère religieux du groupe concerné.
85. Enfin, certains groupes se sont plaints de ce que la construction de lieux de culte se heurtait à des difficultés et obstacles et de ce que les centres de détention ne leur soient pas accessibles.
87. Néanmoins, la question de la répression des sectes pose un problème au regard de la liberté de religion ou de conviction, telle qu’elle est protégée par les normes internationales. Suite à l’adoption de la loi About-Picard susmentionnée, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a souligné, dans sa résolution 1309 (2002), que « [s]i un État membre est parfaitement habilité à prendre toutes les mesures qu’il estime nécessaires pour protéger son ordre public, les restrictions autorisées aux libertés garanties par les articles 9 (liberté de pensée, de conscience et de religion), 10 (liberté d’expression) et 11 (liberté de réunion et d’association) de la CEDH [Convention européenne des droits de l’homme] sont soumises à des conditions précises [.] [et a] invit[é] le gouvernement français à revoir cette loi. ».
96. La Rapporteuse spéciale note que la France se trouve aujourd’hui dans une situation différente de celle qui existait au moment de l’adoption de la loi de 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État, qui est à la base du principe de laïcité en France.
Tout en reconnaissant qu’une société organisée selon ce principe est sans doute non seulement saine, mais aussi garante du droit fondamental à la liberté de religion ou de conviction, elle déplore que, dans certaines circonstances, une interprétation sélective et une application rigide de ce principe aient conduit à sacrifier le droit à la liberté de religion ou de conviction.
97. La Rapporteuse spéciale se félicite de ce que le centième anniversaire de la loi de 1905 ait déclenché un important débat au sein de la société française, et estime qu’un examen approfondi de son application dans le contexte actuel, marqué par un pluralisme religieux, est un processus nécessaire dans une société démocratique fondée sur l’état de droit."
A propos de la loi sur les signes religieux à l’école :
Ainsi l’ONU veut plus de tolérance à l’égard des sectes, plus de tolérance envers les gamines voilées (sans savoir pourquoi le plus souvent), et une révision de la loi de 1905. A quel titre ? Dans quel but ?
Légitimer les dérives idéologiques semble donc être à l’ordre du jour au sein du symbole de l’entente internationale qu’est l’ONU.
Au final, ces "dialogues" et "rapports" ont permis de mettre en place des objectifs, à atteindre par étapes. On peut donc parler d’élaboration d’une stratégie qui va mettre les religions au coeur du processus de mondialisation politique. Il faut rappeler que seuls 2 pays au monde ont inscrit la laïcité dans leurs Constitutions : la Turquie et la France.
En Turquie les religieux de Tayep Erdogan ont pris la majorité de l’Assemblée et du gouvernement
En France Sarkozy révise la notion même de laïcité, et se mêle d’organiser des institutions religieuses (Conseil francais du culte musulman). En 2004, il publie La République, les religions et l’espérance,
une attaque en règle contre le principe de la laïcité, dans lequel il
prône un rapprochement entre le religieux et le politique.
Dans son discours à l’Assemblée générale de l’ONU, le 26 septembre, il est revenu à sa manière sur le rôle de la religion
dans la paix mondiale. Certes, ce qu’il dit n’est pas faux, mais chacun
peut mettre ce qu’il veut derrière le concept de ’respect des religions
et des croyances’, mais un esprit mal tourné y voit une remise en cause
de la laïcité parce qu’il sait que Sarkozy, lui met derrière ce
concept. Notre cher président a donc déclaré : "Je veux dire au
nom de la France qu’il n’y aura pas de paix dans le monde sans le
respect de la diversité, sans le respect des identités nationales, sans
le respect - j’ose le mot - des religions et des croyances, sans le
respect des cultures".
A
tel point que la France, comme l’a remarqué la Rapporteuse de l’ONU,
est devenue depuis quelques années beaucoup moins répressive envers les
sectes. Les Témoins de Jéovah,
dont des organisations ont obtenu le statut d’"association
culturelle", et que la jurisprudence favorise fortement. Par exemple,
le Conseil d’Etat (pour, en gros le dernier round des procès qui
partent en appel, puis cassation, etc.), a estimé dans un arrêt de 2000,
qu’il ne fallait pas prendre en compte la doctrine des Témoins de
Jéovah pour dire si on leur donne ou pas le statut d’"association
culturelle". Comme le trouble à l’ordre public n’est pas avéré au
moment de la demande de statuts (l’autre grande restriction pour ce
statut), c’est laisser le champ libre aux associations "culturelles"
sectaires.
A la fin de cette session à l’ONU au cours de laquelle Sarkozy s’est adressé, en clôture des débats de l’Assemblée générale, c’est un représentant du Vatican qui prend la parole. Certes, Mgr Mamberti a parlé de la paix dans le monde, mais aussi pour évoquer un grand dialogue - de haut niveau s’entend - entre les religions pour amener le monde vers la paix. Ceci en ces mots : "Le Saint-Siège soutient l’opération « Dialogue de haut niveau sur la compréhension et la coopération interreligieuse pour la paix » que l’on s’apprête à lancer. Le dialogue entre des peuples aux cultures et religions différentes ne constitue pas une option. Il est en réalité indispensable au renouveau de la vie internationale". Enfin, il a conclu en attaquant l’avortement et l’euthanasie : "Il faut tout faire pour combattre et limiter la culture de la mort admise par certains milieux sociaux et juridiques, qui considèrent la suppression de la vie comme un acte du service social et médical".
La laïcité a donc pris du plomb dans l’aile, et manifestement ce n’est que le début d’un processus devant nous amener à considérer les religions comme liées à la notion de paix et de concorde entre les peuples, ce qui serait bien la 1re fois dans l’Histoire...
"101. Les préoccupations de la Rapporteuse spéciale sont plus graves en ce qui concerne les conséquences indirectes, à long terme, de la loi n° 2004-228
102. La Rapporteuse spéciale encourage le gouvernement à suivre de près la manière dont les établissements d’enseignement appliquent cette loi afin d’éviter le sentiment d’humiliation qu’on lui a signalé durant sa visite. Elle recommande aussi une application souple de la loi de façon à tenir compte du cas des enfants pour lesquels le fait d’arborer des signes religieux fait partie intégrante de leur foi.
103. Le gouvernement devrait, en toutes circonstances, faire valoir le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant et garantir le droit fondamental d’avoir accès à l’éducation, comme cela a été recommandé par plusieurs organes conventionnels des Nations unies."
Sur les sectes :
"108. Toutefois, elle est d’avis que la politique suivie et les mesures adoptées par les autorités françaises ont provoqué des situations où le droit à la liberté de religion ou de conviction de membres de ces groupes a été indûment restreint. En outre, la condamnation publique de certains de ces groupes ainsi que la stigmatisation de leurs membres se sont soldées par certaines formes de discrimination, notamment à l’égard de leurs enfants.
109. La Rapporteuse spéciale a noté que la politique observée par le gouvernement a peut-être contribué à créer un climat de suspicion et d’intolérance générales à l’égard des communautés inscrites sur la liste, dressée en 1996 par l’Assemblée nationale, des mouvements et groupes qualifiés de sectes. En outre, les campagnes et autres actions qui ont été lancées par des associations composées, entre autres, de victimes d’actes criminels commis par ces groupes, avaient souvent un caractère émotionnel.
110. La Rapporteuse spéciale note que les autorités françaises ont adopté dernièrement une approche plus équilibrée de ce phénomène en ajustant leur politique, notamment par la transformation de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS) en Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES). Néanmoins, d’autres améliorations s’imposent pour faire en sorte que le droit à la liberté de religion ou de conviction de tous les individus soit garanti et pour éviter la stigmatisation des membres de certains groupes religieux ou communautés de conviction, notamment de ceux qui n’ont jamais commis d’infraction pénale au regard de la loi française.
111. La Rapporteuse spéciale forme l’espoir que les futures initiatives de la MIVILUDES seront conformes au droit à la liberté de religion ou de conviction et qu’elles éviteront les erreurs du passé. Elle continuera de suivre de près les différentes actions qui sont entreprises par la Mission interministérielle.
112. La Rapporteuse spéciale exhorte le gouvernement à faire en sorte que ses mécanismes chargés de la question de ces groupes religieux ou communautés de conviction livrent un message fondé sur la tolérance, la liberté de religion ou de conviction, et le principe selon lequel nul ne peut être jugé pour ses actes autrement que par les voies judiciaires appropriées.
113. En outre, elle recommande au gouvernement de suivre de plus près les actions et campagnes de prévention qui sont menées dans tout le pays par des entités privées ou des organisations patronnées par l’État, notamment dans le système scolaire, afin d’éviter que les enfants des membres de ces groupes n’en pâtissent.
114. Elle engage vivement les instances judiciaires et les mécanismes de résolution des conflits à ne plus se reporter à la liste qui a été publiée par le Parlement en 1996, et à ne plus l’utiliser."
L’application de ce texte par les établissements d’enseignement s’est soldée, dans un certain nombre de cas, par des abus qui ont provoqué des humiliations, notamment chez de jeunes musulmanes. Selon de nombreuses sources, cette humiliation ne peut qu’engendrer la radicalisation des personnes concernées et de leur entourage. De plus, la stigmatisation du voile a été à l’origine de cas d’intolérance religieuse lorsque les femmes le portent hors de l’école, à l’université ou sur le lieu de travail. Bien que cette loi ait été conçue pour réglementer le port de signes liés à toutes les religions, elle semble cibler principalement les filles de culture musulmane portant le voile."
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