Le terrorisme perdure en Algérie
Visant la France, les appels d’Ez-zawahiri, le second d’El Qaida, et du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), basé en Algérie et se déclarant loge maghrébine de l’organisation terroriste la plus redoutée dans le monde, sont les plus préoccupants.

Le plan Vigipirate, depuis les attentats des stations de métro Saint-Michel et Maison-Blanche ou l’affaire Kelkal, connaissait des hauts et des bas sans jamais être levé. Avec l’historique cinémascope forfait des deux tours newyorkaises, il a été renforcé du fait de la présence du contingent français en Afghanistan. Et malgré l’opposition de l’Elysée à l’invasion de l’Irak, l’opinion générale craint un acte terroriste. Les chicanes du foulard dans les espaces publics, notamment les établissements scolaires, et le rejet de praticiens de la santé masculins pour consulter des patientes de confession ultra islamique ont augmenté la tension.
Ces deux infractions aux règles de la République laïque, qui n’emportent pas l’adhésion majoritaire de la communauté musulmane en France, constituent l’argumentaire des enrôlements. Visant la France, les appels d’Ez-zawahiri, le second d’El Qaida, et du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), basé en Algérie et se déclarant loge maghrébine de l’organisation terroriste la plus redoutée dans le monde, sont les plus préoccupants. Le premier commanditaire essaie de faire bouger les cellules dormantes, jeunes égarés et djihadistes de tous bords. Et le second, tenté de mettre à feu et à sang toute la région méditerranéenne, émet des coups de pieds sous la table pour exhorter ses éventuels affidés, et dans l’espoir de fédérer tous les indiqués à commettre le coup démoniaque.
Dans la conjoncture des présidentielles, la vigilance des services de sécurité est passée à son niveau quatre, le plus élevé, dès les premières semaines de 2007. L’objectif de ne pas laisser faire, tous éléments sur le point de passer à l’acte, mobilise investigations et surveillances. La tâche est improbable face à un monde tapi dans l’ombre qui, sans spontanéité, pourrait frapper d’une manière expéditive et sans retour de son soldat. La dernière des actions préventives, baptisée « Réseau de Paris » est la réunion du 8 mars, sur invitation du garde des Sceaux, d’une cinquantaine de juges, Bruguière pour la France et l’Espagnol Garzon, de neuf pays (Allemagne, Espagne, Pays-bas, Royaume-Uni, USA, Indonésie et Maroc), chargés spécialement des dossiers du terrorisme. Dans un jeu de chat et de souris, dès qu’une volonté de forfait est avérée, le grappin est mis en branle sans dissuasion et pour intervenir en mise d’hors d’état de nuire résolue.
Depuis 2005 une dizaine de groupes présumés terroristes ont été démantelés. Parmi lesquels celui dit de Safé Bourada, un personnage déjà condamné à sept ans de prison pour les attentats de 1995, originaire de Trappes (Yvelines) est des plus importants. Le 12 décembre, celui des braqueurs dirigé par Ouassini Chérifi s’est distingué par sa recherche de financement, il détenait nombreuses cartes bancaires. Dans le 20e arrondissement parisien, un réseau d’envoi de combattants en Irak dont on croit qu’il a déjà effectué des expéditions a été appréhendé. Des électroniciens, chargés de confectionner des télécommandes de mise à feu distance, ont été arrêtés à Toulouse début février sans vraiment déterminer la destination de leurs travaux.
Aussi bien les kamikazes que les services de sécurité savent que les réseaux de transport, l’expérience est bien faite, sont des terrains vulnérables et de prédilection. Les intrusions dans ces sites, avec la banalité de se munir d’un bagage portant l’arme fatale malgré la perfection des détecteurs, est telle une aiguille dans du foin. Quand un tribunal accorde la mise à l’écart des employés d’un aéroport, très sensible lieu de voyage, en avalisant des licenciements que les congédiés considèrent abusifs, le risque est situé sans qu’aucune culpabilité ne soit établie. En toute responsabilité, le magistrat se conforme à l’adage : vaut mieux prévenir que... La preuve est dans ce cas, non pas d’une simplification discriminatoire, mais plus liée au comportement des sujets écartés. Quelqu’un d’imprégné de la « pseudo idéologie » djihadiste, faisant ouvertement l’apologie de Ben Laden, se revendiquant de la nébuleuse El Qaida et légitimant les opérations qui sévissent sur la face de la Terre, il est muni du profil dont la dangerosité est arrivée à terme. Il aurait les aspects d’une personnalité kamikaze qui s’invente bonnement un romantisme confondu dans une contre-révolution suicidaire et réactionnaire.
Des renseignements parviennent à la DST (Direction de surveillance du territoire), disons-le, quotidiennement. Ils sont conjointement décryptés par l’UCLAT (Unité de coordination antiterroriste) et la SDAT (Sous-direction antiterroriste). Les plus irrécusables sont : d’abord une note émise par les services secrets américains avertissant, à la mi-février, de l’interception de messages dont le contenu concerne la France. Et la géographie fait que le GSPC est au centre des circonspections, du fait aussi qu’il est d’un pays assez proche. Cette organisation s’est aguerrie avec les ans et convoite, depuis quelques années, d’étendre ses tentacules. Outre sa présence dans l’immensité du Sahara et dans certains pays subsahariens ayant des confins avec l’Algérie, elle a fait des émules en Tunisie. Parmi le groupe, d’une vingtaine de personnes, anéanti dernièrement, figurent plusieurs nationalités. Cette opération a été suivie d’une vraie bataille rangée, le 12 mars, dans une banlieue de Tunis, qui a duré toute la matinée.
Principal instigateur : l’hydre hideuse du GSPC.
La promiscuité, sur plusieurs plans, avec l’Algérie donne du fil à retordre. La connivence du pouvoir, dans cette ancienne colonie, vissé à la religiosité de son nationalisme, de larges catégories de la société désespérées que leur patrie tourne en rond malgré ses atouts économiques donc vouant du changement dans les menées de la nébuleuse intégriste et de certaines ONG ou quelques officiels de pays complaisants envers la « para idéologie » islamiste, sous le socle d’un démocratisme modélisé à l’exportation, aussi bien les hordes de criminels que leurs frappes n’ont pas été amoindries dans ce pays. Depuis la première attaque de l’école de police d’El-Biar en 1982, quartier du centre d’Alger, qui fut l’œuvre d’un groupuscule inspiré de la fois de la Révolution iranienne et des Frères musulmans égyptiens, les complaisances, internes et externes, ont placé toute résistance à l’intégrisme en Algérie, en œuvre de la dictature militaire. En France, avec la parution de livres incriminant l’armée algérienne, les tiers débarqués d’Algérie accusant la grande silencieuse sont ménagés et même mis sur le devant alors que les victimes sont laissées dans leur souffre-douleur. Pourtant les protagonistes comme Kelkal et le groupe qui a détourné, en 1997, l’avion reliant les capitales des deux pays, sont abattus sans sommation en hexagone.
En 1990, année de l’arrêt d’un processus électoral qui allait remettre les règnes du pouvoir vieillissant à sa continuité sectaire et dénaturée par l’islamisme, il n’y avait pas de distinction entre étrangers, citoyens locaux et éléments de l’appareil sécuritaire. L’illusion de la loi de la concorde nationale préconisée par Bouteflika et votée par référendum, dès son retour aux affaires, est plus que jamais une tare de vouloir domestiquer la bête immonde. La récente recrudescence à laquelle fait, dans une grande solitude, face l’armée algérienne montre qu’en dehors des éléments des forces de sécurité, seules les personnes étrangères à ce pays, au palmarès macabre de plus de 150 000 victimes, sont ciblées.
L’opération du bus de touristes assailli à l’Ouest d’Alger, le 10 décembre 2006, a fait neuf blessés. Elle a marqué la reprise après un leurre d’accalmie ou des mouvements sporadiques qui ont touché certains maires de villages. Le discours des officiels algériens se gargarisait du « terrorisme résiduel. » Le 5 mars dernier, quatre coopérants techniques russes ont été abattus dans la région de Aïn-Defla, département à 150 km à l’Ouest d’Alger qui a connu des plus macabres tueries entre 1990 et 2000. Les six attentats conjointement exécutés dans la région de Tizi-Ouzou (Kabylie), en février dernier, faisant six morts, ont été suivis d’un coup de filet qui a permis d’appréhender une vingtaine de personnes directement impliquées ou faisant partie des réseaux de soutien. Puis la souricière tendue à un barrage de gendarmerie en fin de journée du 3 mars 2007, montre que le regain de cette criminalité est plus que jamais à appréhender avec rigueur.
En Kabylie, l’encerclement et le pilonnage par hélicoptère, à partir du 6 mars et pendant trois jours, d’une faction du GSPC parmi laquelle il y aurait des étrangers soupçonnés d’être des émissaires venus d’Orient, ne nous a pas encore livré son bilan. Par contre d’autres opérations de l’armée algérienne ont permis de recueillir des renseignements utiles, au moins concernant le mode de pourvoi en armement aussi bien en France qu’en Algérie. L’arrestation le 10 février d’un Français répondant au nom d’Alain-Roger Raphaël avec deux Tunisiens, dans le Constantinois (Est), en train de monnayer un impressionnant arsenal au GSPC, va dans le sens de l’idée que des ramifications sont effectives et indétectables en France. Même si cet ancien malfrat, prétendant au tourisme avec un mobilhome, est un passeur avide de renflouer ses caisses, car c’est l’un des Tunisiens qui est le principal maître de la livraison, le sol français constitue une base d’échange. Par ailleurs la destruction d’une cache dans un maquis de Aïn-Defla avec deux hommes à l’intérieur, fin d’année 2006, a fini par la découverte d’un ticket de caisse émis par un grand espace commercial spécialisé du sud-ouest de la France.
Le GSPC a imposé son leadership, après que Abou Moussaâb Abelwadoud a remplacé Hassan Hattab, devant le GIA (Groupe islamique armé) qu’a créé le FIS (Front islamique du salut) après sa dissolution, en liquidant avec une férocité exterminatrice tous ceux qui ne reconnaîtraient pas sa suprématie. Dans sa stratégie, l’armée algérienne a tiré profit de la confrontation entre ces deux organisations. C’est un processus « militaro-judiciaire » salutaire, semblable aux pratiques du FBI qui créait même des zizanies entre les familles de la mafia italienne qui sévissait jadis sur le sol américain, afin de réduire les effectifs actifs. C’est aussi le cas de la fameuse bourgade de Bentalha, non loin du centre d’Alger, où les habitants, après avoir été des soutiens, prenaient part pleinement aux préparatifs des attentats et assuraient les replis de leurs auteurs. Dans ce quartier quand mourait un policier ou un simple employé de l’Etat, sa dépouille restait exposée dans la rue deux à trois jours, sinon une semaine, pour que vienne une compagnie d’un millier de militaires afin de la retirer. Même la personne qui signale une telle image aux autorités le faisait avec un maximum de discrétion pour ne pas s’exposer aux représailles. Et pour le nettoyage, il fallait enrager davantage le loup dans la bergerie, le laisser agir et tirer conséquence aux yeux mêmes des anciens partenaires du terrorisme.
A regarder l’acharnement de la chaîne TV Al-Jazira, déjà renommée pour avoir diffusé les horribles exécutions en Irak et les interventions des chefs d’El Qaida, à l’égard de l’Algérie particulièrement à propos des derniers événements, il y a de quoi méditer : pourquoi le terrorisme persiste-t-il dans ce pays ? Mettant en boucles, tous les deux ou trois heures, les images filmées par les hommes du GSPC en les commentant en hauts faits de djihad, elle a écoeuré unanimement les Algériens. Seuls les complices des fous de Dieu, en se félicitant des atrocités, ont trouvé un canal qui sert leur cause satanique dont l’humanité ne cesse de se plaindre.
POUR Ecrire et Publier un article -http://www.argotheme.com/organecybe...
Documents joints à cet article

33 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON