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Le préservatif, un dialogue de sourds

Les derniers propos du pape sur le préservatif lors de son voyage en Afrique ont provoqué une large polémique. Et celle-ci atteint les rangs même des responsables politiques.

La position du pape sur la question n’est pourtant pas nouvelle : l’Église catholique a toujours défendu le même point de vue. Ce qui est nouveau, en revanche, c’est que les responsables politiques prennent position contre la doctrine d’une religion.

Et cela paraît totalement justifié. La logique qui est opposée aux propos du pape est irréfutable : le préservatif est le moyen de contraception qui permet d’éviter de transmettre le virus du sida. En déconseiller l’usage est donc un acte irresponsable propre à causer la mort d’un grand nombre de personnes.

Ce raisonnement est parfaitement juste. Seulement, derrière la tempête médiatique provoquée par des mots extraits d’une allocution, quelles sont les véritables idées véhiculées par le pape ? Est-il possible qu’un chef d’une religion censée véhiculer l’amour de Dieu et du prochain puisse s’opposer ainsi à la préservation de la vie ?

Les propos du pape prennent racine dans la doctrine de l’Église catholique. Contrairement aux idées reçues, celle-ci considère que l’acte sexuel est quelque chose de particulièrement beau et sain. Tellement beau et sain qu’il mérite de ne se vivre qu’avec un amour vrai et profond. Un tel amour n’ayant pas de raison de prendre fin, le mariage en est le signe. A contrario, une relation sexuelle vécue de façon anodine, pour le simple plaisir des sens mais sans véritable amour de l’autre, est vue comme une chose qui fait du mal : à soi-même comme à autrui.

Beaucoup jugeront cette vision inapplicable. D’autres l’approuveront. Mais continuons ce raisonnement jusqu’au bout. Si l’on suit cette doctrine, alors effectivement elle prémunie de la transmission de maladies sexuellement transmissibles, car si deux personnes qui n’ont jamais eu de relations sexuelles s’unissent dans un mariage et restent fidèles l’une à l’autre (après, pourquoi pas, avoir fait un test de dépistage), elles n’attrapent pas de maladie. A contrario, des personnes qui banalisent la relation sexuelle multiplient leur chance d’en attraper.

Et le préservatif dans tout ça ? Et bien, si on continue sur ce raisonnement, il peut inciter à banaliser l’acte sexuel, en masquant l’importance qu’il revêt, puisqu’il permet « l’amour sans risque » ! Mais l’effet pervers est qu’au bout d’un certain temps, on finit par ne plus avoir envie de l’utiliser. Ou on peut oublier de le mettre. Tous les hommes qui s’en sont servis ne pourront nier ce risque-là. Et pourtant ! Le sida, il suffit d’une fois – d’une seule ! – pour l’attraper.

La conclusion de ce raisonnement, c’est qu’une vie sexuelle conforme à l’idéal catholique protège mieux du sida qu’une banalisation de l’usage du préservatif, qui paradoxalement peut augmenter le risque en banalisant le sexe.

Bien évidemment, ce raisonnement est discutable sur beaucoup de points, car il demande l’adhésion à un certains nombres de principes. Mais dans l’absolu, personne ne pourra nier qu’il n’est pas juste ou qu’il ne se base pas sur un idéal de protection de la vie humaine.

Alors, que penser ? Plutôt que d’opposer les deux raisonnements, celui pour le préservatif et celui contre, n’y a-t-il pas moyens de les assembler ? Ces deux raisonnements ne sont-ils pas, au fond, complémentaires ? N’est-il pas possible de dire que même s’il vaut mieux tendre vers une vie la plus proche possible de cet idéal chrétien, il vaut mieux utiliser le préservatif dans une relation sexuelle banalisée que de ne pas s’en servir du tout ? C’est en tout cas le message que faisait passer Monseigneur Di Falco, évèque de Gap, dans une interview.

Alors, comment se fait-il que le pape, un théologien d’une grande compétence et certainement d’une grande intelligence, ne soit pas capable d’assembler ces deux raisonnements ? La réponse est évidente : comme beaucoup l’ont déjà dit, le pape se donne comme mission d’indiquer l’Idéal. Il juge que son message serait altéré s’il commençait à y mêler d’autres raisonnements. Il estime qu’il ne peut pas se le permettre, car des personnes qui portent aussi fort un idéal dans le monde, il n’y en a pas tant que ça.

Cette prise de position est peut-être discutable, mais l’idéal qui l’anime, lui, ne l’est pas.

Et les responsables politiques alors ? Eux qui sont tout aussi intelligents, après avoir fait l’ENA pour la plupart, ne sont-ils pas capables de comprendre vraiment le message du pape ? Ne peuvent-ils pas assembler les deux raisonnements plutôt que de fustiger le chef de l’Église catholique ? La réponse est tout aussi évidente : peut-être que l’ENA n’est pas une preuve suffisante d’intelligence en soi, car sinon, le pays se porterait mieux. Mais si malgré tout nos responsables politiques ont compris le pape, le fait qu’ils le critiquent n’est pas étonnant, puisqu’ils recherchent non pas à éclairer leurs électeurs mais à les séduire.

En somme, tout le contraire du pape : un raisonnement indiscutable, mais un idéal, qui lui, ne l’est pas du tout.


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19 réactions à cet article    


  • Jason Jason 23 mars 2009 13:03

    L’Eglise catholique a cette fâcheuse tendance à se mettre les préservatifs dans les oreilles. On s’étonne après qu’ils soient sourds.


    • Antivolt 23 mars 2009 14:48

      Un pape malade de la vérité

      Texte écrit par Jacques-Alain Miller pour l’hebdomadaire "Le Point", à paraître jeudi prochain

      Le pape, qui était naguère un théologien moderniste, semble revenir au XIXème siècle. Comment expliquer ce changement de comportement ?

      Le cardinal Ratzinger ne passait pas pour un progressiste. À la Congrégation de la Foi, il était d’ailleurs le lointain successeur de Torquemada. Néanmoins, tous célébraient son impeccable mécanique intellectuelle. D’où la surprise quand le " Panzerkardinal ", une fois élu pape, s’est métamorphosé en Benoît La Gaffe.

      S’agit-il vraiment de gaffes ?


      Le mot est de l’hebdomadaire catholique La Vie. Les services du Vatican doivent régulièrement émonder ses propos et les clarifier après-coup, et ces services gaffent souvent eux-mêmes. Le phénomène a encore empiré la semaine dernière.

      L’âge du pape est-il un facteur ?

      Non. Ses bourdes ne sont pas des lapsus, elles sont longuement méditées. Ses propos ne témoignent d’aucun affaiblissement de ses facultés. Le problème n’est pas qu’il ait changé, mais bien plutôt qu’il soit resté ce qu’il était. Visiblement, il n’a pas pris la mesure de la fonction. Devenu pape, il n’a pas dépouillé le vieil homme.

      Sa personnalité est-elle donc en cause ?


      Jean-Paul II non plus n’était pas progressiste, mais il avait une personnalité rayonnante, l’expérience du monde, et aussi, dit-on, des femmes. C’était un grand rusé, qui en avait remontré aux communistes, une bête de scène aussi, un homme du Verbe, sachant parler à la multitude et la séduire, un inspiré. Benoît, lui, est un homme de la Lettre, un érudit, un professeur, habile à faire parler les textes, et qui aime à jouer du piano dans la solitude. Il est, de plus, franc comme l’or : il dit tout haut ce qu’il pense. Là est son tort. Un pape ne parle pas seulement à Dieu, mais à tous les peuples de la terre. Dès que cet Autre immense dont il ne connaît rien hurle à la mort, on le voit sursauter, reculer, battre sa coulpe.

      Il y a en effet un décalage entre la virulence de ses propos et, ensuite, son attitude presque désemparée. Il manque de sens politique ?

      Oh, c’est plus grave. Tel l’Alceste de Molière, cet homme honnête est malade de la vérité. Sous prétexte que la Vérité serait Une et éternelle, il la prend au pied de la lettre et veut la dire toute entière, annoncer la Bonne Nouvelle comme un théorème. Il méconnaît la leçon de Loyola : que toute vérité, y compris La Vérité, passe mieux entre les lignes ; qu’il ne faut pas la claironner, l’asséner, mais l’insinuer, la rendre aimable ; qu’elle n’est pas à énoncer en tous lieux, à tous moments, et à tous, de la même façon ; que c’est l’auditeur qui, en définitive, décide du sens du discours qu’on lui adresse. La recette du présent désastre ? Idéologie à contre-courant, prédication au kärcher, vacarme, débandade. Résultat : fini le respect. Cet esprit éminent est devenu le premier pape ridicule de l’histoire. L’opinion le tient pour un benêt et un malfaisant. Les médias le saigneront à blanc.

      La surenchère aura-t-elle une limite ?


      Le prochain pontificat. Un pape à la coule. Un rhéteur.



      • Icks PEY Icks PEY 23 mars 2009 15:11

        Merci pour ce bel article éclairant et pondéré.

        Dommage que les médias habituels n’aient pas eu le même réflexe de chercher à comprendre plutôt que de se précipiter sur des mots sans en chercherle sens profond pour celui qui les énonce.

        Icks PEY


        • barbiche 23 mars 2009 15:22

          Statistiquement il est prouvé que la pub pour le préservatif est corrélé à une agravation de l’épidémie. De même il est prouvé que l’usage responsable sauve.

          Pourquoi la pub tue ? On ne sait pas. Peut-être que les gens se sentent en sécurité et donc ont une activité sexuelle importante qui agrave le risque, peut-être que certains se sentent tellement en sécurité qu’ils oublent de se protéger, l’amour aidant ou l’acool aidant !!!

          Pour ce qui est des preuves statistiques, lisez ici :
          http://article.nationalreview.com/?q=MTNlNDc1MmMwNDM0OTEzMjQ4NDc0ZGUyOWYxNmEzN2E=
          http://minilien.com/?dgWsMsQrXj

          ou lisez cet extrait du journal Présent du 21 Mars 2009 :

          (...)
          Le directeur du Projet de recherche sur la prévention du
          sida à la prestigieuse université de Harvard aux Etats-Unis,
          Edward C. Green a jeté un véritable pavé dans la mare du
          trompeur consensus médiatique mondial. Mais il n’y aura pas
          d’onde de choc : les mêmes médias mondiaux s’intéressent à
          tout, sauf à la réalité.

          Interrogé par la National Review Online (1), Edward Green
          a répondu : « Le Pape a raison. Ou pour répondre plus
          précisément : les meilleures données dont nous disposons
          confirment les propos du Pape. »

          Il fait clairement état d’une corrélation entre la progression de la
          séropositivité et de l’accès facilité aux préservatifs qui devraient
          conduire les commentateurs à exercer leur indignation en sens inverse, à
          l’encontre des promoteurs d’une fausse solution qui est scientifiquement
          associée à plus de malades, plus de misère, plus de morts, plus
          d’enfants frappées par la tragédie.

          « Il existe une relation systématique, mise en évidence par nos
          meilleures enquêtes, y compris celles menées par l’organisme
          “Demographic Health Surveys” financé par les Etats-Unis, entre l’accès
          facilité aux préservatifs et leur usage plus fréquent et des taux
          d’infection par le virus du sida plus élevés, et non plus faibles. Cela
          pourrait être dû en partie au phénomène connu sous le nom de
          “compensation du risque”, ce qui veut dire que lorsque l’on a recours à
          une “technologie” de réduction du risque comme le préservatif, l’on perd
          souvent le bénéfice lié à la réduction du risque par une “compensation”
          qui consiste à prendre davantage de risques qu’on ne le ferait en
          l’absence de technologie de réduction du risque. »

          Autrement dit, le recours au préservatif permet en effet de réduire le
          risque de contamination – mais non de l’annuler – mais encourage à
          adopter des conduites à risques qui aboutissent à davantage de
          contaminations.

          Un livre d’Edward Green présenté sur le site de son unité de recherche,
          tirant les leçons de l’expérience de la lutte contre le sida dans les
          pays en voie de développement, explique :

          « Les solutions avant tout médicales financées par les plus grands
          donateurs n’ont eu que peu d’impact en Afrique, le continent le plus
          durement touché par le sida. Au contraire, des programmes relativement
          simples, peu onéreux, visant à changer les comportements – en mettant
          l’accent sur la progression de la monogamie et sur le recul des
          premières relations sexuelles chez les jeunes – ont permis les plus
          grandes avancées dans la lutte contre le sida et la prévention de son
          extension. »

          (...)

          (1) http://article.nationalreview.com/?q=MTNlNDc1MmMwNDM0OTEzMjQ4NDc0ZGUyOWYxNmEzN2E=
          http://minilien.com/?dgWsMsQrXj


          • barbiche 23 mars 2009 21:24

            > il est prouvé que l’usage responsable [du préservatif] sauve.

            J’ai dit ça mais il y a quand même des risques d’après http://pagesperso-orange.fr/radix.ecclesiae/inf.bio.preserv.protect.html
            Il vaut mieux mettre deux préservatifs, éviter de se souiller avec les sécrétions préliminaires, ..., et ça ne suffit apparemment pas.

            Extrait de la conclusion de l’article :
            Les études les plus exactes et les plus dignes de confiance montrent que l’index de protection donnée par les préservatifs se situe autours de 5 (c’est-à-dire qu’il y a cinq fois moins de chance d’être infecté par le VIH en utilisant un préservatif lors des rapports sexuels qu’en n’en utilisant pas). Ceci montre que les préservatifs donnent une protection effective contre l’infection à VIH lorsqu’ils sont utilisés par un couple stable, sans partenaires sexuels en dehors du couple, sans infections génitale ni érosion des muqueuses. Par contre, lorsqu’il existe une infection génitale, la protection donnée par le préservatif n’est pas suffisante, particulièrement si le préservatif est le principal (ou l’unique) moyen de prévention de l’infection à VIH. Il résulte des études les plus objectives et les plus sérieuses que la qualité de barrière efficace contre le VIH attribuée au préservatif en latex ne repose pas sur une base scientifique.
            (...)
            La question du SIDA a été largement récupérée et exploitée par les médias et les associations anti-SIDA, dans les pays développés. Les journalistes, les artistes, les membres des associations anti-SIDA devraient donc être les mieux protégés contre le SIDA, puisqu’ils se disent les mieux informés. La réalité montre juste le contraire. Ce sont ces catégories sociales qui demeurent les plus touchées par l’épidémie du SIDA, comme si la méthode de prévention qu’ils ne cessent de promouvoir les exposait davantage au VIH/SIDA que les autres personnes.
            (...)
            Le Dr.Donna E.Shalala, le Secrétaire Américain de la Santé et des Service Humaines, parlant de la Conférence, a dit de façon explicite, au micro de CNN International que pour la prévention du SIDA "condoms cannot be used"


          • claude claude 23 mars 2009 21:42

            bonsoir,


            ce n’est pas l’usage du préservatif qui est responsable de la flambée des contaminations au HIV, mais les mentalités : violences sexuelles contre les femmes, violence contre les populations, ignorance, paranoïa, guerres civiles, viols comme arme de destruction massive à type génocidaire... etc, etc...

            cela démontre une méconnaissance totale de la réalité vécue par des millions d’hommes, de femmes et d’enfants africains !

            • Femmes, VIH/SIDA et pauvreté Le VIH/SIDA est un problème avant tout social. (...) Dans un contexte de pauvreté, d’exploitation sexuelle et de pression exercée par les groupes de pairs, il est difficile de modifier ces pratiques sexuelles. Les personnes démunies sont dominées par les circonstances et le hasard. C’est le contexte social qui détermine le comportement individuel et non pas inversement. Ceci apparaît clairement dans le cadre des relations entre les sexes.(...)
            • Sans aucun doute la persistance de la domination silencieuse des femmes par les hommes est une cause sociale fondamentale de la rapidité de la propagation du VIH/SIDA en Afrique Subsaharienne.

              Commençons par les méthodes A (abstinence) B (fidélité) C (préservatif). Et par la suite D (décès) si ces consignes ne sont pas suivies ; et vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous ! Ce message est d’une grande simplicité mais il y a tant de femmes ici chez nous qui n’ont jamais eu le luxe d’un choix qu’il s’agisse d’A, B ou C.
              (...)

              D’autres encore (...)vivent parfois dans la rue comme petite amie des chefs de bandes, la seule façon pour elles de se protéger des viols en série et de pouvoir se nourrir chaque jour. Beaucoup de filles ont été vendues comme esclaves sexuelles par des parents confiants. (...)
              La fidélité est un autre problème : Des milliers de femmes ont été infectées par le VIH en dépit du fait que leur mari était leur seul partenaire sexuel. Quand à l’usage de négocier l’usage du préservatif dans un mariage polygamique, peu de femmes osent la mettre en pratique par crainte de se faire battre ou jeter dehors. C’est souvent à la clinique prénatale que les femmes apprennent qu’elles sont séropositives. (...)

              Dans ce contexte, la formule A B C est une moquerie cruelle de l’incapacité pour les femmes d’avoir leur mot à dire dans le domaine de leurs droits sexuels juridiques ou financiers.

              Tidianie, Mali
            là où le sida recule, c’est dû à l’action conjointe des gouvernements des pays impliqués, des chefs religieux et une prise de conscience des hommes et des femmes de ces pays.
             
            si l’ouganda est le bon élève de l’afrique, c’est tout simplement parce que le gouvernement a pris la mesure du problème, en instaurant une politique d’information, de prévention et d’éducation sexuelle, tout en distribuant des préservatifs :

            • "Les bons élèves africains de la lutte contre le Sida 	
              L’Ouganda et le Sénégal font barrage à la maladie 	

              L’Ouganda et le Sénégal sont les exemples à suivre, pour le continent africain, en matière de lutte contre le Sida. Les deux pays ont très tôt compris le danger représenté par le virus, au début des années 1980, et ont engagé une politique volontariste de sensibilisation et de prévention. Leurs résultats sont aujourd’hui unanimement salués.(...)
            • L’Ouganda, qui constitue peut-être l’exemple le plus spectaculaire, a tout de suite compris la gravité de la maladie et s’est résolument engagé à la combattre. (...)Des affiches ont été conçues à cet effet et placées un peu partout. La radio a diffusé d’innombrables messages pertinents. « Partez du principe que tout le monde est porteur du virus » : tel était le conseil d’un message radiophonique entendu à longueur de journée.

            • En Ouganda, la maladie a fait ses premières victimes au milieu des années 70 sur les rives du lac Victoria. On parlait à l’époque d’une maladie dont les victimes maigrissaient et s’atrophiaient. (...)Bien que les services de santé et l’infrastructure du pays aient été ravagés par 15 ans de guerre civile, son gouvernement a créé cette année-là un comité national de prévention du Sida. M. Museveni a ainsi joué un rôle de premier plan dans la campagne de lutte contre le Sida.

            • Evolution des mœurs

            • En 1991, cette campagne s’est intensifiée dans plusieurs secteurs et par de multiples moyens : distributions de préservatifs, tests de séropositivité sur la base du volontariat, services d’orientation et de soutien, affiches et messages radiophoniques anti-Sida, pièces de théâtre et séminaires en plein air sur l’éducation sexuelle. En faisant œuvre de pionnier dans la lutte contre le Sida, l’Ouganda a fait évoluer les mœurs sociales : (...)60 % des personnes interrogées déclarent n’avoir qu’un seul partenaire sexuel, ils étaient majoritaire à en avoir plusieurs en 1989 - et les adultes célibataires pratiquent la continence. De plus en plus d’hommes et de femmes de tout âge utilisent maintenant des préservatifs - 36 % des garçons et 25 % des filles adolescents les utilisent, contre 15 % et 7 % en 1989, et 31 % des hommes et 19 % des femmes adultes âgés de 25 à 39 ans, contre 11 % et 3 % en 1989. Ce qui était impensable auparavant. Et dans un pays où, par le passé, les parents ne parlaient pas de sexualité avec leurs enfants, le sexe et le Sida sont presque devenus des sujets de conversation ordinaires dans tout l’Ouganda.[...]

            • Le Sénégal fait appel aux chefs religieux

            • Le Sénégal n’a que 9 millions d’habitants et des taux de prévalence du Sida beaucoup plus bas que l’Ouganda. Les pouvoirs publics ont pourtant organisé une campagne d’éducation et de sensibilisation dès les premiers cas recensés. Des messages ont ainsi été diffusés dans les médias afin de réduire les comportements sexuels à risque et de promouvoir l’usage des préservatifs. Avec l’appui de donateurs et d’organisations non gouvernementales, le Sénégal a établi des services adéquats en matière de Sida/MST. Le Sénégal a également fait participer ses chefs religieux à la lutte contre le Sida. Les pouvoirs publics ont ainsi organisé fin 1995 et en 1996 deux conférences nationales sur la prévention du Sida, au cours desquelles les chefs islamiques et chrétiens ont approfondi leurs connaissances sur le virus et défini le rôle et les responsabilités qu’il leur fallait assumer dans le domaine de la prévention. [...]"

            voir aussi :

            • Difficile pour une femme de se protéger de l’infection
              (...) Deux raisons expliquent qu’en Afrique, l’infection VIH soit plus répandue chez les femmes que chez les hommes : leur plus grande vulnérabilité biologique, et, vaginales. (...) le risque d’infection par le VIH est accru à cela s’ajoutent les difficultés pour les femmes de se protéger contre une possible infection. Même dans le cadre d’une relation stable, prémaritale ou maritale, les études sur les comportements sexuels dans différents pays africains montrent la très forte réticence des hommes comme des femmes à utiliser des préservatifs.
              Ceux-ci sont en effet associés à l’idée de relation occasionnelle (en partie à cause des premières campagnes visant à promouvoir son utilisation). Les proposer dans son couple revient donc soit à professer son infidélité, soit à faire preuve de défiance envers son partenaire.
              (...)
              Les femmes sont de plus en plus conscientes de cette menace. Pour éviter que le mari n’aille « voir
              ailleurs », de plus en plus d’entre elles réduisent ou suppriment la période traditionnelle d’abstinence sexuelle après une naissance qui, dans certaines populations, dure près d’un an, voire jusqu’au sevrage de l’enfant. Au Nigeria et en Côte d’Ivoire, des enquêtes ont par ailleurs montré que les femmes abordent fréquemment avec leur conjoint la question des relations extraconjugales, lui enjoignant de se protéger, de ne pas « faire entrer la maladie dans la maison ».
              (...)
            • "Haro sur les "papas gâteaux"  (...)L’une des plus importantes conclusions de l’équipe spéciale a été le lien établi entre les taux d’infection particulièrement élevés chez les jeunes femmes et le fait qu’elles aient des relations sexuelles avec des hommes plus âgés, les "papas gâteaux", contre de l’argent et des cadeaux. (...) Pour l’heure, le rapport appelle à axer explicitement les efforts sur les programmes de prévention et de sensibilisation aux dangers des rapports sexuels intergénérations et demande que les dirigeants politiques, religieux et communautaires fassent en sorte que les hommes âgés n’exploitent pas les femmes pauvres à des fins sexuelles.

              Au-delà des stratégies classiques

              (...) Toutefois, des recherches récentes faisant état de taux d’infection élevés chez les femmes africaines mariées et fidèles — ainsi que les inégalités entre les sexes et ce que Mme Cravero appelle "l’épidémie" de violence sexuelle — indiquent que pour de nombreuses femmes, cette stratégie n’est pas adaptée à la réalité. (...)

              "Une femme victime de violence ou craignant la violence ne va rien négocier, et encore moins exiger la fidélité ou l’utilisation du préservatif, poursuit Mme Cravero. Son principal objectif est de terminer la journée sans être battue. Les stratégies effectives de prévention à l’intention des femmes consistent notamment à réduire la violence contre les femmes, à protéger les droits des femmes en matière de propriété et d’héritage et à leur assurer l’accès à l’éducation." (...) "

            	
            • Côte d’Ivoire : Silence, on viole…

            • « Des centaines, si ce n’est des milliers de femmes et de jeunes filles ont été violées - (...) déclare Véronique Aubert, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International. Elle présentait, le 15 mars 2007, le rapport Côte d’Ivoire : les femmes, victimes oubliées du conflit.(...)La pire des conséquences du recours au viol, comme arme de guerre est la propagation de la pandémie VIH/Sida. En effet, « selon les plus récentes publiées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le taux de prévalence du VIH/Sida était de 7% en Côte d’Ivoire, soit le taux le plus élevé en Afrique de l’Ouest » Le sida comme arme biologique des pauvres n’est pas une nouveauté. Cette arme de destruction massive a déjà été employé en république démocratique du Congo, durant le génocide rwandais. Les crimes sexuels de masse ont servi en Bosnie et aujourd’hui au Darfour et au Soudan. 
            • Faut-il rappeler aux soudards d’Afrique et du monde entier que le viol est un crime contre l’humanité défini par le Tribunal Pénal International ? Depuis 1998.
            • 5. 2. Femmes et Sida

              Les jeunes femmes sont souvent victimes de violences sexuelles non seulement parce que ce sont des femmes, mais aussi parce qu’elles sont jeunes et vulnérables. Dans certaines sociétés, des jeunes filles ont dû subir des rapports sexuels en raison d’une croyance absurde selon laquelle les hommes contaminés par le VIH ou atteints du sida guériraient s’ils avaient des relations avec une vierge  ! Des chiffres communiqués récemment par l’ONUSIDA montrent que les jeunes filles de quinze à dix-neuf ans vivant en Afrique subsaharienne courent six fois plus de risque d’être séropositives que les garçons de la même classe d’âge, essentiellement à cause des viols, des rapports sexuels contraints et de leur incapacité à obtenir des pratiques sexuelles sûres. (...)

            enfin, un billet sur le blog de notre ami sisyphe concernant l’aquitement d’un certain "Jacob Zuma, leader politique sud-africain, a été acquitté de l’accusation de viol qui pesait sur lui. Le juge a déterminé que la victime était consentante, sans quoi, selon lui, elle ne se serait pas rendue de son plein gré au domicile de Zuma. Ce dernier avait par ailleurs avoué, après avoir subi des tests d’ADN, avoir eu des relations sexuelles non protégées avec la jeune femme et qu’après, il avait eu soin de prendre une douche, pour éviter d’être infecté (sic) ! "

            et il dit quoi le partisan du non préservatif à tous prix, quand il a tous les éléments en main ? smiley

          • barbiche 24 mars 2009 08:44
            Merci. très intéressant.

            > et il dit quoi le partisan du non préservatif à tous prix, quand il a tous les éléments en main ?


            Une bonne partie de vos textes dénoncent les viols. Contre ça, on ne peut opposer ni l’abstinence, ni le préservatif. C’est un problème de société en partie dénoncé par le Vatican récemment, mais occulté par les médias :
            http://www.camerounlink.net/fr/news.php?nid=44466 :
            Un document du Vatican dont la publication coïncide avec la visite du pape au Cameroun accuse des "forces extérieures" de dévaster l`Afrique avec la complicité de dirigeants corrompus, en attisant les guerres pour favoriser le trafic d`armes et en soutenant certains hommes politiques au mépris des droits de l`homme et de la démocratie.

            Les "forces extérieures" c’est nous : l’europe, les USA, la Chine, la Russie ... L’afrique est une terre de non-droit pillée par les pays riches. Nos discours "humanistes" sont hypocrites, le pape, lui, dit ce qui est.

            D’autre part, les succès remportés par l’Ouganda et le Sénégal me semblent être essentiellement dus à un changement de mentalité. Il me semble que vos références le disent clairement pour l’Ouganda.

          • Antoine Diederick 24 mars 2009 09:25

            A Claude,

            Super Travail....


          • John Deuf 23 mars 2009 16:38

            Je vous poste simplement le discours complet du pape, avec sa phrase sortie du contexte que l’on nous répète en boucle. A-t-elle réellement la même signification……

             

            Je pense que l’entité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le
            sida est justement l’Eglise catholique, avec ses mouvements, avec ses réalités diverses.
            Je pense à la communauté de Sant’Egidio qui fait tellement, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le sida, je pense aux Camilliens, à toutes les sœurs qui sont au service des malades…
            Je dirais que l’on ne peut vaincre ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires.
            S’il n’y a pas l’âme, si les Africains ne s’aident pas, on ne peut résoudre ce fléau en distribuant des préservatifs : au contraire, cela risque d’augmenter le problème.
            On ne peut trouver la solution que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui implique une nouvelle façon de se comporter l’un envers l’autre, et le second, une amitié vraie, surtout envers ceux qui souffrent, la disponibilité à être avec les malades, au prix aussi de sacrifices et de renoncements personnels.
            Ce sont ces facteurs qui aident et qui portent des progrès visibles.
            Autrement dit, notre double effort pour renouveler l’homme intérieurement, donner une force spirituelle et humaine pour un comportement juste à l’égard de son propre corps et de celui de l’autre, et notre capacité à souffrir, à rester présent dans les situations d’épreuve avec les malades.
            Il me semble que c’est la réponse juste, l’Eglise agit ainsi et offre par là même une contribution très grande et très importante. Remercions tous ceux qui le font


            • 5A3N5D 23 mars 2009 17:14

              L’auteur,

              "Cette prise de position est peut-être discutable, mais l’idéal qui l’anime, lui, ne l’est pas."

              Mais, si, votre "idéal" est très discutable, mais ce serait en effet perdre son temps. Lorsqu’on est capable d’écrire une telle ânerie, on ferme la porte à tout dialogue ; on est dans le dogme. 


              • Ahlen Ahlen 23 mars 2009 18:07

                Si l’allocution du Pape est telle que rapportée par Barbiche ci-dessus, il n’y a variement rien à dire : Le Pape a été à la hauteur de sa mission. Et je ne suis pas étonné des levers de boucliers contre lui, non pas, en fait, pour ce qu’il a dit ou n’a pas dit, mais parceque la religion, à force se torcher avec sans le moindre scrupule, est devenue comme le communisme pour le capitalisme. L’ampleur de ce phénomène est tel que tout ce que la religion (toutes les religions) proscrit est de plus en plus apprécié, voire "intélligent" : Le mensonge, la violence, la haine, la cupidité et j’en passe... Bref, c’est au diable que nos médias trouvent maintenant des vertus et le vice dans les religions. C’est notre époque de toutes les crises !


                • TSS 23 mars 2009 19:57

                  benoît XVI :

                   "ciel,Dieu ma bite"... !!


                  • ernst 24 mars 2009 04:39

                     Effectivement, rien de nouveau sous le soleil des religions quelles qu’elles soient, et toutes, y compris l’Islam, avec un bel ensemble.

                    La question est donc : pourquoi un tel barouf sur cette invariable rèponse du Pape, sinon le désir de nuire à son image, de le déstabiliser ?

                    Qui était sur le parvis de Notre-Dame ?... des freluquets pas bien méchants mais communistes. Peppone et Don Camillo n’est pas non plus un scénario d’une verte jeunesse.

                    Mais pourquoi donc cherche-t-on à ce point à le décrier ?...

                    Aurait-il une idée précise de qui a monté , en son temps, la machination Marcinkus ?...Qui a pendu l’autre sous le pont de Londres ?... Le rapport très étroit entre Berlusconi et la Loge P2 ?...La Loge P2 et la Loge Silence qui accueille Sarko, Bolloré, Devedjian, Bertrand, Desseigne etc... toute la joyeuse bande de l’agape présidentielle du Fouquet’s ?...

                    M’est avis que ce pape, contrairement à l’autre qui s’en fichait royalement, met ses pantoufles grenats dans les sacs poubelles.

                    Et à propos de poubelles savez-vous pourquoi la Mafia en aime tellement le marché ? tout simplement parce que l’argent noir se ramasse ainsi dans les bennes. Les sacs bourrés évidemment, pas les autre... les gens peuvent bien crever du choléra, ...8 Je tiens cette information du fils d’un homme dont c’était le métier à St Domingue et qui s’appelle Didier Schuller, peut être encore en prison aujourd’hui. Mais évidemment pas pour cette façon de gagner sa vie, juste pour avoir menacé d’ouvrir sa bouche...

                    votre naïveté vous tuera, vous savez...


                    • Antoine Diederick 24 mars 2009 09:26

                      A l’auteur,

                      effectivement, dialogue de sourds.


                      • Massaliote 24 mars 2009 09:30

                        Il est tout de même remarquable que cette levée de boucliers merdiatiques soit aussi unanime. Les propos du pape ont été tronqués dans la plupart des merdias et seul le préservatif a attiré leur attention.

                        Cela suffit à mobiliser le lobby du latex et les "progressistes" genre Gaillot qui trouveraient normal et très indiqué que le chef spirituel de l’Eglise leur disent "baisez-vous les uns les autres".

                        Personne n’a fait écho à la condamnation de la mondialisation et aux risques de disparition de l’identité africaine. Surdité très sélective.


                        • nathan 24 mars 2009 11:09

                          c’est tout de même sidérant de constater les dérives de notre société dite "moderne" : ados qui mettent des enfants au monde à 13-14ans pendant qu’eux même savent à peine se torcher ; tueries dans des écoles par des enfants déboussolés ; capitalisme sauvage avec paupérisation des classes moyennes qu’on pousse à la surconsommation en les surendettant ... bref !
                          mais rien de tout cela n’émeut personne !!
                          dans beaucoup de pays d’afrique, on se croit obligé de distribuer des préservatifs à chaque cérémonie, à chaque rassemblement. On a décidé de traiter les gens comme des machines, et non comme des êtres humains ! où est passée la morale dans tout ça ? certainement au fond des caleçons !!!
                          Que ceux qui s’offusquent de la prise de position du pape continuent dans leur monde sans morale, c’est leur droit . Mais il faut savoir que pour les croyants, le message de dieu il est et restera le même.
                          C’est trop grotesque aujourd’hui de vouloir "adapter" dieu à notre mode de vie, quand nous refusons de modérer notre vie de plaisirs, de vices, de sauvagerie.
                          Si le sida venait à disparaître, beaucoup d’associations bidon dont les membres roulent dans de grosses 4x4 se retrouveraient au chomage .
                          Qu’on laisse le pape en paix ! Que l’on cesse de distribuer des capotes à nos enfants en leur disant "foncez, défoncez les" !
                           


                        • JONAS JONAS 24 mars 2009 22:27

                          @ L’Auteur :

                           

                          Connaissez-vous la définition exacte de l’ENA ?

                          École Nationales des Ânes !

                          Jésus CRIE ! ! ! Depuis 2 000 ans et personne ne l’entend ! ? Même pas les Papes ! Ils font des bulles pendant ce temps !  smiley

                          Quel Pape aura l’intelligence, se supprimer le célibat des prêtres ? Les Disciples de Jésus étaient presque tous mariés et avaient des enfants !

                          Je crois que le théologien qu’il est à une idée, pas de préservatifs et tous les hommes seront papas !

                          Il sera donc le seul célibataire sur terre et en conséquence le seul prêtre, évêque, cardinal, pouvant officier ! Plus de personnel à rémunérer, vous vous rendez compte des économies réalisées !

                          Des laïques bénévoles assureront la continuité de l’entreprise et récupéreront les dons ! Le Vatican deviendra le pays le plus riche du monde.

                          Avec une messe à la Noël, une à Pâques ! Une petite prestation à la TV pour la bénédiction " Urbi et Orbi " et à moi les vacances !

                          Roger Lenoir, vous avez raison, être théologien, c’est être plus intelligent que les diplômés de l’ENÂ… !

                          Bonne soirée…  smiley


                          • Ahlen Ahlen 25 mars 2009 09:20

                            Mais si malgré tout nos responsables politiques ont compris le pape, le fait qu’ils le critiquent n’est pas étonnant, puisqu’ils recherchent non pas à éclairer leurs électeurs mais à les séduire.

                            C’est le mot-clef de toute cette affaire. On méprise désormais tout ce qui est en rapport avec l’ordre et la discipline. Le sacrifice est pour les héros. Je parie que si un responsable politique venait à supprimer le code de la route pour se débarrasser des "sens interdits", des "sens obligatoires" etc., il pourrait gagner en popularité, jusqu’à l’hétacombe. Et alors des illuminés viendrait expliquer que ce n’est pas la suppression du code qui est la cause de l’hécatombe, mais les mauvais conducteurs (?) ou les voitures ou je ne sais quoi d’autre.

                            Faut-il le rappeler : La liberté s’arrête dans une société civilisée là commence celle des autres citoyens.


                            • georges jean 25 mars 2009 10:05

                              L’état français est intervenu officiellement dans cette polémique, ce qui est contraire au principe de laïcité.

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Roger Lenoir


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