La Russie a été impliquée dans un conflit en Afghanistan de 1973 à 1989. Ses troupes y ont été engagées à hauteur de plus de cent milliers de soldats.
Les USA ont entretenu une rébellion contre le pouvoir central afghan moderniste pro-communiste y compris en faisant appel aux Talibans, les forces les plus conservatrices du pays voire les plus réactionnaires (interdiction des écoles aux petites filles, etc.). L’engagement US a provoqué la morts de dizaines de milliers de soldats russe et la ruine de l’économie soviétique.
Mais à partir de 2001, les USA se sont trouvés à leur tour en conflit avec les mêmes forces afghanes. Mais cette fois-ci la nature politique du régime politique de la Russie et le rapport des forces international a changé et la Russie aide, moyennant finance, les USA à combattre les Talibans... elle les aide à installer durablement leur influence dans une zone où sa propre influence était sans partage. En plus, ce faisant, la Russie assoit la suprématie US envers les États de second (France, Allemagne, etc.) et de troisième ordre (Iran, Égypte, etc.).
Pour obtenir ce résultat, les USA ont utilisé deux méthodes :
La première méthode, celle des conservateurs américains, menés par les Bush, violente qui consistait à désigner explicitement la Russie comme une proie, un État à démanteler dont il faut digérer les richesses naturelles à vil prix. Elle a échoué parce que les USA n’étaient pas capables de mener des luttes sur tous les fronts, à la fois contre des puissance de second rangs et de troisième rang (Irak, Iran, refaire la carte du Moyen-Orient, maintenir leur domination en Amérique latine, etc.) et aussi contre des ennemis informels comme les Islamistes nationalistes (un peu partout à travers le monde :Talibans, Palestiniens, Djihadistes en Afrique du Nord, etc.). Cette méthode a ruiné l’économie US et elle a amené au monde la crise financière profonde que nous connaissons, accompagnée par un fort discrédit des USA et pour ce pays une perte de possibilité d’action à travers le monde parce qu’embourbé dans trop de conflits à la fois.
C’est dont tout naturellement que les institutions politiques américaines ont été obligées de se tourner vers une autre solution pour continuer à dominer le monde d’une manière plus pragmatique et plus proche de leurs capacités réelles ; elle consiste à
1°/ accepter, au moins à titre temporaire, de cesser de considérer la Russie et certaines autres puissances de second ordre comme des proies : la Russie et la Chine en premier lieu, l’Inde ensuite. L’Iran, le Pakistan, l’Indonésie, etc. le sont toujours...
2°/ accepter d’accorder à ces pays sortis de la liste des « ennemis potentiels des USA », une rémunération en espèces sonnantes et trébuchantes et aussi en nature pour leur concours pour la domination du monde.
Quelle est la rémunération en espèces sonnantes et trébuchantes ?
C’est le paiement pour le transit, pour des vols dans l’espace à bord de fusées russes, l’ouverture de l’énorme marché US aux produits de ces pays (à travers l’accord pour entrer dans l’OMC ou l’octroi du statut de « pays à économie de marché »).
Quelle est la rémunération en nature ?
C’est l’autorisation tacite ou explicite des USA si ces pays attaquent à leur tour des puissance de troisième rang ou d’un rang encore inférieur. C’est le silence face à des infractions aux droits des peuples commises par ces nouveaux alliés-partenaires. L’offre US se traduirait par la formule : « à moi le droit de martyriser les Palestiniens, les Cubains, etc. sans que vous interveniez, à vous la possibilité de mettre au pas les Tchétchènes, les Ouïgours, etc. sans que l’Amérique vous en empêche ».
À ce prix, la Russie a accepté de se porter au secours des USA, le pays qui a financé la mort de plusieurs dizaines de milliers de soldas russes ! Ce faisant, les dirigeants russes actuels sauvent la vie à des milliers de soldats US et ils sauvent aussi la face aux Usa qui sont confrontés sans cette aide à la perspective d’une réelle défaite militaire aux conséquences pour l’image des USA, pires que celle du Vietnam. Les années récentes ont montré que les USA ne peuvent pas, en même temps réprimer tous les mouvements d’émancipation partout à travers le monde. Une multiplication de ces mouvements, associée à un retrait de la confiance financière internationale dans le dollar pourrait même amener les USA à un point de rupture irréversible.
« Pour les États-Unis, cet accord de transit était vital pour assurer l’approvisionnement des soldats engagés en Afghanistan, alors que le Pakistan, d’où provient l’essentiel de leur soutien logistique, s’enfonce dans l’instabilité » écrit aujourd’hui lemonde.fr.
En d’autres termes, cet accord avec la Russie ont sauvé la suprématie des USA et la vie de milliers de soldats US ; ils s’apparente à une haute trahison si l’ont tient compte du nombre de soldats russes morts en Afghanistan par le fait des USA.
Dernière question :
Y a-t-il une autre possibilité de relations pour les États de second rang face aux USA ?
Oui. Elle existe uniquement dans le cadre d’une vision réellement marxiste des relations. Internationales. Détaillons.
Dans le cadre du système capitaliste et impérialiste, c’est la concurrence. À chacun ses exploités... Et de temps en temps de grands conflits entre les exploiteurs majeurs du système. C’est inéluctable : la croissance tendancielle du taux de profit passe par la liquidation des concurrents, par la diminution du nombre d’opérateurs du marché, par une monopolisation progressive et ininterrompue du capital et donc de la puissance militaire. Cela donne : « pour le moment et en attendant notre prochaine confrontation, je te laisse tes Tchétchènes et tu me laisse mes Palestiniens et mes Iraniens ».
Mais dans un système qui respecte réellement l’égalité universelle de l’homme en dignité et en droits, dans un système qui considère que l’homme est un frère pour l’homme (la fameuse « fraternité » de la devise française...), l’approche de l’économie internationale est fondamentalement différente : un État ne se fonde pas sur la base de l’exploitation ou de la sujétion des ethnies, des peuples qui le compose. Il est une formation volontaire basée sur un respect total des valeurs de chaque peuple. Par exemple, La Russie ou la Chine qui comptent en leur sein de très fortes minorités musulmanes ne doivent pas baser leur politique intérieure sur l’exploitation de ces minorités. Ces deux pays, s’ils recherchent la pax sociale et la concorde nationale ne doivent pas élaborer une politique étrangère qui favorise l’exploitation des classes laborieuses que ce soit en tant que telles ou que ce soit sous couvert de « marqueurs ethniques » - peuples musulmans comme les Palestiniens ou les Ouïgours ou les Tchétchènes - destinés à dissimuler la nature des rapports sociaux ou encore destinés à s’attacher la complicité de classes laborieuses « ethniquement ou religieusement supérieures » - respectivement les Juifs d’Israël, les Hans en Chine ou les Russes en Tchétchénie.
Intégrer des millions de Musulmans dans un État qui développe des relations amicales ou normales avec Israël ou qui stigmatise la religion islamique plus qu’une autre religion crée forcément un sentiment de malaise qui sera le ferment de rébellion futures... même étroitement capitalistes-nationalistes.
L’intégration de peuples différents dans un même ensemble étatiques, s’il veut être durablement stable doit se baser sur la primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers, sur le dynamisme des relations économiques et sociales, sur le strict respect des valeurs particulières traditionnelles dans le cadre des valeurs prolétariennes : respect de l’égalité universelle des humains, de leurs coutumes, de leurs affinités internationales.
Je pense que pour le moment la Chine répond positivement à ces critères. Il y a un léger problème avec les Ouïgours, notamment concernant l’Iran et la Palestine. Sa position est déjà plus claire envers la République Démocratique et Populaire de Corée ou envers l’Union du Myanmar (ex-Birmanie). Mais la position de la Chine est la meilleure qui se puisse être dans le contexte international actuel, notamment en raison de la trahison nationale et de classe des dirigeants arabes.
Cela n’est pas un hasard : en Chine, c’est le Parti Communiste qui est au pouvoir et qui arrive à maintenir pacifiquement son hégémonie idéologique.
Mais pour la Russie, le problème est autre. Notamment depuis la chute de l’URSS.
Les richesses du pays ont été partagées entre les cadres salariés de l’URSS qui sont, du coup, devenus des propriétaires, des capitalistes. Cette nouvelle classe a pris les rênes du pouvoir politique. Il n’est plus question de la primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers. Et certains intérêts particuliers trouvent leur bénéfice dans un rôle de petit chien des USA. D’autres forces, comprennent bien que leur pays est une proie actuelle ou future des USA et elles refusent un rôle subalterne aux côtés des USA. Mais, selon le prix payé, en attendant une future grande confrontation, ces forces sont d’accord pour concéder à l’oncle Tom des limitations de la souveraineté de l’Iran et de la Corée du Nord, se prêter à des sanctions illégal d’un siècle révolu.
La question pour les Russes est : « moi, ça me rapporte combien ? ». Ils voient les bénéfices de l’avenir comme le résultats d’association de meutes d’États prédateurs de premier et de second rang contre d’autres pays de second et de troisième rang, les proies. Par moments, quand ils ont l’impression de se trouver parmi les proies, les dirigeants nationalistes russes se rebiffent contre la puissance US. Mais dès que e ton des Américains s’adoucit, ils deviennent conciliants.
Ils ignorent que s’ils avaient poussé le monstre impérialiste US vers l’impasse et une plus grande ruine financière (embourbement en Irak et en Afghanistan, vente en masse de Bons du Trésor américain et des dollars), faute de ne pas pouvoir mordre (parité nucléaire avec la Russie, fort potentiel défensif de la Chine, il serait devenu encore plus conciliant que ce nous constatons avec le président Obama. Au lieu de quoi, la Russie vient d’offrir aux USA la possibilité de liquider son implication en Irak, de sortir la tête haute d’Afghanistan et d se préparer à de nouvelles partie de bras de fer ; notamment avec la Russie.
Ce n’est donc que partie remise. À qui va profiter le temps gagné ?
Cela dit, tous les anti-impérialistes ont tiré la leçon de ces années d’absolue supériorité militaire US qui ont suivi la Chute de l’URSS : dans leur projet de dominer, d’exploiter le monde entier, les États-Unis d’Amérique ne peuvent pas vaincre partout et en même temps. Alors, pour les hommes libres, la voie est là.