La Russie s’est engagée à respecter l’indépendance, les frontières et la sécurité de l’Ukraine
Non, pas hier lors des négociations, bien sûr, mais en… 1994 ! De l’eau poutinienne a coulé entre temps. Autrefois, les USA avaient pris des engagements identiques à maintes reprises avec les nations indiennes. Ensuite, ces peuples amérindiens ont découvert à leurs dépens ce que valaient véritablement ces signatures. Malgré la perfide réputation de la signature anglo-saxonne, afin de consolider le respect par les Russes du traité de Budapest en 1994, l’Ukraine avait paradoxalement et naïvement exigé la co-signature… des USA et de la Grande Bretagne ! L’invasion de la Crimée dans un premier temps, puis les accords de Minsk2 sur le Donbass et enfin la brutale et sanglante invasion globale de l’Ukraine le 24 février 2022 nous ont permis de constater à nouveau que ce type de signatures ne vaut même pas le papier utilisé.
Pour quelle raison l’Ukraine voulait-elle une garantie en 1994 pour ses frontières et pour son indépendance acquise en 1991 (à 92% des voix et forte mobilisation) ? L’Ukraine se sentait-elle déjà menacée par son grand voisin russe ? Avait-elle déjà un fort sentiment d’insécurité par rapport aux millions de colons russes ayant remplacés les natifs depuis l’annexion de l’Ukraine et de la Pologne par Catherine de Russie en 1794 ? Redoutait-elle déjà de perdre un jour la Crimée qui lui avait été rattachée en 1954 par Nikita Khrouchtchev ? Le refus de la Grande-Bretagne et de la France opposé systématiquement à la demande répétitive de l’Ukraine de rejoindre l’OTAN et la communauté européenne aurait dû déjà alarmer le gouvernement ukrainien. Ce rejet de la candidature de l’Ukraine à l’OTAN (et à l’Union européenne) toutes ces dernières années a-t-il été interprété par Vladimir Poutine comme un abandon de l’Ukraine par l’Occident ? Pendant ces 3 longues semaines de février 2022, les Américains n’ont cessé d’alerter l’opinion publique sur les préparatifs d’invasion en cours observés par satellite. Mais comme les USA ont souvent menti par le passé (souvenez-vous de cette fameuse fiole irakienne brandie à l’ONU), l’Europe, le Monde et le gouvernement ukrainien lui-même ont refusé de croire à cette invasion.
Avant d’aborder le futur traité spoliateur que vont inévitablement imposer Poutine et les poutiniens de tous pays à la vulnérable Ukraine, parlons déjà un peu de ce fameux traité Ukraino-Russe de paix et sécurité signé à Budapest le 5 décembre 1994. Le terme utilisé est « mémorandums », car composés de trois documents signés en termes identiques par l’Ukraine, la Biélorussie, le Kazakhstan et ainsi que par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Russie. Signés sous l’égide de la CSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), ils accordent des garanties d'intégrité territoriale et de sécurité à chacune de ces trois anciennes républiques socialistes soviétiques en échange de leur ratification du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP)1. En échange du transfert des armes atomiques d’Ukraine (40% du stock de l’ex Union Soviétique), la Russie (comme les autres signataires) a réaffirmé son engagement envers l’Ukraine, conformément aux principes énoncés dans l’Acte final de la CSCE, de respecter son indépendance et sa souveraineté ainsi que ses frontières existantes. La Fédération de Russie (et les autres signataires) ont réaffirmé leur obligation de s’abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de l’Ukraine, et qu’aucune de leurs armes ne soit utilisée contre l’Ukraine.
Le texte ratifié, traduit et transmis le 7 décembre 94 par les quatre États signataires au Secrétaire général des Nations unies en vue de sa communication à l'Assemblée générale des Nations unies, notifiait :
1 - Respecter l'indépendance et la souveraineté ukrainienne dans ses frontières actuelles.
2 - S'abstenir de toute menace ou usage de la force contre l'Ukraine.
3 - S'abstenir d'utiliser la pression économique sur l'Ukraine en vue d'influencer sa politique.
Le 4 décembre 2009, les États-Unis et la Russie de Poutine confirment la validité de ces trois mémorandums. Le 24 février 2014, un peu plus de 4 ans plus tard, suite à l'Euromaïdan, Poutine envahit la Crimée.
Conclusion, concernant le futur traité qui risque d’être extorqué à l’Ukraine martyrisée par le retors sans foi ni loi Vladimir Poutine : il est souhaitable d’éviter toute précipitation.
Certes les pétainistes-poutinistes et les munichois exercent une énorme pression diplomatique sur le courageux Président Volodymyr Zelensky menant la résistance au sein même de Kiev. Certes l’Europe a besoin du pétrole et du gaz russe avec aucune alternative véritable avant au moins un an. Certes l’Europe a également besoin d’aluminium, de nickel, de paladium, etc., pour ses énergies renouvelables, comme elle a un besoin vital du blé russe. Certes les demi-mesures économiques et bancaires (servant de pathétique cache sexe médiatisé à la complète impuissance et dépendance de l’Europe) ont néanmoins des retombées négatives sur toute la planète. La pression sur les prix dans chacun de ces domaines se fait déjà sentir et relance l’inflation. La faim dans certains pays en développement peut déclencher de coûteuses révoltes ou révolutions (des révoltes nuisibles aux immenses profits des intermédiaires et des grandes firmes internationales). Le courage de l’Ukraine a surpris et s’est avéré admirable ; mais il gêne autant les échanges avec Moscou que l’ensemble du business international. Pour les pétainistes-poutinistes et le monde des affaires, Volodymyr Zelensky doit donc obéir au mot d’ordre lancé par Vladimir Poutine : « Baissez les armes et négociez ». Et comme par hasard, ce même mot d’ordre poutinien d’abdication est massivement repris sur tous les continents, y compris en… Afrique et au Mali !
Donc, chers amis ukrainiens (et chers amis russes, car les russes contre cette illégale et immorale invasion sont de plus en plus nombreux), ne validez surtout pas directement ou indirectement cet acte d’agression, car ce serait valider de facto, à l’avance, toutes les futures invasions par Poutine (ou par tout autre dictateur sur d’autres continents). N’écoutez surtout pas les nombreux munichois de tous pays. Refusez de signer quoi que ce soit AVANT le départ des troupes de Poutine.
Une fois obtenu le départ des hordes de colonnes blindés, une fois votre sécurité véritablement garantie par l’OSCE et l’ONU (y compris avec des casques bleus ci-besoin), vous serez en mesure, à ce moment là, de traiter presque d’égal à égal avec Vladimir Poutine.
Dans cette négociation respectueuse du traité de Budapest de 1994 (traité reconduit par Poutine lui-même en 2009), dans le cadre du respect de votre indépendance, de l’intégrité de vos frontières et de votre sécurité, sans doute serez vous à même de faire de sages concessions (par principe non territoriales) que vos parlementaires étudieront ensuite calmement.
A titre d’ami notoire de la Russie et de l’Ukraine, j’ai mes propres idées personnelles là-dessus, humblement exprimées depuis quelques années, y compris ici sur Agoravox. Mais c’est au peuple Ukrainien d’en débattre et de juger de la validité de cette sagesse supposée :
1 - Approche « québécoise », via référendums successifs, de l’usage du russe dans certaines régions.
2 - Renouvellement amicalement négocié du bail de location du port militaire de Sébastopol.
3 - Démilitarisation du reste de la Crimée, qui se spécialisera dans le tourisme et d’autres activités économiques pacifiques.
En attendant, la Nation ukrainienne doit poursuivre son combat de libération sans condition de son territoire et, par delà les différences ethniques et religieuses, poursuivre sa remarquable fraternité populaire affichée au cours de cette terrible épreuve.
Un atelier « SOLution » œuvre en Ile-de-France avec le think tank « En Marge » sur ce dossier (mal géré comme ceux de la Syrie et du Karabakh par notre très mauvais ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian). Idem sur l’indispensable projet oublié (et engagement électoral de 2019 !) d’une Europe à géométrie variable, à la carte et protectrice des Nations, de Bilbao à Vladivostok, structurée sur des agences fédérales optionnelles, transparentes, efficaces, rendant inutiles tous les futurs pathétiques et traumatisants Brexit. Exemple opportun de centres européens d’entrainement coopératif militaire permettant à la fois de partager le savoir technique le plus pointu et de faire des économies d’échelle, puisque matériels et formations seraient mutualisés. Ensuite, aucun besoin d’un long et stérile processus d’unanimité politique européenne ; en cas de conflit, tout est déjà prêt et organisé (pas comme les masques etc. de notre calamiteux Ministre de la Santé Olivier Véran !) et seuls les militaires entrainés, expérimentés et volontaires participent (individuellement sur le plan juridique) aux éventuelles OPEX (opérations extérieures) ou... aux forces d'interposition et de garantie des futurs traités de paix.
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