La biodiversité, illustration d’un cas : l’île de Pâques
Le cas de l’île de Pâques illustre bien que la biodiversité est une grande richesse qu’il ne faut surtout pas négliger.
La biodiversité est d’une importance vitale pour la survie de l’homme sur la Terre. La répartition de cette biodiversité est cependant très variable d’une région à l’autre de notre planète. Ainsi, certaines zones géographiques présentent une faible biodiversité et sont donc moins propices à la survie de l’homme ; elles sont aussi plus fragiles lorsqu’elles sont confrontées à des éléments perturbateurs.
L’homme réussit quand même parfois à s’en accommoder et à s’implanter en de tels endroits. L’île de Pâques est un cas typique d’une telle accommodation par l’homme. En effet, des hommes ont réussi à survivre, à s’accroître et à développer une culture originale sur cette petite île disposant de peu de ressources et très éloignée du reste du monde.
L’île de Pâques, une île possédant peu de ressources. (Photo Jean Hervé Daude)
La biodiversité
Lorsqu’on se déplace à travers le monde, différents paysages s’offrent en spectacle à nos yeux : paysages de montagnes, prairies, forêts tropicales ou déserts arides. La différence est largement appréciable d’un endroit à l’autre, selon le relief géographique, la proximité de l’équateur ou des pôles, selon qu’il s’agit d’un continent ou d’une île.
Derrière ces paysages différents, la biodiversité varie selon les conditions plus ou moins favorables du milieu. Abondante dans la jungle, elle est extrêmement limitée dans le désert.
La biodiversité, ou diversité biologique des formes de vie sur Terre, englobe l’infinité de formes que prennent les êtres vivants, que ce soient les animaux, les végétaux ou les micro-organismes. Cette diversité biologique se mesure notamment au nombre d’espèces présentes sur un même territoire, lesquelles contribuent à l’enrichissement du milieu où elles vivent.
L’importance de la biodiversité pour l’homme
La biodiversité représente un atout indispensable à la survie de l’humanité. En effet, la richesse de la faune et de la flore constitue un élément essentiel afin de satisfaire nos besoins vitaux et de garantir notre qualité de vie. Ainsi, la biodiversité contribue à nous fournir des ressources aussi essentielles que les aliments, les matériaux de construction, les vêtements et même certains médicaments.
La biodiversité fournit les ressources et matières premières nécessaires à la survie de l’homme, mais contribue également à des équilibres moins palpables, comme le maintien de la qualité de l’atmosphère, la régulation du climat, la qualité de l’eau et la fertilité des sols.
La biodiversité nous procure aussi des repères au chapitre des valeurs qui sont du domaine culturel et social. Que deviendrait le Canada sans ses castors emblématiques, l’Australie sans ses kangourous et l’Inde sans ses éléphants ? En dehors de leur rôle dans le fonctionnement de l’écosystème auquel elles appartiennent, nous sommes profondément attachés à la présence de certaines espèces dans notre environnement.
La biodiversité et les îles
Il y a des endroits sur notre planète où la biodiversité est plus fragile. Ainsi, en raison de leur isolement géographique, la biodiversité est beaucoup plus fragile sur les îles que sur les continents.
La théorie scientifique de la biogéographie des îles fournit un modèle expliquant cette situation. Cette théorie établit un lien entre le nombre d’espèces installées sur une île en fonction de sa taille et de son isolement. En effet, elle prévoit qu’une grande biodiversité se trouvera dans une île de taille importante et proche d’une masse continentale, alors qu’elle sera moindre dans une île plus petite et éloignée d’un continent.
L’île de Madagascar est un exemple typique de ce genre d’île, grande et proche d’un continent, qui abrite de ce fait une faune et une flore très diversifiées.
Les petites îles, par leur taille, ont moins de ressources ; les disparitions d’espèces en raison d’événements perturbateurs sont d’autant plus probables que les populations y sont peu importantes. De plus, contrairement aux îles proches des continents, les îles éloignées reçoivent rarement de nouvelles espèces.
La biodiversité de l’île de Pâques et son incidence sur le mode de vie de ses habitants
Qu’en est-il de l’île de Pâques ? Cette île, de taille relativement petite, perdue au milieu du Pacifique, est aussi l’île sur notre planète la plus éloignée de tout continent. En vertu de la théorie scientifique de la biogéographie des îles, on devrait s’attendre à ce que sa faune et sa flore soient peu diversifiées.
C’est effectivement le cas. Avant l’arrivée des hommes venus coloniser l’île, on y retrouvait peu d’espèces différentes. Il s’agissait essentiellement d’oiseaux, en partie migrateurs, et de quelques petits animaux comme les lézards. Par la suite, ce sont les Polynésiens qui ont les premiers introduit plusieurs nouvelles espèces terrestres sur l’île, comme une espèce de rat comestible, des poules et probablement des chiens et des cochons sauvages. Plus récemment, les occidentaux y ont introduit des chevaux qui se retrouvent encore en grand nombre à l’état sauvage.
L’analyse des pollens enfouis dans le sol à différentes profondeurs a permis aux scientifiques de constater que l’île de Pâques avait, à une certaine époque, une couverture forestière abondante mais peu diversifiée.
Le chien et le cheval, deux animaux introduits sur l’île par les hommes. (Photo Jean Hervé Daude)
Cette île possédait donc bien peu de ressources. Lors des visites des premiers explorateurs, ceux-ci ont constaté que les habitants de l’île de Pâques étaient relativement en forme et en bonne santé, mais n’ont pas manqué de souligner la pauvreté de ces ressources, due à une faible biodiversité. Ainsi, il n’y avait ni rivière, ni source, ni puits sur l’île ; l’eau douce était rare et surtout concentrée dans le creux de cratères d’anciens volcans. La base de l’alimentation des habitants de l’île tournait principalement autour du poulet et des patates douces ; quelques autres sortes de racines et des bananes complétaient à l’occasion leur menu. Aussi, les premiers explorateurs ont rapporté qu’aucune embarcation digne de ce nom n’existait sur l’île lors de leur passage ; les habitants de l’île ne pouvaient donc pas pratiquer la pêche au large des côtes.
Les premiers explorateurs ont aussi constaté que, malgré le fait que la période hivernale leur apporte des vents froids et violents souvent accompagnés de pluie abondante, les habitants de l’île portaient des vêtements sommaires confectionnés à partir d’écorce battue de certains arbustes. Les premiers explorateurs rapportent aussi que les maisons sur l’île étaient collectives et pouvaient contenir jusqu’à une cinquantaine de personnes. Ces maisons, en forme de longues pirogues renversées, n’étaient construites qu’avec des joncs.
À partir de toutes ces observations, les premiers explorateurs ont considéré que l’île ne présentait que peu d’intérêt comme escale maritime pour les marins des navires de passage désirant s’approvisionner. À tel point que le premier découvreur de l’île, le Hollandais Jacob Roggeween, n’a même pas jugé bon de revendiquer l’île pour son pays, malgré le fait qu’il s’agissait d’une nouvelle découverte.
Par ailleurs, dans le domaine culturel, la production artistique des habitants de l’île de Pâques reflète possiblement elle aussi la faible biodiversité de cet endroit isolé. En effet, même si les artistes de l’île ont produit une grande quantité d’œuvres d’art représentant les animaux qu’ils côtoyaient, la diversité des sujets représentés était très restreinte, et ceci probablement à cause de la faible diversité de la faune présente sur l’île. Seuls les oiseaux, quelques animaux marins, les lézards, ainsi que les poules qu’ils avaient apportées avec eux ont été l’objet de leur inspiration.
Statuette anthropomorphe de l‘art traditionnel pascuan représentant un lézard Moko
(Photo Jean Hervé Daude)
Le cas de l’île de Pâques illustre bien que la biodiversité est une grande richesse qu’il ne faut surtout pas négliger. Les habitants de l’île de Pâques ont réussi à coloniser cette île malgré ses maigres ressources. Ils y ont survécu et la population s’est agrandie. Ils ont même réussi à ériger d’immenses colosses de pierre. Cependant, la qualité de leur vie a été affectée par cette faible biodiversité et leur environnement fut beaucoup plus vulnérable aux perturbations de toutes sortes.
Que nous soyons dans un grand pays, ou au bout du monde sur une minuscule petite île, la plus grande biodiversité possible est désirable. La biodiversité, c’est la vie même de la planète Terre, et l’homme est au cœur de cette biodiversité et ne cesse d’interagir avec elle.
Aujourd’hui, la biodiversité est menacée. Elle s’appauvrit à un rythme effréné, plusieurs espèces disparaissant chaque année en grande partie à cause de l’action, directe ou indirecte, de l’homme sur son environnement.
Il est donc important de reconnaître, de préserver et de valoriser cette biodiversité. Il y va non seulement de notre qualité de vie, mais aussi, pour les habitants de certaines parties du monde à faible biodiversité, de la survie même.
Jean Hervé Daude
http://www.jeanhervedaude.com/Ile%20de%20Paques%20article%203.htm
7 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON