Le « bourbier structurel afghan »
Extrait du compte-rendu de M. Régis Koetschet, ambassadeur de France en Afghanistan (16 avril 2008) :
"Parallèlement aux opérations militaires de sécurisation du pays, une séquence politique doit être engagée, qui doit conduire au rapprochement des diverses parties aujourd’hui impliquées en Afghanistan. Sans aller jusqu’à évoquer une réconciliation avec les talibans, il faut chercher à prendre en compte une partie importante de la population afghane, qui se reconnaît dans les « chefs tribaux » ou se sent proche des « talibans modérés ». Une telle évolution doit aller de pair avec un renforcement de la gouvernance".

Le 8 avril 2008, le Premier ministre, François Fillon, avait tenu ce discours, après le rejet de la motion de censure déposée à l’Assemblée nationale :
"Quatorze de nos soldats sont déjà tombés. La paix a un prix et nous l’assumons, mais selon des modalités et des buts dont nous entendons demeurer les maîtres, a insisté François Fillon. Nous évaluons les risques auxquels nos forces sont et seront soumises et nous nous tenons à nos objectifs : sécuriser, reconstruire, responsabiliser les autorités afghanes afin de leur transmettre le flambeau de la paix et l’étendard de leur souveraineté nationale."
Le dispositif d’occupation des Français en Afghanistan :
3 300 militaires français sont présents depuis août 2008 en Afghanistan, au Tadjikistan, au Kirghizistan et en océan Indien, dans le cadre des opérations de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) de l’Otan et de l’opération Enduring Freedom (OEF). Parmi eux, 2 600 militaires français sur le territoire afghan et 300 au sein de la TF 150 et 57. Un effort significatif est engagé pour la formation de l’armée nationale afghane avec 280 militaires, soit chargés de la formation des officiers afghans (Epidote) et des forces spéciales (Commando School) ou soit intégrés dans des unités afghanes (OMLT).
Epidote :
Le détachement Epidote s’attache, depuis février 2003, à la formation des officiers de l’ANA (Armée nationale afghane).
Constitué de 35 militaires, il assure :
- l’assistance à la formation initiale des officiers (chef de section et commandant d’unité) et à celle des officiers d’état-major
- la formation spécialisée, assurée par des détachements d’instruction opérationnelle (DIO), dans les domaines du renseignement (3 à 4 stages par an) et de l’administration au profit des officiers afghans.
Plus de 5 000 officiers afghans ont été instruits depuis le début de l’opération. En 2002, les militaires d’Epidote avaient formé trois des six premiers bataillons d’infanterie (instruction des officiers, des sous-officiers et des militaires du rang) des deux brigades légères du Corps Central de Kaboul (CCK).
ANA :
En début 2002, se crée l’Afghan National Army (ANA), la nouvelle armée afghane pluriéthnique, avec l’aide de l’Otan et de l’ISAF.
Sa genèse se révèle laborieuse. Il faut dire qu’elle doit se former au détriment des diverses milices des Seigneurs de la Guerre et que ceux-ci ne voient pas d’un bon œil leurs hommes s’engager dans une armée qui pourrait les combattre. La formation des 4 premiers bataillons (Kandak dans l’un des dialectes afghans) est un véritable parcours d’obstacles pour les Occidentaux. Le recrutement est freiné et l’effectif des bataillons totalise à peine 350 recrues au lieu de 650. De plus, une fois formés, beaucoup désertent et retournent dans leur milice d’origine dont la paye est très souvent largement supérieure et dont le lieutenant-colonel Benoît Desmeulles, un légionnaire ancien du 2e REP, avait aussi rendu compte en mai 2008.
Extrait : "On voit poindre également les différences dans les approches américaine et française du rôle que doit remplir l’armée afghane. Autonome pour les Français. Accessoire pour les Américains : "Les [forces américaines] décident généralement des opérations qui, sans la vigilance des OMLT, peuvent écarter l’ANA du processus décisionnel ; celles-ci risquant alors d’être transformées en supplétives de l’armée américaine. L’effort des équipes OMLT doit alors être d’obtenir de remettre l’ANA dans son rôle, et de faire disparaître cette logique de dépendance des forces afghanes."
Quelles sont les réelles capacités de l’armée nationale afghane ?
Le caporal Matthew Iverson est un réserviste du Régiment Royal Westminster affecté au 3e Bataillon, Princess Patricia’s Canadian Light Infantry, après avoir effectué certaines opérations interarmées, il affirme que les Afghans font du bon travail. « C’est bien de voir qu’ils sont sur la bonne voie. »
L’objectif de former 70 000 soldats afghans sera atteint d’ici un an, selon le gouvernement de Kaboul, soit plus tôt que l’échéance d’abord fixée à 2010. Actuellement, 54 000 soldats afghans ont été entraînés. L’ANA ne peut toutefois pas encore mener des opérations de combat sans l’aide des forces étrangères. Toutefois, le gouvernement afghan juge que le nombre de soldats a été largement sous-évalué par la communauté internationale, particulièrement depuis que la violence a augmenté dans le sud du pays. Le général afghan Mohammad Zahir Azimi a soutenu début décembre que l’armée afghane devrait atteindre 200 000 hommes avant d’être en mesure d’assurer la sécurité du pays.
Liens (très) utiles :
http://www.defense.gouv.fr/ema/layout/set/popup/layout/set/
http://www.defense.gouv.fr/ema/layout/set/popup/
http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2008/09/afghanistan-q-1.html
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