La Turquie prête pour l’Europe ? Troisième volet : Chypre
La République de Chypre est un des 25 membres de l’Union européenne. Nouvellement intégrée, elle n’est toujours par reconnue par la République de Turquie, candidate à l’Europe.
L’iîe de Chypre est divisée en deux depuis les années 1970. Au Sud se trouve la République de Chypre, et au nord la République turque du Nord de Chypre. Cette division est la conséquence de l’intervention de l’armée turque dans les affaires chypriotes, en 1974.
Avant cette date, l’île, peuplée majoritairement par des Grecs (80% contre 18% de Turcs), est une colonie britannique. Les Grecs de l’île souhaitent leur union à la Grèce et engagent une lutte pour se libérer du joug britannique. C’est dans ce contexte de guérilla, appuyé diplomatiquement par la Grande-Bretagne, que la Turquie et les Chypriotes turcs demandent, sans y parvenir, la création au Nord d’une zone exclusivement turque.
En 1974, après la dictature des colonels, la Grèce lance un coup d’Etat contre Chypre. La Turquie profite alors de cette situation pour envahir militairement le Nord de l’île afin de protéger les intérêts de la communauté turque. Malgré l’intervention de l’ONU (proclamation d’un cessez-le-feu), l’armée turque poursuit son avancée, et occupe 38% de l’île.
L’armée grecque refusant son engagement dans ce conflit, la dictature s’effondre et la République de Chypre est réinstaurée. Cependant la Turquie refuse de se retirer et impose la partition du pays de part et d’autre de la « ligne verte » (appelée « ligne Attila » par les Turcs). Cette partition entraîne alors des exodes de Chypriotes grecs du nord vers le sud et de Chypriotes turcs du sud vers le nord. Progressivement se met en place un Etat chypriote turc, et en 1983, la République turque de Chypre du Nord s’autoproclame. L’ONU déclare illégale cette action dans sa Résolution 541 du 18 novembre 1983. L’Unicyp prend alors le contrôle de la ligne verte et fait respecter le cessez-le-feu.
La Turquie est la seule à reconnaître République turque de Chypre du Nord et dans le même temps, à ne pas reconnaître la République de Chypre. Cette dernière s’apprêtant à intégrer l’Union européenne, des négociations sous l’impulsion de Kofi Annan, secrétaire des Nations Unies, s’ouvrent en 2003 pour la création d’un Etat chypriote composé de deux fédérations, la République de Chypre actuelle au Sud, et la partie turque au Nord. Cependant, lors d’un référendum, cette propositon est rejetée par 70% des Chypriotes grecs, alors que 65% des Chypriotes turcs l’approuvent.
Cet échec "d’unification" ferme la porte de l’UE à la partie Nord de Chypre, puisque le 1er septembre 2004, la République de Chypre (la partie grecque) entre dans l’Union européenne.
Depuis, les négociations d’adhésion de la Turquie à l’Europe ont débuté, dans la douleur, le 3 octobre 2005, tard dans la nuit. Une des conditions imposées par l’Europe à la Turquie pour son éventuelle adhésion est la reconnaissance de la République de Chypre.
A la suite de l’échec des négociations sur un Etat bizonal que la République de Turquie soutenait, la Turquie reste sur ses positions : elle refuse de reconnaître la République de Chypre dans la forme actuelle des choses, et demande la reconnaissance par la communauté internationale de la République turque de Chypre du Nord.
"La reprise des négociations entre les deux communautés et tout progrès vers une solution à ce conflit qui sépare de fait les deux communautés depuis plus de quarante ans, semble désormais largement conditionnée par l’avancée des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Europe" (http://.fr.wikipedia.org/wiki/Chypre).
Dans ses discours, la Turquie et son gouvernement sont complètement disposés à trouver une solution à cette question chypriote. Ils ont déjà montré leur engagement pour une unification, lors des négociations de 2003.
Quelle est la position actuelle de la République de Chypre ? Et celle de la Grèce, très proche de cette dernière ? Ces deux nations sont-elles disposées à discuter avec la Turquie et les Chypriotes turcs d’une éventuelle solution qui pourrait satisfaire toutes les parties ? Il semble que le rôle d’un intervenant externe soit crucial. A l’heure actuelle, après l’échec de l’ONU, il semble que cette tâche incombe à l’Union européenne.
Les questions euopéennes et chypriotes sont sensibles en Turquie. Pour avoir discuté avec une dizaine de personnes, il me semble que trois tendances se dessinent : la nécessité pour la Turquie d’être dans le concert européen ; le refus de céder la partie Nord de Chypre ; l’optimisme quant à une solution "d’unification", semblable à celle proposée par Kofi Annan, qui sera à l’initiative de l’UE.
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