La persécution des baha’is en Iran : Qui peut croire à l’hérésie ?
L’intensité de la persécution des bahá’ís en Iran est sans commune mesure avec ce que les autres minorités peuvent subir.
De toute évidence, la motivation réelle de cet acharnement ne se trouve pas dans les allégations d’espionnage ou d’hérésie, mais bien dans la nature même des principes et enseignements que soutiennent les bahá’ís.
Voici une religion sans dogme ni rite qui abolit l’ascétisme, la vie monacale et la prêtrise et qui considère un travail accompli au service de l’humanité comme la forme la plus élevée d’adoration ; une religion qui s’interdit de se mêler à la politique et qui prône l’obéissance de ses croyants aux pouvoirs civils de leur lieu de résidence. Une religion qui depuis 165 non seulement prône la liberté de culte, mais requiert que chaque croyant entreprenne une recherche personnelle et indépendante de la vérité, au-delà des usages et traditions : on ne peut devenir bahá’í par naissance, mais par une décision pondérée et libre à l’âge de la maturité. La foi bahá’íe considère toutes les religions comme provenant d’un seul et même Dieu inconnaissable et leurs enseignements comme les étapes successives et les facettes complémentaires d’une même éducation spirituelle dont le but fondamental est de promouvoir l’amour et l’harmonie entre tous les peuples. Ce principe est d’une telle importance, que les bahá’ís considèrent l’abandon d’une religiosité qui génère le conflit comme un acte religieux ! La foi bahá’íe enseigne que la religion est complémentaire à la science et ses enseignements en harmonie avec la raison, rejetant une croyance qui contredit celle-ci comme une superstition qui doit être abandonnée, au même titre que tous les préjugés, qu’ils soient de race, de classe ou de nation. Elle enseigne l’égalité des droits entre les hommes et les femmes et l’accès celles-ci de celles-ci à toutes les fonctions de la société, condition nécessaire au plein épanouissement des hommes et de l’avènement de la paix mondiale, l’éducation des filles étant prioritaire à celui des garçons. Elle œuvre à l’unité du genre humain dans toute sa diversité et la promotion des échanges inter-religieux et interculturels en vue d’une civilisation mondiale. Elle croit à la nécessité d’un organisme international d’arbitrage et une réduction des armements en vue de la paix mondiale…
Dans un pays comme l’Iran, où les structures administratives bahá’íes ont été démantelées depuis plus de 20 ans, quelques 300 000 personnes persistent à affronter la mort en annonçant leurs adhésion à de tels principes. Qui sait combien d’autres citoyens iraniens n’adhèrent en silence à un tel idéal ?
Quand les membres de la minorité religieuse la plus importante de l’Iran persistent à professer pacifiquement mais stoïquement des principes aussi contraires à ceux défendus par la République islamique, on peut comprendre, sans se référer à des concepts théologiques obscures, que la simple présence sur une pierre tombale d’une étoile à neuf branches, symbolisant cette foi soit ressentie comme une menace à la sécurité de l’état et motive la destruction des cimetières bahá’ís.
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