La désinformation chinoise
Les américains ne sont pas les seuls à faire de la désinformation au grand public, personne n’est dupe. Voici des faits caractéristiques qui prouvent que la république populaire de Chine joue également à ce jeu, stratégique de surcroît.
Le porte-avions Varyag
En 1998, le porte-avions soviétique Varyag est vendu par l’Ukraine à une firme chinoise de Macao. Ce porte-avions, commandé à l’origine par la Russie, n’était alors achevé qu’à 70% depuis la date d’arrêt de sa mise en construction en 1993. Acheté au prix de 20 millions de dollars (trois fois le prix de la ferraille) lors de sa mise aux enchères, il était destiné à devenir un hôtel casino flottant, une fois aménagé par la firme chinoise « Chong Lot Tourist and Amusement Agency ».
Au départ des chantiers de Nikolaïev en Ukraine, le porte-avions Varyag mettra 627 jours pour rejoindre Dalian en Chine, où il arrivera le 3 mars 2002. Pendant l’hiver précédent son arrivée à Dalian, il est finalement acquis par la marine de la République populaire de Chine qui nie jusqu’en 2005 son intention de l’utiliser à d’autres fins.
Le premier élément intéressant à souligner est que sa traversée de la Mer Noire, via la mer Méditerranée jusqu’à son arrivée à Dalian a été faite sous couvert de sa reconversion en casino, ce qui paressait plausible dans la mesure où il était inachevé. Par ailleurs, cela c’était déjà produit par le passé lors de l’acquisition de deux porte-avions russes (le Minsk et le Kiev) par la Chine pour les intégrer à un parc à thèmes et en faire des attractions. Le Kiev est ainsi intégré depuis mai 2004 à un parc d’attraction à Tianjin tandis que le Minsk est un navire-musée situé à Shenzhen (non loin de Hong-Kong) depuis 1995.
Le second élément à noter est le rôle « écran » de la firme chinoise, qui a permis la récupération du Varyag. En effet, une acquisition directe par le gouvernement chinois de ce navire n’aurait pas forcément été possible et aurait bien évidemment attiré l’attention. A noter tout de même que les experts en géostratégie/géopolitique subodoraient quelque chose lors de cet achat (revue Défense et Sécurité Internationale) sans pouvoir tirer une conclusion ; en effet, une intuition n’est pas une information.
Enfin, le long et laborieux trajet du navire de l’Ukraine à la Chine (presque 2 ans), aura également eu son rôle : permettre d’arriver discrètement à Dalian en Chine et de se faire oublier par la communauté internationale. A n’en pas douter, il devait néanmoins faire l’objet de surveillances particulières dès sa récupération par la République Populaire de Chine.
2012 : Mise en service officielle du porte-avions Liaoning, anciennement Varyag
source de l'image : http://www.jeffhead.com/worldwideaircraftcarriers/liaoning-handover06.jpg
Le président Hu Jintao ainsi que le gouvernement chinois participe à la mise en service officielle du porte-avions Liaoning (nom de la province de Dalian) le 25 septembre 2012 dans le port de Dalian.
Il s’agit du premier porte-avions chinois mis en service et par conséquent du plus grand navire de la marine chinoise (300 mètres de long tout de même). Il compte désormais 2000 marins intégré à son bord dirigé par l’amiral Zhang Zheng.
Comment son achèvement a-t-il été possible ?
La majorité des experts occidentaux ont sous-estimés la capacité de la Chine à terminer la construction du navire et à en faire un navire de guerre. Il est évident que les chinois ont profité de cet état de fait pour tranquillement dérouler leurs objectifs.
Il ne fait aucun doute que les deux premiers porte-avions (le Kiev et le Minsk) ont d’abord servi de source de connaissance avant leur conversion. En effet, ces porte-avions ont été en service dans la marine soviétique plusieurs années avant d’être vendus à la Chine et contenaient vraisemblablement des éléments permettant de terminer la construction du Varyag. Pour ce faire, les chinois ont exercé leur savoir-faire incontestablement maîtrisé : la rétroingénierie (Reverse engineering), directement sur ces navires.
Les 30% non achevés du Varyag incluaient notamment la propulsion, l’électronique et l’armement. Côté propulsion et électronique, la montée en compétence s’est sans doute rapidement effectuée (grâce à la rétro-ingénierie, aux systèmes existants sur d’autres navires, etc.). Côté armement en revanche, c’est plus délicat. En effet, faire apponter des avions de chasses sur un porte-avions n’est pas chose facile et peu de données sont disponibles à ce sujet. On ne sait également pas comment le porte-avions en lui-même est armé (types de missiles, types de contre-mesures, etc.).
Les conséquences
La marine chinoise rentre dans la cour des grands en disposant d’un porte-avions. Celui-ci a d’ailleurs déjà été envoyé en mission en direction des îles Senkaku, îles qui sont à l’origine de tensions entre la République populaire de Chine, Taiwan et le Japon. Le but d’une telle manœuvre n’est évidemment pas connu (dissuasion ? manœuvres de tests ?).
La République populaire de Chine montre qu’elle est capable d’achever un porte-avions et de le rendre utilisable. Par ailleurs, des sources proches du parti communiste chinois (confirmées par le chef du renseignement taïwanais) parlent de deux autres porte-avions qui seraient en construction non loin de Shanghai. Ceci sera confirmé en juillet 2011 par le président Hu Jintao lui-même qui déclara que la Chine avait besoin d’au moins trois porte-avions pour défendre ses intérêts stratégiques.
Ces informations sont d’autant plus crédibles depuis l’officialisation du porte-avions Liaoning. On peut aisément imaginer qu’il existe désormais de la main d’œuvre qualifiée (ingénieurs, ouvriers, etc.) pour réaliser ce genre de construction, puisque plusieurs milliers d’ouvriers ont travaillé sur le Varyag. La Chine rentre donc dans le club très restreint des constructeurs de porte-avions.
Conclusion
Plusieurs désinformations peuvent être constatées et la limite est difficile à fixer. Des conclusions peuvent cependant être tirées :
- Le Varyag était acheté en 1998 afin d’être terminé et transformé en navire de guerre de la marine chinoise. Jusqu’à ce que le gouvernement chinois le reconnaisse officiellement en juillet 2011, ceci était nié => désinformation jusqu’en 2011.
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Le Liaoning (Varyag) est entré officiellement en service lors d’une grande cérémonie dirigée par le président chinois. Cependant, aucune donnée sur les avions armant ce navire n’est disponible (ni de photos). Des hypothèses sont faites (J-20, J-15, etc.) mais aucun de ces avions ne semble probant pour équiper ce navire. Les technologies liées à l’aéronautique embarquée sont complexes à mettre en oeuvre. Difficile donc de dire si ce porte-avions est fonctionnel sur le plan armement ou non => désinformation ou dissimulation ?
- La seule information à en tirer est que la Chine cherche à combler son retard dans le domaine militaire et qu’au travers de ces réalisations, elle forme du personnel (ouvriers, cadres, militaires, marins, etc.) spécialisé et monte donc en compétence dans des domaines pointus. Attendons de voir si les deux prochains porte-avions sont des copies ou s’ils présentent de réelles innovations.
- Rappelons que les porte-avions sont avant tout des « armes » servant à l’offensive (et non à défendre ses intérêts comme les chinois l’annoncent) => désinformation tout de même.
Sources :
http://english.people.com.cn/90786/7960126.html
http://www.courrierinternational.com/une/2012/09/26/la-marine-chinoise-entre-dans-une-nouvelle-ere
http://www.opex360.com/2011/04/28/le-premier-porte-avions-chinois-se-prepare-a-prendre-la-mer/
http://news.xinhuanet.com/photo/2011-04/06/c_121269711_2.htm
http://french.china.org.cn/video/2012-09/26/content_26640441.htm
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