Le Pape Jean Paul II béatifié, Saint homme ou agent de la CIA ?
A la mémoire de Jean Paul 1er, qui fut sans doute trop « saint » pour la fonction...
Les actualités depuis le début du mois entre vraies Noces royales, pseudo-assassinat d’un pseudo terroriste et plus récemment frasques très médiatisées du directeur du FMI ont passablement éclipsé la proclamation en ce dimanche 1er mai 2011 de la béatification du pape Jean Paul II par la curie romaine, laquelle sait décidément se montrer plus qu’élogieuse envers ses anciens dignitaires, il faut préciser en ce qui concerne le précédent pape que cette distinction n’est qu’un juste retour des choses dans son cas, celui ayant durant son pontificat canonisé (déclarer saint) à lui seul plus de personnes que durant les 5 siècles précédents (près de 500 en tout) !
Jean Paul II (1920-2005) ex-cardinal Karol Josef Wojtyla, d’origine polonaise a été élu au huitième tour de scrutin, le 16 octobre 1978 pape de l’Église catholique romaine et l’est demeuré jusqu’à son décès survenu le 2 avril 2005, son pontificat de plus de 26 ans est un des plus longs de l’histoire de l’Eglise, en procédant au début de ce mois à sa béatification ce qui est déjà le 2eme échelon (après le stade de vénérable) devant mener à son éventuelle canonisation (3eme et ultime stade de reconnaissance religieuse), l’Eglise de Rome entend indiquer au monde entier que cet homme a non seulement mené une vie chrétienne exemplaire mais qu’il mériterait d’accéder à la sainteté en raison de ses exceptionnelles qualités religieuses et de ce qu’auraient été ses engagements moraux toujours exemplaires !
Vie exceptionnelle certes mais ses agissements méritent-ils réellement d’être réputés admirables en tous points ?
L’accession au pontificat suprême dans des circonstances troubles :
- mort suspecte de son prédécesseur Jean Paul 1er ?
Le 28 septembre 1978, le cardinal Albino Luciani, âgé de 65 ans et élu Pape depuis seulement 33 jours en remplacement de Paul VI, décédait à la stupeur générale, la version officielle attribue sa mort à un infarctus ou une crise d'urémie, le corps n’ayant jamais été autopsié le mystère demeure, aussi la précipitation de son embaumement et la disparition complète des documents et des archives du Saint Père juste après son décès ont de quoi surprendre, comme s’il fallait très vite procéder a un « nettoyage » complet…
- pacte secret avec les anciens responsables en échange des finances ?
Apres le long et plutôt ennuyeux pontificat de Paul VI, Jean Paul 1er avait décidé de faire le ménage au sein de la Curie romaine, trop d’affaires embarrassantes avaient été étouffées, trop de scandales non élucidés, face à cette atmosphère délétère qui n’en imposait pas vraiment sur le plan vertueux, le cardinal Luciani avait décidé de réagir vite, très vite, trop vite sans doute ?
Il était farouchement opposé au terrible Mgr Marcinkus (américain d’origine lituanienne) qui passait pour l’éminence noire des finances du Vatican, son nom était fréquemment cité dans l’affaire de la loge P2 et le scandale de la Banque Ambrosiano, or Jean Paul 1er était fermement résolu, Marcinkus devait quitter ses fonctions de même que le cardinal Villot, autre crocodile du marigot que le nouveau Pape avait également dans le collimateur .. mais .. le destin en a décidé autrement, tandis que leur chef présumé ira rejoindre son créateur peut être un peu avant l’heure (il n’avait que 65 ans et jouissait d’une parfaite santé) ces deux-là (et bien d’autres) resteront en poste et ne seront jamais inquiétés par la suite, sans doute ont-ils su se révéler être de précieux auxiliaires pour le successeur de Jean Paul 1er, certaines indulgences sont parfois nécessaires dans l’exercice du pouvoir…
- choix du nom de baptême, message subliminal « circulez y a rien à voir » ?
En choisissant de se dénommer Jean Paul II juste à la suite du trop rapide Jean Paul 1er, on peut dire qu’il entendait lui rendre hommage ainsi qu’à Paul VI et Jean XXIII (les 2 papes de Vatican 2) mais n’y avait-il pas la volonté d’écarter les soupçons sur une possible malédiction qui pourrait être attachée à ce nom de baptême si peu favorisé par le sort ? On ressent tout de même une bizarre impression comme lorsque quelqu’un se montre soudainement trop poli ou en fait un peu trop, on ne peut s’empêcher de penser qu’il aurait peut-être quelque chose à se faire pardonner ?
Le combat acharné du Pape polonais contre le communisme et pour la « liberté »
- « N’ayez pas peur » (de vous révolter)
Ces mots de Jean Paul II sont restés célèbres, ils ont été prononcés le 22 octobre 1978, lors de la messe inaugurale de son pontificat et resteront comme sa « marque de fabrique », parole adressée au monde mais plus encore aux Polonais auxquels il ira rendre visite dès l’année suivante en juin 1979, visite marquée par une liesse exceptionnelle, promesse d’évènements cruciaux et très prochains.
- Solidarnosc, 1er syndicat non gouvernemental, la liesse en Pologne
En effet les effets du voyage du Pape n’auront pas été longs à se manifester, dès l’été suivant en 1980 se constituera autour des chantiers navals de Gdansk le 1er syndicat ouvrier non gouvernemental intitulé Solidarnosc (solidarité en français) impossible de ne pas relever la concomitance des 2 évènements : l’élection puis la visite du Pape polonais et la constitution d’une organisation professionnelle qui vise à défier délibérément le pouvoir mis en place par Moscou depuis plusieurs décennies dans cette république dite populaire de l’autre côté du rideau de fer, une révolte ou une révolution ne s’improvisent pas contrairement à ce qu’on prétend, le mécontentement populaire est une chose (d’ailleurs très banale) mais pour provoquer un soulèvement, il faut des réseaux et de l’argent, beaucoup d’argent !
La lutte est désormais engagée, faire plier puis succomber le régime communiste sera le grand œuvre du pontificat de Jean Paul II, est-ce la raison majeure de sa béatification ?
- Puis survint l’état de siège et la répression (modérée) de Jaruzelski
Tout détenteur de pouvoir a généralement pour souci premier de le conserver sinon de le renforcer, il en va ainsi des régimes qui ont été imposés par la force, cela dit on observe parfois des évolutions historiques intéressantes qu’on pourrait qualifier de fatigue ou de ramollissement, dans les crises majeures qui ont secoué en moyenne tous les 12 ans les démocraties populaires (2 termes bien mal à propos), ce phénomène de recul progressif est très perceptible ; en 1956 l’armée rouge écrase la révolte hongroise, des milliers de morts, en 1968 elle « passe » par Prague, à peine qq. morts, en 1981 on l’attend toujours en Pologne car elle ne viendra pas, ne viendra plus, trop vieux, trop fatigués, les dirigeants du Kremlin ont désormais peur du peuple, peur que le sang coule, le régime ne se défend plus que mollement, il préfère faire « sous-traiter » localement pour ne pas avoir à se salir, ils sont devenus comme les Thermidoriens après la chute de Robespierre, des révolutionnaires en peau de lapin qui disent aux révoltés « démerdez vous pour vous administrer la trique, ce n’est plus notre job » !
La montée en puissance du syndicat Solidarnosc devait tôt ou tard provoquer un bras de fer avec le régime communiste puisque son objet principal (même dissimulé sous des ruses sémantiques) était bien de manifester une force d’opposition au gouvernement en place, la réponse lente longue hésitante finira par se produire à la veille de Noël 1981 (plus d’un an après) sous la forme de la proclamation de l’état de siège par le général polonais Jaruzelski chargé pour l’occasion du « sale boulot », que n’a-t-on proféré comme injustices sur ce pauvre commis du Kremlin ? Franchement qui aurait souhaité se trouver à sa place à devoir endosser l’impopularité, limiter la casse sociale et tâcher de dompter le bouillant syndicat ? Il ne s’en est pas trop mal tiré, très peu de victimes, qu’on pense donc que le principal leader du mouvement Lech Walesa n’a même pas été emprisonné ! Combien de régimes de par le monde l’auraient occis sans préavis ! Alors la Pologne communiste dictature peut-être, mais dictature molle, en phase déclinante ! Un dernier détail pour réhabiliter Jaruzelski dans la conscience collective, vous êtes-vous jamais demandé pourquoi il portait en permanence des verres fumés ? Parce qu’il a été déporté avec sa famille en Sibérie en 1941 et que la luminosité de la glace durant plusieurs hivers lui a endommagé la rétine de l’œil !
- Une stratégie payante au final, 1er ministre non communiste en Pologne en 1989
Alors le Pape dans tout ça ? Bah il est tout ou presque, songez un peu ; il a été l’initiateur du mouvement, son soutien moral et idéologique, ainsi ce sont les réseaux catholiques en Pologne qui ont servi de support au mouvement clandestin de révolte, avec en plus un considérable soutien financier venant de Rome, il conviendrait de se pencher sur les finances du Vatican à cette époque pour pouvoir observer des mouvements de fonds conséquents, comme quoi conserver certaines brebis galeuses (américaines de surcroit) du genre Marcinkus peut parfois se révéler utile…
Tout ou presque car au début des années 80 c’est l’époque Reagan de croisade anticommuniste, en raison de l’adage selon lequel « les ennemis de nos ennemis sont nos amis » la CIA se doit de soutenir Solidarnosc, le Pape n’est plus seul, il saura s’en souvenir à propos de l’Amérique latine, mais la priorité du moment c’est la chute du communisme dans sa patrie natale, objectif pour lequel le Saint siège et la CIA sauront faire montre d’une remarquable coopération (ou collaboration) car les résultats seront au rendez-vous ;
Le 19 août 1989 le président Jaruzelski est finalement contraint de désigner au poste de président du Conseil, le catholique (sic) Tadeusz Mazowiecki, membre de la direction de Solidarnosc et proche conseiller de Lech Wałęsa !
C’est ce qui s’appelle de la belle ouvrage quand le spirituel s’allie avec le temporel ! Et très vite dans la foulée, les autres pays du bloc de l’Est suivront, puis à l’intérieur de l’URSS elle-même avec la Lituanie, grande « victoire morale » saluée à l’époque par tout le monde dit « libre », 20 ans après on peut juger de l’état du monde, plus inquiet et plus pessimiste que jamais, seule une toute petite minorité d’individus a réellement profité de la chute du mur…
Une absence de véritable doctrine religieuse, louvoiement entre pragmatisme et opportunisme :
- Vatican 2 signifie adapter l’église au nouvel ordre mondial, véritable basculement vers l’apostasie
Le complot maçonnique de déchristianisation de l’église catholique, de perte de sa substance interne, mis en marche depuis plus d’un siècle, se trouve concrétisé lors du concile Vatican 2, dont les conclusions loufoques, qui ont jeté dans le désarroi des millions de catholiques sincères, ont été pleinement entérinées par le très long pontificat du Pape polonais, lequel n’a donc manifesté aucune volonté d’inflexion par rapport à la dérive de l’esprit religieux, il faut savoir que Vatican 2 n’est ni plus ni moins qu’un abandon du caractère sacramentel de l’église catholique en prétendant « placer l’homme au centre » et autres formules oiseuses inspirées du protestantisme (où le Pasteur durant l’office est d’abord tourné vers les fidèles), le protestantisme et ses différentes branches qui servent bien Mammon (dieu de l’argent), ce Pape aura en définitive été un bon petit soldat du système mondialiste !
- L’excommunication de Mgr Lefebvre et de la Fraternité St Pie X après l’échec de « négociations »
C’est la suite logique du problème précédent, la FSSPX est apparue à la suite de Vatican 2, Mgr Lefebvre, catholique fervent que beaucoup d’intellectuels religieux considèrent comme un Saint homme ayant permis de conserver le véritable esprit de l’église face aux dérives de Vatican 2, sera frappé d’une suspense par Paul VI en 1976 puis se verra définitivement excommunié en 1988 par ... Jean Paul II, qui persiste et signe !
- L’absence de soutien envers les prêtres progressistes d’Amérique latine soupçonnés d’être communistes
On peut aisément comprendre que Jean Paul II dans un souci de « retour d’ascenseur » n’ait pas manifesté d’enthousiasme excessif envers la théologie de la libération venant de prêtres passibles de sympathie envers le communisme, quelquefois cette froideur a tout de même été très choquante ainsi on peut déplorer son silence concernant l’assassinat de Oscar Romero, archevêque de San Salvador par les escadrons de la mort en mars 1980, on sait bien qui finance les escadrons de la mort…
Aussi ce refus par Rome d’une église plus simple et plus populaire dans ce continent pauvre et très catholique a constitué du pain bénit pour les sectes évangéliques qui y prospèrent de façon inquiétante en taillant des croupières à l’église de Rome, l’anticommunisme et le souci de ne pas contrarier les agissements parfois peu « catholiques » de la CIA ne doit peut-être pas aller jusqu’à se tirer une balle dans le pied ?
En résumé Jean Paul II aurait donc été un Saint homme, pouvant à juste titre prétendre à la canonisation ?
Si on jette un regard froid et désabusé sur ce qu’a été son « action » quelles impressions ressortent le plus :
- un pape areligieux et conformiste, manifestant des coups de gueule de façade, sans conviction profonde
- une inféodation au bloc occidental pro atlantiste, lourde de menace pour l’avenir spirituel du monde
- à part le refus de la guerre d’Irak, très peu d’actions réellement opposées à la puissance dominante
Nul ne peut servir deux maîtres … vous ne pouvez servir Dieu et Mammon (Matthieu 6/24)
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