L’Otan, instrument des Etats-Unis
L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord n’est qu’un reliquat de la guerre froide ayant été créé le 4 avril 1949 afin de consacrer l’alliance défensive des pays de l’Ouest européen, des Etats-Unis et du Canada face à l’URSS et à ses satellites européens. Depuis 1991 et la dislocation de l’Empire soviétique, la Russie entretient des relations économiques assez intensifiées avec cette même Europe de l’Ouest en lui fournissant gaz, pétrole et autres matières premières. Cette coopération économique a créé un nouvel espace européen car elle a rapproché - au moins au niveau des échanges commerciaux et des flux financiers - ces divers partenaires européens (Russie d’une part, Europe de l’Ouest d’autre part) qui sont à présent devenus interdépendants.
En dépit de cette intensification des relations ne justifiant plus un tel "club" comme l’Otan associant une puissance non européenne (les Etats-Unis) dont la vocation est d’opposer un front commun à un autre Etat européen (la Russie), l’Otan est de fait instrumentalisée par une administration américaine dont l’objectif est de maintenir le "protectorat" européen sous influence afin de conserver un des derniers attributs de son hyper puissance.
De fait, l’Otan semble être un outil idéal à la disposition de la politique étrangère américaine. Effectivement, à présent que l’ONU accumule les échecs retentissants dans ce qui devrait être son rôle de maintien de la paix dans le monde, l’Otan leur offre ainsi opportunément une plate-forme "légale" à même de justifier tous types d’opérations militaires à travers le globe. De surcroît, l’Otan est un instrument nettement plus flexible que l’ONU, ce "grand machin" où il faut en permanence passer des compromis même si l’on dispose comme les Etats-Unis du droit de veto... La logique est donc simple et compréhensible : réorienter la mission de l’Otan tout en l’élargissant afin que cet instrument flexible serve au mieux les intérêts de la politique étrangère américaine.
Les raisons fondamentales et historiques de la fondation de l’Otan ont évidemment disparu ? Qu’à cela ne tienne, créons-en d’autres et admettons en son sein les anciens membres du Pacte de Varsovie (Pologne, République tchèque, Slovaquie, Bulgarie, Roumanie, Hongrie), mais également d’anciennes Républiques soviétiques (Estonie, Lituanie, Géorgie et Ukraine) et pourquoi pas aussi le Japon, l’Australie, la Corée du Sud ou Israël ? Ainsi, l’Otan, qui comptait douze membres lors de sa création, en compte-elle aujourd’hui vingt-six et probablement quarante dans un avenir pas si lointain !
Car cette instrumentalisation de l’Otan ne disparaîtra pas avec la fin du règne de cette administration Bush-Cheney qui s’était empressée de faire - un peu trop précipitamment - miroité à la Géorgie son intégration dans l’Otan en même temps qu’elle lui prodiguait équipements militaires et soutien logistique... En effet, McCain, mais également Obama se révèlent être d’ardents défenseurs d’un interventionnisme militaire américain hors de leurs frontières. Ne sont-ils pas en matière de politique étrangère tous deux conseillés par des spécialistes étiquetés "néo-cons"... ?
Ainsi, John McCain, candidat républicain, prône-t-il une "Ligue des démocraties", concept "néo-con" pur jus visant à amoindrir encore plus et de facto l’ONU afin de placer les Etats-Unis au centre d’une nouvelle alliance où ils règneraient quasiment sans partage. Quant au candidat démocrate, ne soutient-il pas des actions militaires multilatérales hors de son pays et intervenant dans des conflits régionaux, pour "raisons humanitaires", même s’il faudra pour cela se passer de l’aval des Nations unies ? Il ne serait en effet pas étonnant que, parvenus au pouvoir, McCain comme Obama, plaident pour la suppression d’une clause fondamentale empêchant l’Otan de frapper en premier ! Ainsi, l’Otan se transformerait-il en instrument de conflits authentiquement symétriques aux mains des Etats-Unis.
L’Europe a tout à perdre d’une résurgence de la Guerre Froide avec la Russie et potentiellement avec la Chine et le nouveau costume à vocation offensive que sont sur le point de tailler les Etats-Unis à l’Otan débordera très largement les intérêts européens. L’Europe entretient de solides relations économiques avec la Russie, les relations commerciales allemandes avec la Russie sont fondamentales pour les deux partenaires, les relations d’amitié entre la France et la Russie remontent à plusieurs siècles, pourquoi devrait-on s’embarquer dans une politique agressive mise en place par l’administration américaine Bush-Cheney et consistant à faire encercler militairement la Russie par l’Otan et à disposer des missiles à ses portes ?
Lord Ismay, premier secrétaire général de l’Otan avait déclaré, il y a près de soixante ans, que l’objectif de son organisation était de "maintenir les Russes à l’extérieur et les Américains à l’intérieur". Il semble qu’en dépit des bouleversements majeurs survenus depuis cette période, certains n’aient rien appris.
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